Chapitre 2 - Les Sages - 2ème partie

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Alors qu’ils s’étaient finalement assoupis, un tambourinement à la porte les fit sursauter au petit matin. Keÿlán se couvrit les oreilles et se retourna sur sa peau d’ours étendue devant la cheminée, exprimant sa mauvaise humeur par un grognement. Endormi sur la table, la tête enfouie entre ses bras croisés, Naëwen bondit sur son banc et s’empressa d’ouvrir au visiteur insistant.


Il fut surpris de découvrir la limpidité éblouissante du ciel azuré, l’absence de vent et le silence presque irréel qui enveloppait la vallée enneigée. Le temps semblait s’être suspendu.


Sur le seuil se tenait l’une des sentinelles de fortune, le visage rougi par le froid.


— On a croisé un messager de Núrya en redescendant, lança celle-ci sans préambule au garçon encore ensommeillé. Hesja est partie directement à la citadelle.


Puisqu’il tardait à réagir, elle précisa :


— Votre mère vous attend. J’ai pas entendu de quoi il s’agit, mais ça a l’air important.

— Le Conseil ! s’écria Naëwen une fois ses pensées embrumées remises en ordre, ce qui réveilla Keÿlán pour de bon.


Les jumeaux avertirent Lysandre de leur départ, revêtirent leurs bottes fourrées et leur manteau. Tandis qu’ils remplissaient leur gourde avec l’eau du baquet attenant à la cheminée, provenant de la neige et de la glace déblayées du toit et bouillie au préalable dans le coquemar en terre suspendu au-dessus de l’âtre, la matriarche glissa dans leur besace une collation qu’ils mangeraient en route et en ajouta une pour sa belle-fille.


— Soyez prudent, leur recommanda-t-elle, la mine sombre. On ne sait jamais quelle rencontre on peut faire dans les montagnes en cette saison...

— T’en fais pas, fanfaronna Keÿlán, en tapotant la garde de son épée, rangée dans le fourreau accroché à sa ceinture.

— Tu es bien le fils de ton père, répliqua-t-elle. Écoute un peu ton frère, il a plus de jugeote que tu n’as de muscles... Et ramenez votre mère avec vous ! Elle est restée trop longtemps là-haut, elle a besoin de repos. Et d’un bon bain chaud !


Ses petits-fils se hâtèrent de remonter la rivière gelée qui contournait le domaine et rejoignirent le chemin menant au col en amont de la vallée. Ils grimpèrent le flanc de la montagne frissonnante, sinuant à travers la forêt de conifères au gré du sentier qui longeait torrents, cascades et ruisseaux pétrifiés.


L’air sec et vivifiant piquait le visage et brûlait la gorge sous l’effort. Un nuage de condensation s’élevait devant leur bouche à chaque expiration. La neige épaisse, étincelante sous l’or radieux qui filtrait à travers la frondaison des résineux, crissait sous leurs pas. Leur ramure ployait sous le poids de la poudreuse amoncelée, qui de temps à autre tombait avec un bruit sourd. Le craquement d’une branche à proximité fit sursauter Naëwen. Il se demanda s’il s’agissait du renne dont il avait repéré la piste un peu plus tôt.


Les jumeaux croisèrent trois bûcherons tirant sur un traîneau le tronc fraîchement coupé d’un pin et se saluèrent mutuellement d’un signe de tête sans s’arrêter. Keÿlán menait la marche d’une allure leste, mû par le brasier d’une colère prête à exploser à la moindre étincelle. Une quinzaine de pas en arrière, Naëwen peinait à suivre son rythme, ralenti par le poids d’une sourde appréhension tapie au fond de ses entrailles nouées. Ils ignoraient la raison même de cette convocation... Se pouvait-il que la Númbÿa eût reçu des nouvelles du Gwalmorth ?


À l’approche des cimes, le sentier quittait la forêt et se divisait en deux chemins de rocaille. L’un partait en direction du col de Pwyll au sud-ouest et rejoignait l’estuaire frontalier que se disputaient l’Urond et l’Andosia depuis plus d’un Âge, tandis que l’autre continuait son ascension vers l’ouest et empruntait une corniche qui surplombait la Gueule du Nadrihim. De cette énorme cavité creusée par les éléments dans la paroi abrupte de la montagne jaillissait un torrent souterrain qui, sous la forme d’une impressionnante cascade figée en un élégant jabot de dentelle ouvragée, se jetait d’une hauteur vertigineuse dans une gorge pour irriguer leur vallée natale.


L’anfractuosité avait été ainsi nommée puisque chaque cycle au Renouveau s’en échappaient des grondements inquiétants qui se répercutaient en échos contre les parois de la gorge et se répandaient jusqu’à l’autre bout de la vallée, comme si un puissant orage se déchaînait au cœur de la montagne. Une légende évoquait la survivance d’une poignée de Nadrihim, humanoïdes géants constitués de roche et de mousse, presque tous décimés par les guerriers d’Uziel lors de sa conquête du Talëmvar au troisième Âge. D’aucuns racontaient qu’ils s’étaient réfugiés avec les autres Aïwë dans le réseau de cavernes situé sous la frontière entre l’Urond et l’Himwyn.


La plupart des gens imaginaient donc que leur parvenaient les lamentations de ces créatures, qui remontaient des profondeurs insondables de la terre afin de contempler la surface par cette fenêtre naturelle, se remémorant l’époque lointaine où ils parcouraient le monde avec insouciance. Certains affirmaient que ce son similaire au roulement du tonnerre était plutôt typique des Kwamo, raies-de-foudre dont les nids se situaient sur les sommets inaccessibles en amont et dont on ignorait toujours si elles déclenchaient les orages qui les nourrissaient.


Naëwen esquissa un sourire au souvenir de son père qui, quand son frère et lui refusaient d’aller se coucher, prétendait qu’il s’agissait en réalité du cri d’une Abomination gigantesque réveillée par la faim à la nuit tombée : bien que la créature maléfique raffolât de la gemme pure des enfants, elle ne pouvait atteindre les rêveurs, protégés grâce aux illusions de l’Enúi dont le garçon avait hérité le nom.


Seamaël ayant emmené les jumeaux visiter les fameuses cavernes afin de leur en confier la garde après son départ pour le Gwalmorth, ils savaient à présent que les montagnes ne renfermaient pas en leur sein de prison effrayante. Elles dissimulaient au contraire un paradis perdu dont la sauvegarde du micro-climat, presque tropical à ces latitudes, était primordiale pour préserver sa faune et sa flore bioluminescentes, disparues de la surface depuis des temps immémoriaux.


Grelottant malgré son épais manteau de fourrure, Naëwen songea à la température agréable des cavernes. S’il n’avait pas craint d’offenser les Aïwë en cherchant à satisfaire son propre confort, le garçon aurait préféré accéder à Núrya par ce labyrinthe souterrain plutôt que de peiner dans la neige et le froid mordant. Il jeta un regard envieux à l’anfractuosité silencieuse. À maintes reprises, des ambassadeurs du Conseil et d’intrépides explorateurs avaient tenté de se faufiler par l’unique entrée identifiée du sanctuaire et, soit en avaient été sitôt chassés par une Draïmán incandescente en furie, soit étaient morts de faim, de soif, empoisonnés, piégés ou égarés dans ses vastes méandres.


Alors que Keÿlán finissait de franchir la corniche, Naëwen s’engagea avec une extrême prudence sur la roche scintillante de givre, à peine assez large pour permettre à une charrette de traverser. Il s’arrêta un instant au-dessus du vide, adossé à la paroi glacée par peur de vaciller, le souffle coupé par la vue rare et époustouflante que leur offrait ce temps clément. Loin sous ses pieds serpentait au fond de la gorge le torrent d’argent abreuvé par les glaciers. Encore en contrebas contrastaient avec l’hermine immaculée les masses sombres des forêts et des villages aux toits fumants, disséminés à travers la péninsule. À l’horizon, par-delà collines, bosquets, prairies et champs, se détachaient de la placide mer turquoise de Kelaúi les silhouettes massives des Sentinelles, antiques statues de Gaëlya disposées à intervalles réguliers en surplomb des falaises, à la pointe inhabitée de la contrée.


On ignorait qui les avait taillées et érigées en ce lieu, à une époque tellement reculée que les plus anciennes chroniques de l’Himwyn mentionnaient déjà leur existence à la fin des Jours Sombres. Les vivants n’avaient pas le droit de pénétrer dans le domaine sacré des ancêtres, dont les immortels gardiens scrutaient les flots et les cieux afin de repousser de la côte tempêtes et invasions. Même les processions funéraires s’arrêtaient à l’orée de la bruyère battue par le vent d’est chargé d’embruns. Jamais personne n’avait pu observer de près les Sentinelles. Sur la ligne d’horizon, leur mystérieuse Pierre-Lumière d’une incroyable blancheur diaphane paraissait luire de l’intérieur sous les feux du levant et du couchant.


À la lisière de ce royaume interdit, qu’advenait-il des corps rendus au sommeil éternel une fois le cortège de proches reparti vers le monde des vivants ? Quels précieux secrets emportés dans l’au-delà se chuchotaient les ancêtres, assoupis parmi les petites fleurs bleu pervenche de la Lómë, dont on disait que les voix inintelligibles se mêlaient aux mugissements du vent du large ? Profondément frustré par l’incapacité de son entourage à assouvir son insatiable curiosité lors des veillées autour du feu, Naëwen rêvait de fouiller les vieux ouvrages de la bibliothèque de Núrya afin de percer ces mystères. Un jour, il espérait puiser au fond de lui le courage nécessaire pour transgresser la loi des aïeuls et soutenir le regard perçant des Sentinelles, auquel rien de visible ni d’invisible ne pouvait se soustraire.


Un conte inachevé, peut-être en partie perdu ou effacé, prétendait qu’un homme avait ainsi reçu de ces colosses inanimés la connaissance absolue de toute chose avant les Jours Sombres. D’aucuns murmuraient qu’il s’agissait du premier Oracle. Celui-ci aurait transmis son savoir inestimable à un unique successeur en le chargeant de choisir son propre héritier, comme il avait lui-même procédé, parmi les très jeunes enfants condamnés par les Enúi et abandonnés par leurs géniteurs à la frontière entre le monde des vivants et celui des défunts. Personne n’avait jamais osé interroger l’Oracle à ce sujet. Nul ne connaissait son identité ni même son visage, toujours dissimulé sous le capuchon de sa pelisse... Sa simple évocation suffisait à inspirer une crainte indicible mêlée de vénération.


— Qu’est-ce que tu fiches ? On est presque arrivé !


Le brutal rappel à la réalité d’un Keÿlán trépignant d’impatience extirpa Naëwen de ses pensées, manquant de lui faire perdre l’équilibre. Ce dernier acheva la traversée du passage périlleux et se hâta de rejoindre son frère qui l’attendait avant la courbe qu’effectuait le chemin afin de contourner la montagne et grimper vers le col où se nichait la forteresse de Núrya.


— Ben alors, on a le vertige ? se moqua le gaillard.

— Non, j’appréciais la beauté du paysage, rétorqua Naëwen, passablement agacé, aussi bien par son impertinence que par la violence de son interruption.


Parfois, il regrettait que leur père ne l’eût pas emmené avec lui. Une bouche inutile en moins à nourrir, ce n’était pas un luxe pendant la saison sombre...


Alors que Naëwen arrivait à la hauteur de son frère se dévoila Núrya. Accrochées au flanc du pic majeur de la chaîne de montagnes, les tours de l’immense citadelle de pierres anthracites tutoyaient les nuages au cœur des neiges éternelles. De sa position privilégiée, rien n’échappait à la vigilance de la Númbÿa. Si l’Urond avait décidé de les assaillir, la vigie aurait pu apercevoir par temps clair ses armées se mettre en marche depuis Gwalrod, sa capitale. Hélas, cela faisait longtemps que leur ennemi avait mis en place d’autres stratagèmes pour déjouer leur surveillance...


Les jumeaux franchirent le pont-levis en bois renforcé d’acier déployé au-dessus d’un précipice et contemplèrent, interdits, l’imprenable forteresse. À l’invitation de la garde postée à l’entrée, ils passèrent sous la herse relevée à leur intention, pénétrant pour la première fois de leur vie en ce lieu légendaire parmi les rares vestiges des Temps Anciens. Un frisson d’exaltation parcourut Naëwen. Ici avaient été instruits la plupart des grands héros de l’Histoire...


Une atmosphère singulière, emplie de secrets et de sagesse, planait sur la cité isolée du monde. Mais une menace intangible semblait également se tapir en son sein. Ces pierres avaient traversé les Âges, assisté à la Chute, affronté les Jours Sombres, résisté aux Abominations et survécu à maintes guerres. Ces murs avaient abrité les noms les plus illustres et avaient été témoins autant de prodiges et de merveilles que d’épreuves et de souffrance. Ces moments étaient profondément ancrés dans la pierre. Il en émanait une aura à la fois inspiratrice et intimidante, voire angoissante, qui s’accordait avec l’austérité de l’architecture.


Dans la cour principale s’entraînaient au maniement de l’épée les Novices en tunique noire, leur front couvert d’un bandeau en nadhi encore vierge d’inscriptions. Partout s’affairaient les Dévoués, reconnaissables à leur tunique rouge et à leur bandeau laissé nu, déblayant la neige des toits et de la cour, transportant une pile de linge à nettoyer au lavoir ou des ouvrages à recopier ou à ranger dans les rayonnages de la bibliothèque, dont l’énorme tour trônait au centre de la citadelle. Ils croisèrent un Enchanteur, drapé dans sa longue robe en lin d’un bleu-vert pâle, arborant un bandeau richement ornementé qui témoignait de son parcours avancé et de ses accomplissements. Ils ne virent aucun Chevalier, puisqu’il était mal vu pour ces hommes et ces femmes de terrain de séjourner à Núrya en dehors des cérémonies qui marquaient les périodes cruciales de chaque cycle.


Au pied des marches de la tour centrale s’élevait une impressionnante fontaine d’une blancheur immaculée. Quatre sculptures d’hommes, représentés avec force détails, en surmontaient le bassin. Enveloppé par les flammes, le plus jeune d’entre eux s’inclinait, un genou à terre, devant les trois autres personnages qui le dominait. Face au Novice se tenait, majestueux dans sa robe ample ciselée des idéogrammes sacrés de l’Onima, un vieux Sage à la barbe interminable, les yeux clos, ses longs cheveux coiffés d’une couronne d’étoiles. De sa bouche ouverte sur un chant imperceptible et de ses paumes tournées vers l’infini s’écoulait l’eau pure des montagnes. De part et d’autre de l’Accompli, un Chevalier en armure, le regard sévère, empoignait des deux mains la garde de son épée pointée vers le sol, l’extrémité de sa lame plantée dans un rocher, et un Enchanteur aux paupières mi-closes, drapé d’un entrelacs végétal et chaussé de racines fleuries, levait vers le ciel un cristal brut enchâssé au bout d’un grand bâton en bois tandis qu’il tournait la paume de son autre main vers la terre.


Un jeune Dévoué vint presque aussitôt à la rencontre des garçons, indécis quant à l’endroit où ils étaient attendus. Sans prendre la peine de se présenter, l’inconnu leur tendit deux bandeaux vierges :


— Tenez, enfilez ça.


Puis il se dirigea vers l’imposant bâtiment situé à l’opposé de l’entrée.


— Même pas en rêve je mets ça, souffla Keÿlán à son frère dans le dos de leur guide efflanqué.

— Tu ferais mieux d’obéir si tu ne veux pas nous attirer des ennuis, répliqua Naëwen en ajustant le sien sur son front.

— J’aime pas ça ! objecta l’insolent, qui s’exécuta tout de même et afficha une moue dégoûtée au contact de la matière semi-rigide du bandeau contre sa gemme. Comment tu peux supporter ça sans broncher ? C’est pas... naturel.


Naëwen leva les yeux au ciel face à tant de mauvaise volonté.


— Évite de nous faire remarquer à peine arrivés.

— Bah oui, faudrait pas que tu fasses mauvaise impression, ricana Keÿlán.


Irrité par son attitude, son frère lui envoya son coude dans les côtes pour le faire taire et pressa le pas afin de fuir d’éventuelles représailles. Derrière lui, Naëwen l’entendit grommeler en traînant des pieds.


Dans le hall de la bâtisse, le Dévoué s’arrêta au pied d’un double escalier en pierre. L’extrémité de ses rampes finement ouvragées en volutes végétales était ornée d’une statue de Dreïwyn. Assise, les ailes repliées contre ses flans, la créature dotée d’une gemme frontale, pourvue d’écailles et de plumes, tenait une orbe dans sa patte griffue et fixait les passants d’un œil acéré, les défiant de s’en emparer.


Le guide interrompit l’observation des garçons, désignant tour à tour les deux portes en bois qui l’encadraient.


— Entrez et attendez. Toi dans cette pièce, toi dans l’autre, indiqua-t-il à chacun des jumeaux qui échangèrent un regard, surpris d’être séparés. Les Sages ne devraient pas tarder.

— Où est Hesja ? l’interrogea Keÿlán, méfiant.


La trop grande réserve de cet individu nonchalant ne lui inspirait guère confiance et sa tête ne lui revenait pas.


— Dans la Tour du Conseil. Son entrevue a commencé avant que vous n’arriviez.

— Pourquoi nous séparer ? releva Naëwen.

— C’est la volonté du Conseil, se contenta de répondre leur guide peu loquace.


Contrarié par leur réticence à obéir, ce dernier les fixa avec une telle intensité que même Keÿlán finit par se détourner, mal à l’aise, et se dirigea sans un mot vers la porte qui lui avait été désignée. Celle-ci claqua dans son dos, trahissant l’énervement qu’il tentait de contenir. Inquiet de le savoir seul dans cet état face aux Sages qu’il haïssait, Naëwen marcha lentement vers l’autre porte, tendant l’oreille à l’affût du moindre son dans la pièce où avait disparu son jumeau. Mais rien ne lui parvint. Pas même un bruit provenant de la cour pourtant animée. Un profond silence enveloppait les lieux.


Percevant l’impatience du Dévoué qui ne partirait pas tant que sa mission ne serait pas achevée, Naëwen ouvrit la porte qui lui était destinée. Il jeta un coup d’œil dans la pièce, sobrement meublée d’une table en bois massif encadrée par deux bancs, puis referma la porte derrière lui, soutenant le regard indéchiffrable du jeune serviteur.

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