Chapitre 5 : Les Échos du Passé
Le lendemain matin, Éléa se leva en proie à une fatigue écrasante. La nuit avait été marquée par des cauchemars incessants, où la silhouette mystérieuse se dressait sans cesse devant elle, accompagnée des murmures incompréhensibles et des voix éthérées. Les rêves se mêlaient à la réalité, rendant chaque instant incertain.
Elle se dirigea vers la cuisine, essayant de se ressaisir avec une tasse de café. Le journal de Marguerite Dubois était toujours posé sur la table, ouvert à une page où les mots résonnaient avec une clarté troublante : "Les ombres du passé ne cherchent qu'à être reconnues. Seul celui qui accepte la vérité peut espérer échapper aux ténèbres."
Éléa réfléchit à ce passage. Que voulait dire le journal par "accepter la vérité" ? Et comment pouvait-elle faire face à des ténèbres qui semblaient se resserrer autour d’elle à chaque instant ? Elle décida de retourner au grenier, là où elle avait trouvé le mystérieux coffre. Peut-être que cette pièce contenait encore des secrets qu'elle n'avait pas découverts.
Lorsque Éléa monta au grenier, elle fut accueillie par une odeur nauséabonde, comme une combinaison de moisissure et de quelque chose de plus sinistre. Le coffre était toujours là, et elle sentit une vague de malaise en le revoyant. Elle se pencha pour examiner les objets qui l’entouraient de plus près, espérant découvrir quelque chose de nouveau.
En fouillant dans les tiroirs du coffre, elle trouva un vieux carnet en cuir, plus petit que le précédent. Ce carnet semblait appartenir à un enfant, avec des dessins d’animaux, de paysages et des inscriptions maladroites. Mais ce qui attira son attention, c'était une série de dessins de créatures terrifiantes, avec des yeux déformés et des formes étranges, comme si l’auteur était tourmenté par quelque chose qu’Éléa ne pouvait pas comprendre.
Elle remarqua également une petite boîte en bois, ornée de symboles occultes. Éléa hésita un moment avant de l'ouvrir. À l’intérieur, elle découvrit un collier avec un pendentif en forme de croix, ainsi que quelques cheveux d’enfant noués dans un morceau de tissu. En touchant le collier, un frisson glacial la parcourut, et elle entendit une fois de plus le chuchotement effrayant dans le couloir, comme un murmure lointain.
Éléa décida de parler à Ève, la réceptionniste de la bibliothèque, qui pourrait peut-être avoir des informations sur Marguerite Dubois ou sur les rituels occultes mentionnés dans le journal. La ville avait toujours eu une histoire complexe, pleine de mystères et de légendes locales. Peut-être que quelqu’un avait des réponses.
Elle se rendit donc à la bibliothèque et demanda à rencontrer Ève. Quand elle arriva à la bibliothèque, Ève était en train de ranger quelques livres. Éléa la salua et expliqua brièvement ses découvertes et ses préoccupations. Ève, toujours attentive, l’écouta avec une expression de plus en plus inquiète.
« Je ne savais pas que le journal de Marguerite Dubois serait si… perturbant, » avoua Ève après avoir écouté Éléa. « Mais cela fait un moment que je m'intéresse à l'histoire de cette famille. Marguerite Dubois a laissé une trace sombre dans notre ville. Il y a eu plusieurs disparitions mystérieuses et des événements inexpliqués liés à elle. »
Ève alla chercher un vieux registre et le feuilleta rapidement. « Il y a eu des rumeurs sur un rituel pratiqué dans la région, lié à un culte ancien qui aurait été actif au début du siècle. Ces rituels étaient supposés invoquer des esprits ou manipuler des forces obscures. Il est possible que Marguerite ait été impliquée dans ces pratiques. »
Éléa se sentit soudainement mal à l’aise. Les pièces du puzzle semblaient se mettre en place, mais la vérité était de plus en plus inquiétante. « Et que sait-on de ce collier et de ce pendentif ? » demanda-t-elle en montrant l'objet trouvé dans le coffre.
Ève examina le collier et le pendentif avec une grimace. « C'est un symbole ancien, souvent associé à des pratiques occultes. Il est censé servir de talisman pour protéger ou pour lier des âmes. Certaines légendes disent qu’il peut aussi attirer les esprits ou les entités malveillantes si utilisé incorrectement. »
Le visage d’Éléa blêmit. Tout ce qu’elle avait vécu depuis la découverte du coffre semblait maintenant avoir un sens sinistre. Elle remercia Ève et retourna chez elle, décidée à explorer plus en profondeur les événements liés à Marguerite Dubois et à son propre passé.
En rentrant, Éléa se dirigea vers la chambre d’Ambre, où elle découvrit que le désordre semblait s’être intensifié. Les dessins éparpillés étaient maintenant regroupés en une forme étrange, presque comme une invocation picturale. Elle observa les dessins de plus près et remarqua une figure récurrente, une silhouette encapuchonnée, semblant flotter au-dessus d’une figure enfantine – sans doute Ambre.
Le soir venu, Éléa décida de passer la nuit dans la chambre d’Ambre, espérant découvrir quelque chose de nouveau. Elle s’asseyait en silence, observant le décor, les objets familiers de sa fille qui semblaient maintenant chargés d’une énergie inquiétante. La pièce était plongée dans l’obscurité, sauf pour la lueur vacillante d’une lampe.
À minuit, le silence fut brisé par un bruit sourd venant de la pièce voisine. Éléa se leva d’un bond, son cœur battant la chamade. Elle se dirigea vers le bruit, qui semblait venir du grenier. La porte du grenier était entrouverte, et un souffle froid en émanait. Tremblante, Éléa monta les escaliers, chaque pas résonnant dans le silence oppressant.
Elle entra dans le grenier, où elle trouva le coffre ouvert, ses contenus éparpillés sur le sol. Le journal de Marguerite Dubois avait disparu, laissant à la place un vieux livre relié en cuir, posé au centre de la pièce. Éléa s’approcha, une boule d’angoisse dans l’estomac, et ouvrit le livre. Les pages étaient remplies d’écrits dans une langue ancienne, accompagnés de dessins de créatures grotesques et de rituels occultes.
En feuilletant les pages, elle tomba sur un passage en particulier, écrit en lettres capitales : "Le voile entre les mondes s’amincit. Ce que vous avez perdu ne sera jamais retrouvé, à moins que vous n'acceptez les sacrifices nécessaires." Éléa sentit ses jambes se dérober sous elle. La révélation était terrifiante : il y avait un prix à payer pour comprendre la vérité.
À ce moment précis, un souffle glacial parcourut la pièce, et les ombres se mirent à danser autour d’elle, comme si elles prenaient vie. Éléa sentit une présence, une force invisible qui semblait se rapprocher, murmurant des mots incompréhensibles à son oreille. L’horreur montait, et elle savait qu’elle devait agir rapidement pour découvrir la vérité et stopper ce qui se profilait à l’horizon.
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