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En passant le seuil de chez eux, une délicieuse odeur de pâtisserie parfume la cuisine et le salon, la table est dressée avec le bouquet de fleurs au milieu et deux cocottes attendent sur les feux d’être réchauffées.

- Candice est parfaite, dit Lisa, c’est vraiment un amour.

Il sort de son blouson un petit paquet enrubanné :

- Bon anniversaire, ma divine ! Ce n’est pas officiellement une bague de fiançailles mais elle peut le devenir. Et il rit.

Et il l’embrasse, longuement. Elle reprend son souffle, émue et ouvre le paquet, c’est une magnifique pierre améthyste montée en crochet sur de l’or blanc.

- Merci, c’est vraiment une splendide bague de…fiançailles !

- Viens sous la douche, seulement avec ta bague ! Lui suggère t-il en souriant

Elle passe la bague et se déshabille avec hâte, il en fait autant et ils se retrouvent sous l’eau, font l’amour.

- J’ai une faim de toi dévorante mais je te garde un peu pour le dessert, rit-il. Allez sèche toi, sers nous de cette bouteille et je réchauffe le dîner. Tu as faim ?

- Très faim, comme toujours !

Elle passe une de ses chemises, lui reste en short, torse nu, divinement beau, elle ne s’en lasse pas. Elle leur sert une coupe de champagne, puis deux. Ils se mettent à table.

- Tu ne voulais pas me dire quelque chose ?

- Si, mais cela ne me paraît plus si urgent.

- Dis-moi !

- Voilà ! Depuis que nous sommes ensemble, je n’ai pris aucun moyen de contraception, j’en avais perdu l’habitude, tu comprends, aussi, je n’y ai pas pensé. Et toi, tu ne t’es pas protégé non plus ; je ne m’en plains pas, note bien. Donc, je ferai un test de grossesse demain et nous verrons.

- C’est tout vu, dit-il en se levant et en l’enlaçant, j’adore l’idée de t’avoir fait un enfant, l’idée que nous sommes en train de faire un enfant ensemble.

Il l’embrasse sur la nuque, elle est émue, encore.

- Mangeons, j’ai faim, nous verrons après !

Le dîner est délicieux, ils sont bien.

- Veux-tu le gâteau maintenant ? lui suggère t-elle

- Non, c’est toi que je veux!

Il la prend dans ses bras et l’emporte sur le lit, ils font l’amour encore plus fort et passionnément comme si ils avaient peur de tout perdre.

Le lendemain, au bureau, c’est la ruche, Mia a bossé dans la nuit –Quand dort elle ?- et elle a réussi à éclaircir la vieille photo de la femme de l’ogre et à vieillir les photos de la fillette et de l’adolescente. L’air de famille est frappant.

- Bonjour les capitaines ! J’ai rapproché les visages dans mon logiciel, c’est incroyable, en plus de la ressemblance, elles ont près de soixante dix pour cent de points communs. C’est la mère et la fille, cette fillette, cette adolescente sur les photos avec les Bachellerie, c’est la fille de l’ogre de Riga.

- Est-ce que vous avez pu fouiller le dossier de Balitran ? Je crois que nous avons la même idée.

- Oui, j’ai trouvé un article dans un journal slovène au moment de l’attentat contre le commissariat central et il publiait des photos des victimes, de toutes les victimes y compris la femme et les fils de BB. Ce sont les rares photos d’elle. C’est net, la femme de Balitran, c’est la fille de l’ogre.

- Merde, dit Louis, qu’est ce qu’on va faire de ça !

- Dès qu’il arrive, vous me l’envoyez au bureau !

Thomas arrive du labo, essoufflé et abasourdi.

- Bonjour tout le monde ! Au labo, c’est la panique ! J’étais allé aux news sur les carnets et éventuellement les récupérer mais ils ont disparu, ils se sont fait cambrioler. Dans la foulée, on leur a barboté aussi, les photos, les documents, enfin presque tous les éléments de l’affaire. Heureusement qu’on a presque tout en double, surtout les carnets.

Ils sont tous troublés, ça ne sent pas bon, quelqu’un a fuité leurs infos et ceux qui ont cambriolé le labo cherchaient précisément tous les indices matériels de l’affaire. Il faut oser venir sur leur territoire, ces gens n’ont visiblement peur de rien, ne reculent devant rien.

- Mia, refaites une autre copie des carnets sur une clé et emportez là chez vous ; détruisez la copie que vous avez sur votre PC ici et vous n’étudierez les éléments que de chez vous, c’est d’accord ?

- Oui capitaine, je le fais immédiatement.

- Quoique vous trouviez, c’est à moi seul et à Louis si je suis indisponible que vous passez l’info, c’est bien compris.

- Oui chef !

Elle vit que Thomas faisait la gueule.

- Thomas, je ne vous mets pas de côté, je vous protège mais vous saurez tout ce qu’il y a à savoir en temps voulu. Dès que BB sera là, vous me l’envoyez au bureau.

- D’accord, capitaine ! En tous cas, avant qu’ils ne neutralisent les écrans des caméras de surveillance du labo, on a trois personnes, grands, baraqués, en tenue de motard, casqués et gantés. On ne distingue pas leur visage.

- Bingo, dit Louis, si ce sont nos trois lascars du Maroc, ça veut dire qu’ils n’ont pas quitté la France. Il faut qu’on les piste.

Lisa s’était retranchée dans le bureau des auditions avec un café en attendant Balitran. Elle était inquiète, la mafia russe est très dangereuse, ils devaient redoubler de vigilance. Thomas lui envoie un texto : BB est là et arrive vers elle. Il entre, elle le sent tendu.

- Asseyez-vous, s’il vous plaît !

- C’est un interrogatoire ? Bonjour capitaine !

- Pire que ça ! Une mise au point ; et je veux toute la vérité !

- Que voulez vous savoir que vous ne sachiez déjà ?

- On sait maintenant que votre femme est, ou plutôt, et j’en suis désolée pour vous, était la fille de l’ogre de Riga ; que vous avez mené une vendetta sanguinaire dans le milieu russe et d’Europe de l’est.

- Vous aussi, capitaine, vous avez mené votre vendetta, il nous reste la lettre. Elle était anonyme mais on a réussi à remonter votre piste.

Lisa est rouge de colère et de confusion aussi, de quelle menace Balitran est-il l’avant-garde ?

- De quoi parlez-vous ? C’est n’importe quoi ! Vous allez à la pêche !

- Mais non ! Nous avons su que cette lettre était de vous car cet abruti de l’antigang s’est confessé à l’aumônier du service. Il a avoué le viol, votre viol, avec un autre collègue, de la crim’ lui. Du coup, on a revu le dossier sur la mort tragique de votre coéquipier de l’époque et, ce dossier, il nous a parlé autrement.

Elle palissait au fur et à mesure de l’exposé du flic des renseignements.

- Ne vous en faites pas, capitaine, ces deux là étaient des planches pourries ; chez nous, votre dossier est enterré très profond, il ne vous arrivera rien.

- Merci, dit-elle sourdement, ayant du mal à déglutir et à respirer devant ce rappel acide du passé. Mais nous devons quand même résoudre cette affaire et l’ogre de Riga fait partie des suspects de première ligne. Vos liens avec lui n’arrangent rien. Nous avons des fuites dans le service et le labo s’est fait cambrioler par trois types baraqués en moto, les mêmes qu’au Maroc, semble t-il, où réside actuellement l’ogre.

- Croyez moi, capitaine, il n’a rien à voir avec les atrocités commises sur ces enfants ; il a entretenu volontairement une réputation de débauché pour approcher ces gens et les empêcher de nuire.

- Mais qui sont donc « ces gens » comme vous les appelez ? Il faudra bien qu’on leur mette la main dessus et qu’on démêle ce sac de nœuds.

- Un conseil, capitaine, tenez vous loin d’eux, ils sont dangereux et cruels, ils tuent comme on boit une gorgée de bière et aime faire souffrir; surtout, faire souffrir, je sais de quoi je parle.

- Je retiens le conseil, mais il faudra bien arriver au bout de cette affaire.

- Faîtes très attention ! Par la naissance ou la force, ces gens sont au sommet de la chaîne alimentaire depuis le départ de leur vie et se croient les rois du monde. Ils ne reculent devant rien pour jouir de cette suprématie et la conserver.

- Encore merci, faîtes attention à vous aussi.

A la pause, il est presque quatorze heures et ils sont tous assis devant le tableau, le commissaire y compris. Ils mastiquent en essayant de mettre de l’ordre dans leurs idées avant de se lancer. C’est Mia qui régale et elle a commandé asiatique. Ils se débattent du mieux qu’ils peuvent avec leurs baguettes, ça la fait jubiler à chaque fois

Lisa se lance.

- Commissaire, il faudra que vous demandiez un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ogre et contre les trois lascars en moto. La PAF du Maroc, confirmé par les nôtres, nous a donné leur pedigree complet et l’antigang les a logés.

- Voilà comment on voit les choses, commissaire, poursuit Louis. Les trois blonds sont les exécuteurs, ils sont chargés d’éliminer toutes les traces qui pourraient lier ces activités infectes avec leurs patrons et les amis de ces derniers ; sans compter le blanchiment d’argent. Surtout le blanchiment d’argent. Ils ne veulent pas qu’on touche à leur sale pognon. Donc, ils font le ménage, en Belgique, au Maroc et à Paris.

- Là où ça coince, poursuit-elle, c’est sur l’assassinat des Bachellerie, ça résonne comme une punition, une vengeance ; c’est comme une exécution de justice.

- Sauf qu’il ya des témoins, complète papi panda

- Sauf qu’il y a des témoins, victimes collatérales de l’expédition punitive.

- Ca ne peut pas être l’ogre, soulève Thomas, il a été logé au Maroc depuis plusieurs mois. Et de plus, il y avait bien trois motards, comme au Maroc ; on dirait bien que ce sont les mêmes professionnels. Il nous reste aussi ce motard isolé vu aux abords de la scène de crime au Maroc, on n’a pas réussi à le relocaliser ni à le relier de façon claire aux évènements.

Lisa jette un coup d’œil à Balitran.

- Je crois qu’on peut laisser cette piste, elle est glaciale, on pense que c’est une coïncidence ; juste un motard perdu qui passait par là. Les collègues du Maroc confirmeront, ils n’ont rien pu trouver à ce jour sur lui.

Elle voit que les épaules de Balitran se relâchent, elle ne le trahira pas. Elle sait depuis un moment, par instinct, que c’était lui, là bas, sur cette piste perdue.

- Bien, il nous reste la mafia russe qui protège son magot et ses amis et l’ogre de Riga. Reste à trouver le fil qui les relie sur notre affaire à Paris.

Elle se lève et annonce qu’elle doit s’absenter pour deux petites heures.

- Quand je reviens, on fonce vers Orly, je ne veux pas faire attendre nos collègues.

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