31 octobre 2024

4 minutes de lecture

Clément,

Je vais essayer d’exprimer ce que je ressens, sans violence, en mode constructif, en prenant en compte qu’on est « dans la même équipe », ayant un intérêt commun à construire une relation qui fonctionne bien.

J’ai entendu ce que tu m'as dit l'autre jour, que la relation n’a "pas besoin d’être parfaite" et que je n’ai pas à être parfaite. Mais je crois que je n’arrive pas à avancer quand quelque chose ne fonctionne pas bien, et le fait que toi tu y parviennes me déconcerte. Je ne sais pas si je dois l’interpréter comme de l’acceptation, de la légèreté, de la négligence ou du déni. Mais j’ai l’impression d’être toute seule avec l’objectif de « construire une relation qui fonctionne bien », parce que je suis la seule à aborder les sujets, à les relancer, à les faire avancer, et ça me rend inconfortable, parce que j’ai l’impression d’être "chiante", "prise de tête". C’est tellement cliché et genré. Ca me dérange.

Pour moi, ce qui ne fonctionne pas bien, et ce qui me perturbe, c’est l’authenticité entre nous. Toi, tu as évoqué « la perte de ta liberté d’expression » notamment concernant ta relation avec Julie, et puis « un truc en lien avec la légitimité ». Et moi, je n’arrive pas à exprimer lorsque quelque chose me déplait, me blesse ou me vexe. Il n’y a que quand l’émotion est trop forte que je l’exprime, parce qu'elle déborde. Mais alors, j'exprime maladroitement. Je ne peux pas continuer comme ça, ça ne me ressemble pas de ne pas être authentique, j’ai l’impression de faire semblant, de jouer un rôle. J’ai exprimé ça plusieurs fois et nous en avons parlé, sans réussir à comprendre ce qui se joue, sans trouver de solution. Je n’ai jamais été à ce point inhibée avec quelqu’un, alors je sais que ça vient de quelque chose dans ton attitude qui me bloque, mais je ne sais pas quoi.

Quelques pistes. Peut-être que ça a à voir avec :

- cette idée de te « protéger » (ne pas parler de ce qui pourrait te perturber)

- mon impression de ne pas être légitime ou que mes émotions ne sont pas légitimes (justifiées)

- ma peur de l’abandon (si je déplace les limites non exprimées, intuitées par moi)

Je ne sais pas....

Il y a autre chose dont je voulais te parler.

Je vis mal les longs silences des week-ends où tu n’es pas là. Je l’ai déjà formulé et tu m’as répondu «Tu n’as qu’à appeler quand tu en as l’élan ». Evidemment, réponse logique à une problématique mal formulée.

Parce qu’en fait, ce ne sont pas les longs silences que je vis mal, mais le fait que tu ne donnes pas de nouvelles, que, si je fais silence, ça ne t’étonnes pas et que tu n’éprouves pas l’envie d’avoir un contact avec moi. Dans ces moments-là, je ressens que le lien comme cassé, la connexion comme rompue, et ça m’angoisse. Je sais que c’est ridicule. Quand on se revoit, je vois bien qu’il n’y a rien de rompu et qu’on est contents de se revoir. Et je sais que le lien permanent que permet la technologie n’est pas sain. Mais savoir n’empêche pas mon malaise.

Je n’arrive pas à sortir de ce schéma. Je sens qu’il est généré par un besoin non comblé de sécurité dans la relation. Mais j’ai l’impression que tes besoins à toi vont à l’encontre du mien et je ne trouve pas de solution : je ne vais pas te demander de m’appeler tous les jours, parce que c’est ridicule, parce que parfois je n'aurais pas envie de parler, parce que je respecte tes besoins à toi. Mais moi ne n'ose pas appeler quand j'en ai envie, pour ne pas te déranger.

Et puis je ne comprends pas pourquoi parfois je ressens cette angoisse de perdre le lien, et parfois je me sens sereine. Je crois que ce n’est pas la situation en soit qui génère cette angoisse, mais cette situation dans un contexte où je me sens déjà en insécurité. Parfois mon « réservoir de sécurité » est rempli à ton départ (on a passé un bon moment ensemble avant ton départ, on a prévu un moment ensemble à ton retour, etc.) mais parfois mon réservoir est vide. C’est comme si le lien était déjà un peu cassé avant le silence. Mais pour autant, la solution n’est pas de prévoir un moment ensemble à ton retour, parce qu’on n’est pas obligé de tout programmer, parce que ça dépend de l’envie du moment, parce que tu ne pars pas à l’autre bout du monde, parce que je respecte ton aversion pour la planification... Mais alors, quoi ?

Il n’y a pas de solution, je reste seule avec mes angoisses et la honte de me trouver ridicule.


C'est fou parce que j'étais consciente que le problème provenait de mon schéma, de mes blessures, mais j'étais incapable de trouver les ressources en moi pour changer. J'étais consciente de tout ce que je ne pouvais pas lui demander alors que j'en avais besoin, parce que je savais que c'était à moi de trouver la sécurité, pas à lui de me l'apporter sur un plateau.

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