3 novembre 2024 - Silence

4 minutes de lecture

J’en ai marre, Clément !

Ce nouveau week-end de silence est le signe de trop, le signe qui me saute aux yeux après des dizaines d’autres que je n’ai pas voulu voir.

EN FAIT, TU TE FOUS COMPLETEMENT DE MOI !

Je respecte tes besoins mais toi t’en as rien à carrer des miens.

Je lutte contre une colère censurée, je travaille sur moi pour la comprendre, je réfléchis, j’analyse, je lis, j’écris, je me remets en question, je pèse le juste et l’injuste, j’essaye de grandir. Et pendant ce temps, toi tu traces ta route sans donner le moindre signe de vie pendant des jours. Et bien là, ce soir, ma colère est plus forte que ma lutte pour la faire taire !

Je vais répondre à ta question de lundi : Non, ce n’est pas équitable entre nous ! Ca ne l’a jamais été.

Grande question : pourquoi j’accepte ça ? Parce que je ne me respecte pas assez pour refuser la façon dont tu me traites. Je t’entends déjà trouver ça injuste. Oui, t’es « là ». Oui, t’es « à l’écoute » quand je ne vais pas bien. Mais à part ça, tu fais quoi pour la relation ? Tu fais quoi pour moi ? Tu fais quoi pour me faire plaisir ? Tu fais quoi pour nous faire grandir ? Tu fais quoi pour tenir compte de qui je suis, avec mes failles, mes blessures, mes besoins, comme moi j’essaye de le faire pour toi ?

Putain, je t’aime vraiment, je lutte chaque jour pour me convaincre qu’un amour authentique s'affranchis des besoins non comblés, qu’on n’est pas des biens de consommation qu’on jette quand il ne fonctionne pas comme on veut. Mais merde ! Quel amour authentique ? Un putain d’amour à sens unique, oui ! Y’a que moi qui cherche à faire fonctionner la relation. Y’a que moi qui analyse ce qui ne fonctionne pas bien pour trouver des solutions. Y’a que moi ! Je me sens seule et j’en ai marre.

T’es en train de foutre en l’air notre relation. Cà fait plus de six mois que je lutte pour faire le deuil d’une relation amoureuse au profit d’une relation amicale, que je traverse régulièrement des moments très durs, que j’essaye d’être forte, même si je craque parfois devant toi. Et toi tu t’en fous complétement, tu te laisses porter, tu ne prends aucune initiative pour prendre soin de notre relation.

Et comme je commence à te connaitre, tu vas trouver mon message trop violent pour toi, tu vas te dire que tu n’es pas capable de répondre à mes attentes, sans même me demander ce qu’elles sont, et tu vas souhaiter mettre fin à cette relation-là aussi.

Evidemment, en bonne anxieuse que je suis, je n'ai jamais envoyé ce message. J'ai ravalé ma colère, j'ai attendu que ça passe.

Et probablement qu'un bon moment passé ensemble m'a fait oublié cette colère.

En relisant cette lettre aujourd'hui, je réalise à quel point j’étais frustrée. Ce n’était pas juste un week-end de silence, mais le cumul de dizaines d’autres moments où je n’avais pas osé nommer ce que je ressentais. Ma colère était là depuis longtemps, elle bouillonnait sous la surface, et ce soir-là, elle a failli tout emporter.

Je me rends compte que ce que je ressentais, ce n’était pas seulement de l’injustice à propos de ce week-end, mais un déséquilibre constant dans notre relation. Moi, je luttais chaque jour pour comprendre, analyser, réfléchir à comment avancer, comment grandir. Et lui ? Il continuait sa route sans que je sente vraiment d’investissement de sa part pour nous, pour moi, pour la relation. Je me sentais seule à porter cette charge, seule à chercher des solutions, seule à vouloir que les choses fonctionnent.

Je comprends aussi que cette colère était censurée depuis toujours. Je ne l’ai jamais exprimée, parce que j’avais peur de ses réactions, parce que je ne voulais pas risquer de le perdre. Alors je la ravalais, mais elle ne disparaisait jamais vraiment.

Je vois clairement maintenant que j'acceptais cette situation parce que je ne me respectais pas assez. Je tolèrais un traitement qui ne correspondait pas à mes besoins, et je finissais par m’autocensurer. A l'époque, je n'avais pas complètement conscience que mes besoins étaient légitimes, tout comme mes limites, et que cette colère n’était pas irrationnelle : elle signalait que quelque chose était déséquilibré.

Je comprends aussi que j’anticipais constamment ses réactions. Je me disais qu’il trouverait mon message trop violent, qu’il ne pourrait pas répondre à mes attentes, et qu’il voudrait peut-être mettre fin à la relation. Et c’est ce qui me faisait me taire, encore et encore. Cette peur de la rupture était au cœur de mon anxiété et de mon investissement émotionnel.

En fait, ce que je vivais, ce n’était pas un simple conflit ponctuel, c’était un schéma répétitif : je mettais toute mon énergie dans la relation, je censurais ma colère et mes besoins pour la préserver, et je me retrouvais frustrée et seule, alors je mettais encore plus d'énergie dans la relation pour essayer de la réparer.

Ma colère, ma douleur, mon sentiment d’injustice étaient là pour me signaler que mes besoins n'étaient pas respectés mais j'ai continué, tête baissée, plusieurs mois encore, jusqu'à me briser.

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