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Coucou toi.

Je sais que tu ne vas pas me croire, mais je suis la toi du futur. J'ai hésité sur le moment à laquelle envoyer cette lettre, parce qu'il y en a eu des moments difficiles, hein ? La sixième, la première, la terminale, quand tu as eu cette grosse crise de déprime en première année de B.U.T...

Bref. Je sais que c'est dur en ce moment. Je sais que tu te dis que tu n'y arriveras pas. Je sais que tu te dis que tu n'as pas d'avenir, que tu as envie de te laisser écraser par une voiture, que tu es épuisée. Je sais que tu as eu des nouvelles très difficiles, que Mme X a un cancer, que ton ami d'enfance a été tué, que tu es au plus bas. Alors je vais faire ce que je fais de mieux : parler de moi. Enfin de nous. Bref, tu as compris.

Nous avons eu un Master. Ce n'était pas celui que nous voulions, donc ne mets pas trop d'énergie dans les dossiers à faire, à part pour celui de B. Car, oui, on sera prise là. Et non, crois-moi, les refus étaient inévitables. J'y ai craché mes tripes dedans, pour rien. Ne te formalise pas trop sur les motifs, c'est jusqu'il y avait pas assez de place dans la formation.

Nous sommes parties à B. Dur à croire, hein ? Et pourtant, nous y sommes. Un conseil : prévois un k-way. Et ne stresse pas trop. Ça va aller, fais-moi confiance. Fais-nous confiance. Ah, et maintenant je vois une psy. Ouais, je sais, c'est dur à croire. Elle a dit que nous sommes dépressives. Toi aussi, tu ressens ce poids s'enlever de tes épaules ? Ce n'était pas une comédie, pas une chose à prendre à la légère. Nous sommes légitimes de souffrir. Je me suis fait des amis, aussi. Dont un qui est précieux. Tu verras, tu te sentiras écoutée, parce que cette personne a le même type de famille que toi.

Je ne vais pas te dire que tout est rose non plus. Je déprime beaucoup. On a du travail, mais ça va. Comparé à l'IUT, c'est presque les vacances. Tu stresseras toujours. Mais tu seras autonome. Tu oseras faire des choses que tu n'aurais jamais osé avant. Tu commences à prendre soin de toi. C'est léger, mais tu essaies.

Arrête de t'en vouloir pour tout ce qui t'arrive, pour cette fatigue. Tu n'y es pour rien. Tu dois simplement apprendre à vivre autrement. Je sais que c'est dur, mais, je te le promets, ça va un peu mieux. Loin de la famille, tu respires davantage. Tu mérites d'être heureuse. Et, si tu as envie de pleurer en lisant cette lettre, ne te retiens pas. Laisse l'émotion prendre place. Ce n'est pas grave de pleurer. Tu as le droit.

Nous nous en sortirons, et toi aussi. Alors courage, tu vas y arriver.

Parce que je suis toi.

Jade