Avant Raham : Quand j’étais deux
Il fut un temps où je n’étais pas seule.
Un temps où mon cœur battait à l’unisson avec un autre,
où chaque message, chaque regard, chaque mot portait un écho familier.
Je me souviens des débuts —
ils n’étaient pas parfaits, mais ils étaient vrais.
Avec lui, il y avait une sorte de douceur tranquille.
Un feu qui ne brûlait pas en flamme vive,
mais qui réchauffait doucement mes jours.
On s’est aimés à notre manière — maladroitement parfois,
passionnément souvent.
A mes yeux, nous etions deux êtres un peu cabossés et un peu rêveurs,
qui ont trouvé l’un dans l’autre un miroir, une pause, un refuge.
Nous avons partagé des silences, des promesses timides,
et même des mots qui ont pris la forme de livres.
Quand j'ai écrit « L’autre moi »,
Je parlais de lui sans oser le dire.
Quand on a tissé « Quand l’amour déserte… »,
c’était déjà l’écho de nos premières fissures.
Il n’était pas parfait, moi non plus.
Mais je l'ai aimé de cette façon unique que je n’arrive pas toujours à expliquer.
Il m’appelait par des noms que personne d’autre n’aurait osé : "ma petite coccinelle" et lui il était ma boisson préférée...
il me regardait comme si j’étais à la fois mystère et évidence.
Et moi, je m’étais laissée apprivoiser.
Pas par faiblesse, mais par confiance.
Mais l’amour, parfois, glisse.
Il ne crie pas, il ne claque pas la porte.
Il s’éloigne.
Il devient froid sans devenir cruel.
Il se tait, et dans ce silence, quelque chose meurt doucement.
Cela fait quelques mois que nous nous sommes éloignés.
Des mois de regards évités, de messages lus sans réponse ou laissés dans le vide.
Des mois où mon ventre ne cesse de grandir,
alors que lui, il s’éloigne, sans vraiment partir.
Et pourtant…
Je garde en moi nos souvenirs.
Pas pour souffrir,
mais pour me souvenir que, avant toi mon fils,
j’étais aimée.
Et que même si ce n’est plus le cas aujourd’hui,
cet amour a planté une graine dans ma vie.
Et cette graine…
Je la porte aujourd’hui.
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