NdA : J’ai en réalité écrit deux textes pour le 21e jour du Writober officiel, mais je n’étais pas sûre de celui-ci donc j’ai choisi celui avec l’orphelin de Venise qui voit des ombres spectrales. Celui-ci est donc devenu un bonus que je mets ici, mais je ne le compte pas dans le Writober Sujet Libre. Bonne lecture ! ^^

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Vous connaissez les ombres dansantes ? Dommage car c’est un phénomène fascinant !

Au début, cela se manifeste par un simple frétillement, si ténu qu’il est quasi impossible que vous le remarquiez. Seul un œil affûté ou un connaisseur du phénomène peut remarquer les prémices de ce mal insidieux et avoir une chance de vous en purger. Je préfère toutefois ne pas vous bercer d’illusions : cela arrive très rarement, très peu ont été pris en charge si vite et donc très peu ont survécu. J’espère qu’ils réalisent leur chance.

Ainsi donc, le premier frétillement est un test et, comme l’hôte n’y réagit quasiment jamais, ils se répètent, de plus en plus fréquemment, de plus en plus longtemps… Durant cette phase, il est possible que vous ressentiez la même sensation que quand vous avez des fourmis dans les jambes, mais sur tout le corps.

Bien entendu, la logique veut que vous vous inspectiez le corps de peur d’être couvert d’insectes puis de faire des examens médicaux au cas où vous souffririez de carences voire pire. Et évidemment, c’est encore pire que ce que la médecine connaît et peut combattre. Impossible donc de trouver la trace de quoi que ce soit sur ou dans votre corps.

Et qui penserait à regarder son ombre ? Pourtant, c’est là que réside la source du problème.

Rassurés de votre bonne santé mais tout de même troublé, vous vous diriez que ça doit être le stress ou peut-être le résultat de toutes ces ondes qui parcourent les villes. C’est l’époque qui veut ça. Eh bien non, mais cela est suffisamment rassurant pour que vous baissiez votre garde et laissiez les jours défiler en toute quiétude.

Autant vous dire qu’à ce stade, il est déjà trop tard.

Ravie d’avoir le champ libre, votre ombre ne se contentera plus de seulement frétiller. Elle débutera une gigue endiablée qui se répercutera sur votre organisme, souvent au plus profond de la nuit pour avoir toute liberté d’action. Vous êtes-vous déjà réveillé à cause de nausées ou d’affreuses douleurs abdominales, comme si vos organes avaient été remués alors que vous n’aviez rien mangé d’avarié ?

Après une nuit passée à vous vider - je vous passe les détails des orifices concernés - et à croire à une intoxication alimentaire, le jour se lèvera et là, vous la verriez. Votre ombre qui danse gaiement et qui fête votre affaiblissement. C’était justement ce qu’elle espérait. Trop malade et complètement vide, vous faites un mets très léger à avaler et à digérer pour elle.

Et une fois ceci fait, l’ombre devient vous, enfin presque. Cela ne suffit pas à leurrer complètement vos proches, qui ne sauront pas ce qui les trouble exactement. Là encore, qui se concentrerait sur une ombre dans une époque aussi pragmatique que la nôtre, où la science peut quasiment tout expliquer, où les anciennes croyances sont devenues des contes à dormir debout ? Et pourtant, c’est encore là que réside la réponse, ou plutôt dans son absence. Celles qui ont dévoré leur hôte n’ont pas de réelles émotions ni d’ombre. Et quand l’entourage le réalise, il est trop tard, là encore.

Vous avez sûrement entendu parler de faits divers où des individus sans histoires auraient soudainement tué toute leur famille. Sachez qu’il ne s’agit pas seulement de folie ou de sadisme. Parfois, il s’agit d’une ombre qui souhaite débuter une danse sanglante et qui n’en a jamais assez. Les humains sont si fragiles… et vous savez maintenant d’où vient l’expression « avoir peur de son ombre ».

S’il existe un remède ? Il faut surtout être très prudent et toujours garder un œil sur votre ombre. Si vous ratez les premiers frétillements, ne laissez pas la gigue se finir. Ignorez les caprices de votre corps tourmenté et allumez toutes les lumières chez vous, pour affaiblir votre prédateur.

L’idéal serait de passer le restant de votre vie dans un lieu inondé d’une lumière si crue, les faisceaux orientés dans toutes les directions, que l’ombre ne pourrait s’accrocher quelque part ou vivrait dans un état extrêmement faible. C’est tout ce qu’il y a à faire, et ce n’est qu’un sursis. Une coupure de courant et tout est fini : affamée, l’ombre se jettera aussitôt sur vous, et au prix de l’électricité aujourd’hui, ce n’est pas simple de vivre ainsi. Si ce n’est pas l’ombre, c’est votre fournisseur qui vous saignera.

D’où viennent les ombres dansantes ? Aucune idée. Personne ne sait si c’est une sorte de maladie, un phénomène magique, une entité ancienne née de vieux mythes ou une saleté extraterrestre. Le peu de personnes qui en parlent ont des propos nébuleux qui finissent sur des sites de creepypasta*, ou bien ils sont pris pour des fous.

Si moi, j’ai perdu l’esprit avec mes racontars ? Ce n’est pas très gentil, j’ai quand même pris le temps de vous narrer une histoire méconnue. Bizarre, moi ? Oh, si vous saviez à quel point ! Vous n’avez pas idée, mais je vais vous aiguiller : regardez mon ombre.

Oh ! C’est vrai, je n’en ai pas !

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* Une creepypasta n’est pas une pâte à crêpes (c’est ce qu’entend mon côté Léandre) ni n’a le moindre rapport avec les pastas (ça, c’est ce qu’entend mon côté Luciano !). Il s’agit en réalité d’une légende urbaine horrifique postée sur Internet et pouvant prendre n’importe quel format, écrit ou graphique. Des exemples connus : Slenderman et Jeff the Killer. C’est un peu le successeur numérique des légendes urbaines. Le mot creepypasta est la contraction des termes « creepy » qui veut dire « effrayant » et de « copy-paste » qui signifie « copier-coller ». Merci Wikipedia qui m’a permis de confirmer que je ne disais pas de bêtises !