Le sens de la vie
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Enfant, je savais ce que je voulais devenir. C'était simple, le seul métier que je voulais était celui que je connaissais le mieux : maîtresse d'école. Pour moi, c'était le plus beau métier du monde. Je pouvais enseigner mes connaissances, discuter avec mes collègues maîtresses, aider des enfants à comprendre le monde qui les entouraient.
Arrivée fin primaire, quand je m'étais mise à détester les mathématiques, je m'étais dit que ce n'était pas un si beau métier. Il y avait trop de choses à connaître ! Alors, quand on m'avait affirmé qu'au collège, on aurait un seul professeur par matière, je m'étais dit que je deviendrai professeure de français ! Après tout, lire et écrire étaient si simples comparé aux calculs !
Mais, tout comme quand j'avais atteint la fin de la primaire, quand j'ai découvert la sixième, j'ai compris que ce n'était pas aussi amusant et facile qu'en primaire. Là, il ne s'agissait plus vraiment d'apprendre à écrire, mais d'analyser. Et puis, je n'avais plus vraiment d'amis. Et, la seule chose que j'aimais, c'était lire. Alors, un métier en lien avec la lecture ? Pourquoi pas ?
Arrivèrent les études supérieures. Avec les expériences passées, j'étais déjà plus mélancolique et fragile qu'avant. Le fait de devoir me séparer de mes amis me faisait mal. Pourtant, les cours me plaisaient ! Je découvrais des domaines dont je ne soupçonnais pas l'existence. La communication, la sociologie, les collections, c'était intéressant.
Jusqu'à ce que les cours dépassent les quarante heures par semaine. Jusqu'à que l'épuisement arrive. Jusqu'à ce que les crises de stress et de larmes se produisent. Jusqu'à ce qu'un silence sourd se faisait en classe, autrefois si joyeuse. Jusqu'à ce que je commence à voir des choses auxquelles d'autres ne faisaient pas attention ; les cernes, la douleur, les silences trahissant une pensée angoissante, les absences. Pourquoi tout le monde faisait semblant d'aller bien, dans une société qui nous broyait ?
J'avais perdu le sens de ce que je faisais. J'avais perdu la motivation. J'avais perdu cette étincelle de vie.
De la gamine réservée et mal dans sa peau passa à la jeune femme renfermée ne supportant plus le bruit, ni les lumières, qui enchaînait les insomnies. Et cette jeune femme, c'est toujours moi aujourd'hui.
Qu'est-ce que la vie, en fin de compte ? Est-ce que c'est le fait de ne pas avoir d'idées noires ? Est-ce que c'est le fait de faire semblant de vivre ? Est-ce que c'est le fait de ne pas se demander ce que ça ferait de se jeter d'un pont ? Est-ce que c'est le fait de voir la société nous tuer peu à peu mais décider de voir le positif ?
Je ne sais pas, et j'ignore si je le saurai un jour.

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