21 février 2024

2 minutes de lecture

Nous sommes tellement différents.

C’est probablement cette altérité qui m’attire et qui m’angoisse.

L’exemple le plus évident, à mon sens, est notre capacité à nous projeter.

Projeter t’angoisse quand projeter me permet d’avancer.

Je m’interroge sur ce qui t’angoisse, j’ai besoin de te comprendre : Est-ce une impression de perdre ta liberté de faire ou ne pas faire ? Est-ce la crainte que le destin se charge de contrecarrer les projets ?

Pour ma part, projeter c’est désirer, et contrairement au vieil adage, ce n’est pas l’espoir qui fait vivre, c’est le désir.

L’espoir, lui, fait vivre mal : à force d’espérer, on ne vit jamais vraiment, on se laisse dériver dans une alternance d’espérances et de déceptions dans laquelle la peur (« il n’y a pas d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir » Spinoza) nous étreint.

Alors je cherche à espérer un peu moins, et à désirer et agir un peu plus. Et ma difficulté dans le fait que l’on soit si différents réside dans le fait de ne pas interpréter ton manque de projection par un manque de désir.

Cette courte lettre, je ne l'ai jamais envoyée, mais je pense qu'on en a discuté autour d'un verre.

C'est drôle parce que cette lettre est presque légère, alors que les 5 mois passés avaient été lourds pour moi, souffrants.

Pourtant, occultant ma souffrance, je cherchais à le comprendre. Et je cherchais à ne pas me sentir dévalorisée par sa façon d'être.

Je n'y suis jamais vraiment parvenue.

J'ai toujours souffert de son manque de projection. Quand il rentrait chez lui à Angers le vendredi soir, j'avais peur de ne pas le revoir la semaine suivante. C'était stupide : on bossait ensemble ! Mais en moi, il y avait cette angoisse de ne plus le revoir ou qu'à son retour, il me dise "on s'arrête là" ou juste qu'il ne soit pas disponible.

J'ai exprimé cette peur en avouant que je me savais ridicule, alors, il s'est mis à me dire "à lundi" en partant. C'était bête, mais c'était touchant. Je me sentais acceptée dans mon entiéreté.

Mais aujourd'hui, avec le recul, je me dis que c'est typiquement le genre d'angoisse contre laquelle j'aurais dû lutter sans avoir besoin de son aide. J'aurais dû être capable de réguler mon angoisse toute seule, être capable de ne pas juste penser le ridicule de la situation, mais de le ressentir et de faire disparaitre l'anxiété.

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