- SOLITAIRE -
Quand la voiture s’arrêta dans l’allée de garage, Gabriel sauta hors en dehors et se précipita dans la maison. Il enjamba les marches deux par deux et se rua dans sa chambre. Il fermi la porte à clef et la barricada avec tous les meubles qui s’y trouvaient. Son père passa à son tour le pas de la porte, il claqua la porte d’entrée et se mit à tambouriner dessus. Michael, le deuxième fils d’Horace, curieux de savoir pourquoi son père faisait autant de bruit s’approcha et lui demanda :
« Michael – Papa ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
Horace – C’est à cause de Gabe
Michael – Laisse-moi deviner, il a encore eu une retenue ?
Horace – Non, cette fois c’est pire, il est viré !*
Michael – Viré ?
Horace – Viré ! Très exactement
Michael – Et qu’est-ce que tu vas faire ?
Horace – Je l’ignore encore mais je vais vite trouver une solution crois moi !
Michael – Il est viré pour quoi au juste ?
Horace – Il s’est battu avec le fils d’Andrew Graham
Michael – Richie ?
Horace – Oui, c’est ça, Richie
Michael – C’est tolérance zéro à Estrella j’ai l’impression
Horace – Selon le proviseur, Gabe n’en était pas à son coup d’essai
Michael – Et cette fois tu vas sévir ?
Horace – Evidemment, il faut que ce petit merdeux comprenne une bonne fois pour toute la leçon, j’en ai marre de ces frasques à répétition et de son manque de politesse
Michael – Je comprends.. » Dit-il en retournant vers sa chambre, son visage portait une émotion de honte terrible.
Horace monta les escaliers, fusil à la main, chacun de ces pas semblait sonner comme le glas. Le parquet grinçait sous la pression de l’imposante carrure de l’homme de 40 ans. Il s’approcha de la porte de la chambre et cogna avec la crosse de son fusil. Gabriel était recroquevillé dans un des coins de la pièce. Il n’y avait plus que les meubles bloquant la porte qui pouvaient encore le sauver. Son père frappa une deuxième fois, beaucoup plus fort par ailleurs. L’adolescent rentra sa tête entre ses bras et remonta ses genoux, tentant de se créer un bouclier. Son père hurlait désormais derrière la porte. Il tambourinait dessus.
Puis, plus rien. D’une seconde à l’autre, il s’était arrêté de cogner comme un dingue. On entendit la porte de la chambre d’à côté s’ouvrir en grinçant. Gabriel pouvait entendre le pas lourd de son père de l’autre côté de la fine cloison. Il entendait l’armoire qui bougeait en frottant le parquet. Soudain, son père se mit à frappa le mur avec la crosse de son fusil. Il n’y avait plus qu’une fine cloison qui pouvait le sauver.
Horace assena un ultime coup et la cloison s’entrouvrit. D’un grand coup de pied il la traversa. Il entra dans la chambre, fusil à la main, une expression grave sur le visage. Il agrippa son fils par le col de son t-shirt et le releva en aboyant : « Arrêtes de chialer maintenant ! » Il le poussa vers son armoire en disant :
« Horace – Prends ton sac à dos ! » Gabriel saisit son sac d’école des deux mains et le présenta à son père. Ce dernier lui arracha des mains, l’ouvrit et déversa le contenu sur le sol. Il lâcha alors le sac sur le sol et hurla à nouveau :
« Horace – Maintenant tu prends des affaires et tu te tires de chez moi !
Gabriel – Mais papa…
Horace – Non…ne m’appelle pas papa, tu ne mérites pas d’être mon fils…
Gabriel – Je t’en prie…
Horace – Je crains qu’il ne te suffit plus de prier…dégages d’ici…tout de suite ! » Gabriel laissa le sac par terre et partit en courant, il sauta à travers le trou béant dans le mur et descendit les escalier en glissant sur la rampe. Il sortit en claquant la porte, son père hurla : « Arrêtes de claquer cette fichu porte ! ».
Gabriel ouvrit violemment la porte du garage. Il cherchait du regard son vélo. Impossible de le trouver. Il renversait tous les cartons, certain que son vélo était ici. Il quitta le garage et contourna la maison, laissant la porte ouverte. Il sauta au-dessus du portillon qui menait dans la cour. Il aperçut son vélo, de l’autre côté de la cour, posé contre la grange. Il traversa l’allée en courant. Son père à la fenêtre tentait de lui tirer dessus. Gabriel échappait aux balles comme un gibier traqué par un chasseur. Il pédala de toute ses forces et sortit en défonçant la faible serrure du portillon.
Il était désormais seul. Seul sur ce vélo, seul sur ce vélo dans cette rue qui semble s’étendre à perte de vue, seul dans cette vie qui semble pourtant s’arrêter là…
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