Chapitre 6

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En revenant chez elle, Gwen remarqua que Maël était réveillé, car les volets étaient ouverts. En entrant, elle se rendit compte qu'il n'avait pas bougé du canapé et il ne se tourna même pas pour voir qui c'était, sûrement trop concentré sur sa télé. Gwen lança un grand « Bonjour » qui n'eu aucune réponse. Super l'ambiance ! Étonnamment, ce n'était pas la colère qui naissait en elle mais la déception.

Et si j'essayais de sauver une histoire perdue d'avance ? Je mérite peut être mieux quand même ...

Elle attrapa son livre et sortie sur la terrasse pour lire. Au bout de quelques minutes, Maël sortit en trombe et lui dit :

- Je vais chez ma mère quelques jours. J'ai besoin de réfléchir

Elle le regarda impassible. Quoi lui dire ?

Pourquoi ça ne me fait rien ce qu'il me dit là ?

Ne la voyant pas réagir, il tourna les talons et sorti de l'appartement en râlant. Gwen s'étonna de se sentir d'un seul coup sereine, presque libérée.

Et si c'était ce que j'avais voulu ? Qu'il parte ?

Elle appela Julia pour lui dire que Maël était parti chez sa mère et son amie lui dit qu'elle passerait en sortant du travail. Elle continua de lire un moment puis eu chaud et rentra boire un coup. En passant devant son ordinateur, elle décida de faire un tour sur internet. Elle mit de la musique et regarda les informations. En passant son curseur sur le haut, elle vit le lien pour Facebook.

Je clique dessus ? Ou pas ?

Elle avait eu un compte avant, qu'elle avait alimenté de photos et statuts. Mais elle avait arrêté d'y aller et l'avait mis en pause. Ça l'agaçait que n'importe qui puisse tout savoir de sa vie. Il suffisait qu'une amie à elle l'identifie sur une photo pour que les gens sachent qu'elle n'était pas chez elle, avec qui elle était et ce qu'elle faisait. Et elle aimait trop sa liberté, son indépendance pour ça. Étonnamment, elle était tentée d'aller faire un tour sur son compte. Voir ce que ses « amis » avaient mis ces dernières années. Oui déjà quatre ans qu'elle n'y était plus, le temps passe si vite. Après une petite réflexion, elle cliqua sur le lien. Le site lui redemanda son mot de passe et elle arriva instantanément sur un mur d'activités. Elle revu des noms de personnes avec qui elle avait été en classe, n'importe quelle classe d'ailleurs, de la maternelle au lycée. Des personnes avec qui elle avait grandi, dont elle avait été proche puis dont elle s'était éloignée, ou inversement. Des personnes qu'elle connaissait à peine mais qui l'avait demandé en ami. Des personnes qui lui avait à peine parlé mais qui avait du découvrir qu'elle côtoyait des gens qu'ils connaissaient et donc comme on dit, les amis de mes amis sont mes amis. Elle commença à regarder les photos des gens qui apparaissaient au fur et à mesure qu'elle descendait son curseur.

Ah tiens, elle a des enfants elle. Ils sont chou !

Oh et lui il sort toujours autant apparemment. Faudrait qu'il pense à faire autre chose de sa vie.

Punaise, ils se sont mariés ! Mais ils sont ensemble depuis combien de temps ?

Pff, elle, elle raconte toujours autant sa vie. Elle ne me manque pas

Soudain, son regard se posa sur une photo où apparaissait son ex. Il n'avait pas changé. Il avait coupé un peu ses cheveux, mais c'était le même visage, les mêmes yeux, ce même regard transperçant. En le fixant, elle avait l'impression que c'était elle qu'il regardait et elle en rougit. Mais en regardant un peu plus profond dans son regard, elle cru voir de la tristesse.

Tu fixes l'objectif et moi j'ai l'impression que tes yeux me regardent et que ton sourire est pour moi. Je peux voir la forme de tes lèvres se dessiner quand tu parles, tes dents apparaître quand tu ris, la douceur dans tes yeux, et mon cœur bat un peu plus vite. Je regarde tes magnifiques cheveux que j'ai tend envie de passer ma main dedans, je rêve de les toucher encore une fois. J'imagine les conversations que l'on pourrait avoir si on se recroisait. Je te dis toujours des tonnes de chose mais je n'arrive pas à imaginer tes réponses. Je ne les connaîtrais surement jamais. C'est comme ça dorénavant, je ne saurais plus ce que tu penses, comment tu vas, ce que tu fais de tes journées, avec qui tu ris, contre qui tu es en colère, pour qui ton cœur bat... Je ne connaîtrais plus rien de toi. Je t'appelle, je te parle tout les jours mais tu ne m'entends pas. Je rêve de pouvoir t'atteindre simplement en pensant très fort à toi, mais c'est tellement ridicule ... Je suis ridicule !! Ressaisis toi ma vieille !

Elle observa les gens sur la photo avec lui. Elle les connaissait tous sauf la brune tout à droite.

Surement sa petite copine ... Elle est mignonne ... Ils vont bien ensembles

Dire qu'elle avait été tellement proche de tous ces garçons sur la photo et qu'ils ne se parlaient même plus. Elle avait grandi avec deux d'entre eux, avait fait toutes les conneries possibles, ils avaient tellement de souvenirs ensemble. Elle les ressortait certains soirs ... mais ils lui faisaient plus de mal qu'autre chose. Et bien oui, les souvenirs ça ne se touche pas, ça ne se sent pas, ça ne parle pas ... et puis ils changent au fur et à mesure du temps, on ne retient que ce qui nous intéresse ... pour finir par disparaître. Ce qui avait du se passer pour ses amis, vu qu'ils ne répondaient même pas à un message d'anniversaire.

Comment les gens peuvent-ils changer à ce point ? Et si c'était moi qui avait changé ... et que les gens s'étaient éloignés car ils ne me reconnaissaient plus ? Je ne suis pas parfaite et j'ai fais tellement d'erreur ... j'ai du les faire fuir.

Ou l'amitié que je leur proposais n'était plus assez bien ? N'était plus suffisante ? Plus intéressante ? Après tout, on ne doit plus avoir les mêmes points communs. J'aurai du leur laissé plus de souvenirs, pour qu'ils mettent plus de temps à m'oublier ...

Soudain, Gwen se sentit nostalgique de cette époque, et triste. Et l'inspiration l'envahit. C'était ça son point de départ ! Elle voulait écrire, écrire son roman qu'elle n'avait pas touché depuis trois ans. Elle mit ses écouteurs et se lança tant que son inspiration était toujours bien présente.

Elle était tellement concentrée qu'elle n'entendit pas Julia arriver. Cette dernière frappa à la porte et entra. Elle avait l'habitude de faire ça, comme de répondre au téléphone de l'autre ou de dormir ensemble. Julia chercha son amie qui se trouvait dans la chambre d'ami qui faisait office de bureau. Gwen était concentrée sur son ordinateur, les écouteurs dans les oreilles. Elle tapait comme une folle sur son clavier d'ordinateur, les touches faisant une drôle de musique sous les doigts de la blonde. Julia s'approcha doucement et se rendit compte qu'elle avait repris son roman.

Son amie avait été la première à savoir qu'elle écrivait un livre. Gwen était tellement pudique et peut sûre d'elle qu'elle n'en avait parlé à personne. Ni à sa mère, ni à Ophélie, ni à Maël ... surtout pas à Maël d'ailleurs. Seulement à Julia. Et cette dernière avait été de bon conseil pour l'apprentie. Elle avait su lui dire où et quand ça ne collait pas, quand elle devait être plus précise ou moins descriptive. Julia savait qu'elle avait arrêté d'écrire depuis plusieurs années et elle s'était toujours demandé si sa relation avec Maël n'avait pas joué là dedans.

Au début de sa relation avec ce dernier, Gwen était toujours la même mais au fil des années, elle était devenue mois enjouée, moins épanouie, moins rigolote. Avant, elle rêvait de faire pleins de choses, voyait la vie en grand, était toujours de bonne humeur pour rire et faire des blagues. Et cela manquait à Julia, car elle ne reconnaissait plus son amie depuis quelques temps. Et le fait de savoir qu'au départ de Maël, elle avait repris son roman, confirmait sa pensée. Elle ne la dérangea pas et la laissa écrire son œuvre. Elle s'installa sur le canapé et commença à regarder la télé.

Au bout d'un moment, Gwen s'arrêta d'écrire. Elle avait enchaîné les 18 pages d'écriture sans s'en rendre compte. Elle avait eu l'imagination d'un seul coup et elle sentait que ça revenait petit à petit. Mais là, elle avait soif, faim et surtout très mal au dos et aux doigts. En se dirigeant vers sa cuisine, elle se rendit compte qu'il y avait quelqu'un sur son canapé.

Oh non ... il est déjà revenu ?

Mais elle eu un éclair et se rappela que Julia devait venir la voir.

Merde ! Je l'ai complètement oublié avec ce roman.

Elle s'approcha doucement, en se rendit compte que son amie s'était endormie sur son canapé devant D&Co.

La pauvre, elle était fatiguée de sa matinée et elle est quand même venue me voir. Et moi, je ne l'ai même pas entendu. J'étais trop concentrée sur mon roman pour m'occuper de mon amie. Quelle honte ! Quelle nulle ! Elle aurait du me couper ! Quoi que ... j'aurai peut être perdu mon imagination si elle l'avait fait ...

Gwen baissa le son de la télé et ne l'éteignis pas car elle savait que Julia avait l'habitude de s'endormir avec le bruit en sourdine. Depuis qu'elle avait rompu d'avec son gamin de petit copain elle avait du mal à se retrouver seule dans son appartement, et laissait allumer la télé jour et nuit pour avoir une présence. Gwen lui déposa délicatement un plaid sur les épaules et jeta un coup d'œil à l'heure : 17h26.

Sérieux ? J'ai écris pendant plus de 4h !

Qui l'aurait cru. Étrangement, elle se rendit compte qu'elle était bien, calme, presque heureuse de la situation actuelle. Ça faisait d'ailleurs longtemps qu'elle ne s'était pas sentie si légère, et ça faisait du bien.


L'après midi famille avait été longue pour David, ce repas de famille était pour faire plaisir à son père et heureusement que son frère et sa cousine avaient été là. Ils avaient blagué, s'étaient baignés, tout cela sans qu'il ne pense si à son ex, ni à Angélique. Un vrai moment de bonheur !

Le lendemain, il faisait beau et chaud et donc, Ludo et David décidèrent d'aller surfer. Le bar était fermé le lundi et Ludovic était en vacances. Ils prirent la voiture et filèrent jusqu'à Mimizan, une ville côtière des Landes. Ils étaient habitués à venir surfer là, les parents à Ludovic y ayant un pied à terre. Ils se changèrent rapidement dans la voiture, attrapèrent leur planche et partirent sur les vagues de l'Atlantique. David aimait cette sensation de liberté, de puissance face à l'océan. Il aimait l'eau depuis tout jeune et il y passerait des heures. Il profita des vagues, ne pensait à rien à part de profiter. Au bout de plusieurs heures, ils sortirent et se rejoignirent sur le sable. Ludo lâcha rapidement :

- Tu es sur que ça va toi ?

- Oui. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Par rapport à cette réunion, tu es sur que tu veux y aller ?

David resta silencieux.

- On sait tous les deux qu'il est possible qu'elle y soit. Tu te sens prêt à la voir ?

Silence.

- Parle-moi putain. Tu es chiant avec ça ! Tu sais que c'est ton défaut, elle te l'avait dit d'ailleurs ! Dis ce que tu penses, je ne peux pas deviner même si je te connais bien.

David était surpris. Ludovic ne lui avait jamais parlé comme ça.

- Je ne sais pas si je suis prêt ... j'ai peur de la voir ...

- Peur ? ... Peur de quoi ?

- Peur de me rendre compte que je l'aime toujours et que ce n'est pas réciproque. Peur de me rendre compte que je ne l'ai pas oublié mais qu'elle, si.

Ludo ne su pas quoi dire à son meilleur ami. Il lui avait demandé de se livrer et il ne savait pas quoi répondre à cette confession inattendue.

- Heureusement, vous serez là avec moi, finit par lâcher David comme pour se rassurer

Les deux amis surfèrent le reste de l'après midi et décidèrent de rester dormir à l'appartement de la famille de Ludovic. Ce dernier appela sa copine et David l'entendit hurler à l'autre bout du fil. Ça le fit beaucoup rire, ce qui n'était pas le cas de Ludovic qui cherchait sans cesse à s'excuser. Puis, ils se firent une soirée pop-corn, Game of Thrones et bière, une bonne soirée mec quoi. Angélique lui avait écris toute la journée mais il n'avait pas répondu. Elle commençait à devenir un peu trop collante là. Et il n'aimait pas les sangsues.

Le lendemain, il était arrivé à tant pour prendre le boulot et il fut surpris de voir débarquer Angélique quelques heures plus tard sans prévenir.

- Ah si tu es toujours vivant, je me demandais.

Super, elle commence déjà à me chercher celle là

- Oui désolée. J'étais à Mimizan avec un pote et je n'ai plus eu de batterie. Je suis rentré pour le boulot et je n'ai pas eu le temps de te répondre.

- Arrête avec tes excuses à la con. Si tu ne veux plus me voir, tu n'as qu'à le dire franchement

OK, si c'est ce que tu veux entendre alors ...

- Comme tu veux. Alors oui, Je ne veux plus te voir

Elle le regarda un moment, estomaquée mais pas de ce qu'il venait de dire, plutôt de sa façon de le dire. Hautain, froid, distant. Elle lui décrocha une gifle monumentale et partie très énervée.

Aie ! Sa bague m'est rentrée dans la joue ! Bon je ne l'ai pas volé. Mais elle ne pensait quand même pas qu'on allait se marier ensemble ?

Et cette scène lui donna envie de la dessiner. Il attrapa le premier bout de serviette qui traînait et dessina quelques scènes. Il rigolait tout seul devant ses dessins. C'était un bon début ! Il finit sa journée et rentra chez lui rapidement. Il ressortit les esquisses et essaya d'en continuer d'autres. Mais encore un coup, panne sèche.

Décidément ! Je ne suis peut être pas fait pour être dessinateur après tout ....



Flashback Six

Elle était là, dans le même lycée que lui. C'était trop, déjà qu'il avait du mal à ne pas succomber à son charme en la voyant que les weekends, s'il la voyait tous les jours, c'est sur qu'il allait fondre.

Il était dans le même établissement et elle en était plus qu'heureuse. Elle allait pouvoir le voir tous les jours, et parler avec lui tous les jours. Elle voulait passer le plus de temps possible avec lui.

Quelques semaines après le début des cours, il sorti de sa classe d'anglais et elle était là, dans le couloir, entrain de discuter avec ses copines. Il mémorisa cette image dans sa tête : elle, riant, le visage éclairé tout le couloir. En arrivant à sa hauteur, elle se renfrogna et il se demandant quel était le problème. Il le comprit très vite. Elle était jalouse. Elle l'avait vu ce matin là avec cette fille, ce vampire. Elle lui avait joué des cils, lui avait touché le bras, et l'avait presque embrassé, sur la joue mais pas loin de la bouche quand même. Et il n'avait rien dis. Elle avait pensé à ça toute la matinée, et n'avait rien écouté de son cours de biologie. Elle ne voulait pas le voir, pour ne pas qu'il comprenne, mais dès qu'il croisa son regard, il su qu'il y avait quelque chose. Et elle ne pu lui cacher plus longtemps sa jalousie. Il avait éclaté de rire et l'avait pris dans ses bras. A ce moment là, elle avait sentie son cœur arrêter de battre quelques secondes. Il ne lui en fallait pas plus pour que sa jalousie s'évanouisse. Elle comptait pour lui, elle le savait. Il l'avait dans la peau, il le sentait.

A la pause déjeunée, il la rattrapa dans la file d'attente pour manger et lui tendit un morceau de papier. Il l'avait dessiné : elle, dans le couloir, des rayons de soleil sortant de son corps. Il n'avait rien écouté de son cours de maths et s'était concentré sur l'image que ses nerfs optiques avaient enregistrée d'elle dans ce couloir. Il voulait qu'elle se voie comme il la voyait. Il voulait qu'elle sache qu'il ne voyait qu'elle.

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