La loi de Murphy.

8 minutes de lecture

Anything that can go wrong will go wrong

Edward Murphy, Jr

Être maltraité sous les yeux d'une femme adorée par un rival comblé

procure un sentiment indescriptible : je meurs de honte et de désespoir.

Leopold von Sacher-Masoch


Quelques mois se sont écoulés, Maîtresse et moi nous entendons parfaitement. J'ai désormais plus de liberté en semaine, le droit de sortir à ma guise sans lui demander son autorisation. Elle sait que je lui appartiens, elle n'a pas à s'inquiéter. Je n'en profite d'ailleurs pas énormément, car mon temps libre est souvent réservé à la satisfaire.

Grâce à ma garde-robe maintenant assez fournie, comportant aussi des vêtements un peu passe-partout, je vais régulièrement dans un salon de beauté, je peux dorénavant m'y rendre sans attirer les regards. Une des deux professionnelles choisies lors de mon premier week-end, Samia, y travaille à mi-temps. Nous nous entendons bien, et elle fait des miracles sur moi. J'ai repris des séances d'épilation laser, mes derniers poils rebelles déclarent forfait.

Nous sortons fréquemment avec Maîtresse. Parfois simplement au cinéma ou au théâtre, d'autres soirs dans des clubs libertins. Si dans un lieu public, nos relations sont proches de celles qu'adopteraient deux amantes ou amies - il m'arrive d'ailleurs d'avoir la permission de l'appeler Nathalie- je reprends mon statut lors de nos soirées sérieuses.

Je la mets toujours en valeur, exécutant ses ordres, quand je suis tenue en laisse et humiliée, ou bien prêtée à des partenaires des deux sexes, toujours en sa présence. Elle aime quand on me pénètre en levrette, tandis qu'elle maintient ma tête dans l'étau de ses cuisses. Je m'offre alors pour elle, je sais qu'elle capte mes sensations, son plaisir est le mien. Je commence à être connue dans certains lieux, on n'oublie pas une jolie soumise blonde, avec un petit sexe en cage et un cul accueillant.

...

— Léopoldine, j'ai d'autres projets pour toi.

Elle allume une cigarette, me notifiant l'importance de ce qui va suivre : elle fume très rarement.

— Oui, Nathalie, je t'écoute.

Nous sommes toutes les deux dans une brasserie parisienne, un samedi midi, en mode bonnes amies.

— Tu es parfaite dans ton corps désormais, et notre relation stable. Je souhaite te voir plus souvent. Je me demande parfois comment tu fais pour passer toutes ces journées, seule dans ton petit appartement… Tu ne voudrais pas vivre un peu, en société ?

— Je suis heureuse comme ça, Maîtresse. C'est un équilibre qui me convient assez.

— Eh bien, pas moi ! Je voudrais que tu quittes ton job, et que tu viennes travailler avec moi. Tu seras sous mes ordres directs, mais tu auras ton bureau personnel. Et en charge d'une partie de l'organisation de la formation du personnel. Tu seras ma petite secrétaire soumise, mais en secret. Je travaille à un étage élevé, nous serons très tranquilles. Je peux bien sûr t'obliger à accepter, car tu ne peux me désobéir, mais je veux entendre le oui de ta bouche ! Si tu as peur que cela ne fonctionne pas, tu peux demander un congé formation à ton employeur, t'inscrire auprès d'un organisme quelconque et je te prends comme stagiaire ! Tu te gardes ainsi une porte de sortie si ça ne fonctionne pas comme prévu.

Je suis complètement abasourdie. Tout se mélange dans ma tête, le pour et le contre, le possible et l'inimaginable.

— Nathalie, je ne sais pas si je me sens assez sûre de moi, assez forte pour travailler toute la journée sous le regard des autres. Et si on découvrait mon sexe, ou notre relation ? Et tu vas établir un contrat au nom de Léopold, et c'est une petite blonde qui va débarquer le premier jour ? Et si…

— Stop ! elle rit. Et si, et si ! Et si le grand patron de la boite tombe fou amoureux de toi, quitte sa femme pour t'épouser, que ferons-nous, hein ? Cesse de te poser des questions. Je me permets de te rappeler que la DRH, c'est moi ! Tu viens de passer ton entretien d'embauche, et tu l'as réussi brillamment. Je suis la seule à avoir le droit de consulter les dossiers des employés, et le tien sera classé secret-défense. Je modifierai l'intitulé de ta carte d'accès, tu seras bien Madame Léopoldine X., secrétaire. Sache que la maison mère de la boite, aux États-Unis, promeut ouvertement l'intégration des minorités, qu'il soit question d'origine, ou d'orientation sexuelle. Une femme transgenre siège au conseil, et plusieurs cadres ont fait leur coming-out. Dans notre filiale française, c'est évidement timide, mais en cas de soucis, je sais que j'aurai les appuis nécessaires pour te protéger.

Dis juste : oui.

Bien évidemment, j'ai dit oui.

...

Je fais le bilan, après un trimestre ici. Sans l'avouer, j'avais craint une sorte d'emploi fictif, être juste bonne à jouer la belle plante et préparer des cafés pour ma Maîtresse. Loin de là, c'est un vrai travail, mettant à profit mes compétences. J'ai beaucoup appris dans des domaines qui m'étaient inconnus. J'ai de merveilleuses relations -par téléphone, surtout- avec des interlocuteurs qui m'apprécient. J'aide vraiment des salariés, je me sens utile.

Mon intégration a été très simple, j'arrive tôt le matin, beaucoup de cadres commencent tard, je ne les croise que rarement dans les couloirs. Pour les autres, je suis juste la petite blonde qui n'a pas de seins, en pantalon, chemisier et veste triste. J'ai l'air sérieuse, compétente, et pas très drôle. Je me suis inventée une vie, pour les rares curieux qui me posent des questions. Oui, j'habite seule, avec ma vieille mère et mes chats, j'aime les comédies romantiques, et je pars en souvent en vacances dans la Creuse, voir ma famille. Sauf à rencontrer un sociopathe masochiste, je ne crains pas les avances des hommes.

Quand elle n'est pas en rendez-vous extérieur, Madame Nathalie et moi déjeunons fréquemment dans son bureau, je fais alors livrer deux plateaux repas d'un traiteur renommé. Stores vénitiens clos, porte fermée à double tour, j'avoue avoir parfois perdu ma culotte. J'ai alors terminé mon repas entre ses cuisses, lapant de la crème chantilly sur son sexe, qu'elle m'offre à lécher.

Mais, au quotidien et en compagnie de collègues, nous sommes très, très discrètes, professionnelles jusqu'au bout de nos ongles vernis.

Nous travaillons de temps en temps tard le soir sur un dossier, moi empalée sur un gros plug qu'elle fixe sur ma chaise, dans une lingerie qu'elle aime me voir porter. Dans ce moments-là, j'assume volontairement mon collier de soumise, en cuir rose ; j'adore l'informer ainsi de ma totale obéissance.

Nous rentrons alors chez elle, et l'éclat de son regard m'indique qu'elle a envie de jouer avec moi. Elle peut me faire ramper nue sur ses tapis, cravachée, uriner sur mon visage tandis que je suis attachée nue à grelotter sur sa terrasse, réclamant d'être abusée sévèrement. Je lui crie que je ne suis rien sans elle, que mon corps et mon esprit sont à elle, à la merci de sa volonté.

La mienne s'efface.

Elle m'empale ensuite sur un sexe de silicone, qu'elle fixe à son harnais. Elle sait que j'aime jouir de cette façon, ma chatte ouverte à sa limite. Je la remercie dans les larmes de reconnaissance que je verse.

Si je n'ai jamais eu besoin d'user d'un Safe Word avec Madame Nathalie, une fois seulement, j'aurais aimé en utiliser un. Mais ce n'était pas pour ma sécurité.

C'est fut ce jour où Maîtresse reçu un de ses amants ; qui lui sont aussi soumis que moi, au vu de la déférence dont ils font preuve avec elle. Au bout d'une laisse accrochée à mon collier, je la suis partout, comme une esclave, pendant qu'elle parle avec lui et j'adopte les positions autorisées. Ils passent dans la chambre, elle me demande de sucer l'homme et sa verge est si massive que j'ai beaucoup de mal à la prendre en bouche. Elle m'attache alors au pied du lit, m'oblige à regarder leurs ébats. Elle dirige l'homme qui fait exactement ce qu'elle veut.

Il la pénètre analement, elle jouit en criant très fort tout en se caressant.

Je tombe dans un état de tristesse absolue, je ne veux pas la voir avec ce type et prendre du plaisir ainsi, sans moi. Je suis jalouse, me sens abandonnée, trahie. Je veux bien être humiliée, salie, corrigée par et pour elle, mais pas oubliée et méprisée à ce point, en me montrant le plaisir que je ne peux lui donner. Je ne retiens pas mes larmes, je pleure en silence.

L'homme se retire de ma Maîtresse, se branle sur moi puis éjacule sur mon visage. Il se rhabille et sort sans un mot.

Je fais une crise de nerfs, d'angoisse, je ne peux plus m'arrêter de pleurer et mon corps tremble, j'ai froid. Madame Nathalie vient à moi, essuie mon visage avec un linge, me prend dans ses bras, je pose ma tête sur sa poitrine, je me calme instantanément.

— Maîtresse, soyez bonne avec moi. Ne faites plus cela à votre soumise.

Elle me regarde en souriant, mais ne répond pas.

...

Madame Nathalie a réalisé un investissement, pour louer, m'a-t-elle précisé en souriant. Elle a acheté un box fermé dans le parking de mon immeuble. Quinze jours plus tard, elle m'avoue, l'air faussement contrit, qu'elle ne trouve pas de locataires, et que nous allons donc l'occuper nous-mêmes.

C'est un véhicule de démonstration, mais le concessionnaire nous explique que c'est la seule façon de l'avoir immédiatement. Le soir-même, nous partions en week-end sur la côte normande, au volant de la BMW. Assise fesses nues sur le cuir fauve, je suis aux anges !

Au quotidien, une voiture dont nous pouvons user librement nous change la vie. Si Madame Nathalie me demande, je peux être chez elle immédiatement, dans la tenue qu'elle souhaite, puis rentrer chez moi à toute heure du jour ou de la nuit. J'ai traversé Paris presque nue dans cette voiture aux vitres fumées, sur-teintées à sa demande, pinces sur les seins et assise sur un plug. Je dois être une excellente conductrice, je n'ai jamais eu d'accidents.

Je passe la prendre à la porte de son immeuble quand nous partons en voyages, je l'accompagne pour des séminaires et autres colloques de plusieurs jours, la Volvo reste au parking.

La vie est douce. Je me demande parfois si, plus que soumise à ma Maîtresse, je ne suis pas juste esclave d'anciennes blessures restées ouvertes. Cette pensée me quitte pourtant quand je suis dans ses bras.

...

Tous les indicateurs sont au beau fixe.

Le grain de sable qui va enrayer cette belle machine ?

Peut-être celui d'un désert marocain : Lounis.

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