- VIVE LES VACANCES ! -

5 minutes de lecture

 Juin 1965. La cloche du couloir retentit, les élèves se pressent vers la sortie. Cette sonnerie indique ni plus ni moins que la fin de l’année scolaire. Gabriel et Oliver, deux adolescents de 16 ans, vont enfin pouvoir profiter de leur trois mois de vacances pour se changer les idées. Ils bourrent grossièrement leurs affaires dans leur sac et quitte la salle de classe. Dans les couloirs c’est l’attroupement général, tout les élèves vident leurs casiers et se débarrassent de milliers de feuilles, l’équivalent de neuf mois de bourrage de crâne intensif.

 Ils traversèrent alors ce couloir bondé pour rejoindre la sortie, jouant du coude et des épaules pour se frayer un chemin à travers cette jungle humaine. Enfin libre, ils passèrent doucement le pas de la porte en se regardant, comprenant intimement ce que l’autre pensait, les vacances sont là.

Au même moment un groupe d’élèves se déplaça rapidement et s’attroupa. Gabriel, curieux, demanda à son ami :

« Gabriel – Tu sais ce qui se passe ?

Oliver – Je n’en ai pas la moindre idée

Gabriel – Viens ! » Dit-il tout en agrippant le bras d’Oliver. Ils se rapprochèrent du groupe, agglutiné en cercle autour de deux élèves qui étaient en train de se battre. Les insultes fusaient, tout autant que les coups de poings. Oliver fan de boxe était plongé dans le combat. Gabriel quant à lui ne put s’empêcher d’intervenir. Il prit son élan, traversa le mur d’élèves et plaqua l’un des deux au sol. L’autre recula précipitamment.

En se relevant l’élève hurla à Gabriel :

« Richie – Qu’est ce qui te prends Davis ?

Gabriel – Toi qu’est ce qui te prends, pourquoi tu te bats le jour des vacances !

Richie – Qu’est ce que ca peut bien te foutre !

 Gabriel – Maintenant tire-toi ! » Richie s’exécuta et fit prit ses distances. Gabriel s’approcha alors de l’autre élève, il avait l’arcade ouvert et saignant abondamment. Alors qu’il était en train de l’examiner, Richie fonça sur lui et la prit par surprise. Gabriel était au sol, Richie avait un genou sur son torse et appuyait afin s’assurer son emprise. Il enchaina alors son camarade. Gabriel ne pouvait se défendre, totalement soumis, il essayait d’encaisser les coups et pria pour qu’Oliver lui vienne en aide. Rien à faire, ce dernier était totalement absorbé par cette situation épique.

 Un surveillant arriva alors pour les séparer. De sa main droite il agrippa Richie et le fit avancer de quelques mètres. Il fit de même avec Gabriel. Il se saisit alors des deux et se dirigea vers le bureau du proviseur. Il ouvrit la porte du bureau et jeta Richie à l’intérieur. Gabriel resta quant à lui dans le couloir, assis sur une chaise.

 Il avait l’arcade et la pommettes gauche déchirées, le menton éraflé et quelques écorchures par ci par là. Il était recouvert de sang, son sang. Quelques minutes plus tard, le père de Richie arriva. Un homme d’une quarantaine d’année, semblerait-il usé par la vie et l’alcool. Il était sale et débraillé. Il se tenait debout contre le mur, juste en face de Gabriel. Ce dernier garda les yeux baissés par peur d’affronter son terrible regard.

 Richie sortit du bureau et instantanément son père l’attrapa par la nuque et le tira jusqu’à la sortie en bredouillant des mots incompréhensibles, sûrement de jolis mots.

Le proviseur appela alors :

« Le proviseur – Gabriel Davis ! » Ce dernier rentra alors dans la pièce la tête baissée. Le proviseur lui demanda de s’asseoir. Il obéit. Le proviseur lui demanda alors calmement :

« Le proviseur – Alors Davis, racontez moi ce qui s’est passé

Gabriel – Oui monsieur.. » Dit-il alors timidement avant de reprendre

Gabriel – J’étais en train de sortir du lycée quand j’ai vu un groupe de personnes qui s’amassait. Alors je me suis demandé ce qui se passait. Je me suis rapproché et j’ai vu deux personnes se battre. J’ai voulu intervenir en simple cas de conscience alors je lui ai sauté dessus

Le proviseur – Richard m’a dit que vous êtes intervenu alors qu’ils ne se battaient pas encore, en faisant usage de la violence vous avez en quelque sorte enfreint les règles

Gabriel – Si monsieur, Richie était bien en train de se battre alors en tant que citoyen j’ai jugé qu’il fallait intervenir ce qui n’a été le cas de personne d’autre, ai-je mal agis, je vous le demande, j’ai seulement voulu éviter que quelque chose de pire puisse arriver

Le proviseur – Davis… Je ne puis qu’insister sur le fait que vous avez enfreint les règles aujourd’hui et cela même tout au long de cette année c’est donc tout naturellement que je me vois dans l’obligation de vous mettre à la porte

Gabriel – Me quoi ? Vous ne pouvez pas faire ça…

Le proviseur – J’enverrai une lettre ce soir au rectorat afin de m’assurer de votre renvoi, vous en avez déjà assez fait ici Davis…

Gabriel – Monsieur Miller, je vous en prie, dès l’année prochaine, je vous promets d’adopter un comportement exemplaire..

Le proviseur – Ca suffit monsieur Davis, votre père est là de toute façon » Dit monsieur Miller tout en apercevant le père de Gabriel par la fenêtre de son bureau. Gabriel sortit la tête baissé. Traversant le couloir en trainant les pieds, il apercevait son père, appuyé contre le capot de son imposante Chevrolet Impala.

 Gabriel s’avança vers son père espérant un signe de grâce de sa part. Son père portait des lunettes de soleil noires avec de grosses montures, mais on pouvait deviner son regard acerbe et terrifiant derrière les carreaux. Il descendit du capot et ouvrit la portière en disant :

« Père - Monte dans la voiture ! » Gabriel ouvrit la portière avant et son père l’interrompit :

« Père – Non ! Toi, tu t’assois derrière ! » Sans un mot, ni même un regard Gabriel s’assit sur le cuir de la banquette arrière. Son père, Horace était un homme froid et dur, et c’est de cette manière qu’il s’assit derrière le volant. Il regarda dans le rétroviseur central et aperçu son fils, la tête posée contre la vitre, le visage gonflé par les coups. Horace prit alors la parole :

« Horace – Qu’est ce que je vais faire de toi ? Regarde toi…Tu me fais honte Gabe…Tu te rends compte que tu n’iras nulle part…Et moi pendant ce temps, je me dis que j’ai perdu du temps et beaucoup d’argent pour élever un gosse comme toi. Parfois je regarde tes frères et je me demande pourquoi j’ai fait un troisième enfant… » Les paroles tranchantes et dures d’Horace poignardaient le cœur de Gabriel mais seul une larme s’échappa de ce sarcophage pour venir couler le long de sa joue et tomber sur le cuir de la Chevrolet.

 Horace s’arrêta soudain de parler et démarra brutalement. La voiture avança dans les larges rue et roulait en direction de leur maison, un ranch à quelques kilomètres au sud de Phoenix. Horace était un ancien militaire, vétéran de la seconde guerre mondiale, il a faillit mourir sur une plage normande en 1944. Mais à son retour au pays, il contracte d’énorme dettes et son pays n’a que faire des vétérans comme lui. Horace plonge alors dans l’alcool, les jeux d’argent et devient violent. Son seul moyen de subsister reste l’élevage de Chevaux, qu’il revend pour quelques centaines de dollars..

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Thomas BECKER ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0