Chapitre 3: English Springs Park
Je prends le bus avec anxiété : c’est décidé, je vais parler sérieusement avec Jim. Je suis très confuse. Je ne me sens pas en contrôle de mes pensées, ni de mon corps. Je n’ai plus ressenti de brûlures mais peut-être ça reviendra. Je n’ai pas d’explication scientifique sur ce qui s’est passé. Je n’ai pas de gastro et ce n’était pas une indigestion. J’arrive au lycée et cherche Jim mais à mon grand désarroi, je ne le trouve pas. Je le chercherai plus tard. Le lycée est bien grand. Les minutes paraissent des heures durant tous les cours. Malheureusement toujours aucun signe de Jim. Je l’ai cherché du regard dans les couloirs, les casiers, la recréation, rien. J’ai même demandé à Maddie et à Sue mais elles ne l’ont pas vu non plus. Et s’il m’évitait ? Je rentre frustrée à la maison. Le lendemain c’est la même chose et la situation reste ainsi toute la semaine. A mesure que les jours passaient, je me sentais de plus en plus déconcertée. On dirait qu’il a disparu. Une partie de moi a peur qu’il ne revienne. Ses amis n’ont pas plus d’explications. J’ignore si m’inquiéter, après tout, il ne me doit rien et je ne le dois rien. Je voudrais savoir ce qu’il s’est passé. Je pense que c’est lié. Il m’a aidé, il a vu ce que j’ai ressenti. C’était presque… irréel. […] Le samedi je vais courir dans le parc anglais, un peu de sport me fera peut être oublier Jim même si je le crains. J’ai besoin de me vider la tête. J’accélère au fur et à mesure. Je m’arrête après avoir fais le tour du parc deux fois. Je me promène et observe les autres passants. Je sens le vent se lever, fort, inattendu. Le vent semble hurler dans mes oreilles. Ma queue de cheval me fouette le visage. C’est très désagréable. Je devrais rentrer. J’essaie de passer à travers les arbres, espérant avoir un peu de répit. Je trébuche et me rattrape à un arbre. Mes yeux s’écarquillent soudainement : Jim. Il est là. Mon pouls s’accélère. Il a les yeux fermés et mains écartées, paumes au ciel. Qu’est-ce qu’il fait ? Mes yeux se plissent tandis que mille pensées assaillent mon esprit. Je hausse les sourcils alors que je crois savoir ce qu’il fait. Toutes mes interactions avec lui me reviennent. Les quatre éléments, avait-il dit. Le vent en fait bien partie. Non c’est absurde, ça ne peut pas être ça. Je m’adosse contre l’arbre, désemparée. Je ne peux pas rester ici. Je dois partir. Il a les yeux fermés, je peux passer inaperçue. Je prends mon courage à deux mains, et me dirige dans la direction opposée. Le vent s’arrête. J’accélère le pas. Je décide d’ignorer le fait qu’il a peut-être rouvert les yeux. Je sens des pas derrière moi. Je me retourne brusquement. Je retiens une exclamation en le voyant trotter vers moi.
– Salut. J’étais juste de passage, j’ai fini ma course. J’allais rentrer. Je lui adresse un faible sourire.
– Non, reste. S’il te plaît. Il semble un peu à bout de souffle. Ses cheveux sont ébouriffés. Il porte un haut à manches longues bleu marine. Ses yeux me font penser à un orage en ce moment.
– D’accord. Comment vas-tu ? J’ai vu que tu as été absent cette semaine.
– Ouais, j’ai eu un imprévu. J’ai dû m’absenter. Je ne peux m’empêcher de penser que ces réponses sont toujours très vagues.
– Je peux te passer les cours d’histoire ? Je tiens nerveusement mes mains. Je ne sais pas comment me comporter avec lui.
– Merci. Il sourit. J’aime bien aller sous le saule pleureur, ça te dit d’y aller ? J’aimerais te parler, il ajoute. Je hoche la tête et nous nous dirigeons vers le plus proche. Il y en a environ quatre dans le parc. Les branches de celui-ci sont longues et tombent en direction du sol. Une fois à l’intérieur, je me sens comme dans une bulle. Une bulle enchantée. Le feuillage laisse entrer une douce lumière tamisée. Jim s’adosse contre le tronc.
– Comment tu te sens ? Tu n’as pas eu mal au ventre de nouveau ?
– Non, je vais bien merci. J’ai bien cru mourir ce soir là. Il ricane. – J’aimerais savoir ce qu’il s’est passé, j’ajoute. Il fronce les sourcils.
– Je ne suis pas un médecin.
– Ce que j’ai eu n’a pas d’explication. Je n’ai pas d’explication sur ce qui s’est passé. C’est impossible de ressentir des brûlures à l’estomac, d’avoir des plaques rouges sur les mains et ne pas pouvoir respirer en même temps.
– Je ne sais pas ce que tu veux dire Raquel. Je n’en sais pas plus que toi.
– Tu mens. L’accusation sort avant que je puisse m’arrêter. Il s’apprête à parler mais je lève une main. – Avant que tu puisses dire quelque chose, je t’ai vu. Tu avais les mains en l’air, les yeux fermés. Quand je suis allé courir il y a environ une heure, ce n’était pas un jour venteux. J’ai ressenti le vent à un moment précis. Et je l’ai senti s’arrêter aussi à un moment précis. Je ne te connais pas, je ne sais qui tu es mais j’aimerais que tu me répondes quand je te demande ce qu’il s’est passé au cinéma. Ça me concerne. J’ai aussi entendu une conversation au téléphone à propos des quatre éléments aux casiers. Il soupire et passe une main sur son visage puis ses cheveux.
– Tu as raison, mais je ne peux pas te donner d’explications pour l’instant. Je retiens mon souffle.
– Pourquoi ?
– Tu n’es pas encore prête.
– Prête pour quoi ?
– Tu n’es pas encore prête pour ce que j’ai à te dire. Je sens ma tête tourner.
– Comment tu veux que je réagisse à ça ? ‘Tu n’es pas prête pour ce que j’ai à te dire’ ? Je mimique les guillemets avec mes doigts. Je...je ne peux pas te faire confiance.
– J’ai essayé que tu me fasses confiance. Je voudrais que tu me fasses confiance. J’ai besoin que tu me fasses confiance Raquel. Il s’approche de moi. – Crois-moi, je ne te veux aucun mal. J’avale ma salive tandis que mes yeux parcourent son visage.
– Ne pas dire la vérité n’est pas ce que j’appelle essayer d’avoir ma confiance, je réponds.
– J’essaie de te connaître.
– Pourquoi ?
– Parce que tu m’intéresses.
– Je ne pense pas que ce soit la raison. Mes yeux percent les siens.
– C’est vrai. J’essaie de te connaître parce que je dois...t’expliquer certaines choses, mais aussi parce que tu m’intéresses Raquel. Je dis la vérité. Sa voix rauque me fait frissonner. Je réalise que je n’ai pas d’autres options. Je sais à présent que mes soupçons s’avèrent vrai.
– D’accord, si tu insistes. Je vais te faire confiance. Est-ce que je dois attendre beaucoup de temps pour que tu me dises la vérité ?
– Non. Tu le saura bientôt. Mon pouls s’accélère.
– D’accord, merci. J’inspire et recule d’un pas.
– Tu ne veux pas rester ? Une partie de moi voudrait rester mais je ne me sens pas en contrôle, j’ai la tête qui tourne.
– J’ai besoin de réfléchir. Je dois réviser aussi.
– Laisse moi te donner mon numéro de téléphone au moins. Je hoche la tête et sors mon téléphone. Mes doigts touchent les siens quand je lui le passe.
– Merci, on se voit en cours alors ?
– Oui. Tu peux m’envoyer un message quand tu veux. Je hoche la tête et m’en vais. Je sens son regard picoter l’arrière de ma nuque jusqu’à que je sorte du saule. […]
Je passai le reste du week-end tranquille avec mes parents et Ben. Je n’ai pas voulu penser à l’épisode du parc ni notre conversation. J’ai fais mes devoirs, révisé un peu, vu un film, mangé. Cependant, quand je retourne au lycée le lundi, je me sens à nouveau nerveuse. J’ai l’impression que toutes mes pensées tournent autour de lui, d’être dans une sorte de transe. A la pause déjeuner, je raconte à Sue et Madison une version de ce qui s’est passé. Je raconte que je l’ai trouvé au parc par hasard et que nous avons bavardé et échangé nos numéros de téléphone. Une version très mensongère en effet. Elles ne savent pas ce que j’ai ressenti exactement le soir du cinéma. Elles pensent que j’ai eu une baisse de tension et fais un malaise.
– J’ ai eu peur quand tu t’es levée et partie avec lui. Je me suis méfiée, dit Sue.
– Oui je me souviens. Je souris. Je suis touchée par ton inquiétude mais ce n’était rien. Je passe mon bras autour de ses épaules.
– Tu as fais un malaise, je ne dirais pas que c’est rien, remarque Madison. Elle ouvre un sac de chips. Je pique une, mine de rien.
– Je pense que j’avais peu mangé, je mens. Vous ne devez pas vous inquiétez. L’importance c’est que Jim est digne de confiance. Madison et Sue manquent de lever les yeux au ciel et je ricane. Je me sens un peu mal de ne pas leur dire la vérité mais je ne peux pas. Je ne pas leur dire que Jim manie peut-être le vent et que j’ai un truc à voir là dedans. Je croisai Jim dans les couloirs et en cours d’histoire. Il me salue et essaie de faire conversation mais je suis réticente. Je ne me sens pas capable d’avoir une conversation banale avec lui sachant que j’ai une vérité à savoir. Et aussi parce que chaque fois que ses yeux se posent sur moi, je me sens incroyablement nerveuse. Je me souviens encore de ‘parce que tu m’intéresses’. Je ne veux pas y penser. Je décide d’aller courir au parc le mercredi après-midi après les cours. Je cours normalement les week-ends mais j’ai besoin de me défouler plus que jamais. Lorsque j’aperçois Jim, je pense que ça ne peut pas être possible que je le croise si souvent que ça. Je m’arrête et me cache derrière un arbre. Il est assis, un livre à ses genoux. Il semble prendre des notes dans un carnet et parfois lève la main gauche. Je ressens une légère bourrasque lorsqu’il le fait. Je suis à la fois émerveillée et terrifiée. Je me tourne et prends mes jambes à mon cou. Je ne le croise plus hormis les cours durant le reste de la semaine. Il comprend que je ne veux pas lui parler et ne tente plus. Je passe mes journées comme une lycéenne normale, avec mes amis. Je croise son regard parfois. Je veux qu’il sache que je n’ai pas oublié. Il a dit que bientôt il me dira ce qu’il doit me dire. Ce n’est que le mercredi prochain que je le recroise au parc. Je l’ignore encore une fois et décide de marcher le long du lac, essoufflée. Je passe une main sur mon front, j’ai chaud. J’accueille avec plaisir la douleur dans mes jambes. Je suis tellement concentrée dans ma marche que lorsque j’entends un ‘Raquel’, je pivote mais mon mes pieds sont trop près du bord. J’essaie de reprendre l’équilibre mais je tombe dans le lac. L’eau froide me saisit et je perce rapidement la surface. Merde, mon téléphone. Il n’est pas dans ma poche. Je vois Jim trotter vers moi et il s’accroupit.
– Ça va ? Je ne voulais pas te faire peur. Son visage est peiné.
– Mon téléphone est tombé. Je panique. Pas mon téléphone. J’ouvre les yeux dans l’eau mais ne vois rien. Je suis surprise quand j’entends un éclaboussement. Jim a sauté. Je sors, dépitée. Je n’y crois pas. Il a plongé, je ne le vois pas. Il sort quelques instants après avec mon téléphone à la main.
– Comment t’as fait ? Merci beaucoup. Il est sûrement cassé mais merci quand même. Je lui adresse un sourire.
– De rien. Je suis désolé de t’avoir surpris. Il secoue la tête, m’éclaboussant un peu. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est beau avec les cheveux mouillés. Nous nous regardons en silence.
– Je peux te proposer d’aller chez moi ? Il me demande. Tu peux prendre une douche et te sécher.
– Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Ce n’est rien, je peux rentrer chez moi.
– J’insiste. S’il te plaît. Je cède sous son regard et nous marchons jusqu’à chez lui. Sa maison ressemble à toutes les maisons de Chino Hills. Elle est similaire à la mienne d’ailleurs. Heureusement, ses parents travaillent, ça aurait été gênant autrement. Nous sommes donc seuls. Ce n’est pas mieux, pensai-je. A peine arrivés, il verse du riz dans un bol et glisse mon téléphone dedans. J’espère que ça marche. Malgré son insistance, je refuse de me doucher. Il met mes vêtements et baskets au séchage tandis que lui va se doucher. J’attends dans son salon avec des vêtements qu’il m’a prêté : un jogging et un haut noir. Je triture nerveusement mes mains. Je suis chez lui avec ses vêtements. Il m’a dit de l’attendre dans sa chambre mais je préfère le salon. J’entends une poignée qui tourne puis des bruits de pas dix minutes plus tard. Il me rejoint dans le salon, les cheveux mouillés, avec un t-shirt blanc et pantalon de survêtement.
– Tes vêtements sont presque secs. Tes baskets je ne pense pas mais au moins elles seront moins mouillées.
– Merci. Je lui adresse un sourire.
– Tu veux quelque chose à boire ? Un café, thé, de l’eau ?
– Non merci c’est gentil. Je ne veux pas te déranger plus que ça. Je m’en vais dès que mes vêtements sont secs. Il soupire et s’assoit à coté de moi. Sa cuisse touche presque la mienne.
– Tu ne me déranges pas. Je sais que tu ne veux pas me parler et que tu m’évites. Je détourne le regard.
– Je ne t’évite pas. C’est juste que c’est difficile pour moi. Je ne sais pas comment t’aborder, je ne sais pas si je veux t’aborder. Je souris faiblement.
– Je suis quelqu’un de normal Raquel. Tu peux m’aborder comme tu veux. J’aimerais te connaître.
– Parce que je t’intéresse ? Je soulève un sourcil.
– Oui et parce que je ne veux pas que ce soit gênant entre nous.
– C’est difficile quand je suis dans la complète ignorance et en conséquence dans l’attente de tes explications.
– Très bien, alors ne parlons pas. Je vais voir si tes affaires sont sèches. Il se lève. Je mords ma lèvre inférieure.
– Non attends, désolée. On peut… discuter. Il se rassoit. Tu es fils unique ? Je demande. Je grimace intérieurement. Il éclate de rire à mon soudain changement de sujet. Il a un beau sourire.
– Oui, je suis fils unique, merci de me le demander. Et toi ?
– J’ai un frère, petit frère. Il s’appelle Ben. Nous sommes très proches. Il hoche la tête.
– J’aime courir, j’ajoute. Mes meilleures amies sont Madison et Sue, je pense que tu le sais déjà. J’ai vécu toute ma vie à Chino Hills. J’aimerais voyager plus mais je ne n’ai pas mes propres moyens pour l’instant. Je lève les yeux et surprend son regard. Je manque de rougir.
– Okay, c’est mon tour ?
– Je ne savais pas qu’on jouait un jeu. Il hausse les épaules en guise de réponse.
– J’ai vécu aussi toute ma vie à Chino Hills, mais je pense pas qu’on a fréquenté les mêmes écoles. J’ai perdu un peu contact avec mes amis d’ailleurs. Mon meilleur ami n’est pas d’ici et ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. Il me manque. Il sourit comme s’il se souvenait de lui.
– Il s’appelle comment ?
– Scott. Je vais le revoir bientôt.
– Il va venir te visiter ?
– Non je vais partir. Il me contemple tandis que je me demande s’il a voulu dire qu’il s’en va de Chino Hills ou pas. – Je vais partir lui rendre visite pardon, il ajoute en se raclant la gorge. Je hoche la tête. J’aime beaucoup le combat aussi.
– Quel type de combat ? Les arts martiaux ? Toute cette information sur lui a vraiment piqué ma curiosité.
– Non pas vraiment. C’est une combinaison de techniques, combat à poings, mais aussi à l’épée, agilité. Je cache mon étourdissement parce que ce qu’il vient de décrire n’a rien à voir avec aucun cours de combat que je connaisse. Je me demande s’il est musclé. Une sonnerie retentit.
– C’est la machine, je vais chercher tes affaires. Tu peux aller te changer dans ma chambre.
– Merci. Je me surprends à penser que c’est dommage qu’on a pas continué la conversation. J’ai envie d’en savoir plus sur lui. Sa chambre est jolie. Masculine. Son lit est fait, son bureau est rangé. Quelques livres sont posés sur son lit. Je reconnais le même que j’avais aperçu à la bibliothèque. Je me change en vitesse et plie ses vêtements sur son lit. Je sors et le retrouve adossé contre le chambranle. Mon cœur bat à mes tempes.
– Merci pour tout.
– De rien. Tu ne veux pas rester ? On peut continuer le jeu où on apprend à se connaître. Je ricane.
– C’était cool, mais je dois rentrer. Il hoche la tête. Il me raccompagne jusqu’à sa porte.
– Raquel ? Je me tourne vers lui. – J’aimerais te raconter ce que tu veux savoir. Mes yeux s’écarquillent.
– Quand ?
– Demain ?
– Non demain j’ai beaucoup de cours et je vais traîner avec Madison et Sue après.
– Vendredi alors ? Je hoche la tête. Vendredi après-midi au saule pleureur.
– D’accord. Ses yeux bleus semblent me percer tandis que je m’éclipse. Je rentre chez moi d’un pas rapide. Je découvre qu’il vit à quinze minutes de chez moi à pied. Je ne m’attarde pas sur le fait que dans deux jours, je saurai la vérité. Je ne veux pas penser pourquoi j’ai ressenti ce que j’ai ressenti au cinéma, ni ce que ça implique. Je ne le sais même pas. Je rentre et passe tout de suite sous la douche. J’essaie de lâcher prise. Ce qui est vraiment frustrant c’est que je ne peux raconter ça à personne. J’ai pas envie de raconter aux filles que je suis allé chez lui et qu’on a discuté non plus. J’ai l’impression qu’une partie de moi veut le garder en secret. Pour une fois qu’une chose m’arrive. Je m’assois à mon bureau et contemple mes manuels. Je n’ai pas envie de réviser du tout. Une idée me vient en tête. J’ouvre un tiroir et y trouve mon journal intime. Ça fait longtemps que je n’ai pas écris mais pourquoi pas ? Je commence par écrire la date.
Peut-être ma vie va changer dans deux jours, peut-être pas. J’ai rencontré quelqu’un il y a un peu de temps. Il s’appelle Jim. Son arrivée en octobre m’a semblé étrange dès le début et j’avais raison. Sa présence est différente des autres, il semble savoir une vérité que nous ne connaissons pas. Avant lui, j’ai eu ces incessants rêves. Le même toutes les fois. Je ne me suis jamais attardée parce que je n’ai pas de réponses. Mais il m’a toujours intriguée. Certains évènements ont pris place dans l’espace d’un mois et quelque. Et je ne pourrais être plus désemparée que ça. J’ignore si j’ai fais le bon choix de lui faire confiance. Je le découvrirai dans deux jours. Ceci est la trace écrite que c’est bien réel. Ce que je sens et ce que je sentirai. Qu’est-ce qui pourrait bien arriver si je n’arrive pas à faire face à ses révélations ? Serai-je en danger ? Le vendredi me le dira. Une partie de moi s’est senti flattée par le fait qu’il voulait faire plus ample connaissance, mais c’est probablement son objectif depuis de le début, pas que je l’intéresse. Je ferme mon journal et le range à sa place. Puisque je n’ai pas envie de réviser, je décide de voir mon frère. Je toque et ouvre la porte de sa chambre.
– Salut, dis-je timidement.
– Salut.
– Tu fais quoi ? Je m’approche de son bureau.
– Oh rien de spécial, je chatte avec des potes. Sa voix est en pleine mue, j’esquisse un sourire. Forcément il a 14 ans. Je l’observe attentivement : il a les même yeux verts que moi et les même cheveux. Je m’affale sur son lit et observe le plafond.
– J’aimerais avoir de l’intimité.
– Je suis juste sur ton lit, je ne te dérange pas. Je lui lance un regard appuyé.
– Si, j’ai pas envie que tu lises mes messages. Je vois vaguement qu’il parle sur whatsapp depuis son ordinateur.
– Ne sois pas dramatique. Je ne pense pas que vos conversations d’ados m’intéressent. A moins que tu parles à une fille ? Il se tourne et me lance un regard noir. – Je plaisante. Je me lève et lui fais un câlin avant de poser un bisous sur son front. Je décide de regarder la télé et me faire le goûter. Je suis anxieuse. Je me concentre sur le programme que je regarde. Je crois que je m’assoupis.
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