9 juillet 2024
Je n'ai pas attendu ses réponses ni la discussion qui a suivi ma lettre précédente pour coucher mes émotions sur le papier.
Clément,
Je sais qu’un jour tu répondras à mes questions. Mais je ne sais pas si ensuite, je saurais exprimer ce que je ressens ou si je vais être influencée par tes réponses. Alors je t’écrit maintenant.
Tu as eu raison de mettre fin à notre relation passée. Elle n’était pas équilibrée. J’étais dans un tel sentiment d’insécurité que j’étais toujours en demande de passer du temps avec toi, ne te laissant pas la place de proposer quoi que ce soit. Ma propre attitude n’a fait qu’empirer ce sentiment d’insécurité au lieu de me rassurer. Je n’avais pas confiance en toi, en ton envie d’être avec moi, de passer du temps ensemble. Mais en réalité, c’est en moi que je n’avais pas confiance, en ma capacité à te faire passer des bons moments, à être d’agréable compagnie. J’avais toujours l’impression d’avoir quémandé, et finalement, d’en faire trop. Je t’ai confié mes doutes et tu as essayé de me rassurer, mais c’était peine perdue.
Par ailleurs, j’étais tombée dans une boucle infernale d’analyse de nos failles mutuelles et de leur convergence qui était, non pas malsaine, mais en tout cas, pas très érotique pour notre relation. Le fait que l’on se soit très tôt confiés sur nos blessures et qu’il y ait eu des hasards qui n’en sont pas dans notre histoire m’a poussé à cette analyse sans fin et c’était devenu le centre de mes préoccupations, ne me laissant pas le loisir de juste profiter de la vie avec toi.
Pour ces raisons et pour d’autres, je ne t’en ai jamais voulu d’avoir mis fin à la relation telle qu’elle était. Tu as eu raison.
Il y a tout de même des choses qui m’ont fait ressentir de la colère : Le manque de cohérence sur le fait de mettre une étiquette « amis » sur notre relation, toi qui avant refusais les étiquettes, pour finalement en prononcer une qui sonne si joliment d’« amants », mais la prononcer au passé. Le fait de renvoyer mes sentiments pour toi à un truc hormonal. Et puis le fait de m’écrire « merci d’être joueuse, marcheuse et amoureuse » puis quelques semaines plus tard de mettre fin à la relation parce que j’étais amoureuse et pas toi.
Aujourd’hui, cette colère s’est muée en incompréhension. Je ne peux en dire plus, cela résume tout. Je ne comprends pas, et mes questions de la semaine dernière traduisent mon besoin de comprendre.
Aujourd’hui, j’ai confiance en toi, en ton envie de passer du temps avec moi, en l’importance que notre relation a pour toi. Même si une partie de cette confiance vient des moments que l’on a passé ensemble ces derniers temps et du regain d’équilibre dans notre relation, cette confiance en toi vient surtout du fait que j’ai davantage confiance en moi-même. Je sais que je suis une belle personne, que mes capacités d’écoute, d’empathie, d’analyse sont précieuses, que ma curiosité et ma motivation sont agréables, que je suis facile à vivre, que je suis forte d’avoir traversé et de traverser encore des difficultés que j’arrive à surmonter. Et puis je sais aussi que je suis jolie et désirable et que mon lâcher-prise est un atout dans l’intimité. Bref, je n’ai pas pris un égo démesuré, j’ai juste prix conscience de ma valeur et de mes qualités, et j’ai conscience aujourd’hui que m’avoir dans ta vie est une chance, comme t’avoir dans la mienne en est une.
Aujourd’hui, malgré quelques mois sans « shoot d’ocytocine », j’ai toujours des sentiments pour toi. Les moments que l’on partage me prouvent chaque jour que l’on s’entend à merveille, que nos caractères s’accordent et s’équilibrent, que nos gouts et nos idées se rejoignent et se complètent.
Je pourrais me satisfaire d’une relation amicale. Et finalement, quelle différence à part le sexe ? C’est une vraie question à laquelle je ne sais pas si toi tu as une réponse. Quelle différence, conceptuellement, entre notre relation actuelle et celle d’avant, à part le sexe ? Dans nos comportements, dans nos attentes et impressions d’attentes de l’autre, il y a eu un effet de seuil, c’est vrai. Mais pourquoi ? Pourquoi une étiquette sur la relation et le fait de coucher ensemble ou pas change tellement de choses ? Est-ce qu’on ne saurait pas faire autrement ?
Je pourrais me satisfaire d’une relation amicale. Mais j’aspire à autre chose. J’ai respecté ton choix d’être amis, j’en ai même été heureuse parce que j’y ai vu la valeur que j’avais à tes yeux. Mais aujourd’hui, j’ai du mal à m’en satisfaire complétement. J’adore la relation que l’on a, bien plus saine et équilibrée que celle d’avant, mais il me manque un petit plus : être « amants », cette étiquette que je trouve si jolie. J’ai envie d’une belle amitié avec un partage d’intimité, de câlins et de sexe. Et j’en ai envie avec toi parce que j’adore la relation que l’on a et que ça me parait naturel de partager ça aussi avec toi.
Ma relation idéale, c’est celle que l’on a aujourd’hui, avec ce petit truc en plus. La tendresse, l’intimité, le plaisir, c’est juste profiter de la vie. Et puis j’ai envie que tu me connaisses sous mon vrai jour, j’en envie de jouer avec toi, de t’envoyer des sextos, de mettre de la lingerie fine pour t’aguicher et te laisser me l’enlever, d’inventer toute sorte de bêtises qui rendent la vie plus amusante et plus belle. J’en envie de moments érotiques avec toi. J’ai envie de nous découvrir autrement. J’ai envie de m’amuser, de partager mon grain de folie sans être jugée. J’ai envie de vivre, tout simplement, une vie pleinement épanouie, contre vents et marrées.
Cette façon de quémander son amour - pire, de quémander du sexe! - me fait presque honte aujourd'hui.
Ce n'était ni le première, ni la dernière fois que je faisais tout ce qu'il ne fallait pas avoir lui (lui courrir après), et tout ce qu'il ne fallait pas pour moi (m'oublier).
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