Reprise en main.

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La chambre bénéficie d'une double exposition est et ouest, et le soleil filtre déjà à travers les lourds rideaux. Cette nuit de sommeil m'a été salutaire, je saute du lit avec une belle énergie. J'ouvre en grand les fenêtres, la vue sur la vallée est magnifique, mais je prends à peine le temps de regarder. Je fourre dans un sac à linge mes vieilles affaires de randonneur que j'ai abandonnées la veille dans un coin de la salle de bain. J'ai juste le temps de revêtir un top blanc à fines bretelles, après m'être grossièrement brossé les cheveux et rafraichi le visage à l'eau, que l'on frappe à la porte.

C'est la jeune fille de la veille, qui a pris soin de monter mon petit déjeuner elle-même, accompagné d'une carte IGN pliée sur le côté du plateau. Elle paraît un peu interdite, surprise par le contraste entre mon apparence de la veille et celle de ce matin. Elle a renseigné hier un randonneur poussiéreux, les cheveux réunis en un catogan sous une casquette, le visage fatigué. Je lui ouvre la porte en boxer rose et débardeur sexy, mes cheveux blonds détachés touchant mes épaules, façon surfeur californien.

À voir son regard, je comprends qu'elle pense plutôt à une surfeuse, car elle fixe involontairement mes jambes fines, lisses, avec un intérêt amusé.

— Bonjour, j'espère que vous avez bien dormi. Voici votre petit déjeuner, et une carte de la région sur laquelle mon père a noté quelques beaux endroits.

En disant cela, elle pose le plateau sur la console de l'entrée, déplie la carte et m'indique trois cercles au crayon rouge, laissant son doigt sur le dernier.

— Cet endroit est particulièrement recommandé : difficile à trouver si l’on ne sait pas que cette clairière au bord de l'eau existe. Totalement invisible de la route et des chemins, il n'est connu que par une poignée de gens du cru.

— Magnifique ! Vous êtes adorable, c'est exactement ce que je cherche !

— Merci, j'espère que vous passerez une bonne journée. Votre pique-nique est prêt, avec des rafraichissements, il va faire chaud aujourd'hui.

Elle sourit, fait trois pas en arrière, lance un ambigu, à bientôt... Monsieur, avec une imperceptible pause avant le dernier mot, puis referme la porte.

Cette jeune fille est assurément troublante, mais je dois la chasser de mon esprit, pour le moment du moins. Le thé est parfait, et je fourre une cuillerée de confiture dans un des croissants. Je retourne dans la salle de bain et fais couler l'eau. Le temps de finir la viennoiserie, la baignoire est presque remplie, je me déshabille. Une nouvelle tasse de thé en main, je me laisse glisser dans le liquide chaud. J'ai besoin d'hydrater ma peau avant quelques retouches : des poils commencent à apparaître sur mes jambes, et j'en perçois d'autres, plus discrets, quand je promène mon doigt entre mes fesses.

Je termine ma boisson, puis me savonne doucement avec un gant exfoliant après m'être remis debout dans la baignoire. Son frottement entre mes fesses me fait bander immédiatement, je réalise que je sors d'une semaine totalement chaste. Je passe le gant à ma main gauche et de l'autre main me masse mon petit trou avec deux doigts savonneux. Il y a longtemps que je n'ai rien enfilé de ce côté-là, j'aurais dû prévoir quelque chose... Inutile de ruminer cet oubli, j'emprisonne mes couilles de ma main gantée en serrant fort, ce qui fait durcir encore plus ma queue. Elle n'est vraiment pas impressionnante, même en érection, mais cela ne m'a jamais gêné.

Tout en pensant à la dentelle que je vais porter aujourd'hui, je me remets à genoux dans l'eau chaude, me branle doucement. J'éjacule dans la mousse tiède et parfumée.

J'ai perdu quelques minutes, mais je me sens mieux. Je lave à nouveau mes cheveux en appliquant un masque réparateur, use de bandes dépilatoires à la cire froide, faute de mieux. Enveloppé dans un épais peignoir, je passe au visage. J'affine mes sourcils, je brosse et sèche mes cheveux, les attachant à nouveau. Ma peau est rugueuse, je passe le quart d'heure suivant à me masser minutieusement avec une crème délicieusement parfumée.

J'hésite quelques secondes devant ma valise, j'enfile une culotte taille haute de dentelle noire, largement transparente à l'arrière. Je jette un coup d'oeil au miroir : la semaine m'a affiné, mon ventre est aussi plat que ma poitrine ! Je passe un pantalon de toile souple et une simple chemise de lin. Mes tétons pointent à travers, je les pince un peu, c'est délicieux. Un dernier coup d'œil global avant de sortir, il est bientôt onze heures : rien n'est parfait, mais la créature androgyne qui se reflète dans la glace me plait beaucoup.

C'est souvent la démarche, la façon de se mouvoir et de se placer dans l'espace qui caractérise le genre. Je traverse donc les étages de l'hôtel d'un pas ferme et viril. Campé dans une paire de sandales de cuir ajourées, je retrouve la jolie employée derrière le comptoir du hall.

À ma vue, elle sourit d'un air entendu, et se retourne pour saisir au sol un grand panier rempli de boites plastiques et de bouteilles dans des étuis isothermes. Elle se penche exagérément, sans plier les jambes, ce qui me donne un bref instant une vue appréciable sur ce que sa courte jupe masque, un cul sublime, habillé de coton blanc et de dentelle bleue. Elle pose le panier sur le comptoir.

— C'est superbe !

— Mais très simple ! me répond-elle.

— En tout cas, appétissant !

— Oh, il faut goûter d'abord...

Claire et Mathieu approchent, nous cessons notre double jeu. Je prends le panier, accorde un rapide clin d'œil à la jeune fille, dont j'ignore toujours le prénom, et vais saluer mes amis. Je glisse une bise à Claire, qui exprime son étonnement.

— Que de changements ! Tu es superbe, et tu sens divinement bon ! Nous avons l'air de vagabonds à tes côtés !

— Pas du tout, vous êtes charmants tous les deux ! C'est juste que je ne suis pas parti avec beaucoup de vêtements et il n'y a plus que ceux-là de propre. C'est plus adapté à la ville qu'à la montagne, mais je n'ai pas le choix !

Mathieu porte un bermuda de coton vert forêt de belle coupe et un polo qui révèle ses bras et son torse musclés. Claire a choisi une simple robe imprimée et un chapeau de paille un peu cabossé. Elle a glissé ses pieds dans des espadrilles à petits talons. Une apparence simple, un peu campagnarde, que je trouve très craquante.

— Ne perdons pas de temps ! J'ai le pique-nique, je sais où nous allons, je vous y conduis.

Ma voiture est sur le parking. J'ai encore la BMW que Nathalie et moi avons achetée ensemble l'année passée. J'adore conduire et j'ai proposé de racheter sa part après notre séparation. Elle m'a simplement répondu qu'elle n'aurait pas besoin de cet argent à l'avenir.

Mathieu semble être un passionné d'automobiles. Je lui vante les performances du moteur et la tenue de route. En souriant intérieurement, je lui propose de prendre le volant au retour s'il le souhaite. Tandis qu'il accepte sans hésiter une seconde, Claire s'assoit à l'arrière, je vois son visage dans le rétroviseur intérieur. Elle a l'air heureuse et reposée.

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