Chapitre 2

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Le soir même, Gwen partit en direction du centre ville. Elle n'avait pas vu Maël de la journée, il avait apparemment été bloqué au travail - et tant mieux. En arrivant devant le théâtre, Gwen était un peu en avance et elle décida d'envoyer un message à son amie, Ophélie. Elles avaient rendez vous toutes les deux pour manger. Elles essayaient de faire ça une fois par mois ce qui n'était pas souvent facile entre le travail de Gwen et celui de pharmacienne d'Ophélie.

Les deux blondes se connaissaient depuis des années, elles s'étaient rencontrées au collège. Au début, elles avaient été amies, mais sans plus, copines de classe comme on peut dire. Et puis quand elles s'étaient retrouvées dans la même classe au lycée, leur relation avait pris une autre tournure et s'étaient beaucoup plus rapprochées. Elles avaient pu alors se rendre compte qu'elles avaient beaucoup de points en communs, qu'elles aimaient les mêmes choses, qu'elles avaient la même sensibilité et le même caractère. Et elle était devenue une de ses meilleures amies. Pourquoi ? Parce qu'elle était dévouée, efficace et c'était typiquement la fille que tu appelais pour cacher un corps, et qui, en plus de venir, pense à apporter deux paires de gants.

En attendant, elle alla s'asseoir le long de la Midouze et regarda l'eau coulait. Mont de Marsan est surnommée la ville aux « trois rivières» et la ville s'est établit au confluent de deux rivières : le Midou et la Douze. Elles se rejoignent en plein centre ville, là où se trouvait Gwen pour en former une troisième : la Midouze, principal affluent de l'Adour. Gwen avait longtemps écouté son grand-père lui raconter l'histoire de la ville, qu'elle avait été fondée au Moyen-âge autour de ses rivières, que c'était la principale ville fortifiée des Landes et qu'il en restait beaucoup de vestiges que certains montois ne supposait même pas, comme le donjon Lacataye qui est maintenant un musée, comme les rues médiévales et les anciens remparts qui forment la place du Donjon. En regardant l'eau passait à quelques mètres sous ses pieds, elle se dit qu'elle vivait dans une ville magnifique et chargeait d'histoire. Elle fit sortie de ses pensées par l'arrivée de son amie. Les deux copines étaient aussi petite l'une que l'autre, toutes les deux blondes, mais Ophélie avait de beaux yeux émeraudes. Elles s'embrassèrent et partirent en direction de leur restaurant favori, « Chez Régis ».

Tout en traversant la place de la mairie, Ophélie expliqua à Gwen qu'elle avait, elle aussi, reçu le carton d'invitation ce matin et qu'elle se questionnait sur la réponse qu'elle devait donner. En remontant la rue du 4 Septembre, Gwen lui fit part de son envie d'y aller mais pas seule ... et pas avec Maël non plus. Ophélie la regarda interloquée et compris qu'elles avaient beaucoup de choses à se dire. En un mois, il s'en passait des choses ... et Ophélie en savait quelque chose ! Elle ne savait pas trop comment annoncer la grande nouvelle à sa meilleure amie. Puis, en arrivant au niveau de la petite place Pitrac, elle finit par dire :

- J'espère que c'est Régis qui va nous servir, je vais devoir faire ma chiante pour le repas.

- Ah bon ? Pourquoi ?

- Et bien, je ne peux pas manger n'importe quoi ... Pas de viande saignante, pas de ...

La phrase d'Ophélie fut coupée par Gwen qui hurla en passant devant les bars « Oh mon dieu ! Tu es enceinte ! ». Gwen avait de suite compris les sous entendus de son amie et elle sautait de joie en criant qu'elle voulait tout savoir. Ophélie, elle, rigolait de l'enthousiasme de Gwen, tout en vérifiant qu'elle ne connaissait personne aux alentours.

Elles continuèrent leur chemin en bavassant comme deux adolescentes, se dirigeant chez Régis, une brasserie de la place St Roch. Cette place de Mont de Marsan était aussi connue que la place de la mairie. C'était une place qui avait été peinte en rouge, et qui était devenue piétonne. Elle était entourée de bar et restaurant, ce qui l'a faisait beaucoup vivre.

Les deux femmes s'installèrent en terrasse, Gwen au soleil et Ophélie à l'ombre, peut être leur seule différence, et elles continuèrent à se raconter leur vie. Mais surtout, la grossesse d'Ophélie et les potins des gens qu'elles connaissaient. Ensemble, elles étaient de vraies commères et elles adoraient ça. Bien sur, Ophélie avait plus d'informations que Gwen, vu qu'elle avait Facebook. Gwen avait mis en pause son compte depuis quelques années, et se portait tellement mieux de vivre sans réseau social. Elle était libre, n'était plus épiée, le moindre de ses faits et gestes n'étaient plus jugées et surtout ne faisaient plus le tour de la ville. Seules les personnes à qui elle avait dit les choses étaient au courant et elle aimait ça, avoir le contrôle de sa vie.

Elles finirent par se mettre d'accord et qu'elles iraient ensemble à cette réunion d'anciens élèves.

- Pourquoi tu ne veux pas y aller avec Maël ?

- Je ne sais pas, ça fait quelques temps que ça ne va plus trop ... j'ai l'impression que nos différences prennent le dessus. On aime rien en commun, on ne partage plus rien à part un lit ...

- Ça ne va pas à ce point entre vous ?

- Oui ... Il ne s'intéresse plus à moi. Et j'aimerai qu'on me regarde avec amour, qu'on me dise que je suis belle, que je suis la femme de sa vie. J'aimerai qu'on m'amène au restaurant, au cinéma, en voyage, qu'on me fasse des cadeaux sans qu'il y ait d'occasions particulières, juste pour me faire plaisir. J'aimerai qu'on parle de tout et de rien, qu'on s'intéresse à autre chose que du foot ...

- Oui là tu cherches un prince charmant chérie !

- Oui je sais ... Julia me dit que c'est le cap de sept ans ... mais ça fait plusieurs années que c'est comme ça. Je me suis habituée à la situation mais plus le temps passe, moins elle ne me convient. J'ai essayé de me convaincre que les histoires d'amour comme dans les livres ou les films n'existent pas, que je ne suis plus une petite fille pour rêver du prince charmant et des contes de fées ... mais je veux plus, plus que ce qu'il ne m'offre ...

Gwen ne finit par sa phrase, sachant au fond d'elle ce qu'elle sous-entendait. Et Ophélie resta silencieuse ne sachant trop quoi répondre à sa meilleure amie.

En rentrant chez elle, Gwen remarqua que tout était fermé et qu'il n'y avait pas de lumière.

Bizarre, il n'est que 22h17. Je ne rentre pas si tard que ça pourtant.

Elle pensait trouver Maël devant un match de foot, une bière à la main, en ce vendredi soir. Elle entra chez elle et se rendit compte qu'il était au lit - tant mieux ! Elle s'approcha doucement de la chambre et entendit des ronflements - que c'est sexy ! Elle revint sur ses pas, toujours sur la pointe des pieds, et partie dans la cuisine. Elle se fit chauffer un thé, alluma la télé et s'installa sur le canapé avec un plaid. Oui même en plein mois de Juillet, elle mettait un plaid sur ses jambes. Non, elle n'était pas folle, juste habituée comme ça. Elle repensa à ce carton d'invitation, la soirée était dans trois semaines. Elle allait avoir le temps de trouver sa tenue, et de se préparer psychologiquement. Bien sur, elle avait de bons souvenirs de cette époque, bien que pas les meilleurs quand même. Mais elle avait rencontré de belles personnes, bien qu'à part Aurélie, elle n'avait pas gardé de contact.

Ça sera peut être l'occasion de renouer le contact. Mais c'est que ma classe ou toutes les classes de cette année là ?

Elle attrapa l'invitation et la scruta attentivement. Il n'était pas mentionné de BAC précis, juste l'année 2009. Soudain, elle commença à paniquer. Il y avait de fortes chances qu'il soit là. Était-elle prête à le revoir ? Dix ans après ?



En suivant, il appela Victor, son grand ami, qui lui informa que lui aussi avait reçu le carton d'invitation. Ils se donnèrent rendez vous à leur bar préféré, et peut être futur lieu de travail de David, le Potcheen. Il se trouvait sur une petite place à Mont de Marsan, la place Pitrac. C'était un coin un peu en retrait, à côté d'une auberge espagnole. Ils s'installèrent tranquillement en terrasse et commencèrent à discuter. Victor lui expliqua l'ambiance générale qui tournait en ce moment à l'hôpital. Il était interne, en deuxième année de son externat. Il voulait se spécialiser en gynécologie, pour voir le plus de filles possibles. Au cas où vous n'auriez pas déjà compris, Victor était le Don Juan de la bande. Il raconta à David que son stage du moment, en chirurgie, se passait très bien. La plupart des infirmières et aides soignantes étaient jeunes et il s'en donnait à cœur joie. David l'écoutait d'une seule oreille, repensa à son rendez vous avec ce connard de conseiller.

- Qu'est ce que tu as vieux ? lui demanda Victor, en voyant qu'il ne l'écoutait pas tellement

David lui raconta sa mésaventure de ce matin, mais aussi, qu'il allait commencer son boulot de serveur demain. Victor était super content, sûrement parce qu'il pensait qu'il allait pouvoir avoir des verres gratuits.

- On pourra venir faire les soirées étudiantes infirmières et de médecines ici ! Ça sera notre QG !

Ils rigolèrent ensemble à la perspective qui se dessinait sous leurs yeux, tout en recommandant une bière. Quelques instants plus tard, Victor était entrain de draguer les filles à la table voisine, quand David leva les yeux de son téléphone portable en entendant un cri. Deux filles passaient dans la rue voisine, deux blondes et l'une d'elle venait de hurler. Il cru reconnaître la voix de son ex et de loin, il faut dire que l'une des deux blondes lui ressemblait vaguement. Mais, avec le soleil, et sûrement l'effet de l'alcool, il n'était pas sûr de lui à 100%. Il allait se lever pour aller vérifier, quand Victor lui présenta les fameuses demoiselles de la table d'à côté.

- Mon pote David, je te présente mes nouvelles amies, Marie et Inès. Les filles, voici le futur serveur de ce bar !

Ils pouffèrent et Victor fit un signe au patron, en disant qu'il leur offrait ce qu'elle voulait. David se rassit, se disant qu'il avait du rêver, et fit connaissance avec Marie, la blonde des deux. Elles étaient infirmières à l'hôpital de Mont de Marsan, en psychiatrie et en chirurgie.

Très intéressant ... Je crois que je suis malade !

Ils discutèrent toute la soirée avec elles, jusqu'à ce qu'elles partent, leur laissant leur numéro de téléphone respectif.

- Et dire qu'il y en a dans tous les couloirs de l'hôpital ! Tu es sur que tu ne veux pas devenir brancardier ou agent de la sécurité ? Je te fais rentrer en 2/2 !

David éclata de rire, tout en déclina son offre. Ils continuèrent leur soirée sur la lancée, en parlant de tout et de n'importe quoi, avant d'être rejoins par Ludovic, l'un des quatre membres de leur groupe et surtout le meilleur ami de David. Oui ça faisait un peu boys bands. Mais dans ce groupe, ils se connaissaient tous depuis plus de quinze ans, avaient fais les 400 coups ensemble, et ne s'étaient jamais quitté. Ludovic et David s'étaient connus lors de leur cours de théâtre, ils avaient alors à peine huit ans. Et depuis leur amitié était infaillible. Rien ne les avait séparé, pas même une fille. En arrivant, Victor parla à Ludovic du futur boulot de David. Mais l'arrivant avait l'air préoccupé :

- Vous aussi vous avez reçu l'invitation ?

- Oui ce matin, confirma Victor

- Qu'est ce qu'on fait ? On y va ou pas ?

David resta silencieux, attendant de voir les réponses de ses amis.

- Moi, rien que pour voir Julie, je suis partant ! Lâcha Victor, toujours aussi chaud quand on parlait de filles et surtout, de Julie, la fille qui l'avait fait rêver tout le lycée.

- David ? Qu'est ce que tu en dis ? demanda Ludovic

- Pourquoi pas ? Après tout si on y va tous ensemble, ça peut être sympa ...

Mais pourquoi j'ai dis ça ? Idiot ! Bien sur que non je ne veux pas y aller !

- Bon alors, c'est réglé ! Je n'avais pas envie de revoir certaines personnes, mais si vous êtes chaud tous les deux ! Et puis Pierre sera enchanté d'y aller je pense aussi.

Voilà c'est foutu ! Je suis un abruti fini ! Je trouverai bien une excuse pour ne pas y aller. J'ai trois semaines pour y réfléchir, ça me laisse du temps !

Ils finirent leur soirée, à boire et rigoler devant le match de foot. David aimait ses soirées comme ça avec ses amis. Il manquait Pierre bien sur, le quatrième du groupe, il était électricien et il voyageait de chantier à chantier partout en Aquitaine. Alors, souvent le vendredi soir, il finissait tard. Ludovic lui, en tant qu'éducateur spécialisé, il avait des horaires de fonctionnaires, et finissait le vendredi à 15h. Quand je vous disais, fonctionnaire ! Et Victor, il se trouvait que ce weekend là, il n'était pas d'astreinte donc c'était parfait. Une fois le match de foot fini, ils étaient rentrés chacun chez soi : Ludovic avec sa nouvelle copine le tyran, Victor chez sa conquête du soir et David dans son appartement, seul, oui car chez lui, il ne ramenait jamais de filles. Il était épuisé et ne mit pas longtemps à s'endormir d'ailleurs.

Heureusement que ce bar n'ouvre qu'à 13h ! Grasse matinée j'arrive ! J'espère ...



Flashback Deux

Il sonna et attendit que son ami arrive. Il était un peu gêné d'être là, car il n'allait connaitre personne. C'était l'anniversaire de son meilleur ami mais finalement, il ne le connaissait pas en dehors de leur club de théatre. Il ne tarda pas à arriver au portail et l'accueilli avec beaucoup d'enthousiasme. Il le conduisit vers l'arrière de la maison, où se trouvait une terrasse couverte avec un grand jardin qui descendait à pic vers une petite rivière. Il y avait déjà beaucoup de monde d'installé, ce qui accru un peu plus son mal être. Cependant en s'approchant, il se rendit compte qu'il n'y avait que des garçons, ce qui le rassura. Il serra les quelques mains tout en se présentant et s'assit tranquillement. Il répondu à son ami qu'il souhaitait boire un Whisky quand une jeune fille déboula de l'intérieur de la maison, les mains pleines de nourriture. Et il en resta estomaqué, ce n'était pas possible. C'était elle, la belle inconnue responsable de ses nuits d'insomnie. Il n'arrivait pas à la quitter du regard, il ne pensait pas la revoir et pourtant, elle était là, encore plus belle que dans ses souvenirs.

Elle avait fait réchauffer les plats et ils étaient très chauds pour le coup. Elle voulait les amener rapidement dehors. En passant la porte, elle fit bien attention de l'endroit où elle mettait les pieds afin de ne pas tomber avec les plats du repas de ce soir. Elle se félicita d'avoir su garder ses pieds sur la terre ferme quand elle releva sa tête et croisa ce regard. Elle ne pouvait pas oublier ses yeux, cette étincelle, ce pincement au cœur depuis qu'elle avait croisé ses émeraudes il y a un mois. Elle observa ce garçon qui était toujours aussi beau et se demandant bien ce qu'il faisait là, ici. En croisant de nouveau ce regard perçant, ses genoux vacillèrent et des frissons la parcourent. Le magnétisme de ce garçon irradiait tous ses sens. Elle tomba, pas réellement, mais amoureuse sans pouvoir combattre ses sentiments.

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