Chapitre 8

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Ça y est, le jour de la réunion « retrouvailles » était arrivé. Gwen ne savait pas si elle était prête ou pas. Elle avait un peu peur de ce qui allait se passer là bas. Heureusement, Ophélie allait être là. D'ailleurs elle l'attendait de pied ferme. Gwen avait mis une heure et demie à se préparer. Il avait du se maquiller de trois manières différentes avant de trouver la bonne, essayer une dizaine de coiffure et de vernis. Mais ça y est, elle était prête. Elle se regarda un moment dans le miroir.

T'es pas trop mal ; évidemment tu as changé mais bon, tu te défends bien. Courage ! Souris ! Tiens-toi droite !

Elle entendit un coup de klaxon dans la rue, et su que c'était son signal. Elle attrapa une veste et son petit sac et parti rejoindre son amie dans la voiture. En chemin, Ophélie était une pile électrique à l'idée de retrouver leur classe. Elle avait imaginé ce que certains étaient devenu et était entrain d'exposer ses idées à Gwen quand le téléphone de cette dernière sonna.

« J'arrive faut qu'on parle »

Maël. Gwen se décomposa. Quand elle lu le message à sa meilleure amie, cette dernière explosa :

- Non, c'est hors de question ! Je ne fais pas demi-tour ! Il aura qu'à venir demain ! Ce n'est pas quand Mr décide, ça marche pas comme ça.

Elle avait raison ... Merde affirme toi un peu ma petite !

- Tu as raison, je vais lui répondre que je ne suis pas disponible.

- Oui allez ! Et après tu éteins ce foutu téléphone sinon il va te miner toute la soirée.

« Non je ne suis pas là, je suis avec Ophélie. Demain plutôt. Bonne soirée ».

Et bim ! Dans ta face ! Maintenant je l'éteins et je le range, elle a raison.

En deux secondes, le téléphone s'éteignit et elle le rangea dans son sac. Elle allait pouvoir continuer à débattre des idées plus grotesques les unes que les autres d'Ophélie sur les personnes qu'elles aillaient voir. Ophélie s'attendait à rencontrer le petit mari d'Éloïse, la copine mannequin de Vincent. Elle était si enthousiaste de revoir Anaïs et Magalie qu'elle faisait des à-coups avec la pédale d'accélération en parlant.

Si J'avais su, j'aurai conduis ...

En arrivant, il était 20h, et il y avait déjà pas mal de voitures garées. Elles entrèrent et découvrirent le gymnase où, en un temps, elles avaient joué au badminton et au basket : il était métamorphosé. Ils avaient installés des tables sur la droite avec des porte-noms, des verres prénoms, et un vestiaire. Sur la gauche, c'était le stand des boissons, avec un bracelet pour celui qui faisait « Sam». Au fond de la salle, se trouvait un DJ qui passait de la musique doucement, et puis des tables étaient installées à droite et gauche autour d'une piste de danse. Gwen trouvait ça très bien fait, la décoration était jolie et pas trop chargée : ils avaient pensé à tout.

Son regard balaya la salle pour voir qui était déjà présents. Éloïse, évidemment, était la, riant aux éclats, pendue aux bras de son mari, Mr le préfet.

C'est vrai qu'il est petit à côté d'elle

Vincent, le coureur de jupon de l'époque, était aux bras d'une belle blonde enceinte jusqu'aux dents.

Putain ! Le canon la meuf ; même en cloque elle en jette

Anaïs et Magalie étaient attablées ensemble en surveillant leurs enfants qui jouaient sur la piste de danse. Et tellement d'autres visages, certains ne lui disant vraiment rien. Gwen se sentit mal à l'aise, comme pas à sa place, mais Ophélie s'était déjà jetée sur les deux compères commères.

Les filles discutèrent longtemps, rejointes au fur et à mesure par d'autres filles de leur classe. Et oui dans une classe de BAC ST2S - ou Sciences Technologiques de la Santé et du Sociale – il avait pour majorité des élèves féminines, voulant souvent être assistante sociale ou infirmière. Bien sûr il y avait eu quelques garçons dans leur classe, mais aucun n'avait su faire fondre Gwen comme David. D'ailleurs, plus les heures passées, et plus elle se disait qu'il n'allait pas venir. Il n'était pas là, elle avait parcouru la salle du regard toute la soirée. Elle avait vu la table des garçons de S - Scientifique - de 2009, où trônait comme un roi, Victor. Il ne lui manquait que la couronne et le sceptre et on aurait dit le pitre roi de Nottingham dans Robin des bois. Mais, David n'était pas avec lui. D'un côté Gwen se sentit soulagée, elle n'allait pas mettre à l'épreuve son petit cœur qui en ce moment était fragile, et d'un autre, elle ressentait une profondeur déception, comme un gros coup de poing dans son ventre qui lui disait « il a tourné la page lui ! ». L'un dans l'autre, c'était peut être mieux qu'il ne soit pas là.

Elle fut sortie de ses pensées par quelqu'un qui lui tapa sur l'épaule. En levant les yeux, elle vit apparaître sous ses yeux Pierre, son grand ami d'enfance. Il n'avait pas changé : toujours aussi grand, baraqué, mais avait une petite barbe de trois jours. Gwen avait toujours aimé ce garçon pour sa gentillesse presque pathologique et l'attention qu'il portait à tout le monde, comme un ange gardien. Ils se sautèrent au cou, tellement heureux de se revoir depuis le temps. Ils se connaissaient depuis plus de quinze ans, avaient grandi ensemble et avaient été inséparables. Puis, ils avaient perdu contact juste après la rupture de Gwen et David. Les garçons étaient restés soudés et, Gwen avait été zappée. C'est souvent comme ça que ça se passe entre adolescents. Et Gwen ne lui en tenait pas rigueur, bien que certains jours, la nostalgie de son amitié avec lui était insupportable.

Ils parlèrent de tout, ils en avaient du temps à rattraper. Il lui raconta son métier d'électricien, et le sien d'infirmière ; il lui parla de sa rencontre avec Caroline, et elle resta très vague sur Maël. Et puis au bout de quelques minutes, ils ne savaient plus quoi se dire. Cela brisa Gwen, car à une époque, ils auraient pu parler durant des heures. Et voilà que là, ils ne savaient plus quoi se dire. En même temps, quand on ne voit pas les gens depuis longtemps, les liens changent, ils s'éloignent et il est dur de rattraper le temps qui passe. Evidemment, Pierre évitait soigneusement le sujet « David » et, elle faisait très attention aux questions qu'elle posait pour ne pas arriver sur ce terrain glissant. Au bout d'une petite demi-heure, il partit rejoindre la classe des S, où Victor ne faisait que l'appeler depuis près de cinq minutes.

Toujours insupportable celui là.

De loin, Pierre observa son amie qui lui avait été tellement importante. Elle semblait malheureuse. Il observa un peu plus son regard et ses yeux, car il avait toujours su y lire dedans. C'est toujours dans les yeux qu'on voit si les gens sont tristes ou heureux, car un regard ça ne se maquille pas. Et de loin, malgré le maquillage de Gwen, il vit au fond de ses yeux de la tristesse.

Vers minuit, Gwen en eu marre d'entendre parler « bébé » et « mariage ». Elle en avait marre de sourire à tout le monde, et de dire « c'est mignon » à chaque fois qu'on lui racontait des premiers mots ou des premiers pas. Elle ne se sentait vraiment pas à sa place, comme une tache noire au milieu d'une robe de mariée.

C'est décidé, je m'en vais !

Elle se leva d'un bon, fit un signe de la main à toute la table et sortie prendre l'air. C'était trop pour elle, trop de mondes parfaits - ou qui veulent le faire croire - trop de gens heureux qui exposent leur bonheur à la vue de tous – enfin de ce qu'ils disent - alors qu'elle était en pleine séparation d'avec son copain. Enfin, plus elle y réfléchissait, et plus c'est ce qu'elle voulait. Mais Maël n'était pas encore au courant. Elle fut rejointe rapidement par Ophélie :

- Tu veux qu'on parte ?

Pitié oui je n'en peux plus !

- Non c'est bon. Tu as l'air de t'amuser, profites en toi. Je vais aller marcher un peu ...

- Tu es sûre ?

Que je ne veux pas rester une minute de plus dans ce monde de bisounours ? Oh que oui !

- Oui ne t'inquiètes pas.


David passa le début de sa soirée devant la télé. Il essayait de se sortir de la tête Gwen, et cette réunion des anciens de malheur. Mais il n'y arrivait pas. Quand il zappa et qu'il tomba sur « Dirty Dancing », sur une chaîne câblée, c'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase. C'était l'un des films préférés de Gwen, qu'il avait du le voir au moins vingt fois avec elle. En voyant Patrick Swayze danser, il su que quoi qu'il ferait, il ne pourrait pas penser à autre chose. Une chanson, un film, un prénom, un geste, un endroit, un mot, une affiche, un rire. Un rien lui faisait penser à elle, et cela depuis des années.

Depuis leur rupture, il n'avait jamais pu passer à autre chose. Il avait essayé avec quelques filles, mais il n'avait pas pu s'empêcher de les comparer à Gwen. L'une était trop grande, l'autre trop blonde, l'une trop discrète, l'autre trop bavarde. Une d'entre elles avait essayé de le guérir de son premier amour, mais, volontairement ou non, David n'avait pas réussi à s'investir dans cette relation de cinq mois, son maximum. Il avait beau essayer, il n'arrivait pas à l'oublier. Un rien ne lui faisait penser à elle, s'il croisait une petite blonde, il s'arrêtait pour regarder son visage, quand il entendait une chanson qu'elle aimait, son visage apparaissait. Ou quand il avait trié ses affaires de chez ses parents et qu'il était tombé sur toutes ses photos de Gwen et lui, et tous ce qu'elle lui avait offert, ces lettres, ces cahiers de l'époque où ils étaient encore heureux et amoureux.

Il savait qu'il se faisait du mal, que toutes ses pensées, ses souvenirs le rendaient plus triste qu'il ne l'était déjà. Mais il lui était impossible de l'oublier. Elle avait trop compté pour lui. Et il avait toujours su au fond de lui que c'était elle et personne d'autre. Que ça serait elle, la femme de sa vie. Il aimait tout chez elle, son visage ensoleillé, sa beauté, ses petits yeux azurs rieurs, son sourire à tomber, son rire. Ah son rire. Il en ferait une mélodie, elle avait un rire qu'il reconnaîtrait entre milles autres, même après toutes ses années.

20h. Qu'est ce que je fais ? J'y vais ? Je n'y vais pas ? Bon allez je m'habille et j'y vais.

David s'habilla rapidement, une chemise, une veste de costume et un jean qui faisait habiller. Il se mit du gel dans les cheveux et commença a à se chausser.

Si je me dépêche, je pourrais rattraper Stan. Je veux la voir ... Tanpis si je souffre, mais je veux la revoir.

Soudain la porte s'ouvrit, et Ludovic se tenait sur l'embrasure.

- Qu'est ce que tu fais ?

Silence.

- Il est hors de question que je te récupère à la petite cuillère comme il y a neuf ans. Alors réfléchis bien.

Il n'en fallait pas plus pour le faire douter. Et ils avaient décidé de finalement, maintenir leur projet, et de sortir au Potcheen.



Flashback Huit

Ils s'étaient trouvé une place au fond de la salle de cinéma. Il y avait beaucoup de monde mais là où ils étaient placés, ils allaient être tranquilles. Il était vraiment content de l'amener au cinéma, c'était le premier film qu'ils allaient voir ensemble, en tant que couple officiel. Le Da Vinci Code.

Elle avait lu le livre et voulait voir l'adaptation. Et il voulait lui faire plaisir, même si le speech ne l'intéressait pas du tout. Ils avaient commencé à manger dans leur pot à pop-corn en discutant de tout et de rien. Et puis finalement ils avaient fini par s'embrasser et discuter durant tout le film. Ils avaient arrêté au milieu du film, avaient regardé quelques minutes, mais ne comprenant rien, avait recommencé à s'embrasser. Ils s'étaient bécotés pour ainsi dire pendant deux heures.

En sortant du cinéma, le père de David était venu les chercher. « Alors ce film ? » avait-il demandé. Mais aucun des deux n'était capable de raconter quoi que ce soit. Son père avait beaucoup ri et l'avait raconté à tout le monde en rentrant. Ils étaient gênés de cette situation mais content.

« Ah les adolescents de 16 ans ! 7 euros la place de cinéma, ils auraient pu s'embrasser ici ! » Avait dit la mère de Gwen en râlant.

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