Chapitre 27 : Amaury.

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Je renaissais. Complètement. Tant sur le plan physique que psychologique. La fièvre s'était dissipée, les nausées avaient disparu, et tous les symptômes de ma maladie s’étaient évaporés avec l'aube naissante. La bonne humeur me revenait, comme si ma véritable nature avait refait surface, me ramenant à moi-même. Les rayons UV caressaient ma peau, chaleureux et réconfortants. Le chant des oiseaux était une mélodie apaisante, me rappelant à quel point la nature était précieuse et capable de nous sauver mentalement. En cet instant, j'étais heureux, mon cœur apaisé, laissant mon passé derrière moi. Emma, je t'aimais, mais je devais avancer. Je m'excusais pour elle, mais je devais penser à mon futur plutôt qu'à un passé qui me hantait et me dévorait.

Pourtant, tout n'était pas terminé. Nous étions toujours en plein cœur de cette forêt, sans carte, sans cordes pour nous guider. Comment allions-nous nous en sortir ?

Nous avons avancé vers le nord, espérant que ça nous mènerait quelque part. Les fleurs avaient disparu à mesure que nous avancions et laissaient place à un paysage verdoyant et uniforme.

Après une heure de marche intense, des craquements de branches avaient retenti. Alphonse nous signala d'arrêter tout mouvement. J'obéis, mon cœur serré, craignant l'éventualité d'un jaguar. Ceux-ci chassent silencieusement, observant leur proie dans l'ombre avant de l'attaquer. Nous n'aurions aucune chance contre eux. Je priai intérieurement pour que ce ne soit pas un jaguar, tout sauf ça. Puis, un homme était sorti des feuillages : métissé, cheveux noirs courts, torse nu, portant un tissu rouge autour des jambes. Une dizaine d'autres individus semblables l'avaient suivi. Probablement un peuple autochtone vivant dans les environs. Nous voulaient-ils du mal ? Ils n'avaient aucune arme visible, tandis que je serrais mon fusil entre des mains tremblantes. Alphonse me fit signe de me détendre. Ces hommes nous fixaient en silence, ne semblant pas représenter une menace. Ils pourraient bien être notre porte de sortie. Du moins, c'est ce que j'espérais au plus profond de mon être.

— Suivez-nous, déclara l'un d'eux.

Je fus surpris de l'entendre parler notre langue, mais après tout, nous étions en Guyane française. Cependant, perdu dans cette forêt, j'avais l'impression d'être au fin fond de l'Amazonie. Nous obéîmes à ses instructions, marchant derrière eux dans un silence profond. J'aurais aimé qu'ils nous expliquent toute cette situation, s'ils en avaient une explication, mais rien. Ils ne disaient rien, et nous non plus.

Après trois heures de marche, la forêt nous conduisit vers une clairière dépourvue d'arbres, de ronces et de lianes. Un paisible paysage s'offrait à nous, agrémenté de modestes maisons en bois. La vie palpitait ici, loin de l'atmosphère de la jungle ; en réalité, c'était un village habité par une vingtaine d'habitants. Des hommes, des femmes, et même des enfants s'amusaient ensemble. À leur vue, mon angoisse s'envola, car s'ils avaient des intentions hostiles, ils ne nous auraient pas conduits à leur lieu de vie. À cet instant, une seule pensée occupait mon esprit : nous étions sauvés.

L'homme qui nous avait guidés nous fit asseoir en cercle autour d'une table en écorce. La tristesse m'envahit en constatant que nous n'étions plus que cinq, sur les treize soldats et la vingtaine de policiers envoyés pour retrouver Lydie et Ameline. Toutes ces pertes auraient pu être évitées, tous mes amis perdus à jamais.

— Qui êtes-vous ? demanda Alphonse avec courage.

— Nous sommes les Wayãpi, nous habitons ici. Tout le monde ne parle pas français.

— Comment savez-vous que nous sommes français ?

L'homme posa son regard sur nos uniformes, ou du moins sur le drapeau français cousu à notre manche droite. Nous avions l'air idiots, mais à force de le porter, nous n'en discernions plus les détails.

Pendant que les femmes cuisinaient, les hommes s'occupaient de dépecer le gibier et de nettoyer le poisson. Si, en temps normal, cette scène aurait pu me répugner, face aux cadavres de mes camarades, ça ne suscitait aucune réaction en moi. J'étais comme insensibilisé.

Une femme nous servit du poisson rôti, et pour la première fois depuis plus de vingt-quatre heures, la faim prit le dessus. Mes entrailles se contractèrent, me rappelant que la terreur m'avait privé de nourriture. L'aspect appétissant du poisson rôti et l'odeur alléchante du poisson fumé ravivèrent mon appétit.

Alors que nous dégustions notre repas, une jeune femme s'approcha de nous : brune, coupe au carré avec une frange droite, des yeux bleus, et des taches de rousseur ornant son nez... ce visage m'était familier. Soudain, un flash surgit devant mes yeux. C'était Lydie Lecerf.

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