Son coach de vie 

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Coup de fil nocturne à déambuler dans la ville à chercher mon hôtel

- Je te parle et je suis perdue !

- Suis les étoiles

Hôtel trouvé, c'est si simple avec les étoiles ...

Après sa rencontre avec Manon, il ne se passe pas six mois sans qu’Ella ne fasse une rencontre hasardeuse, attablée en fin de journée, en terrasse, dans une ville qu’elle ne connaissait pas 48 heures plus tôt.

Terrasse presqu’ensoleillée. Mais la pluie s’en est mêlée. Deux êtres patiemment installés. Chacun seul à sa table détaillant le menu en érable. Lui lève les yeux vers sa voisine. Elle ne voit pas mais elle devine. Le serveur prend sa commande : « J’aimerais une entrée sexy, une eau pétillante, un plat qui ne rassasie pas et un dessert qui inspire ». Le serveur est perdu. Ella a entendu après pétillante, et accrochant son sourire toute pimpante, se dit que le menu est très spécial ici. Mais visiblement pas à la carte. « Monsieur je ne suis pas sûr d’avoir compris. Ce jour nous avons des raviolis frais. Ça vous ira ? Avec une eau gazeuse ? ».

  • Oui Monsieur sera ravi au lit et moi aussi. En entrée nous prendrons du guacamole s’il vous plaît, suivi de raviolis à la ricotta.
  • En boisson ? Demande le serveur.
  • Deux Spritz, commande le voisin.
  • Un Saint-Germain pour moi, un Apérol pour Monsieur !

Le voisin de table laisse Ella terminer la commande en plongeant ses yeux dans les yeux. « On se connaît ! » lui lance-t-il une fois le serveur parti. Ella répond par la négative. Elle a une mémoire des visages et elle se souviendrait de ce beau gosse aux allures méditerranéennes. La réponse du voisin est directe « Dans une autre vie demoiselle. Nos âmes se connaissent. J’ai été attiré ici sans savoir que c’était vous mais je savais que ma flamme jumelle était là. »

Ella se remémore ses échanges avec Manon sur les liens karmiques, les liens d’âmes, les âmes sœurs, les flammes jumelles. Ce sont des heures de discussions sans fin et jamais Manon n’a osé lui balancer tout de go leur lien d’âmes à elles. Et lui, cet inconnu lui sort ce lien, sans ménagement, sans précaution, sans filtre.

Leur soirée durera toute la nuit tellement effectivement il a raison. Leurs synchronicités sont multiples, leur équilibre à deux est une évidence. Il est son yin, quand elle est son yang. Elle est le ciel quand il est la terre. Il est son côté féminin quand elle est son côté masculin. Leurs discussions sont à tout rompre, dans tous les sens. Ella se sent chamboulée et zen à la fois. Il perturbe son cerveau par ses révélations qui sonnent tellement juste en elle. Il apaise son corps tellement elle se sent bien près de lui avec cette sensation de tonnes qu’on lui ôte à nouveau des épaules.

Leur soirée en terrasse est animée par de nombreux passages, de clients comme de passants. Le plus marquant est celui de Justine qui leur demande depuis quand ils se connaissant vu la connivence qui émane de ce couple. Ils rient avant de lui répondre en symbiose « toujours ». Justine reste un peu à vouloir déranger leur date en tète-à-tête. Ils s’en amusent car leur relation spontanée presque innée n’a rien d’un rendez-vous galant. Ils sont certes célibataires (ou tout comme) mais ce n’est pas ça qui les attire quand bien même ils s’attirent. Le bar ferme, ils poursuivent leurs échanges côte à côte sur le lit de la chambre d’hôtel d'Ella, qui est à proximité.

Dans la nuit, ce coach de vie lui révèle la sienne, sa vie profonde et intérieure, lui dit : « Tu es solaire Ella. Demain remonte la rue Sainte-Catherine. Marche tout droit et tu verras que les passants te cèdent le passage sans sourciller sans broncher car ils te doivent ce passage de lumière. »

Son ange vivant part vers 6 heures du matin. C’est déroutant d’avoir un ange. Déjà c’est lunaire pour certains mais en croiser un en vrai, c’est pire qu’un vampire. Oui parce qu’Ella croise les deux dans ses vies mais ange elle n’a pas eu en réalité dans la vraie vie de maintenant.

D’ailleurs, elle est elle-même mi ange ni vampire ou totalement démon ? Un joyeux mélange même si on la dit diablesse aussi. Le diable est dans les détails aussi mais c’est un autre débat.

Il était une fois quatre briquets

Qui sur la table se promenaient

Un jaune un rouge deux bleus

Les quatre en terrasse

Tête à tête avec une tasse

À gambader autour d’un cendrier

Devant la porte d’entrée

Du bar ambiancé et bondé

Duo improvisé

Début de soirée

Pour discuter

Entre bons vieux amis

Interrompus par un défilé de nanas

Fumeuses et buveuses

À poser leur verre

À laisser leur mégot

À chercher à causer

Avec deux Justine

De bas et de bandeau

À boire spritz et eau

Fumeur perdu car bourré

Plus de fumeuses

Qui cherchent à allumer

Leur cigarette

Ou le mec face à moi ?

Ou juste moi ?

Une soirée bien allumée

Avec un briquet rouge

Verre de Bordeaux rouge

Avec un briquet jaune

Sous les rais de la lune jaune

Avec un briquet bleu

Poussé par la mer bleue

Manquait le vert

Du chêne vert

Une soirée bien illuminée

Et finir par allumer

La cig’ de celui sans briquet

Par celle qui finit allumée

Par des yeux observés

Non décryptés

Mais envoûtés envoûtants

Tout le temps

Une soirée non glaciale

À se découvrir spéciale

À s’entr’allumer

À allumer la flamme

À illuminer l’âme

Tous les signes de connivence

Comme une surprenante évidence

Souvenirs éternels

De cette rencontre plus que charnelle

Parfois il se passe plus de choses dans une vie en l’espace de quelques heures que de plusieurs mois, en l’espace de quelques mois que tant d’années. Hasard des rencontres sans croire aux hasards. Juste évidente connexion de synchronicité.

S’isoler le temps d’un week-end pour se retrouver avec soi-même et finalement plus perdue que trouvée. Belles rencontres aux multiples signes, ceux qui ne disent pas encore ce que sera sa vie mais Ella s’éveille à peine d’une nuit illuminée à vouloir accomplir le chemin. Tel un Messi, elle marche tout droit, remontant la rue principale, le sourire aux lèvres et au bout : les deux tortues. Elle repense à sa soirée et au bord de l’eau, les larmes coulent à flots, aidée par la playlist. Savoir qu’elle n'est pas seule mais qu’ils sont peu nombreux, ces êtres de lumière, n'apporte qu'un mélange d'émotions fortes.

Les appels et sms qui suivent confirment qu’elle est en bonne voie et qu’elle franchit une nouvelle étape dans son éveil, même si elles sont encore nombreuses et semées d’embûches. Grandir encore et encore. Avancer, ne plus se retourner. Révolution d’extraterrestres. Jouer, lire, revenir, retrouver la Justine au bandeau avant de galoper vers le Tibet. Avant d’accomplir une dernière chose : pardon du rejet, entendre le non abandon.

Avancer… comme le marin sur son bateau et laisser le vent décider, ne plus se poser de questions. Lâcher prise ... si seulement tout était si simple

Sans tout détailler, dans les premiers temps qui ont suivi cette nuit avec son ange vivant, Ella reçoit des signes et des messages quasiment chaque jour … Il semblerait qu’avant elle en recevait autant mais elle ne les voyait pas ni ne les percevait car il lui fallait ouvrir les yeux et le coeur aussi. Cet organe vivant qui a quasi cessé de capter le monde réel il y a bien des années, des années civiles comme lunaires au choix car finalement elle ne sait pas.

Maintenant, ces (ou juste ses) signes sont évidents avec des étoiles contraires et des choix à faire. Mais c’est beau, à vivre surtout quand Ella ressent l’unicité de ses amis car ils ont l’air d’être plusieurs son ange vivant. Même s´il est un homme (un peu) flippant, passionnant bon, tel un aimant. Dorénavant, il va être interdit de la laisser en plan. Elle a besoin d’avancer, sans lui mais avec lui, même elle si ne sait dire pourquoi. Pourtant le manque est là quand il ne répond pas.

A travers lui, à travers elle, elle perçoit plus qu'elle ne voit mais quelque chose a changé, encore plus en version accélérée qu’on ne l’aurait pensé. Ella a pleuré et écouté. Ça ne suffit pas encore elle le sait. Même les plumes viennent, pile au moment où elle est connectée. C’est à la fois déroutant et apaisant. Même loin, l’ange est là. Elle sait qu’ils ont encore des choses

... à se dire

... à vivre

même si finalement elle sait aussi que ce n’est pas un ange mais bien plus que ça encore.

Mon cœur est tout étrange

Trop tiraillé par l’étrange

Ma tête est une orange

Que je veux peler en franges

Grandir, évoluer même presque cinquantenaire. Ça a été un joyeux bordel au début de ce périple évolutif puis Ella s’est apprivoisée avec ses failles, ses défauts, ses rires, ses manques … Il ne lui manque les larmes. Elles se sont raréfiées et ne s’expriment qu’au bord d’une rivière … celle où elle se rend en secret quand son moi intérieur a besoin de vider ce sac confus. C’est comme un sac à main mais en encore plus bordélique. Vivre plusieurs vies dans une, c’est tendance mais tendancieusement dangereux. Vie de maman, vie de professionnelle, vie d’amie, vie de fille, vie de folle, vie de femme … pas celle au foyer, l’autre celle qui s’épanouit dans l’intimité, celle qui se sent femme.

Ce bordel de vie la mène à la capitale parfois mais aussi ailleurs et finit par prendre la tête … à l’attendre lui. Qui ça ? L’amour … mais Cupidon a l’air occupé ailleurs par moments ou il néglige sa tâche et envoie une fléchette plutôt qu’une rafale d’aiguillettes avec son arc. Alors Ella se pose dans un parc à penser aux futurs accessoires. Elle ne parle pas de passoire et autres ustensiles de cuisine, néanmoins fort utiles dans une des vies… non les autres qui vont de paire avec la paire alliée de testostérone. Parfois elle n’a envie que de toblerone alors elle le mange avec envie au point de monter en grade sur la balance. Du grade aussi, elle en prend professionnellement à s’en épuiser quelque peu et le corps a envoyé ses signaux forts mais non graves (enfin elle croit ! À vrai dire elle ne sait pas !). Se tuer à la tâche, c’est finalement très con préférant tacher les draps à jouer avec son con. Mais quel con accompagnera finalement ce jeu, sans qu’elle ne soit qu’un accessoire d’un soir ? Ils sont passés un à plusieurs soirs mais les aléas de la vie (bien plus difficile qu’au Moyen Âge paraît-il. Ça non plus elle ne sait pas !) n’ont pas entraîné les nuits,les jours, les mois … Parfois la frustration, le manque compensés par des passions passionnantes ont donné de mauvaises idées … le temps agit, les batailles internes se calment, se guérissent pour aboutir à la conclusion que le célibat est roi dans tout ça, autorisé par l’indépendance pécuniaire généreuse des montées en grade … et femme qu’elle est, la poitrine généreuse n’y est pour rien là-dedans (si, si elle vous assure, elle ne mêle jamais pro/Q !). Sa générosité oui. Elle est partout, dans toutes ses vies mais elle arrête finalement aussi de donner à tort et à travers car les pervers et les péteux de travers l’agacent tout simplement. Basiquement elle finit par apprivoiser et ranger son bordel de vies. Elles sont cloisonnées et sériées, prêtes à s’écrire en s’emmêlant parfois aussi malgré tout car les hasards mélangent tout … ceux-ci sont décriés par les cartésiens corréziens (je n’en connais pas mais l’association des deux mots me plait bien !). Mais elle est Ella, en mieux qu’avant à n’attendre que les vacances pour rêvasser encore à de futures nouvelles vies et organiser pas à pas la suite de vies avant la fin de vie … celle qui se fera dans un lieu retiré avec tous les projets prévus d’aujourd’hui accomplis jusqu’à la lie.

Vous n’avez rien compris j’suis sûre ?! Normal c’est son bordel de vies et rares sont celleux qui comprennent tout de bout en bout. De A à Z. De zéro à l’infini et au-delà. Elle vous aime quand même peu importe les raisons de votre présence à me lire … peu importe à vrai dire. Merci d’avoir essayé de comprendre mais si vous aviez le décodeur, vous verriez que tout est simple ici. Tout.

Brume ensoleillée

Hypersensibilité enclenchée

Laisser les larmes couler

Âme et coeur à purifier

Près du pont bondé

Regarder sans les voir

Penser sans savoir

Espérer sans vouloir

Les sanglots s’estompent

Le soleil est en grande pompe

Énergie retrouvée

Pause café

« Dis-moi, dis-moi qui je suis vraiment. Au fond de toi, tu sais tout de moi et tu tais tout… ou presque. Tu me lâches des bribes comme pour m’aider à puiser les réponses aux questions que je n’ai pas. Et que j’ai tant. Je suis moi, entière, seule, entourée, apaisée, stressée, touchante, agressive, calme, violente.

Dis-moi, dis-moi qui je suis vraiment. Au fond de moi, je sais tout de moi et je tais tout… ou presque. Je lâche les bribes comme les chevaux, à puiser mon énergie vers les autres et à m’oublier parfois, souvent, toujours. Je suis moi telle que la vie m’a façonnée, telle que je me suis façonnée face à la vie et pourtant… ma vie est accomplie depuis que je l’ai posée sur ma peau à travers de petites aiguilles emplies de noir … et pourtant des pans entiers restent à tatouer pour cheminer pour avancer pour terminer un chapitre, un livre, une œuvre … ma thérapie passe par toi comme par d’autres, mes chemins de vie sont multiples. Je m’y sens perdue. Je dois les dénouer pour reprendre la route … la 66 ? Non celle-ci je n’écoute que la version de Dépêche Mode. Juste la route de mon futur empli de bonheur et d’énergies positives après avoir lâché tous les lourds fardeaux que je porte sur mon dos comme en moi. La route des thés apparemment est ma destinée … mais c’est quand qu’on va où ? Mais c’est par où ? Deuxième étoile après la lune évidemment.

Dis-moi, dis-moi juste qui je suis vraiment avant que je ne prenne cette fameuse route parsemée de petits cailloux, comme à l’origine en vue du graal … un jour j’y serai et vous serez mes invités. Les dortoirs n’ont pas l’air mal à la belle étoile évidemment. Mais n’oublie pas de venir avec moi, toi qui sais tout de moi dont je n’ignore rien et tant. »

Ella s’adresse régulièrement à son ange gardien qu’elle a baptisé son coach de vie et sur ce point, il ne l’a jamais contredit. À ses questions, il répond plus ou moins et pas toujours. Le voile de l’oubli est tombé sur lui. Flammes jumelles, lui a-t-il dit, mais flammes jumelles, il a fini par oublier. Le temps que lui-même fasse le tri dans sa vie pour qu’ils se retrouvent enfin réunis, ici ou dans l’au-delà.

J’ai fait un rêve étrange à me réveiller près de toi

et à te sucer sauvagement avec douceur dès le réveil
… tu as joui j’en ai plein la bouche …
je suis allée sous la douche et tu m’as rejoint

avec une queue raide comme du bois
pour t’enfiler en moi comme dans du beurre
en levrette debout sous l’eau.
Nous avons joui … et depuis je suis trempée …
Pourquoi cette nuit ?
Aucune idée mais ça n’avait rien de désagréable à vrai dire
et je ne peux même pas dire que c’est un souvenir
car on n’a jamais fait ça …
une imagination fantasmagorique tout simplement.
Bel après-midi

Naïve, elle l’est.

De croire… simplement en elle.

Si la pénétration n’existait pas, Ella pense qu’elle l'aurait inventée. Mais susciter le désir, faire monter la température peut grandement se passer de pénétration, et encore plus quand la distance impose cette absence de concrétisation ultime.

Écrire juste écrire des mots qui donnent envie à l’autre de jouir c’est aussi énigmatique que souffler des mots dans un smartphone. Mais rêver de l’autre au point d’en jouir et de l’empêcher de dormir est tout autant érotique, et encore plus énigmatique.

Être si connecté à l’autre et imaginer faire l’amour avec lui, ressentir son sexe au plus profond de soi alors qu’il est à des centaines de kilomètres de son lit. C’est faire l’amour en plein rêve éveillée. Finir par jouir de ce plaisir solitaire sans même se toucher et savoir, le lendemain, qu’il s’est réveillé dans des draps réceptacles de son offrande nocturne est un plaisir tout aussi puissant que s’il avait été là tout près.

Le soir même dans la même pièce, l’expérience est à renouveler même si la distance physique est plus courte mais elle reste visuelle. Les sens sont en ébullition tels les mots entendus et prononcés, la langue passée sur les lèvres, les yeux alléchés par le corps dénudé, l’odeur de cette huile …

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