Chapitre 17 : Ariane.

2 minutes de lecture

Je venais de mettre fin à la vie de Lola. Sur le moment, ma détermination à sauver Amaury m'avait rendu aveugle aux conséquences. Je ne pouvais supporter l'idée de le voir mourir sans intervenir. C'était mon devoir d'agir, et l'adrénaline avait obscurci toute rationalité. Ainsi, je venais de tuer Lola.

Je m'approchai de son corps encore chaud, ses paupières fermées, elle ne bougeait plus. En prenant son pouls à son cou, je constatai que tout était terminé : elle avait cessé de respirer. Bien que l'état d'Amaury, qui reprenait lentement son souffle malgré les difficultés à se relever avec l'aide d'Alphonse, confirmât que j'avais pris la bonne décision, la culpabilité me dévorait. Écroulé à genoux, je fondis en larmes, inconsolable.

Alphonse s'approcha de moi, me tapota le dos en signe d'affection et de réconfort, mais ça ne suffisait pas. J'avais pris la vie d'une alliée, d'une amie.

— Je n'aurais pas dû la tuer.

— Tu as sauvé la vie d'Amaury.

— Il y avait un autre moyen.

Il soupira, incapable de trouver les mots pour apaiser ma douleur. Personne ne le pouvait. Cependant, il était évident que la maladie nous incitait à des comportements impulsifs, des comportements qui n'auraient jamais émergé en temps normal. La forêt nous poussait à bout, exerçait son contrôle et manipulait nos luttes. La fièvre nous rendait fous, la fatigue agressifs, les nausées irascibles. Et le désespoir face à l'incertitude de sortir de cette forêt nous submergeait. Peut-être pouvions-nous invoquer des circonstances atténuantes, mais malgré ça, je me blâmais profondément pour mes actions.

— Je crois qu'elle m'a cassé une côte, annonça Amaury en se pliant en deux.

J'étais narcissique de ne penser qu'à moi, car Amaury avait frôlé la mort. Il devait être traumatisé, plus affecté que moi. J'avais ignoré jusqu'à présent ses ressentis.

— Est-ce que ça va ?

— Ça ira.

Il se releva péniblement, mais réussit tout de même. Je m'inquiétais pour son état, craignant qu'il ne puisse plus marcher. Et pourtant, la seule chose qui nous restait à faire ici était de marcher. Avant de reprendre notre route, Alphonse retira sa veste et la posa sur le visage refroidissant de Lola.

— Je suis désolé, Lola Sonier. Tu étais une bonne soldate.

Nous fîmes une minute de silence en hommage à elle. J'espérais qu'elle trouve la paix, loin de son passé tumultueux. Elle s'ajoutait à la liste des morts emportés par la forêt : d'abord les policiers, puis Killian, et maintenant Lola.

Je me reprochais de ne pas l'avoir persuadée de partager son passé avec nous. Et si nous avions su, peut-être aurions-nous pu la sauver ? Des « et si » tourbillonnaient dans mon esprit : et si nous n'avions jamais quitté le groupe ? Si elle n'avait pas tué Killian ? Si...

Mes pensées se tournèrent vers les autres soldats : qu'étaient-ils devenus ? Avaient-ils succombé ? Ninon avait-elle imposé sa tyrannie ? Les réponses semblaient hors de portée, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à eux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire hodobema ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0