Chapitre 1 : Le Poids de l'Absence
Éléa se tenait devant la fenêtre du salon, fixant sans vraiment les voir les gouttes de pluie qui dessinaient des chemins sinueux sur la vitre. Chaque goutte semblait marquer le passage du temps, un temps qui, depuis la disparition d’Ambre, s’étirait interminablement, ne laissant derrière lui que des journées vides et silencieuses. La maison, autrefois pleine de rires et de vie, était maintenant une coquille vide, figée dans une attente désespérée.
Les murs, autrefois témoins des premiers pas et des éclats de rire d’Ambre, semblaient résonner d’un écho sourd, comme si la maison elle-même pleurait l’absence de l’enfant. Éléa passa machinalement sa main sur la petite robe rose d’Ambre, suspendue à une chaise du salon. Elle avait l’impression que sa fille allait apparaître d’un moment à l’autre, franchir la porte d’entrée en criant son nom. Mais chaque jour, cette illusion se dissipait, laissant place à un vide de plus en plus oppressant.
La psychologue de l’hôpital, Mme Shella, lui avait conseillé de reprendre un semblant de vie normale, de sortir, de voir du monde, mais Éléa n’arrivait pas à s’y résoudre. Chaque pas hors de la maison semblait être une trahison, comme si vivre signifiait abandonner Ambre. Alors elle restait là, prisonnière de ses souvenirs, de ses regrets et de cette culpabilité qui lui rongeait l’âme.
Elle tenta de s'occuper l'esprit en rangeant les affaires d'Ambre, mais chaque objet, chaque jouet, chaque dessin griffonné avec des crayons de couleur semblait chargé d’un poids invisible. Éléa passait des heures à simplement tenir ces objets dans ses mains, à se rappeler chaque instant, chaque sourire. Pourtant, aucune de ces petites reliques du passé ne parvenait à combler le vide immense qui s’était installé dans sa poitrine.
À l’extérieur, le monde continuait de tourner, indifférent à sa douleur. Les voisins vaquaient à leurs occupations, les enfants jouaient dans la rue, et la vie suivait son cours. Éléa les regardait parfois depuis la fenêtre, comme si elle observait une scène lointaine, un film dont elle ne faisait plus partie. Elle se sentait coupée de tout, perdue dans un labyrinthe de pensées sombres dont elle ne trouvait pas la sortie.
Ce soir-là, le vent soufflait fort, faisant craquer les branches des arbres contre les fenêtres. Une ambiance pesante régnait dans la maison, comme un murmure silencieux qui ne voulait pas se taire. Éléa alluma une bougie sur la table du salon, espérant que la flamme vacillante apporterait un peu de chaleur dans cette nuit froide. Mais même cette petite lueur semblait fragile, prête à s’éteindre à tout moment, tout comme l’espoir qui vacillait en elle.
Elle s'assit sur le canapé, enroulant ses bras autour de ses genoux, et ferma les yeux, cherchant désespérément un peu de répit dans le silence. Mais son esprit ne la laissait jamais tranquille. Les questions tournaient en boucle dans sa tête : où était Ambre ? Était-elle en sécurité ? Avait-elle peur, elle aussi ? Éléa sentait monter en elle une angoisse qu'elle ne parvenait pas à étouffer, une angoisse qui s’accrochait à ses pensées comme un poison lent et insidieux.
En ouvrant les yeux, elle aperçut une photo d’Ambre sur la table basse, son sourire innocent figé à jamais dans un instant de bonheur passé. Éléa sentit ses yeux se remplir de larmes, mais elle les retint, comme elle l’avait fait chaque jour depuis la disparition. Elle devait rester forte, elle n’avait pas le choix. Pourtant, chaque jour sans sa fille lui semblait une éternité, un jour de plus où le monde continuait de tourner sans elle.
Dans le silence de la maison, Éléa se promettait de ne pas abandonner. Elle allait retrouver Ambre, peu importe combien de temps cela prendrait, peu importe combien de fois elle tomberait. Et dans cette promesse, elle trouvait la force de se lever et d’affronter un jour de plus, même si le poids de l'absence était parfois insoutenable.
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