23 juin 2024
Clément,
Je ne t’ai pas dit toute la vérité, à Brest.
C’est vrai que je pleure toujours quand je passe quelques jours en Bretagne et que le moment de rentrer approche à grand pas. Déjà toute petite, quand je passais deux mois chez ma tante, j’étais en larmes quelques jours avant de rentrer. Mais dimanche soir et dans le train de retour, parmi les sujets qui provoquaient angoisse et tristesse, il y en a un dont je ne t’ai pas parlé. Ce sujet, c’est toi.
Voir ce week-end que j’avais tant attendu se terminer m’a rendu triste parce que j’ai adoré ces moments privilégiés comme cela avec toi et que j’avais peur qu’il n’y en ait plus.
C’est bête parce que je sais qu’il ne tient qu’à moi de t’en proposer d’autres et que le fait que tu sois toujours partant me fait immensément plaisir.
Parfois, je suis en colère contre toi.
Comme je ne comprends pas ce qui s’est joué entre nous, j’assemble un peu inconsciemment des pièces d’un puzzle dont l’image est floue. Et le résultat de cet assemblage incertain me met en colère, alors je défais tout et j’essaye de ne plus penser à ce que j’ai vu, parce que je t’aime trop pour être en colère contre toi.
Je crois que nous avons été amants uniquement parce que je te l’ai demandé et que tu n’as pas su me dire non.
Je crois que tu as peur de t’attacher, de t’engager, de perdre ta liberté, de te laisser étouffer, alors que malgré mes travers, s’il y a une chose dont j’ai horreur, et tu le sais, c’est d’être "trop", de forcer, d’étouffer l’autre, et j’ai un sentiment d’injustice à avoir l’impression que tu m’as rejeté pour regagner une liberté que je n’avais pas menacé.
Je ne comprends pas comment tu as pu m’écrire « Merci d’être amoureuse » puis un mois plus tard me quitter pour la même raison. Je t’en veux de cette incohérence.
S’il est vrai qu’il y avait un malaise entre nous, que je n’étais pas pleinement heureuse à cause de certaines frustrations que je n’arrivais pas à identifier, je t’en veux de ne pas nous avoir donné l’occasion de davantage discuter pour mieux nous comprendre, parler de nos besoins et de nos limites et s’ajuster ensemble. Si de prime abord, j’ai bien réagit, en réalité, je me suis sentie trahie par la nature et la soudaineté de ta décision. C’est comme s’il n’y avait jamais eu de « nous », jamais eu de « couple », jamais eu le moindre engagement. D’ailleurs, il n’y a pas eu de « séparation », parce qu’au fond, on n’a jamais été « ensemble ». Il ne fallait pas d’étiquette et puis est apparue l’étiquette « amis ». Je t’en veux de la façon dont tout cela s’est passé. Je t’en veux de tout ce que tu ne m’as pas dit. Je t’en veux de m’avoir laissé passer des heures à t’écrire des emails ou des lettres pour ne jamais me répondre. Et stupide que je suis, je continue, par amour, à te livrer ce que je ressens dans le vain espoir d’avoir des réponses à mes questions.
Malgré tout, aujourd’hui, je me sens plus heureuse qu’avant dans notre relation, pour plusieurs raisons. Principalement, sans doute, parce que j’ai moins d’attentes, mais aussi et surtout parce que tu as pris en compte l’expression de mon besoin d’équilibre et que j’ai d’avantage confiance en toi, en ton intérêt, en ton affection, en ton envie de partager des moments avec moi. J’ai aussi gagné confiance en moi, pris conscience de ma valeur, de la valeur de ce que j’offre à quelqu’un que j’aime. Je ne me dis pas seulement que j’ai de la chance de t’avoir, je sais que tu as de la chance, toi aussi. Tout cela et tes ajustements me font du bien, j’ai moins besoin d’être rassurée et je m’en porte mieux.
Poudre aux yeux, déni !
Combien de fois me suis-je cru "plus forte maintenant", "guérie" ?
Est-ce qu'aujourd'hui, un an et quelques mois plus tard, je suis dans le même déni de me croire définitivement vacinée ? Je ne crois pas... Gueri-t-on vraiment un jour d'un attachement anxieux ?
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