11 - L’origine d’un certain parcours

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La fille était soudainement devenue folle et avait dû être internée d’urgence car jugée trop dangereuse pour les autres et pour elle-même. Tout le petit quartier résidentiel où elle vivait et qui l’avait vue grandir était sous le choc. Elle avait toujours été si gentille, comme gamine…

Gentille, polie, tout ce qu’il y avait de plus normal… et tout a basculé en quelques semaines, sans que personne n’y comprenne quoi que ce soit. Son état était si catastrophique qu’il avait fallu attendre un bon mois avant de lui autoriser des visites, dans l’espoir que cela l’aide à remonter la pente. Elle avait tout de même une camisole de force, mesure de prudence.

Ses parents lui avaient rendu visite, mais elle leur avait craché des reproches au visage : pourquoi n’avaient-ils rien vu ? Pourquoi ne l’avaient-ils pas protégée ? Pourquoi l’abandonnaient-ils dans cet endroit ? S’ils avaient prêté attention à elle, peut-être n’en serait-elle pas là, aujourd’hui.

Elle ne serait même pas tombée enceinte d’un monstre, selon ses propres mots.

La jeune fille lambda issue d’un quartier résidentiel plus que banal était devenue une démente dont le ventre s’arrondissait. Les psychiatres optèrent pour un abus qui lui aurait fait perdre la raison, d’autant plus en constatant l’épanouissement d’une vie non-désirée en son sein.

Ils eurent beau la questionner à ce sujet, elle ne répondit rien d’autre que « c’est un monstre qui a fait ça » et « donnez-moi un médicament pour détruire cette chose à l’intérieur de moi ». Les témoignages des voisins ne mentionnèrent aucun individu étrange qui aurait pu l’attaquer. En revanche, ce n’était pas un secret que la patiente avait un faible pour un garçon du quartier.

Lui aurait-il fait du mal ?

Elle hurla que non, que tout était de sa faute à elle. Vivait-elle dans le déni ? Avait-elle trop peur de le dénoncer ? Bien entendu, les soupçons se portèrent sur ce voisin de son âge, qu’elle connaissait depuis leur plus tendre enfance. Quoi de mieux qu’une figure bien connue et des années à se croiser pour endormir la confiance et sévir ?

La folie de la jeune fille et l’arrestation de son voisin devant tout le quartier firent grand bruit et alimentèrent longtemps les rumeurs, d’autant plus quand le suspect décida de ne pas revenir chez lui et que sa famille déménagea soudainement en laissant quasiment toutes leurs affaires sur place.

Si cela n’était pas un aveu, qu’était-ce donc ? La petite ordure avait agressé sa voisine, l’avait mise enceinte et envoyée en hôpital psychiatrique, et en plus il fuyait les représailles ? Ses parents le protégeaient ?

Ils n’avaient pas la moindre idée que c’était eux que la famille en fuite protégeait.

En tout cas, ils furent la honte du quartier et cette histoire hanta longtemps une autre petite fille du quartier, dont la pauvre patiente était la baby-sitter quand son papa et sa maman voulaient se faire une sortie en amoureux. La fillette fut très triste en apprenant que la jeune fille ne reviendrait plus la garder, qu’elle était devenue folle, et que même leur voisin était parti. À ses yeux, Délie était comme une grande sœur et Volodia un bon copain.*

Cette histoire eut de telles répercussions sur la petite qu’elle décida, des années plus tard, de faire ses études supérieures dans le domaine de la psychiatrie. Elle décrocha son diplôme et débuta sa carrière, sans pour autant y trouver un réel soulagement ou des réponses à ses questions. Des réponses, elle n’en donna pas plus à ses collègues lorsqu’ils trouvaient le temps d’échanger quelques mots autour d’un café.

Personne ne pouvait donc savoir que la psychiatre Hortense Rochard avait trouvé sa voie suite à un drame, et que cela jouera peut-être sur la perception qu’elle aura de l’un de ses patients.

____

* Délie et Volodia sont bien les personnages du texte « Cristaux » du Writober officiel. Et Hortense, faut-il vraiment la présenter ? xD Je ne dis pas que ce texte est officiel aussi dans le background de la psy, mais je trouvais sympa de croiser d’autres destins pour voir ce que ça donne. À voir si je l’intègre vraiment au passé de Hortense ou pas.

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