11 novembre 2024
En rentrant, ce samedi après le moment avec toi aux Buttes-Chaumont, j’ai ressenti le besoin d’écrire.
Je n’étais pas contente de moi, je me suis trouvée maladroite dans nos discussions, pas assez précise et nuancée sur ce que je ressens, sur mes besoins, mes attentes et les colères qu’ont engendré la frustration de ne pas les sentir prises en compte.
Et puis devant la page blanche, j’ai séché. La discussion m’a visiblement enlevé toutes émotions négatives, toute colère, toute impression d’être incomprise, tout sentiment d’être seule avec mes questions, d’être seule à travailler, d’être seule à tout porter. La discussion a donc porté ses fruits. Pour autant, je ne crois pas à la victoire facile. J’ai déjà vécu ce bien-être après l’une de nos discussions et il a été suivi d’une redescente rapide vers des émotions plus noires. Alors cette fois-ci, je ne me laisse pas berner : tout n’est pas réglé.
Alors je relis la colère que j’ai eu besoin de coucher noir sur blanc pour ne pas te la balancer à la figure, et je cherche à la revivre, pour la comprendre.
« Certes, t’es « là », t’es « à l’écoute » quand je ne vais pas bien. Mais à part ça, tu fais quoi pour la relation ? Tu fais quoi pour moi ? Tu fais quoi pour me faire plaisir ? Tu fais quoi pour nous faire grandir ? Tu fais quoi pour tenir compte de qui je suis, avec mes failles, mes blessures, mes besoins, comme moi j’essaye de le faire pour toi ? Y’a que moi qui cherche à faire fonctionner la relation. Y’a que moi qui analyse ce qui ne fonctionne pas bien pour trouver des solutions. Y’a que moi ! Je me sens seule et j’en ai marre ! ».
Je cherche à comprendre comment quatre jours de silence m’ont fait tout remettre en question et nier tout ce que tu apportes à la relation. Comme si la moindre marque d’inattention annihilait tous les bienfaits passés. A ce compte-là, effectivement, tu n’en feras « jamais assez ». Comme si, au fond de mon réservoir de sécurité affective, il y avait une vanne de vidange qui s’ouvre en grand au moindre signe de désintérêt.
Mais ce n’est pas à toi de porter mon besoin de sécurité affective.
Je suis heureuse que l’on se rejoigne sur l’impression d’un « no man’s land » qui n’a pas lieu d’être et nous interdit de vivre plus librement dans la relation.
On est d’accord sur le diagnostic.
Mais maintenant comment on fait ?
Tu me dis d’avancer, mais moi j’ai peur que tu me rejettes si je franchi la limite.
Mais de quoi est-ce que je parle exactement ?
Qu’est-ce que je ne me sens pas autorisée à faire ?
Je ne me sens pas aimée, Clément. Et toi, tu ne le comprends pas. Que me manque-t-il pour me sentir aimée ?
· Des gestes et des marques d'affection : Je manque de marque d’affection. Des mots, des gestes. Que tu me proposes des activités ensemble. Que tu m’envoies des messages de temps en temps pour me montrer que tu penses à moi.
· La clarté sur tes intentions et sentiments : J’ai besoin que tu sois honnête et transparent sur tes sentiments. Savoir que tu es engagé de manière claire et sincère, et connaître ta vision de la relation, peut m’aider à apaiser mes inquiétudes.
· Un soutien face à mes peurs et doutes : J’ai besoin d'un soutien lorsque je traverse des périodes d’incertitude. Des mots d'encouragement ou une réassurance pour m’aider à me sentir en sécurité.
· Du temps de qualité ensemble : J’ai besoin de passer du temps de manière régulière, en créant des moments privilégiés à deux. J’ai besoin d’espace pour les discussions profondes autant que d’activités qu’on apprécie ensemble. J’ai besoin de savoir que tu es prêt à offrir ce temps à notre relation, que tu es heureux de le faire, que je ne te force pas, que tu ne te forces pas.
· Une réciprocité dans l'effort relationnel : J’aimerais voir que nos efforts pour se soutenir et construire un lien sont réciproques, équilibrés, pour éviter d’avoir l’impression que je porte le lien seule. Que ce soit toi, parfois, qui lance une discussion sur notre relation, sur un sujet où on a besoin de progresser, pour ne pas que j’ai l’impression qu’il n’y a que moi qui évoque les sujets difficiles, qu’il n’y a que moi qui m’en soucie.
Avant d’attendre de toi que tu me rassures, je dois me demander si moi j’en suis capable. Je m’en veux de ne pas savoir te rassurer sur le fait que tu mérites d’être apprécié pour ce que tu es. Je m’en veux que l’expression de mes émotions face à certains traits de ta personnalité puisse te faire perdre ton estime de toi. Je ne sais pas comment te dire que je t’apprécie tel que tu es et que voir ton potentiel et avoir des attentes à la hauteur de ce que je te sais capable ne veut pas dire que je ne t’apprécie pas comme tu es aujourd’hui.
En ce moment, je remets en question jusqu’à la définition du mot aimer. Je t’ai dit « je t’aime », plusieurs fois, et la première fois de la façon le plus maladroite qui soit. Et toi, tu m’as dit que tu m’aimais de la façon la plus détournée qui soit. Je parlais de mon fils et tu m’as dit « Il peut comprendre que tu aies envie de passer du temps avec un homme qui t’aime et te respecte ».
Je t’ai dit « je t’aime » en ayant eu mille fois l’élan avant d’oser le dire. Mais est-ce que c’était vrai ? Est-ce que ce n’était pas qu’un sentiment amoureux ? Ou qu’un attachement ? Ou qu’un élan de joie de partager des bons moments ? En fait, c’est quoi l’amour ? Est-ce que c’est une émotion, est-ce que c’est un sentiment, ou est-ce que c’est en réalité une décision, une action ? Est-ce qu’aimer c’est accepter l’autre comme il est ? Ou est-ce que c’est au contraire voir tout son potentiel et vouloir nourrir son évolution ?
Depuis, j'ai trouvé la définition de l'amour avec Bell Hooks dans A propos d'amour. Puis plus tard dans Le chemin le moins fréquenté, de Scott Peck.
Annotations
Versions