25. 3. Respire

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Le vent s’infiltre dans ses boucles. Sa longue queue de cheval flotte derrière elle tandis qu’elle tabasse les pédales de son vélo. Elle étouffe. Même montée sur son cheval de fer, à slalomer entre les voitures, à monter sur les trottoirs pour aller plus vite, ses poumons peinent à se gonfler. Sa frustration lui noue le ventre, sa colère enflamme sa gorge et, n’en pouvant plus, elle hurle. Elle hurle comme une idiote en direction du soleil couchant. Les passants la regardent mais elle n’en a plus rien à faire. Elle a besoin d’air. Vite.

Au bout d’une vingtaine de minutes - fini les cris de goule -, la maison de son grand-père poind dans son champ de vision. La petite bicoque installée en lisière de forêt semble bien tranquille avec son grand jardin et les arbres fruitiers. Un écrin de verdure placé hors du temps.

Elle gare sa bécane près de la cloture et foule le chemin de gravier jusqu’à la porte de la bâtisse. Elle toque puis pousse légèrement le porte. C’est ouvert. Elle lève les yeux au ciel. C’est pas parce que tu habites au milieu de nulle part qu’il ne faut pas verrouiller, Papy ! Elle entre à l’intérieur en se jurant de tirer les oreilles de cet enfant de bientôt quatre-vingt ans.

— Papy ? C’est moi !

Elle enlève sa veste et ses chaussures mais garde son sac à dos. Elle a la ferme intention de s’extirper de ce fatras de voilages qui grattent. Le confort de son sweat-shirt lui manque. Elle s’avance dans le salon où la télévision passe les informartions en continu mais son grand-père n’est pas sur le canapé. Où est-ce qu’il est, ce chenapan ?

— Mathy ?

Papy Tristan apparaît dans le couloir, ses cheveux blancs encadrant son visage ridé. Immédiatement, un grand sourire se peint sur ses lèvres tandis que ses iris couleur rubis s’illuminent de plaisir.

Elle n’a jamais rencontré quelqu’un avec un regard pareil. S’il lui avait rapidement expliqué - en bafouillant - que ses yeux disposent de beaucoup de cellules pigmentées ce qui leur donne cette couleur particulière, Mathilde a toujours jugé l’explication foireuse. Mais cela ne l’empêche pas de trouver la teinte absolument sublime. Entres autres, elle aurait voulu que ce soit transmissible. Avec des mirettes aussi perçantes, elle aurait pu effrayer Andréa et se débarrasser beaucoup plus tôt de son pot de colle. Gniark, j’aurais pu passer pour un vampire.

— Qu’est-ce qu’il y a ? siffle-t-elle d’un ton moqueur. Tu ne me reconnais plus ? T’as perdu le son de ton appareil auditif ?

— Quelle impertinence, c’est bien ma p’tite fille !

Il s’approche d’elle et la serre dans ses bras. La sportive ferme les yeux. Elle a l’impression de se sentir “à la maison”. Il finit par s’écarter pour lui ébourriffer les cheveux de ses doigts pleins de taches d’encre. Elle hausse un sourcil :

— Toi, t’as encore passé quatre heures à écrire à ton amoureuse, hein ! s’exclame-t-elle pendant que son grand-père lève les yeux au ciel. C’est quiii ? Dis-moi, dis-moi, dis-moi ! J’veux en savoir plus sur cette fameuse Iris !

— Bord…

Il s’interrompt en feignant une quinte de toux.

La joueuse réprime un éclat de rire.

— Que tu connaisses son prénom est bien assez, Mathy ! sourit-il en se dirigeant vers la cuisine. Tes p’tites fouineries ne te révèleront rien d’autre. D’ailleurs, qui t’as appris à fouiller dans les affaires d’un vieillard ?

— Maaaaaais ! Je cherchais la confiture de fraise ! chouine-t-elle. Et oui, j’ai peut-être ouvert les tiroirs de ton bureau pour la chercher ! Je voulais être sûre que tu n’en avais pas fait une réserve secrète ! Et puis j’avais huit ans ! Il fallait que je sois certaine !

— Tch. Parce que tu penses que je prends ma chambre pour un cellier ? J’ai encore toute ma tête, espèce de grenouille baveuse !

— OH ! s’exclame-t-elle, choquée. Et la politesse, Monsieur Bayram ?

Un sourire carnassier étire la bouche de son grand-père.

— N’fais pas l’offusquée avec cette tête de tortue sous anesthésie. J’t’ai enseigné tous les jurons de ta vie. Bien malgré moi d’ailleurs. Cela dit, c’est un bel héritage, s’exclaffe-t-il en s’asseyant sur une chaise. Tu fais une magnifique Bayram !

— Tss, parce que c’est une fierté d’avoir des gros mots plein la bouche ? l’interroge-t-elle d’un ton suspicieux. J’en connais un qui ne serait pas super content.

Le vieil homme ouvre la bouche puis la referme sans rien dire. La machoire serrée, elle lâche son sac à dos sur le comptoir. Elle prépare de quoi faire leur faire un thé avant de se tourner vers son papy. Son regard pourpre la transperce. Elle ferme brièvement les yeux avant de lui raconter comment le déjeuner avec ses parents s’est déroulé.

Il ne l’interrompt pas quand elle lui décrit comment sa mère refuse de la voir telle qu’elle est ou quand elle lui expose toutes les exigences que son père lui impose. Ce n’est que lorsqu’elle se met à tirer sur le col de son chemisier, les yeux larmoyants, qu’il prend la parole :

— Mathy. Va te changer. Si tu n’as pas d’affaires, essaye de trouver quelque chose dans mon armoire.

Elle lève le menton vers lui. Puis elle hoche faiblement la tête. Son sac à dos sur l’épaule, elle s’enferme dans la salle de bain. La machoire tendue, elle se dépètre de son chemisier, s’extirpe de son tailleur qui lui scie les cuisses. En culotte sur le carrelage, elle s’observe dans le miroir. Sa mère a insisté pour qu’elle sublime sa poitrine d’un soutien-gorge. Elle se souvient très bien de ses mots : “Qu’est-ce que c’est que ça ? Une brassière ! Mathilde, ce n’est pas séduisant, enfin ! Là, prends ça. Ce sera beaucoup mieux”. Alors, la sportive désagraphe ce truc infâme. Elle le roule en boule dans son poing et l’envoie voler à travers la pièce. Putain de merde. La pièce de tissu s’écrase sur le mur avant de glisser piteusement sur le sol.

La gardienne inspire un grand coup.

Continue à te battre.

Un coup d'œil déterminé à son reflet.

N’abandonne pas.

Les doigts encore tremblants, elle cache ses seins sous sa brassière. Le tissu de son tee-shirt caresse sa peau lorsqu’elle l’enfile. Son sweat-shirt vient caliner son corps de sa chaleur tandis que ses jambes retrouvent la douceur de son pantalon cargo. Elle récupère son costume de princesse et le fourre dans son sac. La main sur la poignée de la porte de la salle de bain, elle ferme les yeux un instant. Respire. Un faible sourire naît sur son visage.

Respire.

Quelques minutes plus tard, elle retrouve son grand-père devant une tasse de thé encore fumante et s’installe face à lui :

— Pardon, grimace-t-elle. Je… Ils… m’ont bien cassé les couilles à midi. Mais ça va mieux. Enfin, j’ai l’impression.

Une étincelle brille dans les yeux de Tristan.

— Ne t’excuse pas. Tu as été bien secouée. Toute cette douleur doit ressortir d’une manière ou d’une autre. N’aie pas honte de toi. Tu es tellement plus qu’une simple poupée ou qu’une… sortie d’argent, grince-t-il entre ses dents.

La gardienne passe une main fatiguée dans ses boucles. Les évènements se répètent derrière ses paupières et les larmes montent, comme pour les effacer. Elle renifle, les sourcils foncés :

— Pourquoi sont-ils… Pourquoi… Je sais que je ne suis pas parfaite mais bordel… Tu sais, parfois je me demande s’ils m’aiment vraiment, murmure-t-elle, les mains crispées sur son mug. Je pense que maman a une sorte… d’attachement mais papa… Je… je ne sais pas.

— Mathy… Cela n’excuse pas son comportement mais sache que mon fils… a reçu une éducation très stricte. Sa mère, Annie Jaworski, était l’héritière d’une puissante et prestigieuse famille installée depuis des générations dans les contrées de l’Est. Mais, peu après la naissance de Dominique, une guerre civile a déchiré le pays. La famille Jaworski a été prise pour cible. Ton… père… n’avait que deux ans quand Annie a dû fuir les combats.

Tristan inspire, les yeux dans le vague.

— Ils ont vécu dans la misère pendant des années. Jusqu’à ce que Dominique, grâce à son esprit brillant, décroche une bourse nationale. Il a toujours travaillé dur. Que se soit pour soutenir sa mère ou la famille que vous formez à présent.

Une hésitation.

— Je n’étais pas là quand le conflit a éclaté dans l’Est. Annie et moi… on s’était séparés d’un commun accord. Elle est… morte cinq ans avant que tu ne viennes au monde. Cinq ans avant que je ne revienne vivre ici. Mon retour a déclenché beaucoup de colère chez Dominique. Sa peur de l’abandon… c’est de ma faute, soupire-t-il en secouant la tête. Il la répercute sur toi, c’est certain. Mais tu verras, il apprendra avec le temps.

— Je n’en suis pas si sûre. Il te traite toujours de vieux fou.

— Il n’a peut-être pas tort, sourit-il d’un air triste. Mais Mathy… Ne te décourage pas. Je suis fier de toi, quoi qu’il arrive. Tu peux compter sur moi.

Il pose sa main sur la sienne. La joueuse lui rend son sourire. Je sais. Elle boit une gorgée de son thé et la chaleur réchauffe son ventre tendu. Heureusement que tu es là pour moi. Au moins, son grand-père ne cherche pas à la changer ou à la faire entrer dans un moule préconstruit. Il l’écoute. Il la conseille. Et, de son coté, elle se sent… acceptée.

— Je savais que ça allait mal se passer mais… pas à ce point, murmure-t-elle. Je pensais qu’il aurait montré un peu… d’amour pour moi. Je pensais que ma mère m’aurait juste trouvée… jolie. Mais je suppose que j’ai juste… espéré trop fort. Après tout, tu te rappelles comment elle a pris l’annonce de ma bisexualité. Elle s’est tue et a fait mine d’oublier l’information aussitôt alors tu imagines si…

Elle s’interrompt.

— Si quoi, Mathy ?

— Si… je me sentais… Si je me sentais autre chose… qu’une femme, souffle-t-elle, l’estomac noué. Si… Si… j’avais quelque chose en moi qui ne se sent pas entièrement… femme.

Elle fronce les sourcils. Les mots lui échappent, ils se faufilent entre ses doigts et s’envolent hors de sa portée. Sa mâchoire se tend. Pourquoi c’est si dur ?

— Je ne sais pas ce que je suis, je ne sais pas qui je suis. Je…

Les larmes reviennent. Elles se pressent contre ses paupières, lames de fond prêtes à frapper. Ses poings se serrent. Pourquoi ne puis-je pas simplement choisir d’être… normale ? La voix de son grand-père la sort du tumulte de ses pensées :

— Mathy… Ce n’est pas une question à laquelle tu dois répondre tout de suite. Laisse-toi le temps. Ressens les choses comme elles viennent. Sans essayer de trop les analyser. Tu trouveras la réponse bien assez vite.

Elle prend une grande respiration. Puis, après quelques instants, elle hoche la tête. Assez. Elle se masse les tempes, espérant calmer la migraine qui prend ses aises à l’intérieur de son crâne. Avec toutes ces émotions, sa tête va bientôt exploser.


Un soupir.


Minuscule défaut de son corps incroyable, sa boîte craniène est trop petite pour son énorme cerveau. Alors, pour conserver toutes ses capacités cérébrales, elle change de sujet :

— Et toi, ton Iris ? murmure-t-elle en souriant d’un air conspirateur. Quand vas-tu te décider à envoyer ces lettres que tu lui écris depuis des années ? Quand vas-tu la voir ?

— Mathy…, souffle-t-il, fatigué qu’elle revienne sur ce thème. Elle vit loin d’ici, tu sais. Sur un autre… continent.

— Elle habite en Amérique ?

Un léger rire.

— Pas exactement, déclare-t-il en lui faisant un clin d'œil. Mais quelque chose dans ce goût-là.

Elle fronce les sourcils devant cette réponse sybilline. Beaucoup de mystères entourent son grand-père. En dix-sept ans d’existence, elle n’a pas réussi à percer le moindre secret. Elle ne sait même pas quel métier il exerçait avant de prendre sa retraite dans ce village paumé. Les seuls indices qu’elle a pu glaner au fil des années indiquaient une profession située entre la diplomatie et l’armée. Un large panel. Un panel tellement large qu’il ne correspond à rien du tout. Chiant. Si seulement Liam était avec elle. Il résoudrait la question en un seul coup d'œil. Un faible sourire se peint sur les lèvres de la jeune femme. Tu me manques, Sherlock.

Bien décidée à amener un peu de joie dans sa journée, Mathilde se lève d’un bond. Son regard brille d’un éclat machiavélique.

— Une partie d’échecs, vieille peau ? propose-t-elle en tapant sur la table.

— Tu veux encore perdre, hippocampe à la noix ?

— C’est ce qu’on va voir, bordel. J’me suis bien entraînée.

Ni une ni deux, elle amène les pièces et le plateau sur lequel tant de batailles ont été menées. Sûre d’elle, la joueuse fanfaronne pendant que son papy, pas du tout impressionné, lui promet une raclée comme elle n’en a jamais vu. Elle ricane devant son impertinence. Nan mais tu me prends pour qui !

Cinq minutes passent.

Elle perd.

Dix minutes s’écoulent.

Elle perd à nouveau.

Une heure et demie plus tard, elle a perdu toutes les parties qu’ils ont lancées.

Putain de merde.

Tristan manque de s’étouffer de rire à force de se moquer de son incompétence. Elle bougonne qu’il a triché, il s’offusque de la mauvaise foi de la sportive. Elle lui ressert du thé, espérant profiter d’une pause pipi pour bouger quelques pions. Raté. Quelle que soit la situation, il a toujours un coup d’avance.

Elle se fait massacrer jusqu’à ce qu’il soit temps pour elle de partir. Elle embrasse son papy en lui promettant qu’un jour il ne ferait plus autant le malin. Le vieil homme lui tapote l’épaule d’un air condescendant et lui propose d’arrêter de rêver. Mathilde enfourche son vélo, jure dans son écharpe mais le soleil brille dans son cœur. Elle se tourne vers son grand-père une dernière fois :

— Salut Papy. Je reviens bientôt. En attendant, meurs pas.

— Je ferais de mon mieux, rit-il en la saluant de la main. Prends soin de toi, ma p’tite tortue.

Lorsqu’elle rentre chez ses parents, elle découvre, posés sur son lit, les habits convenables que la reine-mère a choisi pour son héritière ratée. Elle inspire un grand coup avant de les prendre et part s’enfermer dans la salle de bain. Une fois lavée de ses pêchées, elle étouffe sa personnalité. Elle serre les liens de soie sur ses poignets puis verrouille les chaînes de mousseline autour de sa gorge. De l’air.

De l’air.

Le dîner se déroule sans accrocs. Elle joue son rôle à la perfection. Une véritable princesse. Laissez-moi vomir. L’air satisfait, le couple royal mange avec appétit. Son père félicite son épouse pour ce bon repas et s’autorise même un léger sourire dans la direction de Mathilde. Son regard de glace est fier, l’homme est convaincu d’avoir réussi à dompter la bête. Derrière son masque, la volleyeuse bout de rage. Ou de tristesse. Les deux émotions s’étreignent, s’enlacent et se mélangent dans sa tête.

La dernière bouchée de dessert avalée, Mathilde se retire dans ses quartiers. Enfin. Alors qu’elle enfile son pyjama, elle laisse son regard couler sur la tapisserie rose bonbon de sa chambre. Sur ces murs qu’elle n’a jamais pu recouvrir de posters ou de photos. Un soupir. Je veux rentrer. Elle se réfugie sous sa couette, son portable pressé contre sa poitrine. Je veux rentrer chez moi.

Elle rabat le duvet sur son crâne en grognant de dépit. Quand est-ce qu’on inventera la téléportation ? Ses doigts se posent naturellement sur l’écran de son téléphone et les noms de ses deux coéquipiers apparaissent sous ses yeux. Ses lèvres se serrent. J’aimerais tellement que vous soyiez là.

Soudain, on toque à la porte. Mathilde s’extirpe de son abri de fortune en fronçant les sourcils. Qui vient encore me faire chier ? Une tasse à la main, la reine-mère s’avance dans la pièce jusqu’à s’assoir sur le bord du lit de la gardienne. Cette dernière hausse un sourcil. Y a marqué “la foire à la saucisse” sur mon front pour que tu te permettes des trucs comme ça ?

— Ah ! On est enfin entre nous, sourit Louise en rabattant une mèche folle derrière l’oreille de sa fille - fous-moi la paix. Ma chérie, tu sais que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ? Tu as un garçon en vue ? Je ne dirais rien à ton père.

Alors que l’esprit de l’attaquante se tourne immédiatement vers Liam et Théo, un air de déjà-vu s’empare de son cerveau. Oh putain. Ses yeux s’équarquillent d’horreur. Ma mère est la version vieillie de mon pot de colle.

Enfer et damnation.

— Ma chérie ?

— Mes amours ? demande Mathilde d’un ton agacé. Oui. Elles s’appellent… Lily et Théa, souffle-t-elle, sa voix s’adoucissant. Je… Je les aime beaucoup.

Le cœur de la jeune femme manque un battement. Ses doigts se crispent sur la couette pendant qu’elle fronçe les sourcils. Qu’est-ce que…

— Oh ! Tu t’es fait des super copines ! s’exclame la quarantenaire en tapant dans ses mains. C’est génial ! Je suis contente que tu ne sois pas seule dans cette grande ville.

Mathilde lève les yeux au ciel. On capte vraiment que dalle dans ce village ou le déni lui bouche les oreilles ? Un soupir. On va reprendre du début.

— Maman. C’est plus que des copines ou des… amies. Je…

— Roooh ! Tu es une sacrée rigolotte, toi, rigole-t-elle en posant sa main sur le bras de la sportive. Tu veux pas me dire, c’est ça ? C’est pas grave.

Sa mère lui sourit tendrement puis se redresse. Elle s’avance jusqu’à la porte et se fige lorsque Mathilde prend la parole :

— Ça te dérange que mes amoureuses soient des femmes ?

La volleyeuse observe sa génitrice serrer les lèvres d’un air gêné. Pourquoi ma sexualité est un problème pour toi ?

— Je sais que ta génération est... ouverte à... ces choses-là mais…, soupire Louise. Tu verras, un jour tu reviendras dans le droit chemin.

— Dans le droit chemin ? Pardon ? C’est quoi le droit chemin ? Rester avec un type aussi présent qu’un hérisson dans un volcan ? C’est ça, le plan de vie que tu vois pour moi ?

— Mathilde… Arrête de te braquer pour un rien, rouspète-t-elle l’index levé. Et ne parle pas de ton père de cette façon. Il t’aime, nous t’aimons beaucoup. Nous voulons simplement ton bonheur.

— Alors pourquoi ne pas accepter que j’aime une femme ? Pourquoi ne pas accepter que je n’apprécie pas les habits que tu m’obliges à mettre ?

La reine fait un pas en arrière. Le trouble plisse son visage. Mathilde inspire. Est-ce que j’ai réussi à atteindre tes tympans ? Est-ce que tu m’entends enfin ? Soudain, sa mère relève le menton, sa main posée sur la poignée de la porte :

— C’est juste une phase, ma chérie. Tu verras… Avec le temps, tu rentreras dans le rang. Ne t’inquiète pas, je sais que tu es perdue. Mais un jour… Un jour, ça ira, fait-elle avec un sourire compatissant. Aie confiance. Ton père et moi, on sera toujours là pour te soutenir.

Mathilde hoche la tête. Que faire d’autre ? Il faudrait une intervention chirurgicale d’un an et demi pour déboucher les canaux auditifs de ses parents. Ils ne souhaitent pas faire d’efforts pour la comprendre ? Dommage. Elle n’a pas de défibrillateur à neurones pour leur sauver le cerveau.

Après avoir salué sa mère pour la nuit, la sportive reprend son téléphone.

Attaquante essouflée : Hey…

Attaquante essouflée : Vous êtes encore réveillés ?

Attaquante essouflée : Est-ce que je peux… appeler ?

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