Chapitre 7

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Gwen écrivit la plupart des jours qui passèrent sans prendre de nouvelles de Maël, et sans répondre au téléphone. Elle dormait, allait au boulot, rentrait et écrivait. Dans n'importe quel ordre d'ailleurs. Ses amies avaient fini par débarquer en urgence pensant qu'il lui était arrivé quelque chose, alors qu'en fait, elle ne faisait qu'écrire son roman, jour et nuit.

Pour lui changer les idées, Julia et Ophélie l'amenèrent au feu d'artifice du 14 Juillet. Gwen n'avait pas eu envie de sortir, mais les filles ne lui avait pas laissé le choix, lui disant que ça lui donnerait peut être de l'inspiration. Au final, en arrivant en ville, Gwen était heureuse d'être avec ses amies, et se dit qu'elles avaient bien fait de la forcer à sortir. Il y avait beaucoup de monde partout et Julia s'arrêtait toutes les deux minutes pour dire bonjour à quelqu'un. Ça se voyait qu'elle travaillait sur le site de l'hôpital de la ville, elle connaissait tout le monde.

Soudain un premier pet débuta pour annoncer le début du feu. Gwen adorait les feux d'artifice, elle aimait voir cette danse de lumière, de couleurs et de formes. Maël n'aimait pas, il trouvait que ça faisait trop de bruit et du coup cela faisait une éternité qu'elle n'en avait pas vu un. En admirant celui qui se jouer sous ses yeux, elle essaya de se souvenir du dernier qu'elle avait pu voir. C'était pour les fêtes d'Aire sur Adour, il y avait maintenant ... neuf ans ! Et c'était son ex qui l'y avait amené pour lui faire plaisir.

Le feu d'artifice avait été tiré au dessus de la rivière comme celui qui se déroulait sous ses yeux. A la différence qu'aujourd'hui, personne ne se tenait derrière elle la tenant par la taille, il n'y avait personne derrière elle en qui elle pouvait se blottir. Elle se souvint qu'il l'avait alors serré dans ses bras et qu'il avait posé sa tête sur son épaule. Le sentiment qu'elle avait ressenti à ce moment là était indescriptible tellement elle avait été heureuse. C'était un simple geste d'affection qui résonnait en elle comme une preuve d'amour magnifique. Et voilà que neuf ans plus tard, elle ne pouvait que regretter d'être seule malgré la présence de ses amies devant le feu d'artifice, de regretter de ne plus le voir, de ne plus lui parler ...

Après le spectacle, les filles proposèrent d'aller boire un coup par là. Aucunes d'elles ne travaillaient le lendemain et c'était l'occasion ou jamais. Elles arpentèrent les rues en cherchant un bar où il n'y avait pas trop de monde. Elles finirent par s'installer sur la terrasse de la Rhumerie, un bar à la place St Roch. Elles commencèrent à parler de tout et de rien comme à leur habitude. Ça faisait du bien à Gwen de se retrouver là avec ses amies. Ça lui changeait les idées ... et lui en donner pour son roman ! Elle fut coupée dans ses pensées par Ophélie :

- Au fait, j'ai eu des nouvelles d'Éloïse ! Tu t'en souviens ?

- Oui bien sur, comment elle va ?

- Très bien. Elle m'a envoyé un message sur Facebook pour savoir si j'allais à la réunion des retrouvailles. Elle était enchantée de savoir qu'on y allait toutes les deux.

Tu parles, on s'était quittées un peu fâchées, elle ne doit pas être si enchantée que ça

- J'étais étonnée qu'elle me dise ça, j'avais compris que c'était juste notre classe pas toi ?

- Si, moi aussi ... mentit-elle

- Apparemment, il va y avoir toutes les classes qui ont été diplômé du BAC en 2009. Toutes les terminales de notre année quoi ...

Gwen regarda Ophélie et su le fond de sa pensée en un regard. Ophélie avait compris ce que Gwen avait compris il y avait déjà une semaine. Julia les regardait à tour de rôle ne sachant pas ce qu'il se passait.

- J'ai l'impression d'avoir loupé un wagon là ... si l'une de vous pouvait m'éclairer ça serait sympa les filles, ajouta la brune

- Tu lui dis ou je le fais ? demanda Ophélie, sur un ton autoritaire mais compréhensif

Gwen ne répondit rien. Le fait d'en parler, de mettre des mots, cela ferait devenir ça réel. Trop réel. Et cela voudrait dire que ça allait vraiment arriver.

- C'était à cette époque qu'elle sortait avec David, il était dans la classe des S en même temps que notre classe. Si Éloïse en L a reçu l'invitation, et nous en ST2S aussi, alors lui aussi. Et il risque donc d'être présent.

Julia se tourna vers Gwen et, là aussi, elles se comprirent en un regard. Julia savait l'effet que cet homme avait sur elle. Savait qu'elle écrivait un roman sur lui. Gwen se senti nue face à ses amies. Transparente. Comme si ses amies pouvaient lire ses pensées les plus secrètes. Et sale en même temps. Car elle était toujours officiellement avec Maël. Elle avait l'impression que tout le monde pouvait lire en elle, le fond de son âme, le fond de ses rêves, de ses pensées. Aucune d'elle ne dit plus rien la dessus et Gwen leur en était reconnaissante. Elles la connaissaient bien et donc savaient qu'elle en parlerait quand elle serait prête ; mais avant, c'est qu'elle ne pouvait pas. Et Gwen avait un poids dans son estomac ... et dans son cœur de penser à lui. Elle était presque en séparation d'avec Maël et au lieu d'essayer d'arranger les choses dans son couple, elle pensait à David sans cesse, jour et nuit vu qu'elle écrivait un livre sur lui.

Si ça ce n'est pas être infidèle, que quelqu'un me réexplique la définition !

Elles finirent la soirée tranquillement sans revenir sur ce sujet. Ophélie et Gwen se quittèrent en se disant à vendredi, jour de cette fameuse soirée « retrouvailles ». Et Julia ramena Gwen à son appartement. Aucune d'elle ne dit quelque chose sur le trajet. Mais en repartant, après l'avoir déposé, Julia lâcha :

- Je suis là si tu veux parler. Tu ne fais rien de mal, tu cherches le bonheur. Et tu le mérites ma chérie

Gwen la regarda et lui fit un sourire.

Qu'est ce que je ferais sans mes amies ?


David et ses amis avaient décidé de sortir au bal des pompiers organisé par la ville pour le 14 juillet. Ils avaient regardé de loin les lumières qui jaillissaient au dessus des toits des maisons, sans quitter d'un pied le comptoir. Vers minuit, la foule s'était dissipée, ne laissant que ceux qui voulaient faire la fête, boire et danser. Cela sentait la Madeleine arriver à grand pas.

Les fêtes de la madeleine étaient un moment clé pour la ville de Mont de Marsan. Pendant cinq jours, le centre ville était fermé aux voitures et était envahi par des milliers de festayres. La ville s'habillait de bleu et de blanc, des manèges s'installaient sur les grandes places du Sablar et du commissariat, les bodegas naissaient aux quatre coins des rues, les magasins placardés de grands panneaux en bois pour protéger leurs vitrines, certains espaces vertes étaient clôturés, et des panneaux poussaient partout dans la ville indiquant « Le camping », « Les bus » ou les « Parkings relais ». Certains montois posaient des vacances exprès pour faire la fête jour et nuit. La ville organisait des activités tous les jours : la cavalcade, la procession de Ste Madeleine, la journée pour les pitchouns, les jeux d'eaux pour les adolescents, la course du Moun, le feu d'artifice ... Tout ça rythmait avec des corridas et des bandas.

David adorait ce moment de l'année, où ils se retrouvaient avec ces amis, les proches comme ceux qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Ils passaient cinq jours à faire la fête, à danser, à chanter et l'ambiance était toujours très bonne. Ce qui l'enchanté davantage cette année, c'est qu'il allait servir au bar où il travaillait. Pas tous les soirs heureusement mais du coup, il allait pouvoir faire du non stop. Et ce bal des pompiers annonçait cet événement qui arrivait à grand pas. J-15. Mais avant, il y a cette fameuse réunion des anciens. Et cela l'enchanté beaucoup moins.

A vrai dire, d'un côté il avait hâte de retrouver les personnes de sa classe de S avec qui il avait passé de super moments. S'il n'y avait eu que cette classe, ça aurait été. Mais il y allait avoir toutes les classes, et donc, celle de son ex. Secrètement, il voulait la voir, lui parler, la toucher ... et puis d'un autre côté il se doutait qu'elle allait venir avec son copain et ça, il savait que son cœur ne le supporterait pas. Il avait déjà eu tellement de mal à supporter leur séparation, quoi qu'elle fût inévitable. Mais il ne s'en était pas remis et la voir là, heureuse, amoureuse, avec un beau gosse et sa vie parfaite, ça allait être trop pour son petit cœur. Mais maintenant qu'il avait dit oui, à part si un miracle arrivait ou qu'il attrapait une pneumonie, il allait devoir y aller. Inévitablement. Malheureusement.

Arrête de penser à ça ! A elle ! Regarde autour de toi ! Tes potes, de la musique, de l'alcool à flot, des filles. La vie parfaite ! Profites mon gars !

Il commença à enchaîner les verres d'alcool – pour oublier toujours - au rythme de la musique. Il dansa avec toutes les filles qui lui passaient sous les yeux et ça, toute la nuit. Le lendemain matin, quand il se réveilla, il avait un mal de tête monumental. Il ne se souvenait pas de grand chose et encore moins de la blonde qui dormait à côté de lui.

Merde ! Faut pas que ça devienne une habitude ça !

Il regarda l'endroit où il était. Il reconnu sa chambre, il était chez lui.

Merde ! J'avais dis pas de filles ici !

Il y avait quelques règles à respecter chez lui et la première était : pas de filles. Sauf la bonne. Il se leva doucement, en colère contre lui même et sorti dans le séjour. Dormait sur le canapé Ludovic qui ronflait comme un éléphant et Pierre, qui dormait à même le sol.

Putain mais qu'est ce qu'on a foutu ?

L'appartement était minable, des fringues partout, des canettes de bières, des restes de pâtes gisaient sur la table dans des assiettes, un reste de vomi dans l'évier ... David eu un haut le cœur en voyant le mélange visqueux et parti en courant jusqu'aux toilettes.

Fausse alerte. Ouf.

En revenant, il aperçu Victor dans la baignoire, une touffe brune couchée sur lui.

C'est quoi ce bordel putain !!

Il regarda son horloge qui indiquait 7h34. Il ne se souvenait de rien à part du comptoir des pompiers. Il ne savait pas à quelle heure ils étaient rentrés, ni qui était ces filles, ni pourquoi ils étaient tous chez lui. Alors qu'il avait la sainte horreur de ramener du monde dans son appartement, et encore moins des filles. Et puis ce bordel ... Rien que de voir le bazar, la colère commença à monter en lui. Lui qui était maniaque, de voir ce merdier ... Qu'est ce qu'ils avaient bien pu faire ? On se croirait dans « Very Bad Trip » il ne manquait plus que le tigre et le gamin pour faire le film. Il préféra alors sortir courir un bon coup pour se vider l'esprit ... ou le retrouver ?

Une heure et demie après, il revint chez lui. Victor et la brune avaient dû migrer dans sa chambre parce que la salle de bain était libre. Il prit une bonne douche chaude et fit claquer le pommeau de douche, la porte vitrée, le miroir et ses affaires afin de réveiller tout le monde. En sortant, il vit Pierre et Ludovic assis sur le canapé, le nez sur leur portable.

- Vous vous souvenez de quelque chose par rapport à hier ? Leur demanda David en s'asseyant sur le fauteuil en face – après avoir sorti le soutien gorge rose fluo qui gisait dessus.

Ils éclatèrent de rire et ils lui racontèrent comment il avait bu autant d'alcool qu'en cinq jours de Madeleine. Qu'il avait dansé jusqu'à avoir mal aux pieds et que c'était Victor qui avait dû le ramener en le portant – le crossfit ça aide. Qu'ils avaient trouvé en chemin les deux infirmières, Inès et Marie et qu'elles les avaient suivis, inquiète par rapport à son état de santé.

- Victor s'est chopé Inès la brune et toi tu as sauté sur Marie, la blonde. Très franchement, tu n'as pas dû lui faire grand mal et puis, vu que maintenant elle est avec Victor, je pense que c'est mort pour toi mec.

Les garçons éclatèrent une nouvelle fois de rire. Ils petit-déjeunèrent tranquillement en prenant soin de faire assez de bruit pour faire lever les marmottes qui étaient toujours dans la chambre. Vers 11h, Pierre partit et Ludo resta avec David pour l'aider à ranger le bazar. Au bout d'un long moment, Ludovic lâcha :

- Pourquoi tu t'es mis dans un état pareil mon vieux ?

Pour ne plus penser, à rien ...

- Je ne sais pas ...

- Arrête. Pas à moi. Marie est sortie de ta chambre pour boire un verre cette nuit. Inès ne dormait pas et je l'ai entendu lui dire que tu l'avais appelé Gwen dans ton sommeil

Silence.

- Ça te stresse à ce point de la revoir ? C'est pour ça que tu as bu autant ?

- Oui ça me stresse. Mais j'ai surtout bu pour arrêter de penser ... à elle ... avoua David à son meilleur ami

- Si tu ne veux pas qu'on aille à cette maudite réunion, tu me le dis et je resterai avec toi.

Oui s'il te plaît ... Je ne suis pas assez fort pour la voir heureuse avec un autre que moi ...

David hocha la tête et Ludo compris qu'il venait de passer un marché avec son meilleur ami.

Ça, c'était un vrai pote.



Flashback Sept

Les deux jeunes tourtereaux partirent de la fontaine pour se rapprocher du portail de sortie du parc Jean Rameau. C'était d'un calme olympien et il ne restait à cette heure tardive, seulement que les paons, et les canards qui se baladaient à leur guise. Cela changeait de l'après midi rock'n'roll qu'il y avait eu. Ils marchèrent en silence, il ne savait pas quoi dire, il ne voulait simplement pas qu'elle parte.

Elle se tourna face à lui quand elle se rendit compte qu'il s'était arrêté. Le soleil était en train de se coucher et la luminosité faisait une grande auréole autour d'elle. On aurait dit un ange. Le reflet du soleil donnait à ses cheveux un ton blond doré encore plus clair. Quant à lui, il était face à la luminosité du soleil, ce qui donnait à ses yeux une teinte verte émeraude. Ses yeux étaient d'une couleur qu'elle ne savait même pas qu'elle existait. On se serait cru dans la scène finale d' « Orgueils et préjugés » quand Mr Darcy embrasse Lizzie au soleil couchant éclairant leur amour de mille feux. Avec son regard pénétrant, elle eu la sensation qu'il pouvait lire en elle, d'être à nu ...

Ils se regardèrent un petit moment et il finit par la prendre dans ses bras. Elle posa sa tête sur son épaule et inspira profondément. Il sentait tellement bon ; en sentant ses bras autour d'elle, elle se sentait tellement en sécurité, sereine, en confiance plus que jamais. A l'abri de tout. Elle aurait voulu arrêter le temps. Il la serrait dans ses bras, tout en maintenant doucement sa tête contre lui ; elle semblait si fragile, si vulnérable, il respira l'odeur de ses cheveux, et aurait voulu la mémoriser pour toujours.

Elle finit par lui dire au creux de l'oreille « Merci pour aujourd'hui, c'était une journée parfaite ». Elle lui déposa un doux baiser sur la joue et partit, sans se retourner. Il la regarda partir, et senti que c'était le moment où jamais. Il prit alors son courage à deux mains et s'avança rapidement d'elle. Il la rattrapa doucement et lui glissa un « Je t'aime » au creux de l'oreille. Il voulu l'embrasser mais hésita et c'est alors elle qui s'avança et déposa ses lèvres sur les siennes. Elles avaient un goût sucrées et il n'avait pas envie de les quitter.

Quand ils se décolèrent enfin, elle le laissa là, stupéfait de ce qu'il venait de se passer et heureux. Elle avait attendu ce moment toute la journée, avait cru qu'il n'arriverait jamais. Elle ressentait ce même courant électrique qu'elle avait ressenti la première fois qu'elle l'avait vu. Elle le sentit la traverser de part en part, passer dans sa colonne vertébrale jusqu'au bout de ses pieds. Et cette phrase qui résonnait en elle comme une douce mélodie. Et tout cela en boucle.

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