8 novembre 2024

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Clément,

J’ai voulu te parler en début de semaine parce que j’étais en colère et bien décidée à t’en faire part. Mais ma colère s’est apaisée.

Il m’est arrivé une expérience étonnante lors de ma séance psy. J’ai parlé de notre relation, de ce que je vivais mal, de mes doutes sur la légitimité de mes émotions, de ma colère, mais je parlais calmement, plutôt en mode « je me pose des questions sur moi, sur mes propres réactions », et là mon psy s’est mis en colère. A ma place. Contre toi. Contre le fait que j’accepte sans rien dire ta façon de te comporter avec moi-même. Et alors, je me suis retrouvé à te défendre. Et cette discussion houleuse avec lui, c’était moi contre moi.

Y’a une partie de moi qui est en colère, révoltée, qui se dit « il se fout de moi », « la relation n’est pas équilibrée », « il profite de moi ». Et y’a une partie de moi pleine d’empathie pour toi, qui comprend ton mode de fonctionnement, qui sait que tu ne fais pas exprès, que ce n’est pas méchant, que ce n’est pas contre moi.

Y’a une partie de moi qui a envie de te balancer tous mes reproches à la figure et peu importe la forme du moment que je vide mon sac. Et y’a une partie de moi qui ne veut pas réveiller ta peur de faire souffrir, ta peur de ne pas être à la hauteur.

Y’a une partie de moi qui prend soin de moi. Et y’a une partie de moi qui prend soin de toi.

Et parfois je me dis que si ces deux parts de moi sont éloignées l’une de l’autre, c’est qu’on n’est pas compatibles.

Amants, amoureux ou amis, le résultat est le même.

Si deux parties de moi s’opposent, c’est que nos besoins s’opposent. Je ne peux pas écouter mes besoins tout en respectant les tiens. Ce serait viable si tu prenais en compte mes besoins autant que je prends en compte les tiens, si tu déplaçais le curseur pour équilibrer la relation. Mais ce n’est pas le cas.

Et puis, objectivement, la partie de moi qui se tait, te comprend et te protège, elle n’est pas la plus altruite du monde. Elle te traite juste comme j’aimerais que tu me traites. Elle donne comme j’aimerais recevoir. Alors quand je suis en colère de l’impression de donner plus, de faire plus d’effort, c’est injuste parce que tu ne m’as rien demandé.

Ma plus grande colère contre toi, elle est contre une forme de désengagement dans la relation, un manque d’honnêteté, manque de courage. Je te sens fuyant avec moi, je ressens certaines de tes attitudes pour des marques de désintérêt qui me font dire « il en a vraiment rien à foutre de moi ».

T’as exprimé ce qui ne te convenait pas dans la relation mais tu ne prends aucune mesure pour que ça puisse évoluer.

Si je dois exprimer clairement mes demandes : j’ai besoin que la relation soit plus équilibrée dans l’attention et l’intérêt portés l’un à l’autre. Et si t’es à ton max, ait l’honnêteté de le dire clairement.

Avec l’expérience de ce que je n’ai pas su lire entre les lignes par le passé, je cherche maintenant les sens cachés. Et ta façon de me dire « si la relation est trop souffrante je peux comprendre que tu t’éloignes », je peux la voir comme une façon de me dire « je suis comme je suis, je ne ferais aucun effort pour te rendre la relation plus douce, si t’es pas contente, tu n’as qu’à partir ». Et le plus vicieux dans tout ça, c’est que si je ne pars pas, c’est que j’accepte de souffrir et que je ne suis plus légitime de me plaindre.


C'est fou comme ces deux parties de moi existent encore.

Une partie de moi se rend entièrement responsable de tout ce qui s'est mal passé. Mais une autre partie de moi sait que son discours avait un côté manipulatoire, probablement inconscient.

  • "Tu peux partir si tu souffres"
  • "Je suis comme ça"
  • "Pourquoi tu doutes, tu sais que je tiens à toi"
  • "Tu te prends trop la tête, ça se passe bien entre nous, non ?"
  • "Tu donnes trop, tu me donnes trop de place"
  • "Moi je suis bien dans la relation, c'est toi qui te prends trop la tête"

Tant de phrases ou de discours qui m'ont retourné le cerveau.

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