Sparkling wine & Solar Cream.

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Je reste seul avec Claire. Nous ouvrons les paniers-repas, pressés de changer d'ambiance. L'hôtel a bien fait les choses (je présume que mon amie de l'accueil a supervisé la constitution de notre pique-nique), tout est délicatement présenté. Des salades composées, de petits sandwichs mozzarella/basilic nappés d'huile d'olive, des brochettes de crevettes et dés de fromages, fruits frais. Dans un sac isotherme, une bouteille de vin blanc pétillant et une autre d'eau minérale. Il y a même des verres, en plastique incassable.

Je sers du vin à Claire, et nous piochons dans les barquettes à notre disposition. La conversation roule sur des sujets consensuels, je ne veux rien brusquer, j'ai déjà l'impression d'avoir provoqué suffisamment de tensions à l'intérieur du couple. Claire me tend son verre, la boisson est fraîche et désaltérante. Je pense qu’elle a aussi l'envie de s'étourdir, de prendre un peu de cette légèreté insouciante dans les bulles qui éclatent.

Le dernier morceau d'ananas avalé, la bouteille est vide, je m'allonge en déboutonnant ma chemise.

— Je crois que je vais profiter un peu du soleil, je me sens vraiment pâle de peau, pour quelqu'un qui termine ses vacances !

Je me retourne, nu sur le ventre, puis retire le haut, en me contorsionnant. Claire fouille dans son sac, un peu désordonnée et démonstrative. Le vin pétillant en est sûrement la cause.

— Tu es fou, tu vas brûler sous ce soleil. Laisse-moi te mettre de la crème !

Elle presse le flacon sur mes épaules, étalant la lotion fraiche sur mon dos.

— Léopold, je peux te poser une question ?

Je la sens toujours venir, cette question. J'ai l'impression de passer ma vie à tenter d'y répondre. Hochement de tête.

— Est-ce que tu es... gay ?

Elle a l'air troublée, mais aussi sainement curieuse, avec beaucoup d'empathie.

— Non, Claire, je ne me considère pas comme gay. Je n'ai pas une préférence sexuelle, orientée binairement. Je relève d'un genre... vague. Mon corps ne dirige pas mes pulsions. C'est... compliqué. Et je ne comprends pas moi-même. Pour l'instant, je laisse faire, c'est mon credo.

Elle ne répond rien, mais s'allonge à mes côtés. Je sens sa peau douce et chaude contre mon épaule.

— Et je suis bien avec toi. Rien d'autre ne compte. Enfin, si tu veux bronzer, je pense que tu devrais retirer quelques couches, tu vas avoir de vilaines marques, sinon.

Docile, elle ôte sa robe, révèle des sous-vêtements de sport en microfibres.

— C'est moins sexy que ce que tu portes, mais je n'ai que ça, j'étais partie pour randonner, rappelle-toi ! dit-elle en riant.

Elle dégrafe son soutien-gorge. Elle dévoile de magnifiques seins, lourds, aux aréoles brunes. Elle s'allonge sur le dos, les bras le long du corps. Je prends à mon tour le flacon de crème solaire, en dépose une noisette sur son ventre. Elle sourit, je l'étale autour de son nombril, remonte vers sa poitrine. Je frôle la pointe de ses seins qui durcissent immédiatement. Je pose ma main entre ses jambes, le tissu est si fin que je devine la légère couche de poils ras sur son pubis.

Je continue à la caresser, mon pouce excitant ses tétons qui pointent désormais. Mes doigts se faufilent sous l'élastique de la culotte, jusqu'à effleurer sa toison, progressant lentement jusqu'à atteindre sa fente, déjà humide. D'elle-même, elle fait glisser le tissu sur ses jambes, j'accompagne son mouvement, déplace cette barrière inutile. Elle plie les genoux, écarte les cuisses, ouvrant son sexe à mes caresses.

Je change de position, j'enfouis mon visage entre ses cuisses. Elle se cambre, décollant ses fesses de la couverture. Ma langue remonte de son trou du cul jusqu'à son clito, que j'agace longuement avec application. Je la branle doucement avec mes doigts, je la lèche avec un plaisir que j'ai du mal à dissimuler. Nous roulons de côté et elle m'allonge sur le dos, tête-bêche sur moi. J'étouffe, la respiration bloquée par son sexe plaqué sur mes lèvres. Elle prend ma queue dans sa main et me caresse au même rythme que ses mouvements pelviens.

Je me dis que, si le paradis existe, c'est un bon jour pour mourir, en apnée entre les cuisses de Claire. Elle se penche enfin et m'engloutit dans sa bouche. J'essaie de résister à l'orgasme le plus longtemps possible, je la lèche avec dévotion, j'aspire son bouton le mieux que je peux. Elle jouit en s'affalant sur moi. Mon souffle bloqué, le nez dans son cul, je jouis à mon tour entre ses lèvres.

Nous glissons sur le côté, je respire à nouveau, la tête toujours coincée entre ses jambes. Elle me lèche les couilles en riant, je crois qu'elle est un peu saoule.

Nous reprenons pied lentement, allongés, tout poisseux de crème solaire, de sueur et de fluides corporels.

— Mat va bientôt revenir. Enfin, je l'espère ! dit-elle subitement. Nous devrions nous habiller.

À la rivière, nous procédons à une toilette de chat. Nous nous éclaboussons mutuellement, je lui frotte l'entrejambe, elle crie en riant. Debout dans l'eau glacée, je l'enlace tendrement et nous échangeons un baiser. Nous restons ensuite nus au soleil quelques instants sur le sable noir pour sécher notre peau, en l'absence de serviettes de bain.

Elle me regarde.

— J'aime ton corps, tu sais. Tout est très doux. Féminin. Depuis que je me refuse à Mat, je passe beaucoup de temps avec des amies. Tu avais compris, je pense ? Je ne me sens pas réellement lesbienne, mais j'aime désormais mieux faire l'amour avec une femme.

Je me penche vers elle et je dépose un baiser sur sa nuque. Elle continue.

— Et pour tout dire, il y avait une éternité que je n'avais pas été excitée en suçant une bite. Avec Mat, c'est forcé, violent, je déteste.

Elle fait une pause, puis reprend.

— Comme pour la sodomie. Vraiment un fantasme de mec. Mat voulait toujours me contraindre à essayer, mais le plaisir ne venait pas. Je me sens toujours humiliée, salie. Toi, tu aimes ça ? Je veux dire... te faire prendre... là ?

Je déglutis.

— Oui, j'aime ça. En vérité, parfois plus que tout autre chose. J'oublie effectivement mon sexe ainsi. La pénétration me procure des orgasmes merveilleux.

— Oh, si Mat apprend ça, tu vas passer un sale quart d'heure !

Je prends la tête de celui qui s'offusque de la proposition.

— Tu n'es pas en train de me proposer un plan à trois, non ? Bon, j'ai déjà fait bien pire, mais tu crois vraiment que tu pourrais faire ça ?

J'avance mes pions avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais je la sens prise au dépourvu.

— Ah non, je ne pensais pas du tout à ça, je te le jure !

— Remarque, c'est peut-être une bonne thérapie de couple.

— Tu crois ? dit-elle, soudainement piquée.

— Je ne sais pas. Vous pourriez reprendre contact charnellement. Mais aussi, tout faire éclater. Allez ! Tout ça est sans doute vain, Mat n'a probablement pas envie de ce genre d'expérience. Oublions, si tu veux bien. Et arrêtons de parler de sexe, parce que sinon je vais te demander d'abuser encore de moi !

Nous nous habillons rapidement, Mat arrive quelques instants plus tard, signalant sa présence par trois coups de klaxon. Nous remontons sur la route les bras chargés des paniers, il se fait tard.

— Le pharmacien m'a posé des straps, inutile de recoudre. En revanche, il a tenu à me faire un rappel anti-tétanos.

Il grimace, montre sa main bandée.

— Mais tout va bien, rassurez-vous ! J'espère que vous ne vous êtes pas inquiétés ? Vous avez profité de la journée ?

Sans lui dire que nous n'avons pas trop pensé à lui, nous le réconfortons.

— Rentrons à l'hôtel, j'ai besoin de prendre une douche, j'ai dû abuser de crème solaire ! Mat, tu me laisses le volant ou tu veux encore conduire ?

Avec un sourire, il s'installe de nouveau à la place du conducteur et fait ronfler le six cylindres.

...

Une fois de retour, je sens qu'il ne faut pas forcer la chance, mais plutôt faire une pause dans nos relations, pour quelques heures du moins. Je perçois Claire rêveuse et Mat réellement fatigué, peut-être est-ce son vaccin.

Ils n'insistent pas quand je leur annonce que je vais diner en chambre seul ce soir, pour être en forme demain. Nous nous promettons de nous revoir vers midi au bar, avant mon départ.

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