- TROUVER LA SOURCE -
Au petit matin, Gabriel fut réveillé par les fins rayons de soleil qui traversaient les persiennes. Caroline dormait toujours tranquillement. Il la regardait respirer doucement. Quand elle se réveilla, brusquement, leur regard se croisèrent et elle arbora un léger sourire qui fit frissonner Gabriel. Il s’approcha doucement et passa sa main dans ses cheveux châtains. Gabriel sortit du lit et s’étira douloureusement. Il avait prévu d’appeler Oliver pour lui faire part de cette étrange découverte. Il attrapa alors le combiné et composa le numéro des MacMillan. Trois sonneries plus tard, on entendit :
« Madame MacMillan – Allo ?
Gabriel – Bonjour madame MacMillan c’est Gabriel, Oliver est là ?
Madame MacMillan – Olieeee ! » Cria-t-elle à travers la maison d’une voix grave, déchirée par la cigarette. On étendit le pas précipité d’Oliver qui s’approchait du combiné. Curieusement, il demanda :
« Oliver – Gabe ?
Gabriel – Salut Olie
Oliver – Que me vaut cet appel de bon matin ?
Gabriel – Je ne dois pas t’en parler ici, les lignes de téléphones sont peut-être surveillées
Oliver – Qu’est-ce que tu racontes ?
Gabriel – Retrouve nous cette après-midi à 14h sur la B.P
Oliver – Bien reçu ! » Dit-il tout en raccrochant. Caroline demande alors curieuse :
« Caroline – La B.P ?
Gabriel – Il ne faut jamais divulguer ce genre d’informations au téléphone car l’état peut facilement surveiller les lignes
Caroline – Et donc, qu’est-ce que la B.P
Gabriel – Oliver et moi on utilise des mots de passes, des noms de code pour éviter d’être repérés
Caroline – Bon qu’est-ce que c’est à la fin
Gabriel – « Butte Peyton »
Caroline – On ne peut pas dire que ça soit le lieu le plus sécurisé pour dresser un quartier général
Gabriel – C’est déjà ça… » Gabriel sortit de la maison et retourna à la porte d’entrée pour gruger la vigilance de Joseph. Il sonna brièvement et recula. C’est finalement Anne, la mère de Caroline qui ouvrit la porte. Surprise, elle s’écria :
«Anne - Gabriel ! Quel bon vent t’amène ?
Gabriel – Bonjour Madame Stanhope, est-ce que Carrie est là ?
Anne – Bien sûr, entre ! » Gabe pénétra dans le vestibule. Anne lui fit signe de venir dans la cuisine. Il s’approcha d’un pas lent et peu rassuré.
Au moment de passer le seuil de la porte, il aperçut Joseph, assis sur sa chaise, les yeux dans son journal du matin qu’on venait à peine de livrer. Anne dit alors :
«Anne – Joe ! Nous avons un invité » Joseph décolla les yeux de son journal et regarda lourdement par-dessus ses lunettes.
Gabriel – Bonjour Monsieur Stanhope » Dit Gabriel en lui tendant la main.
Joe – Bonjour » Dit-il en serrant la main de l’adolescent. Un silence de plomb embauma la pièce, Joseph qui n’avait que faire de la présence de Gabe, continua de lire. Gabriel un peu timide hésita à s’asseoir malgré les multiples invitations d’Anne. Il finit tout de même par accepter. Il prit place en face de Joseph, sur une petite chaise en bois à l’assise peu confortable.
Anne quitta la pièce en déposant sur la table un bol vert et une bouteille de lait. Gabriel n’osa pas y toucher, grandement intimidé par la présence de Joseph, il restait immobile et n’émettait pas le moindre son. Le silence régnait, on étendait seulement le cliquetis de la pendule murale et les quelques raclement de gorge de Joseph. Ce dernier s’exclama alors d’une voix grave :
«Joseph – Alors c’est toi qui veut sauter ma fille ?
Gabriel – Je vous demande pardon ?
Joseph – Je t’ai demandé si t’étais toi qui voulait sauter ma fille !
Gabriel – Sauf votre respect monsieur, nous sommes amis, rien de plus
Joseph – Je les connais bien les jeunes hommes dans ton genre, ils s’immiscent chez toi, sympathise avec ta fille et te font un petit-fils dès que tu as le dos tourné
Gabriel – Je vous jure que non monsieur
Joseph – Et comme si ça ne suffisait pas, ils essayent ensuite de sauter ta femme !» Gronda-t-il en laissant apparaitre son lourd regard au-dessus des pages du journal.
Gabriel était blessé car il voulait trouver en Joseph une forme de figure paternel. après la dispute avec Horace il cherchait un refuge émotionnel. Malheureusement, Joseph semblait se comporter de la même manière que son père. Caroline se précipita dans la cuisine. En y arrivant elle s’écria :
«Caroline – Gabe ! Quelle bonne surprise !
Gabriel – Salut Carrie !
Caroline – Qu’est-ce qui t’amène ?
Gabriel – Je me suis dit, c’est le début des vacances alors pourquoi ne pas sortir ?
Caroline – Excellente idée, disons 14h à la butte Peyton ?
Gabriel – Parfait, à toute à l’heure » Dit-il tout en se relevant. Il quitte la maison en criant : « Bonne journée monsieur et madame Stanhope ! »
Gabriel fit à nouveau le tour de la maison pour récupérer sa monture et reprit la route à fond la caisse. Pas un obstacle pour l’arrêter, pas une seule remarque désobligeante de son père pour le déséquilibrer. Il filait comme souffle le vent à travers le relief et les routes sinueuses de Phoenix. Il était libre, plus aucune prison émotionnelle, plus un seul grillage autour de son cœur et plus aucune barreaux qui enfermaient son esprit. On aurait presque dit qu’il planait, à quelques centimètres à peine au-dessus du bitume. Debout sur son vélo, il laissait le soleil entrer dans son cœur et dans sa tête. Il hurlait à pleins poumons pour se libérer du minuscule reste d’ondes négatives qui faisaient encore trembler quelques centimètres de sa chair.
14h00. Il arriva au pied de la butte Peyton. Il posa un pied à terre et leva les yeux. La colline surplombait le quartier comme le mont Olympe surplombait l’immensité de la Grèce. Il poussa son vélo jusqu’au sommet comme un forcené impatient. Il jeta le vélo contre un arbre non loin de là et accourra instinctivement vers le banc sur lequel il s’assoit régulièrement avec Oliver. Gabe scrutait sa montre en permanence, impatient de raconter cette histoire à son ami. Il faisait l’idiot, il essayait de marcher sur les mains, tentait un poirier pour essayer de tuer le temps. Il tomba lors d’une acrobatie et entendit une voix moqueuse qui s’adressait à lui :
« Oliver – Tu es un vrai gymnaste toi !
Gabriel – Oli !
Oliver – Comment tu vas Gabe ?
Gabriel – Pas la grande forme, je ne suis plus qu’un vagabond
Oliver – Un vagabond, tu as perdu la tête ?
Gabriel – Non, Horace m’a mis à la porte
Oliver – Il finira par se calmer, ne t’en fais pas
Gabriel – Je crains que le lien ne soit rompu, je pense que je n’y retournerai plus
Oliver – Ne dis pas de bêtise ! C’est ton père après tout
Gabriel – Ce n’est pas mon père, je ne suis pas son fils
Oliver – Essaye de le comprendre un peu, il est veuf et doit élever ses trois gamins, tu crois que tu pourrais faire mieux que lui ?
Gabriel – Si un jour j’ai un fils, je suis au moins sûr que jamais je ne l’abandonnerai
Oliver – Tu ne sais pas ce que l’avenir te réserve
Gabriel – Je ferai exactement ce que je veux de mon avenir
Oliver – Il y a certaines choses que l’on ne peut pas contrôler
Gabriel – La volonté vient à bout de tout
Oliver – Ce n’est pas faux…
Caroline – De quoi vous parlez ? » Dit Caroline qui venait tout juste d’arriver.
Gabriel – De rien, de ce que l’on compte faire cet été
Oliver – Non, Gabe me racontait simplement comment il s’est retrouvé sans domicile fixe
Caroline – Je suis déjà au courant ne t’en fais pas
Gabriel – Bon, si je nous ai réuni ce n’est pas pour parler de mes déboires familiaux
Oliver – J’attends de savoir quelle formidable nouvelle tu as à m’apprendre !
Gabriel – Carrie est déjà au courant
Oliver – Dis donc, elle en sait des choses la petite Caroline !
Gabriel – Trêve de plaisanterie ! C’est une informations capitale !
Oliver – Je suis tout ouïe !
Gabriel – Hier soir j’ai entendu comme des bruits bizarres sortirent de la prise électrique, je croyais d’abord à de simple interférences
Carrie – Donc il a préféré devisé la prise !
Oliver – Attends tu étais là ?
Carrie – Il s’est introduit chez moi à 23h
Oliver – Ça devient sérieux à ce que je vois
Gabriel – BREF ! Ces pseudo-interférences ce sont avérés être des communications militaires secrètes
Oliver – Comment ça
Gabriel – Pour faire simple, j’ai capté un message d’une dizaine de secondes
Oliver – Que disait-il ?
Gabriel – Un décompte suivi de « Percez ! » et après ça un accusé de réception, « O.K » en Morse
Oliver – Étrange en effet
Caroline – Qu’est ce qu’il y a d’étrange la dedans, l’armée utilise fréquemment de genre de code, non ?
Oliver – C’est certain mais cela reste tout de même bizarre
Gabriel – J’ai capté ce message à travers les lignes du réseaux public qui plus est
Caroline – Arrêtez de chercher le mal partout, c’est un simple message…
Gabriel – Ca ne m’empêchera pas de savoir ce qu’il se passe
Oliver – Il a raison, et si le gouvernement préparait quelque chose ?
Caroline – Qu’est ce que vous comptez faire ?
Gabriel – Trouver la source ! » Dit Gabriel en se tournant vers sa petite amie. Caroline, exaspérée, remua légèrement la tête.
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