- LA FRÉQUENCE -

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Ses lèvres sur les siennes, Gabriel exprimait peut-être là le véritable amour caché en lui, enseveli sous des années de colère accumulées. Son cœur alimenté par l’adrénaline battait à toute vitesse. Le souffle chaud de Carrie portant pourtant des mots glaçants vint interrompre ce magnifique moment de plaisir :

« Carrie – Attends…

Gabriel – Qu’est ce qui se passe ?

Carrie – Je ne suis pas sûre…

Gabriel – Tu ne m’aimes pas, c’est ça ?

Carrie – Arrêtes tes bêtises, bien-sûr que je t’aime

Gabriel – Alors quoi, j’embrasse si mal que ça ?

Carrie – Non, vraiment c’était parfait

Gabriel – Alors pourquoi tu t’arrêtes ?

Carrie – Gabe, pourquoi maintenant, pourquoi ce soir ?

Gabriel – Après tout ça, tu étais peut-être ma meilleure chance de recommencer quelque chose, repartir sur de bonnes bases et me construire radieux à tes côtés

Carrie – Tes lèvres sont si belles et les mots que tu mets dessus le sont encore plus

Gabriel – Je t’aime plus que tout au monde et je voudrais que cette nuit dure pour toujours

Carrie – Rien que toi, moi et les étoiles

Gabriel – Qu’est-ce qu’il nous faudrait de plus ? » Ils s’allongèrent alors sur le lit, regardant par la fenêtre la rondeur de la pleine lune.

Quelques minutes plus tard Caroline se redressa brusquement en disant :

« Carrie - Tu entends ça ?

Gabriel – Quoi, qu’est-ce que je devrais entendre ?

Carrie – Ce bruit…

Gabriel – J’entends ri…

Carrie – Chuuuuuut ! »

On entendait un léger grésillement qui semblait venir de la prise électrique. Gabriel s’en approcha doucement par peur d’être électrocuté. « Qu’est-ce que c’est ? » Demande-t-il d’une voix particulièrement inquiète. Caroline posa sa main sur son épaule et d’un ton rassurant lui dit :

« Carrie – Viens, c’est rien

Gabriel – Il se passe quelque chose

Carrie – Ce n’est que des parasites

Gabriel – Carrie, c’est pas des parasites

Carrie – Il faut qu’on se repose Gabriel, c’est peut-être la fatigue qui nous joue des tours

Gabriel – Je veux en avoir le cœur net

Carrie – Qu’est-ce que tu comptes faire, appeler le service technique ? Il est 23h37…

Gabriel – Est-ce que ton père à une radio ?

Carrie – Qu’est-ce que tu comptes en faire ?

Gabriel – Il me faut la radio, du fil électrique et une pince coupante

Carrie – Tu crois que c’est vraiment le moment de jouer au apprenti électricien ?

Gabriel – Crois-moi, ça sera mieux qu’un cours de physique

Carrie – Explique moi au moins ce que tu comptes faire

Gabriel – Occupe de me ramener ça et je te montrerai

Carrie sorti de la chambre discrètement et parti chercher le matériel nécessaire. Son père était endormi dans son fauteuil en cuir, un filet de bave au coin des lèvres. Elle passa devant le salon sans un bruit et ouvrit la porte qui menait au garage. Elle se saisit d’une pince et d’un tournevis et attrapa 2m de câble électrique qui trainait sur l’établi. En repassant dans le vestibule elle aperçut la radio, juste derrière le fauteuil. Mission impossible. Elle avança à tâtons dans la pénombre du séjour. Ella passa un bras au-dessus du visage de son père et agrippa solidement la radio avant de la ramener à elle. Elle fit aussitôt demi-tour sans se retourner et fonça dans sa chambre. Elle ferma la porte et déposa toutes les affaires sur le lit.

Gabriel dévissa la face avant de la radio. Il arrangea quelques câbles et bidouilla quelques peu le transistor. Il se saisit des deux mètres de câbles et en coupa un morceau. Il connecta deux fiches électroniques entres elles avant de changer plusieurs fois de fréquence. Il n’y avait que des parasites. Carrie, extenué le supplia :

« Carrie – Gabe, c’est bon, il faut qu’on se repose maintenant, tu vois bien que ça ne fonctionne pas

Gabe – Ca va fonctionner, crois moi

Carrie – Arrêtes…

Gabriel – LÀ ! Écoutes bien !

Carrie – Je n’entends ri..

Gabriel – Chuut ! »

Caroline tendit son oreille vers l’appareil mais elle n’entendait à nouveau que des parasite. Gabriel tourna encore minutieusement la molette. La fréquence s’éclaircie et on entendit alors un décompte : « 10…9…8…7…6…5…4…3…2…1…Percez ! Caroline interrompu ce moment :

« Carrie – Qu’est-ce-que c’est ?

Gabriel – Je n’en sais rien

Carrie – Pourquoi ce décompte ?

Gabriel – Je n’en sais rien

Carrie – Gabriel, il va me falloir des explications

Gabriel – Je te dis que je ne sais pas » Le décompte recommença une deuxième fois. Avec toujours ce mot « Percez ! » prononcé d’une voix grave. Gabriel cherchait l’origine du signal. Il dit alors à voix basse :

« Gabriel – Le signal se propage sur les canaux électriques mais peuvent provenir d’une source d’émission externe comme une radio militaire

Carrie – Comment tu peux savoir ça

Gabriel – 12 mars, le cours de physique de monsieur Gibson sur les longueurs d’ondes et la propagation des ondes

Carrie – Quoi ? Tu t’en souviens ?

Gabriel – Les parasites qu’on entend proviennent d’ailleurs

Carrie – D’où ?

Gabriel – Le signal est plutôt puissant et le message est clair, le signal viens d’ici ?

Carrie – De chez moi ?

Gabriel – Non andouille ! D’ici, de Phoenix, dans un rayon de 15km maximum

Carrie - Tu m’épates ! Mais alors dans un rayon de 15km quel genre d’entreprise pourrait diffuser de tel message

Gabriel – C’est pas une entreprise

Carrie – Comment tu peux en être aussi sûr ?

Gabriel – Écoutes bien la fin du message

Carrie – Oui et alors

Gabriel – Les tapotements ? Tu n’entends pas ?

Carrie – Oui mais pourquoi ça devrait m’interpeller ?

Gabriel – C’est du morse

Carrie – Et ?

Gabriel – C’est un langage codé !

Carrie – Je sais ce qu’est le morse, merci

Gabriel – Il n’y a que l’armée qui utilise ce genre de langage

Carrie – Et tu sais ce qu’il dit

Gabriel – Trois longs, un long, un court, un long

Carrie – Traduction ?

Gabriel – O.K

Carrie – C’est tout ?

Gabriel – C’est un message automatique, un accusé de réception

Carrie – Qu’est-ce-que tu comptes faire ?

Gabriel – J’appellerai Oliver demain, maintenant il faut qu’on dorme

Carrie – J’aime te l’entendre dire ! » Et ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Le message passait en boucle dans l’esprit de Gabriel laissant planer un mauvais présage, une ombre au tableau.

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