« Réveil »
Ah ! Ah ! Je fus réveillé par mes propres cris, debout. Mon imagination continuait, quant à elle, de dessiner des cercles dans l’obscurité des coulisses. Sur la pointe des pieds, tournant sur elle-même, je lui surpris un sourire vers je crois mon regard, souhaitant me dire quelque chose comme naguère la voix de ce qui devait être leur capitaine me semblait destinée à atteindre mes oreilles. Le sourire n’était déjà plus qu’un souvenir. La danse imaginaire, ou l’imagination dansante, voua à l’abandon tout signe d’amicalité et cessa enfin de voler dans les airs. Quand, tout à coup, elle frappa le sol qui, sans la lumière des projecteurs, ne se réduisait plus qu’à du noir au bruit incessant, insoutenable que le martèlement des pieds provoqua en chassant ses pas à la périphérie de mon ombre. De danseuse à la grâce telle qu’on n’aurait idée de lui tourner le dos, elle me donna la terrifiante impression d’apercevoir le spectacle d’un toréador face à un de ces grands taureaux noirs de colère qui, pendant ses nuits blanches enfermé, médite, médite encore et encore sa vengeance contre l’espagnol qui a eu la cruauté, froide, raisonnée de plonger sans sourciller sa lame dans la progéniture aux petits sabots. Je tremblai à la vue de cette silhouette et dont les cornes s’allongeaient cette fois bien en ma direction. Prête à charger, je fermai les yeux avant d’avoir eu le temps de voir l’ombre grossir. Elle se rua vers ma chair.
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