De : Léopoldine. Objet : Votre soumise, chap.4

8 minutes de lecture

Le bac n'est qu'une formalité, Lola ne m'a pas juste bourré le cul ; elle a aussi fait entrer beaucoup de connaissances dans ma tête, lors de nos révisions communes. Mais les vacances arrivent et bien sûr je n'ai rien de prévu.

La boîte dans laquelle travaille l'amant de ma mère organise des séjours en colonies, destinés aux enfants des employés. Je suis évidemment trop vieux pour y aller, mais pas pour y être animateur, même si je n'ai pas les études requises. Ils ont la possibilité d'engager un quota de gens non diplômés, tant qu'il y a quelques moniteurs officiels sur place pour nous encadrer.

J'ai signé pour deux mois, je suis fier d'avoir bientôt un peu d'argent à moi. Bon, je réalise rapidement que je ne sais absolument pas m'occuper d'enfants. Je n'ai pas trop de difficultés avec les vingt pour cent de gosses sages, mais le reste des petits monstres pose problème. Avec moi, ils font n'importe quoi.

Heureusement, il y a Johann, qui tente de nous inculquer les rudiments du métier. Du haut de ses vingt-deux ans et de son BAFA, il gère parfaitement les crétins qui me résistent. Grand, sportif, il fait tourner les têtes des animatrices, qui se battent pour être en tandem avec lui. Sauf qu'il leur explique que j'ai un groupe d'enfants difficiles et qu'il se doit d'être avec moi pour me former.

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que son intérêt n'est pas que pédagogique. Il a des gestes tendres avec moi, me sourit toujours et me pose discrètement des questions orientées.

J'avoue que je craque doucement : je me sens seul et déprimé quand il n'est pas là. Après une réunion de débriefing, il me propose de sortir à la ville voisine pour boire un verre. D'autres animateurs restent en permanence, c'est autorisé. Il possède une vieille Alfa rouge qu'il conduit vite et avec désinvolture, en dix minutes nous sommes à un café en bord de mer. Après deux cocktails, je lui raconte tout sur moi, je crois que j'ai besoin de parler et d'ouvrir un peu les vannes.

Il me prend par les épaules quand je pleure en retraçant des épisodes douloureux, sourit parfois si je suis drôle. Nous allons ensuite flâner sur la plage, il me tient contre lui, alors que je détaille mes rapports avec Lola. Je termine en lui disant que non, je n'ai jamais eu de relation avec un autre garçon, mais que s'il veut, il peut m'embrasser. Le littoral n'est pas éclairé et dans la nuit fraiche, il me serre fort dans ses bras et pose ses lèvres sur moi, la tête me tourne, je m'abandonne complètement. Nous continuons notre promenade, mon cœur bat vite, je suis heureux.

Nous nous séparons à l'approche du café : je m'en moque, mais Johann ne souhaite pas de rumeurs malveillantes, il vient souvent en ville faire des achats pour la colo. Nous buvons un autre verre, il me parle de lui, et je lui dis que j'ai envie de faire l'amour. Il rit, il me répond qu'il ne veut pas abuser de moi, que j'ai sûrement trop bu.

De retour au camp, j'insiste, je ne désire pas me coucher seul. Il me conduit à ma chambre, au dernier étage du bâtiment, m'assure qu'il va revenir, le temps d'une douche et moi de réfléchir. Je reprends mes esprits sous un jet d'eau chaude, me prépare soigneusement, j'ai trop envie d'être à lui. Comme promis, il revient, je me jette sur lui. J'ai enfilé la seule culotte sexy que j'ai pu apporter discrètement, un petit tanga noir très fin. Il sourit en me voyant. Ses mains caressent doucement mes fesses pendant qu'il me couvre de baisers. Johann porte juste un short de sport et un T-shirt. Je m'agenouille devant lui et descends lentement son boxer. Son pubis est épilé, je trouve son sexe magnifique, doux et lourd sous mes doigts. Je dégage son gland facilement, je le prends dans la bouche, c'est ma première fois. J'adore cette sensation sur ma langue, et Johann durcit rapidement. Sa verge devient si grosse que j'ai peur de le blesser avec mes dents. je m'applique à le sucer correctement, j'aime ça. Il me redresse doucement et baisse mon Tanga, mon sexe dressé bientôt dans sa main. Johann me couche sur le lit, relève mes jambes et me lèche mon petit trou. C'est aussi la première fois qu'on me caresse de cette façon, c'est indescriptible, j'ai soif de sa queue en moi, j'en meure d'envie.

Il place un coussin sous mes fesses, je me sens prêt à l'engloutir. Son gland bien lubrifié est beaucoup plus gros que l'extrémité effilée de mes jouets favoris, il pousse un peu plus fort et mon sphincter s'ouvre, sans douleur, avec une sensation diffuse de plénitude. Je découvre un plaisir autre, totalement différent de mes pénétrations passées. Je l'encourage, réclamant tout son membre. Doucement, il va bien au fond, j'ai l'impression d'être ouvert en deux.

Il me demande si j'aime ça. Si j'aime cela ? Je suis fait pour toi ! Viens ! Il me lime le cul, j'ai le souffle coupé par les vagues de plaisir qui m'étourdissent quand il est en butée contre moi. Je couine comme une petite chienne pour ne pas crier, je mords sa main qui fait bâillon sur ma bouche, car il nous faut rester discrets.

Il sort et éjacule sur mon ventre, je jouis en même temps en me branlant un peu. Il m'embrasse partout, je glisse sur le côté avec lui, mon visage contre sa poitrine.

Bien sûr, le reste du séjour est un parfait bonheur. Ma relation avec Johann me fait prendre confiance en moi. Souvent sujet à des périodes dépressives, je vois maintenant la vie en rose. Savoir que je compte pour quelqu'un qu'il veille sur moi, me désire comme je suis, me permet de m'affirmer dans ma différence. Une petite fille me demande un après-midi, tu es une fille ou un garçon ? Je fais semblant de réfléchir et lui réponds : Je ne sais pas. Elle hoche la tête en me disant, c'est pas grave, alors. Où qu'elle soit aujourd'hui, je ne l'oublierai jamais.

Mais ce n'est que l'amour d'un été. Johann est gay, militant, il aime les hommes, veut construire une histoire avec quelqu'un qui partage les mêmes valeurs. Il me l'avoue un soir, je pleure, mais je sais qu'il a raison. Je ne suis pas capable de me définir ainsi, j'aime les femmes, et désirerais en être une parfois, aussi.

Fin août, nous faisons une dernière fois l'amour, sur les sièges de sa voiture, garée dans un chemin tranquille. Même si ce n'est pas son fantasme, il m'a offert une paire de jolis bas noirs et insiste pour que je les porte pendant qu'il me fais jouir. Merci, Johann.

...

Le retour à la réalité est beaucoup moins excitant. Pour une sombre histoire de dossier incomplet ou mal rempli, je ne suis pas inscrit à Paris III, où je comptais somnoler en licence de Lettres. Quitte à perdre une année, autant travailler. C'est en arpentant le quartier en fin d'après-midi, en recherche d'un job, que je croise David. Il a bien changé depuis la quatrième, mais nous nous reconnaissons immédiatement. En riant, il me propose de venir jouer sur sa console, comme au bon vieux temps, ajoute-t-il.

L'appartement n'a pas changé, je réalise que la salle de jeux dans laquelle j'ai passé des heures est en fait la mercerie fermée depuis longtemps, qui appartient à sa mère. Derrière le rideau de fer clos depuis longtemps, il a poussé le comptoir de bois contre le mur pour aménager un espace de jeux. Il sort des bières d'un réfrigérateur, bientôt remplacées par une bouteille de whisky bon marché. Il me raconte son enfance.

Sa famille ? Ses grands-parents, propriétaires de la mercerie. Sa mère ? Enfant unique choyée, elle rencontre à vingt ans un homme de mauvaise vie qui la séduit, pour la prostituer quelques années plus tard. Elle hérite du magasin au décès de ses parents. Son père emprunte de l'argent en banque pour agrandir la boutique, mais disparaît avec la somme et les économies des vieux. Ruinée et endettée, elle ferme le commerce déclinant, travaille comme femme de chambre. Lui est un petit garçon hyperactif et violent, que le médecin de famille traite avec des tranquillisants inadaptés. En quatrième, il oublie son médicament et agresse un camarade, sa mère le place en pension après son renvoi de l'établissement.

Je suis effondré, moi qui pensais avoir eu une enfance difficile…

Il m'assure qu'il va mieux, qu'il est toujours sous traitement, mais qu'il est plus stable aujourd'hui. Il rentre en deuxième année d'architecture à Lyon, il est juste revenu à Paris voir sa mère pour les vacances, il repart à la fin de semaine. L'alcool nous rend bavards, et David a le vin triste. Il se met à pleurer, admet que, non, ses vieux démons ne l'ont pas quitté. Il va m'en dire plus quand sa mère rentre dans la pièce, le prend dans ses bras.

Je ne l'avais jamais vu, pourtant elle me connaît, m'appelle par mon prénom. C'est une jolie femme brune qui approche de la cinquantaine. En jupe noire et corsage blanc, elle doit rentrer de son travail. Elle encourage son fils à aller se reposer pour dissiper les effets de l'alcool et nous restons seuls. Elle croisait souvent ma mère devant le collège et, sans devenir amies, elles ont souvent échangé, parlant de leur fils respectif. Elle me regarde avec un air tendre, me demande si je vais mieux aujourd'hui. Elle m'avoue d'un air gêné que ma mère lui avait tout raconté de mes problèmes. Je commence par la rassurer, mais je m'effondre au milieu d'une phrase, elle me serre contre elle, je pleure à mon tour, et dans l'heure qui suit, je lui raconte tout.

Que je ne sais plus où j'en suis ! Que j'aime les femmes et aussi les hommes et, même si c'est difficile à dire pour moi, je voudrais être une femme. Maman ne me comprend pas, pour elle, je suis juste gay et j'aime porter de la lingerie pour épicer ma sexualité. Ce n'est pas ça. Mon corps, mon sexe ne me dérange pas, mais j'aimerais être considéré comme faisant partie du genre féminin ; je pense que je me sentirai mieux, plus à mon rang. Elle me regarde en me caressant les cheveux, je crois qu'elle pleure aussi un peu. Je lui demande si c'est possible de vivre sa vie ainsi, si l’on peut être accepté, aimé, trouver une place dans la société.

David est gay, mais ne s'accepte pas, cela le détruit, m'apprend-elle. Il est attiré par les garçons, mais en a honte, alors il se mutile, devient violent parfois. Elle ajoute que, pour moi, c'est plus simple, je suis en accord avec ce que je veux être. Elle pense que tout m'est réalisable avec du courage, et qu'elle peut sûrement m'aider : elle a une idée.

Elle me fait la bise sur les joues après les avoir tamponnées, me dit qu'elle s'appelle Hélène, que je ne dois plus chercher de travail.

Je rentre chez moi comblé d'espoir.

Annotations

Vous aimez lire Léopold Ine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0