12 avril 2024
Il a souhaité que l'on soit amis.
Il m'a dit qu'il n'avait pas d'ami et que c'est ce dont il avait besoin.
Moi non plus je n'avais pas d'amis.
Alors j'ai accepté.
Mais plus que de devenir son amie, je voulais surtout ne pas le perdre.
A cette époque, j'étais persuadée qu'il n'était pas tombé amoureux de moi parce que je n'avais pas montré mon vrai visage, et j'étais bien décidée à changer le cour des choses.
Comment aurais-tu pu tomber amoureux de ce que je t’ai montré de moi ?
Je t’ai partagé mes pires côtés tout en me censurant sur les meilleurs, en me conformant pour, croyais-je, te plaire, alors que ça a eu l’effet inverse.
Comment pourrais-tu avoir du désir pour moi ?
J’ai sans doute renvoyé l’image d’une femme peu sûre d’elle, n’assumant pas vraiment sa féminité ni son désir, ne sachant jouer avec l’érotisme, ni des mots ni des situations. J’ai censuré - en croyant, peut-être à tort, que ce n’était pas tes attentes - toute une part de moi… la part la plus vivante, la plus joueuse, la plus joyeuse.
Je ressens une immense frustration à n’avoir pas su, pas osé, partager toutes mes envies.
Je reste seule avec une liste des choses que je voulais faire avec toi.
Je n’avais jamais vécu auparavant une telle auto-censure. J’ai cru, à une période, être libre d’être qui je suis avec toi, mais avec le recul je me rend compte qu’il y a eu quelque chose en toi qui m’a interdit d’être qui je suis vraiment, malgré tes mots, tes encouragements, tes demandes même, d’être entière. C’est terriblement frustrant pour moi de ne pas savoir ce qui a provoqué cela et de ne pas avoir su le surmonter.
Je suis extrêmement triste parce que j’ai l’impression d’un énorme gâchis. Non pas que je ne sois pas heureuse de l’idée de partager une amitié tendre avec toi, mais cette relation occultera les sphères romantique, érotique et sexuelle dans lesquelles j’aurais vraiment aimé que notre relation s’épanouisse.
Tu te trompes quand tu crois que ne plus coucher ensemble limitera mon attachement parce que je serais moins sujette à mes hormones. Pour la bonne et simple raison que ces hormones sont sécrétée après l’orgasme, et qu’il est rare que j’aies eu un orgasme pendant nos relations. Mais même ça, je n’ai pas été capable de t’en parler. J’avais déjà tellement l’impression que tu te forçais pur me faire plaisir, que je n'ai jamais osé, en plus, revendiquer mon droit de jouir. Et puis de toutes façons, tu sortais souvent du lit rapidement. Alors je me caressais une fois que tu étais sous la douche pour limiter ma frustration.
Je ne sais pas ce que peut donner notre relation avec ces nouveaux contours que tu souhaites.
J’ai peur de tirer un trait sur tous les « kiffs » que j’ai eu avec toi, toutes ces petites choses simples qui m’ont rendu la vie plus belle. Nos longues discussions, nos moments de silence, nos moments de tendresse, nos lectures l’un près de l’autre, nos réveils câlins, nos petits déjeuners, nos émotions devant nos films partagés, les retours en sortant du ciné, nos rires, nos moments de soutien mutuel dans les moment difficiles.
Je t’aime Clément.
Je n’ai pas eu suffisamment d’intelligence émotionnelle pour t’aimer bien.
Mais je t’aime comme tu es, pour ce que tu es.
Etait-ce de l'amour ?
Peut-on dire que l'on aime quelqu'un lorsqu'on est aveuglé par le sentiment amoureux, le désir, et l'anxiété de perdre l'autre ?
Peut-on dire que l'on aime quelqu'un quand ses blocages et ses peurs viennent violemment réveiller les nôtres ?
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