17. Champion

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Alors que son pot de colle personnel et son double maléfique se dirigent vers le professeur, Mathilde s’avance vers les terrains où David, le chef des anciens, les attend. Elle jette un coup d'œil à Théo. L’angoisse commence à reprendre du terrain sur son visage. Un soupir lui échappe. Quelle autre bêtise pourrais-je inventer pour le mettre à l’aise ? Malheureusement, son esprit est trop bien trop lent. Elle n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que le volleyeur à l’allure de rugbyman les accueille chaleureusement :

— Voici les nouvelles recrues ! Bienvenue chez les anciens, la bleusaille !


Alors que le rire gras de David résonne dans ses oreilles, Mathilde salue d’un geste de la main la bande d’inconnus qui se masse autour d’eux. Si elle reconnaît quelques visages, elle est - bien évidemment - incapable de se souvenir de leurs prénoms. La moitié de ces gens-là n'étaient pas au bar.

Elle jette un coup d'œil à Théo. Un sourire gêné plisse ses traits et elle le voit déglutir nerveusement. Est-ce qu’il a vu Liam ? Son regard parcourt les joueurs, à la recherche du handballeur mais David coupe court à l’enquête :

— Formez les quatre équipes habituelles ! ordonne-t-il d’une voix de stentor. Mikaël et Manu ne sont pas là, ces deux-là vont les remplacer !


Il se tourne vers eux, les poings sur les hanches pendant qu’un sourire radieux se dessine sur ses lèvres :

— Mathilde et Théo c’est ça ?


La sportive arque un sourcil, impressionnée.


— Prenez des dossards noirs. Vous êtes dans l’équipe du champion, leur indique David, en se frottant les mains. Amusez-vous bien !


Mathilde remercie poliment l’ancien avant de se diriger vers les bacs de vêtements colorés. Théo marche à ses côtés, la mine basse. Puis sa voix, légèrement tremblante, résonne dans les oreilles de la jeune femme :

— Le champion ? Est-ce que tu crois que c’est…


Elle lève les yeux vers son passeur. Elle voudrait effacer le stress qui plisse ses traits, lui dire qu’il n’a pas à s’inquiéter, qu’il… Leurs doigts s’effleurent par inadvertance. Elle s’écarte de lui et se baisse pour saisir deux dossards noirs.

— Pense au volley, à ta stratégie. Rien d’autre, souffle-t-elle en lui lançant un habit.


Il expire profondément avant d’enfiler son maillot. Elle peut pratiquement distinguer les rouages de son cerveau s’agiter sous ses cheveux bleus. Elle lève les yeux au ciel. Si elle pouvait lui donner ses neurones de mouette pour qu’il arrête de réfléchir, elle le ferait. Elle pourrait aussi lui proposer de le secouer jusqu’à ce que le mécanisme se grippe. Elle grimace. Pas sûre qu’il accepte l’une ou l’autre option.

— Noir contre violet ! En place !


Un clin d'œil.


  • Allez , viens, s’exclame-t-elle en bondissant sur place. On va leur botter les fesses.

Une lueur de défi embrase les iris verts du volleyeur.

Un sourire carnassier naît sur les lèvres de la sportive.

Le duo de choc est de retour.


Lorsqu’ils arrivent sur le terrain, les cinq violets sont déjà en train de s’organiser. De l’autre côté du filet, une petite rousse discute avec un géant aux cheveux bruns. Mathilde fronce les sourcils. Pas de Liam à l’horizon. Elle se tourne vers les autres équipes, espérant repérer le handballeur mais une tornade rougeâtre apparaît soudainement dans son champ de vision :

— Salut les nouveaux ! Je suis Juliette, la Capitaine des noirs, se présente-t-elle, d’un ton guilleret. David nous a dit qu’il y avait un passeur et un attaquant ? Qui est qui ?


Théo lève la main.

  • Je suis le passeur, sourit-il.
  • Génial ! Tu peux déjà te mettre devant le filet. Quant à toi… Mathilde c’est ça ? demande Juliette en se tournant vers la blonde. Tu seras sur la droite et moi à gauche. Le grand là-bas, c’est Fred, notre bloqueur central. Quant à notre libéro…

La capitaine se tourne vers l’amas de joueurs bavards attroupé autour du bac de dossards.

— ELLE EST OÙ LA STARLETTE ? LIAM ! RAMÈNE TES FESSES ICI !


Mathilde plaque les mains sur ses oreilles. Bordel, quel volume. Elle jette un coup d'œil vers Théo qui grimace. En face d’eux, l’équipe adverse ricane, certainement habituée à ce genre de scène. Tu as l’air d’être un sacré personnage, Liam.

L’arbitre, un joueur détaché de l’équipe blanche, siffle le début du match. Le geste déclenche la colère de Juliette qui lui hurle que leur libéro a encore pris ses aises. Imperméable à l’intensité de la voix de la tempête rousse, le blanc fait signe aux violets de commencer.


Le corps de Mathilde se contracte.

C’est parti.


La balle s’élève dans les airs et fonce vers leur terrain avec une vitesse qui n’a rien avoir avec celle de la dernière séance. La sportive se place immédiatement sous l’orbe et reçoit le tir. Un grognement de douleur lui échappe. Bordel, ça rigole pas. Ses iris se dirigent vers Théo. Pris dans l’action, une étincelle brille dans son regard vert. Un rictus se peint sur le visage de l’attaquante.

Elle s’élance avec force. Ses ailes, trop longtemps plaquées dans son dos, s’étendent. La courbe de la balle se dessine parfaitement au-dessus d’elle. Un coup d'œil rapide et elle mesure la zone non défendue par l’équipe adverse.


Une expiration moqueuse.

Ne me sous-estimez pas.

Sa main s’écrase puissamment sur le ballon.


BAM.


Point pour les noirs.


Gagné.


Son cœur battant la chamade, elle tend directement la main à Théo. Il frappe dans sa paume tendue, tout sourire. Leurs regards se joignent et Mathilde ressent toute la chaleur qui explose dans les iris du garçon. Il n’est plus question de Liam, de peur ou d’angoisse. Ils sont juste là, tous les deux. À savourer l’instant.

Soudain, des applaudissements éclatent autour d’eux, brisant leur bulle.

— Quel excellent duo ! Vous êtes trop forts ! s’extasie Juliette en sautillant sur place.

— Bien joué ! s’exclame Fred avant de leur taper dans le dos.


De l’autre côté du filet, les violets frappent dans leur mains pendant que des sifflements admiratifs résonnent dans la salle.

— On vous laissera pas faire la prochaine fois !

— Wow !

— Ils rigolent pas les nouveaux !


Mathilde se tourne vers son passeur. Elle arque un sourcil pendant que le visage du garçon se fend d’un sourire éclatant. On est juste géniaux.


— Service pour les noirs !


La balle roule jusqu’à Juliette. La petite rousse sert la balle avec une telle finesse qu’aucun de leur adversaire n’a le temps de la rattraper. Bordel. La bouche de Mathilde s'entrouvre légèrement. Quelle force !

On renvoie le ballon à la capitaine qui leur fait un clin d'œil. La blonde lui sourit avant de reconcentrer sur le jeu. Cette fois-ci, le tir ne déchire pas la défense adverse. Dommage.

D'un coup, les attaquants violets se pressent au niveau du filet et catapultent le ballon du côté noir.


BAM.


N’écoutant que son instinct, Mathilde fait deux pas sur la droite. Si ses calculs sont bons, la courbe de la balle devrait… Bingo. Ses muscles se contractent. Ses pieds se soulèvent légèrement du sol, prêts à la faire décoller.


Soudain, la trajectoire de l’orbe dévie.

Un effet.


La mâchoire de la blonde se tend. Merde. Même avec ses réflexes de gardienne, elle ne sera pas assez rapide pour réceptionner la balle. Merde. Merde ! Jouant le tout pour le tout, elle se jette sur le sol. Elle a encore une chance pour sauver ce point. Ses paupières se ferment brièvement.

BOUM.

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