Ghosting / BA, même combat
Je repense juste à ces instants où sur moi tu mettais tes mains entre nos yeux pour m’obliger à te regarder … je n’aimais pas comme j’adorais.
Le burn-aoûté
Un semestre à découvrir le sexe autrement, un semestre à tenter d’oublier Pierre, deux semaines entières à changer d’homme chaque soir.
Ce dimanche soir, Ella se connecte sur le site de rencontres à vouloir supprimer son compte après en avoir largement sur abusé de ces hommes, semblables et différents, petits comme grands, plus ou moins jeunes, assez ou peu membré ... Elle en a vu et embrassé de toutes sortes. Mais ce soir, elle décide de stopper ces rencontres à donner le vertige comme du plaisir, pour se consacrer à d'autres loisirs plus solitaires ou humanitaires.
En ouvrant l'application pour la clôturer, elle découvre qu'un inconnu lui a demandé d’ouvrir son album photos sans même avoir échangé trois mots avec elle. Elle l’expédie vite « Mais vous vous croyez où ? Vous ne pouvez pas demander avant si j’ai envie de vous laisser me voir ? ».
Il s’excuse immédiatement. Fausse manip', il découvre le site qu’elle quitte. Les échanges s’enchaînent comme une évidence. Le lendemain soir, ils se retrouvent en terrasse vers 17 heures, face à face à se noyer dans les yeux l’un de l’autre, après deux bises rapides. Elle a faim, n’ayant pas pris le temps de déjeuner le midi … D’ailleurs a-t-elle pris une pause ? Non pour pouvoir être à l’heure au rendez-vous imprévu, voire improvisé à la hâte. Mais le bar n’est que bar. Le houblon, ça nourrit un peu non ?
Après des échanges sur leur vie professionnelle car plus ou moins la même, il propose de bouger et l’emmène dans le métro parisien, bondé à cette heure-ci ... Ils sont très proches, il lui dit « je m’excuse par avance pour le côté absolument pas romantique mais ... » et ne termine pas sa phrase pour l’embrasser à pleine bouche ... ce premier baiser dure 1000 ans avec ses mains sur ses fesses, et des jeux de langues déjà passionnés. Arrêt du métro et direction le quartier parisien le plus touristique ... à se promener main dans la main, s’arrêter tous les 10 mètres pour des baisers de plus en plus enflammés. Deux quadras qui se comportent comme des ados. C’est ça la crise de la quarantaine ?
Trois heures presque pour eux où le monde autour semble avoir disparu. Il est l’heure et la SNCF n’attend pas ! Elle saute dans son train en l’embrassant furtivement... les échanges de SMS durent toute la soirée, ils sont fougueux, sans équivoque et se concluent par la programmation du rendez-vous suivant ... au lendemain matin, 8h30, chez lui ... elle sait où il habite car va régulièrement dans sa rue en clientèle.
La nuit passe vite. Ils se retrouvent vite dans les bras l'un de l'autre. Tout est doux et précautionneux. Il la déshabille lentement tout en l’embrassant sur la bouche, dans le cou, les seins ... elle fait de même ... il lui propose de s’asseoir sur le lit et continue de la déshabiller lentement tout en la caressant ... il est encore en pantalon mais son érection est déjà perceptible ... elle le caresse pour susciter encore plus son envie, leurs envies ... il l’allonge pour mieux découvrir son entrejambe, épilée intégralement ... sa bouche et sa langue sont divines (curieusement il n’y met pas beaucoup les doigts), elle a déjà un orgasme ... il la pénètre doucement mais intensément et lui prend les deux mains en la regardant droit dans les yeux qu’elle ferme pour mieux mémoriser ce moment unique ... ils changent de position tout en restant en elle ... il fait chaud dedans, dehors, dans leurs corps ... ils sont bien ... sans jamais que leurs sexes ne se séparent, elle se retrouve sur le ventre, jambes serrées ... leurs corps ont vite trouvé le même rythme, les va-et-vient sont plus ou moins intenses ... mais toujours en osmose, en harmonie ... elle gémit, voire crie de plaisir, lui n’émet pas de son mais même le dos tourné, elle perçoit son plaisir ... qui s’intensifie peu à peu jusqu’à ce que tous les deux soient au summum et qu’il déverse sa sève en elle, profondément et intensément ... il s’allonge sur elle, l’embrasse dans le cou, sur la joue cherchant sa bouche ... puis leurs deux corps basculent sur le côté pour qu’elle se retrouve lovée dans ses bras sentant son corps bouillant contre le sien. Une pause tendresse pour retrouver leurs esprits, leur rythme cardiaque et se parler de tout et rien ... elle se tourne vers lui pour mieux lui happer la bouche et y mêler leurs langues. Ils sont bien mais ils savent aussi que le temps est compté : il a une réunion en visio à 10h30. Ils se mettent à la fenêtre pour partager une cigarette. Il en profite pour commenter les différents bâtiments et monuments vus ou perçus depuis cette fenêtre. Ils sont encore nus, collés l’un à l’autre... prennent une autre cigarette. Il reste peu de temps mais l’envie est là de faire à nouveau l’amour plus brutalement, plus sauvagement mais cela reste agréable pour eux deux et le plaisir et la jouissance sont intacts, comme la première fois ... la douche lui est douce car elle se savonne avec son odeur, dont elle s’était imprégnée la veille, et qu’elle gardera toute la journée.
Elle part le corps léger sans vouloir ouvrir son cœur car c’est dangereux à ce stade, elle le sait mais elle sait aussi qu’il est différent, lui ... différent des sexfriends accumulés depuis quelques temps. Différent de son unique amant amour mais elle se sent bien avec lui et a hâte du prochain rendez-vous quelques jours plus tard pour une nuit complète qu’ils passeront ensemble à l’hôtel dans leur quartier !
Elle a oublié son briquet chez lui, en achète un autre au tabac du coin. Ce briquet-là s'arrête de fonctionner le jour où ils se rencontraient pour la Xème fois (il y en a eu tellement qu’elle n'a pas compté les rencontres) mais c’est un signe : le soir même, il est juste venu pour rompre cette idylle car Ella a osé dévoiler ses sentiments, après quelques semaines. Il l'abandonne là, avec ses mots, laissée à ses réflexions, alors qu’elle a passé ses vacances à rêver de cette escapade niçoise, puisque tous deux ont des clients à aller voir dans le sud-est.
les jours suivants, les mois d'après, le contact est maintenu peu ou prou, un amour perdu mais une amitié pas gâchée. Retrouvailles finalement sur l’oreiller. Le temps a changé. Il fait froid. Les journées sont courtes. Et les rendez-vous se tiennent irrégulièrement dans des lieux variés au gré de leurs envies. Ils font l’amour. Ils baisent comme des bêtes. Ils parlent. Ils s’écoutent. Ils font l’amour. Ils se taquinent. Elle tait chaque ressenti, chaque émotion forte, chaque sentiment …de peur de la rupture. Elle se plie aux injonctions, elle se sent petite fille qui ne doit pas décevoir, elle écrit pour elle, juste pour elle. Elle vit la plus belle des injonction, un jeudi matin où il lui écrit « heureux anniversaire. Rendez-vous 16 heures chez toi. ».
- Mais je ne peux pas, je bosse.
- Ce n’est pas une question, c’est un ordre. J’ai envie de te faire l’amour en ce jour spécial.
Ella s’arrange au travail pour être à l’heure chez elle et accueillir son amant, déjà depuis bientôt deux ans. Deux ans, waaouh quand même. Le rendez-vous d’anniversaire est prévu comme un nouveau rite. Retrouvailles régulières à jouir encore. Jusqu’à l’appel de l’amant en hiver pour un presque ultime rendez-vous l’avant-veille de Noël pour cause de changement de vie … les rencontres s’estompent mais les corps se reconnaissent toujours et les yeux parlent toujours, même si l’espace temps entre deux rencontres (pas toujours sexuelles d’ailleurs) s’allonge, du trimestre, à semestre puis à l’année puis au néant. Il avait sûrement tout programmé car leur dernier rendez-vous est intense physiquement, et aussi le plus fou pour Ella : une putain de déclaration d’amour qui la laisse sans voix. Elle a les larmes à l’écouter parler, la tête sur son ventre … aucun son. Lui, l’homme le plus taiseux, le plus taquin, le plus mystérieux, le plus dominant peut-être aussi finalement, lui pose toutes ses émotions et ses sentiments là, sur le lit de cet hôtel climatisé aux couleurs neutres. Perçoit-il qu’elle pleure ? De joie ? D’entendre ce qu’elle lui a dit trois ans plus tôt et qu’il a rejeté en bloc, comme pour la calmer dans ses émotions et sentiments ou juste parce qu’il n’était pas prêt ?
L’émotion passée, Ella ne peut décemment répondre juste « je t’aime ». Elle a ce souvenir des premiers mois où elle s’est trop exprimée. Alors elle ne dit rien, muette, installant un court silence avant que leurs ébats ne reprennent et qu’elle jouisse. À peine quittés en bas des escaliers, elle lui envoie un message « Même si le je t’aime était au bord de mes lèvres, il est sorti comme sous contrainte alors que ma bouche avait failli le dire au moins deux fois dans la journée bien avant de le lâcher comme une merde. Ça aurait dû être beau et j’ai dit ça n’importe comment … alors j’ai écrit tout cela pour justifier ma maladresse et constater qu’il a fallu attendre 3 ans 1/2 pour le dire … quand on aura 75 ans, je te surprendrai en le disant bien, même si, finalement les plus jolis mots dits viennent de toi. Les miens sont à l’écrit. C’est sûrement aussi pour ça que nos corps et nos cœurs s’accordent … Pourvu que l’épopée dure encore … ».
Depuis ce jour, la vie leur a joué des tours et ils ne se sont pas vus. Ella est impuissante face aux tracas qu'il vit loin de là, mais il sait sa présence même à distance. Il finit par admettre qu’il est au plus mal. C’est d'ailleurs pour cette raison que Manon finira par le surnommer le BA, comme burn-aoûté. Ella écrit souvent au BA pour exprimer son manque de lui, son soutien à cet homme qui traverse une mauvaise passe, pour lui rappeler que leurs corps ont besoin de se voir, pour juste le faire sourire, pour lui partager des épisodes de sa vie à elle. Mais il ne répond pas systématiquement à ses messages. Ella s’épuise peu à peu… même si elle est patiente durant quasiment trois années silencieuses, il montre un pouls de temps à autre, par écrit toujours. Quand Ella veut abandonner tout contact avec cet amant malheureux, il la retient, il a besoin d’elle … il va revenir, dit-il.
Mais l’an dernier, c’était une année sans comme celle d’avant. L’année d’avant encore, c’était l’année unique, la précédente, c’était le doublé. Donc les retrouvailles, à ce stade, si elles arrivent, on parlera plutôt de découvertes. Ella s’accroche néanmoins car c’est un amant hors pair mais au fond d’elle, elle sait bien qu’il ne reviendra plus ... il lui a un peu dit d’ailleurs lors de sa grande déclaration d’amour, l’autorisant à se trouver un nouveau mec. Ella ne se prive pas de conquêtes d’un soir mais elle l’attend, lui qu’elle aime profondément, même si c'est d'un amour différent de celui de Pierre. Et l'ironie du sort, elle ne peut guère lui dire. Et oui ce malin a eu l’idée de se faire prendre par sa femme (infidèle aussi !) donc tout contact avec Ella se fait via le mail professionnel, seul endroit où Madame ne semble vouloir fouiner. Mais cet unique moyen de communication limite grandement les échanges, plus ou moins coquins.
Quand tu es « acquise », on t’oublie facilement, on te pose dans un coin et on revient te voir quand il n’y a rien d’autre à voir.
Quand tu es sauvage, inaccessible, fuyante, on fait beaucoup plus attention à toi parce qu’on sait que l’on peut te perdre à tout moment.
C’est avec ce constat qu’Ella finit par comprendre. Un jour, ils se sont aimés, mais plus jamais ils ne seront réunis … quand bien même il travaille désormais à 20 minutes de chez elle. Elle a compris ses silences longs. Si seulement elle avait fait une aussi belle tirade que lui ce jour-là, en seraient-ils là ?
- Je veux te regarder te déshabiller. - Mais je suis déjà nue - Non enlève la peur de m'aimer, mais lentement.
Trois ans plus tard, elle sait que oui. Ella a tout essayé pour maintenir le lien mais elle ne sait plus rien de lui, il n’en sait guère plus sur elle. Ella ne l’oublie pas comme elle ne l’abandonne pas mais Ella ne l’attend plus … car c’est bien ça le message non ? Il est logique, légitime et réaliste. Alors elle lui envoie un message d’adieu :
Il y a des corps qui s’attirent,
et puis il y a ceux qui s’apprennent lentement,
avec la bouche, avec les silences, avec la douceur
et le frôlement avec l'interdit.
Pas une brûlure, non.
Plutôt une lente montée, comme une marée
qui vient lécher la peau avant de l’engloutir.
Tu n’as pas touché mon corps.
Tu l’as écouté.
Chaque frisson, tu l’as mérité.
Chaque soupir, tu l’as attendu.
Tu ne t’es pas précipité, tu as attendu
que mes silences s’ouvrent,
que mes peurs reculent.
Tu n’as pas traversé mes frontières,
tu les as apprises.
Avec ta bouche, tu n’as pas seulement cherché l’envie,
tu as traduit mes tremblements, mes failles, mes besoins enfouis.
Et avec ton regard, tu as dit des choses
que même mes mots n’osaient pas formuler.
Il n’y avait pas de hâte, juste cette tension douce,
cette envie retenue qui rend chaque geste sacré.
Tu m’as aimée comme on ouvre un livre ancien,
avec les doigts, avec le souffle,
et surtout avec cette patience infinie
de celui qui sait qu’un corps, ça ne se prend pas, ça se découvre.
J’aurais aimé que cela dure toujours.
La vie a décidé que ça ne se renouvelle même pas de temps à autre ou n’est-ce pas ta propre décision ?
Je ne saurai jamais,
tellement tes silences sont assourdissants de sens.
Je t’ai aimé dès les premiers jours,
tu m’as juste empêchée de le dire aussi souvent que je le voulais. Adieu.
Comme tous les autres messages, il reste sans réponse telle un bon ghosting master class. Et comme Ella est une acharnée masochiste, elle déniche ensuite un vrai ghoster High level dans l’intervalle de ces trois années sobres, et quasiment en mode nonne.
Ella n'aime pas l'abandon, et veut toujours aller au bout pour comprendre ... ou essayer de comprendre ce qu'elle ne comprend pas encore. Il suffit de dire "au revoir" en partant.
Le ghosting, c’est pas juste “plus de nouvelles”. C’est un truc sournois, brutal, qui te laisse sans réponse et plein de questions. Ce n’est pas un oubli, c’est un choix. Celui de partir sans assumer, de fuir au lieu d’expliquer, de te laisser te débrouiller avec le vide. On te fait croire que c’est pas si grave. Mais en vrai, ce genre de silence, c’est une forme de contrôle. Une manière de garder le pouvoir... sans dire un mot.
Et donc, comme Ella n'est pas sûre d'avoir bien compris avec le BA. Elle réitère l'expérience avec le ghoster.
Le ghoster
Premier contact, premiers échanges d’une fluidité certaine. Rendez-vous pris non confirmé … l’été passe. L’automne est là. Reprise de contact avec des heures phonées pour asseoir l’évidence. Rendez-vous pris annulé devant la gare, reporté par une livraison de croissants … non confirmé.
Évidemment je m’en doutais
À la base ce n’était
Que pour un croissant café
Et peut-être que discuter
Mais
J’aurais aimé connaître ton canapé
J’aurais aimé de bulles m’enivrer
J’aurais aimé t’embrasser
J’aurais aimé nous doucher
J’aurais aimé me laisser aller
J’aurais aimé te sentir bander
J’aurais aimé être caressée
J’aurais aimé te papouiller
J’aurais aimé les corps pénétrés
J’aurais aimé ta clope fumer
J’aurais sûrement tout aimé
Je n’aurais aucun regret
Au bout je suis allée
En plus j’étais épilée
Allez je te laisser filer
De rire je dois te remercier
À toi belle continuité
Très cher surnommé
Demain
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Rencontre nocturne
Un peu taciturne
Terrasse vide près de celle bondée
Deux bières à déguster
Apprendre à s’écouter
Partir en s’embrassant
L’après en espérant
Depuis j’attends
Ce prince charmant
Si mystérieux
Que j’ai pleins les yeux
Depuis j’ai compris
Qu’on est incompris
Sauf par écrit
Mais pas dans un lit
Ainsi va la vie
Laissez-moi le temps de l’oubli
Long … tellement c’était bon
Après ces rendez-vous annulés ou reportés, malgré les longs échanges entre eux, l’évidence se tourne vers Ella pour lui faire admettre que ce nouveau Ghost ne veut pas d’elle à l’horizontal. Tristement, elle abandonne et en même temps, elle se cramponne à l’idée que non, elle ne rencontre plus. Quand il détale, elle plane…
Il la manipule, elle veut l'oublier et utilise le site de rencontres désormais pour de simples rendez-vous verres mais sans aucune démarche autre qu’amicale. Un rendez-vous qui tourne mal. La police lui demande de créer un autre compte pour retrouver le con. Le soir où elle croit le trouver, le Ghost la contacte. Elle ne fait pas gaffe … elle est dans son trauma et sa quête. Elle réalise le lendemain … les échanges sont encore parfaitement fluides … toujours forts jusqu’à Bordeaux pour le week-end où elle sait très bien qu’il ne viendra pas malgré sa promesse. Elle ne pense pas être le seul problème. Il rencontre mais ne couche pas, il cherche à plaire sans passer à l’acte. C’est bien dommage car il est canon et génial. Et si demain c’était différent … s’ils essayaient vraiment un café croissant à Charonne ou ailleurs … juste pour voir que leurs corps ne sont pas rien réunis.
Si on savait tout, on ne ferait pas tout ça mais ferait-on autrement ? Assurément si elle avait su … Ella ne serait pas venue. Elle est venue à Charonne, et a vu … le néant et l’absent. Les bras ballants, elle est allée travailler.
Assurément autrement il aurait fallu faire mais comment faire quand on ne sait pas ? Alors on ne fait pas et doucement on s’en va …
Malgré les lapins posés, Ella s’accroche à ce type si atypique qui l’a séduite leur première nuit entière au téléphone … Elle veut aller au bout … au bout de lui en elle. Elle finit par lâcher prise car quoi de mieux que le manque pour susciter l’envie. Dans son taxi parisien venant de quitter Manon et son chéri, Ella reçoit un appel « Ghost ». Elle décroche, il arrive chez elle en même temps qu’elle et leur nuit est magique et magistrale, avec des échanges multiples, pas toujours sexuels mais même quand ils le sont, ils donnent envie de lui tellement Ella se sent proche de son approche. Elle ressent depuis le début qu’ils ont des choses à partager ne serait-ce que s’aider mutuellement à franchir quelques étapes de vie … Ils se reverront une fois pour juste du co dodo, non prévu mais besoin de discussions et de tendresse.
Son attirance pour lui, elle est multiple. Des échanges toujours naturels et simples avec un côté coquin certes mais un côté doux. Les heures passées au téléphone ont dû l’envoûter tellement il a une voix suave, et des mots plus puissants qu’à l’écrit pour la séduire. Une certaine fragilité chez lui, différente de la sienne.
Un doux rêveur qui l’a souvent embarquée avec ses contes de fée parce qu’elle est touchée par la vie ces derniers temps et que ses contes la portent même quand il n’est pas dans les parages. Leur court moment en tête à tête et leur long moment en tête à queue. Elle a l’illusion d’un prince qui, malgré elle, est tatoué dans son dos. La veille, ils s’étaient enfouis sous les cocotiers et la tatoueuse, sans le savoir, a proposé d’ajouter un palmier près de sa petite case tatouée déjà. Il n'est pas son idéal, il est l'inaccessible qu'elle a fini par avoir et qui a fini par ne plus la revoir, et Elle l'a laissé filer.
Je rêve vers toi
C’est la belle phrase
Qu’il me reste de toi
Je suis en déphase
Depuis celle-là
J’étais pleine d’emphase
Avec tes phrases
Et tu as fait le choix
De jouer au roi
Du silence assourdissant
Alors que t’étais enivrant
Je rêve en silence bruyant
De ces croissants
Je rêve vers toi
C’est la seule phrase
Qu’il me reste de toi
Je t’embrase
Et t’embrasse
Une ultime fois
Rien n’est plus fort que le silence pour entendre quelqu’un crier à l’aide.
Rien n’est plus fort que le silence pour hurler sa haine.
Rien n’est plus fort que le silence pour taire un chagrin.
Rien n’est plus fort que le silence pour signaler la fin.
Rien n’est plus beau que chaque mot prononcé ou dicté.
Rien n’est plus beau qu’un courrier envoyé pour s’expliquer.
Rien n’est plus beau que des phrases ajustées pour se déclarer. Les mots, les phrases, les ponctuations s’allongent ensemble pour avouer, pardonner, s’excuser, s’aimer, se dédire ou juste rire mais surtout pour rompre les silences entre incompris, entre interdits, entre gentils
Et donc ce deux fantômes à leurs manières (même s’ils ne jouent pas dans la même catégorie), Ella choisit de maintenir le lien fort, avec le BA, chaque jour car il lui a demandé de ne pas l’abandonner, et qu'elle continue d'espérer son retour, même pour un seul après-midi. Quotidiennement, il reçoit un message avec un texte, une blague, une photo, une vidéo, une chanson, un lien. Tout est sage et safe, ou presque ! Elle programme les envois avec un mois d’avance, à des heures différentes de la journée. Elle a un mois d’avance à peu près mais ce n’est pas si facile de distraire un homme presqu’en burn-out sans savoir trop ce qu’il devient, restant toujours mystérieux comme au tout début.
Elle a appris la distance par la force des choses et des événements. Elle a appris sa disparition et son silence mais régulièrement il lui manque, plus que Pierre, qui est toujours présent. Elle ne peut l’envahir à chaque pensée alors elle ravale ses idées et les gardent dans son chaudron qui lui sert de cerveau. Elle tient sur la durée car toujours cette perspective de le retrouver dans son bureau pour quelques heures … pour des années …
Je crois qu’il y a des êtres destinés l’un à l’autre...
Un appel des corps, un appel des cœurs...
Un secret chuchoté au creux de l’oreille...
Une promesse de vie...
Je crois qu’il y a des êtres que tout réunit...
Au delà des apparences et des idées reçues...
Au delà de tout ce qui existe et qui n’existe pas...
Je crois qu’il y a des êtres faits pour s’entendre...
Sans un mot, même...
S’entendre et se comprendre...
Je crois qu’il y a des êtres faits pour se trouver...
Se retrouver...
Et ne plus se quitter...
Je crois que nous avons rendez-vous...
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