Chapitre 19

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Je vous épargne le cliché de la fille qui erre du lit au frigo et du frigo au canapé. En revanche, Gwen ne se l'épargna pas à elle-même. Elle regardait la télé, le regard vitreux et la main orpheline. Elle se sentait comme Holly dans « PS I love You », après la mort de Gerry. La journée, elle bossait comme un automate. Elle était enfermée toute la journée avec des papis et des mamies, de quoi miner le moral quand on vous demande comment va votre amoureux et que la question revient 90 fois. En plus, ils ont Alzheimer donc on multiplie le nombre de questions. En plus, ses collègues s'y sont mises aussi. En plus, il faisait hyper froid pour un début du mois d'Août, on se croirait en Automne, en plus elle avait déchiré son tee-shirt préféré en le mettant ce matin. En plus, elle s'était engueulée avec son voisin car elle avait pleuré sur son paillasson. En plus, elle avait ses règles. En moins, elle avait David !

J'ai jamais cru à cette histoire de prince charmant ... OK je me mens à moi-même, mais ça m'aide. C'est rare de tomber sur un mec aussi parfait. Je devrais savoir qu'un mec gentil mais sans être gentillet, ambitieux mais sans être prétentieux, attentionné mais sans être collant, ça ne court pas les rues !

David avait embrassé une autre fille - ce qui du coup, ne le fait pas si parfait que ça, ni charmant.

Ça ne refroidit pas, ça glace. Glace en provenance d'Arendelle, bonjour !

Julia était venue faire une intervention de sauvetage, elle était tellement rongée par la culpabilité. Elle avait essayé de discuter avec son amie mais ça avait vite dégénéré, du coup elle lui avait proposé de se changer les idées en faisant les magasins : le meilleur remède post-rupture ! Gwen a donc commencé à acheter tout et n'importe quoi comme une vraie folle, pour compenser le manque qu'elle avait. Sentant la folle financièrement débridée de par sa tristesse, les vendeuses l'ont traité comme si elle était Vivian avec la carte bleue d'Edward Lewis (fan de "Pretty Woman"). En se faisant masser - merci Julia pour cette idée relaxation - elle eu tout un tas de révélation, puisque bizarrement c'est dans ces moments troubles qu'on prend conscience de grandes choses : que rien n'est éternel, qu'on a beau être entouré on est seule face à ses insomnies et surtout qu'il y a une vie après l'amour ... et qu'il allait falloir qu'elle se bouge le cul pour remettre fissa de l'amour dedans.

Une fois des centaines d'euros dépensés, les filles s'étaient installées en terrasse pour boire un verre. Gwen n'allait pas mieux mais Julia était là.

- Comment tu te sens ?

- Triste. Blessée. Déçue. Et en colère

- Pourquoi en colère ?

- Contre lui, contre ce qu'il a fait. Contre moi aussi.

- Contre toi ?

- Oui j'aurai pu le retenir, lui laisser une deuxième chance ... comme il m'en a laissé une ...

- Mais tu ne l'avais pas trompé toi.

- Tu aurais du voir son regard. Il semblait si sincère, si malheureux ...


Je ne suis qu'un idiot ! C'est rare de tomber sur une fille bien ... elle était parfaite ! Trop peut être ? C'est quoi mon problème ? Une seule chose m'empêche d'aller me dénoncer à l'asile le plus proche : qu'elle soit heureuse sans moi.

Le lendemain, David envoya un message à Angélique. Oui vous lisez bien ! Vous voyez ce gosse qui a mis ses doigts dans une prise de courant et qui finit aux urgences ? Et qui y retourne parce que c'était la première fois ? Et bien voilà. David était ce gamin. En arrivant chez elle, il était tout disposé à manger, rire, se déshabiller, s'allonger et jouir : la quinte flush royale. Il avait besoin de ça pour oublier sa connerie ... pensait-il ! Mais c'était surévaluer le charme d'Angélique et surtout sous-estimer le chagrin béant et le manque qu'avait laissé Gwen dans son cœur et sa tête. Le capital sexy d'Angélique s'est alors mis à fondre comme une glace en plein soleil. Plus elle gesticulait pour lui plaire, plus David soupirai intérieurement « Gwen n'aurait jamais parlé comme ça », « Elle n'aurait jamais ri à ses propres blagues avant d'être sur que je ris aussi ». « Qu'est ce qu'elle a à se recoiffer tout le temps ? Elle rentabilise les implants ou quoi ? ». Finalement il rentra chez lui, plus vite que prévu, la queue entre les jambes et son ex ouvrant un campement dans sa tête.

Plus il y réfléchissait et plus il se rendait compte qu'il avait fait une connerie. La larguer et la laisser seule sous la pluie ... mais où avait-il la tête ? Pas dans les étoiles. Depuis cet instant il regrettait son choix, il regrettait ses mots et il regrettait encore plus son comportement d'avec Angélique. Aucun des garçons ne su quoi dire après l'histoire qu'il venait de leur raconter. Au bout de quelques secondes, Pierre a finit par lâcher :

- Vous comptez vous briser le cœur à tour de rôle ?

Ça avait jeté un froid glacial. Pire qu'un passage de la reine des neiges. Puis il s'était levé et était parti.

- Oui j'ai merdé ... Oui je suis un con ...

- Merde arrête David ! Tu te lamentes sur ton sort tout le temps. Tu l'avais retrouvé enfin, vous vous étiez remis ensemble et vous étiez bien. Pourquoi tu as tout foutu en l'air ? Victor avait lâché ça d'une traite, sans reprendre sa respiration

- Je ne la méritais pas ...

Silence

- C'est sur vu comment tu réagis, elle mérite mieux effectivement !

Aie ! Un coup de poing venait de frapper son ego en pleine tête. Qui en était le boxeur qui vise si adroitement ? Ludovic ...

- Sympa ...

- Bin quoi ce n'est pas ce que tu veux entendre ? Tu largues la seule fille que tu n'as jamais aimé et tu te plains alors je croyais que tu voulais qu'on te rassure ? Oui tu as bien fais, elle sera bien mieux sans toi. T'es qu'un pauvre type, elle mérite tellement mieux ... Ça va j'en fais assez ?

Silence

- Tu sais ce que t'es mon pote ? Un idiot. Un abruti fini qui laisse partir la seule fille qui pouvait te rendre heureux. Elle t'a redonné le sourire, l'inspiration, t'as arrêté de faire le con avec toutes ses salops ... Elle t'a fait du bien. Arrête de te sous estimer constamment. C'est elle, on le sait tous depuis nos 16 ans. Ça a toujours été elle.

- Mais ... j'ai peur ... peur de ne pas être à la hauteur, de la décevoir, de la faire fuir une deuxième fois ...

- Ça arrive à tout le monde d'avoir peur. C'est comme ça qu'on sait qu'on tient aux choses et aux personnes.

- Tu sors ça d'où ? Ce n'est pas de toi, c'est trop profond

- Non c'est vrai, Dorine m'a fait regarder « Bodyguard » hier soir. Mais ce n'est pas le sujet. Si tu as peur, c'est que tu tiens à elle. Alors arrête de toujours tout foutre en l'air et fonce la rattraper.

David regarda ses potes et se leva.

Ils ont raison ! Je ne peux pas la perdre

Il fonçant jusqu'à son appartement. Il sonna une fois, deux fois, trois fois. Il tambourina à la porte en criant son nom. Le voisin était sorti en hurlant de se taire. Il avait déguerpi et avait filé chez Julia.

Il faut que je lui dise ... ce n'est pas trop tard ! Il faut que je la voie. Ils ont raison je peux encore tout arranger

Julia lui ouvra la porte et lui jeta un vent glacial. Merde décidément Elsa avait envahi tout son monde.

- Où est-elle ?

- Je ne sais pas

- Sil te plaît ... Il faut que je la vois. J'ai merdé ...

- Ce n'est pas peu dire oui. En beauté même. Tu lui as brisé le cœur !

- Aide-moi ...

- Je t'ai déjà aidé tu te souviens ? Et tu vois le résultat ? Je dois récupérer mon amie à la petite cuillère.

- Julia ...

- Je ne sais pas où elle est. Et même si je le savais, je ne te le dirai pas.

Et elle claqua la porte à sa figure. David se sentit encore plus minable qu'avant. Il avait tout loupé : il l'avait trompé, largué et perdu ...

Mais qu'est ce qui tourne pas rond chez moi ?

Il erra dans les rues de la ville espérant la voir au détour d'une rue. Mais rien. Elle avait disparu de la circulation. S'était évaporée. Volatilisée.

Il s'installa le soir sur son transat et regarda les étoiles. Il se souvint de leur discussion et regarda la lune. Il essaya de se souvenir ses mots cette nuit la. Ce qu'il lui avait dit exactement. Mais en vain. Plus le temps passait, plus certains de ses souvenirs disparaissaient. Mais il voulait tellement les garder en mémoire. Il s'y accrochait comme un naufragé à sa bouée. Le cerveau crée de nouvelles synapses à chaque nouveau souvenir, mais tous ne restent pas. Certains partent se terrer dans l'ombre, où on ne distingue moins les détails, et seule l'impression générale, les sentiments demeurent. Certains disparaissent complètement, telle une lanterne chinoise qui flotte dans le ciel, magique, l'espace de quelques secondes. Et David ne voulait pas que ces souvenirs de lui et Gwen s'envolent à jamais. Elle était réapparue dans sa vie telle une flamme inattendue et envahissant son cœur. David resta éveillé toute la nuit se rappelant la douleur atroce qu'il ne voulait pas revivre en la perdant une deuxième fois.



Flashback dix neuf

David arriva à la maternité voir son neveu. Sa cousine venait d'accoucher d'une petite Leila. Il avait tourné dans les rayons pour trouver un petit cadeau pour leur princesse. Bien qu'il n'ait aucune idée de ce qu'on achetait à un nourrisson ... s'il avait eu une copine, elle aurait de suite trouvé quelque chose de fabuleux. En arrivant, il vit le nouveau-né et prit conscience qu'il voulait des enfants. Il se souvint de sa discussion avec Gwen à ce sujet :

- J'aimerai bien un garçon en premier et des jumelles

- Trois enfants ? Ça fait beaucoup tu ne trouve pas ?

- Non je trouve que c'est bien. Le garçon pourra s'occuper de ses sœurs et les protéger.

- Moi j'aimerai un garçon et une fille.

- Classique quoi

- Oui tant qu'elle a tes yeux

- Et ton sourire

- Et ta bouche

En regardant la petite, une larme s'échappa de ses yeux.

Vas y mon gars tu mettras ça sur le compte de l'émotion.

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