Chapitre 6: La transformation
Le jour de ma transformation approche de plus en plus et Jim me fait passer plus souvent les exercices. Je me sens très nerveuse : j’ai peur. Maintenant assister aux cours s’avère ardu. Difficile de maintenir le cap en ayant en tête un monde occulte sous terre. En plus de tout ça, l’humeur morose des élèves et le temps monocorde de Chino hills en rajoute. J’essaie de paraître le plus normal possible. Jim et moi sommes de plus en plus proche : nous parlons souvent au lycée, je vais souvent chez lui pour les exercices. Sa présence me réconforte. Je finis par attendre la transformation avec hâte, pressée de voir comment ça se passera. Une fois que ce sera fait, je me sentirais mieux, me dis-je. Quelques jours avant que les deux semaines passent, je ressentis des symptômes. Douloureux comme la première fois. Nous étions dans la cantine Sue, Maddie, moi, Jim et ses amis. Tout allait bien lorsque Jim commença à m’observer attentivement. Je commençai à me sentir mal à l’aise. Nous n’étions pas seuls. Il touche ses lèvres et me fait un signe de la tête. Je compris toute de suite. J’invente une excuse et part en direction des toilettes, Jim sur mes talons. J’entends vaguement qu’il dit : je crois qu’elle a envie de vomir, je vais l’accompagner. Sue et Maddie proposent d’y aller mais Jim les rassure. La chance est de mon coté : il n’y a personne dans les toilettes des filles. Il nous enferme tout les deux dans les toilettes. Je m’assois sur la cuve, un peu tremblante. Je sens les doigts de Jim brièvement sur mes lèvres puis mon front et les joues. J’ai envie qu’il continue.
– Tes symptômes sont revenus. Demain aura lieu ta transformation. Ce que je redoutais tant va se produire, pensai-je avec amertume.
– Demain matin, tu dois venir chez moi. Je t’emmènerai dans un lieu sûr, d’accord ? Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot. L’angoisse me submerge et l’air me manque. J’aperçois mes joues rouges à travers l’écran de mon téléphone.
– Tu peux y aller, ça va passer, je veux être seule dis-je d’une voix rauque. Je n’arrive pas à respirer. Je sens ma gorge sèche, j’ai chaud.
– Je ne vais pas te laisser seule. Les symptômes juste avant la transformation sont un peu plus forts. Essaie d’inspirer et expirer tranquillement. J’inspire difficilement par le nez et tousse rapidement après. Je passe la main sur mon front. Je suis trop chaude. J’ai l’impression que j’ai 40 degrés de fièvre.
– Raquel tu me fais confiance ? Je le vois agenouillé face à moi, ses yeux attentifs sur mon visage. Je hoche la tête. Il s’approche de moi et je manque de reculer mais je suis sur la cuvette. Jim me prend délicatement le visage et pose ses lèvres sur les miennes. Je frissonne. Ses lèvres sont douces. J’ai envie de l’embrasser, vraiment de l’embrasser, de me laisser aller contre lui. Mais je ressens une seconde après, un souffle d’air frais. Je me sens instantanément soulagée. Je manque de gémir contre ses lèvres. Je me penche vers lui, nos lèvres toujours scellées. Il manque de basculer en arrière mais me tient fermement le visage. L’air frais continue à passer à travers ma gorge quelques minutes de plus jusqu’à ce que je ne ressens plus d’ardeur. Il s’écarte doucement.
– Tu te sens mieux ? Je me rend compte de c’est qui s’est passé et rougis. Je ne peux le regarder en face. Je me lève brusquement et sors des toilettes en trombe. Je l’entend m’appeler mais ne l’écoute pas. Je rejoins la cantine et fais mine de rien. Tout va bien. Sue et Maddie ont fini de manger, je leur demande d’aller autre part. J’invente que j’ai des règles douloureuses. Je vois Jim mais ne le vois pas. J’évite son regard. […] La journée passée, je rentre à pied chez moi. Je me sens gênée. Il ne voulait pas m’embrasser, il voulait juste m’aider avec ses pouvoirs, évidemment, dans une situation pareille, il ne pensait pas à m’embrasser. Heureusement, je n’ai rien fais mais je crois que j’ai gémis quand j’ai senti l’air froid. Je soupire intérieurement. Le lendemain, je suis prise d’une nouvelle motivation. Ce qui s’est passé hier n’est pas grave, c’était juste un évènement comme les autres. C’est ce que je me répète en boucle. J’enfile un legging et un pull à capuche pour être confortable. Je prétend que je vais en cours. En sortant je me dirige vers le bus puis voyant que Ben n’est pas là, m’engouffre dans une rue à gauche. Je me sens coupable de mentir à ma mère et de sécher les cours. J’ai dis à Sue que je ne me sentais pas bien. Je n’aurais jamais pensé que je sécherai pour une transformation. Je me dépêche d’aller chez Jim, l’angoisse au ventre. Après avoir sonné, Jim apparaît sur le seuil de la porte menu d’un sac à dos, le regard hésitant.
– Salut.
– Salut, je suis prête, où allons nous ? Mon ton est faussement enjoué.
– Tu veux parler de ce qui s’est passé hier ? Je me dirige vers sa voiture. J’imagine que ça ne va pas être dans le coin.
– Non, tout va bien.
– Raquel. Il soupire. Je suis vraiment désolé pour hier, je n’aurais pas dû faire ce que j’ai fais. Je t’ai demandé mais tu n’étais pas tout à fais consciente. Je me retourne.
– Non, tu n’as pas à t’excuser. Tu m’as aidé. Je me suis sentie gênée, c’est tout. Il s’approche et me scrute.
– Pourquoi gênée ? Je lève enfin les yeux vers lui.
– Je… j’ai gémis, je… je ne suis pas très à l’aise. Je ne me sentais pas à l’aise avec toi après.
– Je m’en fiche si tu as gémis. Tu avais chaud, tu étais en pleine crise, je voulais juste m’assurer que tu allais mieux. Je hoche la tête.
– Je suis prête pour la transformation. Nous montons dans la voiture et je vois que Jim n’est pas satisfait de notre discussion. Ce n’est pas le moment toute façon. J’ai une transformation à faire. Je ne peux pas oublier la sensation de ses lèvres sur les miennes. La silhouette du State Park apparaît dans mon champ de vision.
– C’est ici ? Je demande, surprise. Je n’ai jamais porté le State Park dans mon cœur à vrai dire. Il n’y avait pas assez d’arbres à mon goût, trop de collines vertes.
– Oui. Le State Park est très grand, c’est parfait pour une transformation. Je l’ai faite ici aussi. Nous commençons à marcher et je le suis. Il n’y a personne. L’herbe un peu gelée, crisse sous nos pas. On monte le long d’une colline et arrivons à son sommet. Un arbre se tenait là parmi le gazon.
– C’est ici. A partir de maintenant, la magie va faire partie de ta vie. Face à mon regard interrogateur, il s’approche de l’arbre et de la main soulève une trappe invisible. La partie supérieure de la trappe était recouverte d’herbe tandis que l’inférieure laissait entrevoir le bois. Je m’approche. Une série d’escalier tout en bois se tenait devant moi. Mon ventre se serre. Je ressentais de l’excitation malgré moi.
– Toi d’abord. Il me fait signe de passer. Je descend, les mains tremblantes. Le nombre de marches était infini. Tout était absolument fait de bois. Je m’en aperçus en touchant les parois. Super, pensai-je avec ironie, je passe ma conversion sous terre. Une sorte de préparation a Ocmundi, sans doute. J’inspire et un mélange de terre, d’humus, de mousse et de feuilles séchées me parvient aux narines.
– On est bientôt arrivés, me rassura Jim qui descendait les marches juste derrière moi. La dernière marche donne sur un espace clôt, une sorte de chambre, entièrement de bois aussi. Des étagères remplies de livres et une grande table étaient disposés. Une grande lampe au plafond était la principale source de lumière accompagnée de trous dans les murs de la taille d’une balle de ping pong. Jim pose son sac sur la table et commence à sortir une bouteille d’eau.
– Tu es fâché ?
– Non. Est-ce que t’as prévenue Sue ou quelqu’un de ton absence ?
– Oui, je lui ai dis que je ne me sentais pas bien, que j’avais des règles douloureuses. Il hoche la tête.
– Jim, je...
– Je ne suis pas fâché. Peu importe. Concentres toi sur ta transformation. Je commence vraiment à m’énerver. Je ne comprends pas pourquoi il a réagi comme ça mais il a raison. C’est le moment de ma transformation.
– C’est quoi ces trous ?
– Ce sont des trous pour faire passer l’air et cette salle s’appelle un Locuscon, en gros une salle de transformation. Assis-toi je t’en prie. Il me montrais deux chaises autour de la table centrale. Je m’assois, lui en face.
– Je ne sais pas à quand exactement ta transformation commencera. On va attendre un peu entre temps. Est-ce que tu as des questions sur Ocmundi ? Sur ton avenir ? Il prend son cahier et stylo.
– Ce sont des procédures ? Les questions ? Il hoche la tête. Je serre mes mains. – Je n’ai pas une question à l’esprit pour l’instant.
– Okay, parfait. Je peux te rappeler des concepts si tu veux ? On dirait que je suis en cours. Ça se voit tellement que c’est forcé, qu’il fait ça alors qu’il n’a pas envie. Je hoche la tête, tant qu’à faire. J’ai sûrement oublié certains éléments.
– Tous les mots sont en latin dans notre monde. Ocmundi est une abréviation de ocultus mundi qui signifie monde caché en latin. Je ne vais pas te raconter l’histoire de comme est né le premier gaucher parce que tu verras tout ça bientôt à l’École. Rappelle toi seulement que tu sera une Fuocan, moi je suis un Aria parce que je peux maîtriser le vent, les Acqua l’eau et les Terrans la terre. C’est assez intuitif.
– Y a-t-il une hiérarchie entre les gauchers ?
– Non, nous avons tous les mêmes droits. Mais il est vrai que traditionnellement les Fuocan et les Acqua sont considérés comme les gauchers plus puissants, suivi des Aria. Les Terrans sont un peu en bas de l’échelle. Ce n’est pas moi qui le dis, il ajoute après avoir remarqué mon regard surpris. C’est ce que j’ai entendu dire, c’est un peu une pensée que certaines personnes ont. Nous sommes tous égaux. Je hoche la tête. Nous sommes un monde à part avec nos règles, nos coutumes, nos magasins, nos école. Il existe seulement une École pour la formation principale. C’est celle où nous allons tous. Elle s’appelle Elementa. Après la formation initiale, tu peux choisir de continuer et devenir plus professionnel et expert de ton pouvoir, tu peux étudier pour être scientifique, tu peux être gardienne, messagère, prof, membre du Conseil, tu peux choisir ton chemin en somme.
– Attends, c’est quoi le Conseil ?
– C’est notre gouvernement. Il a une structure, je ne vais pas te l’expliquer maintenant mais c’est très intéressant pouvoir y travailler. Je termine avec une dernière chose que tu dois savoir parce que tu vas le voir quand on arrivera à Ocmundi. Je hausse les sourcils, curieuse.
– Notre source de pouvoir provient d’un arbre. Il est immense et il se tient dans l’un des quatre états d’Ocmundi. Tu comprendras tout mieux une fois sur place et en cours d’Histoire. Un arbre ? Mon pouls s’est accéléré la minute qu’il a dit arbre. Je ne lui ai jamais raconté à propos de mes rêves. Je pense que c’est quelque chose de trop intime, je ne lui fais pas encore assez confiance. Je ne l’ai dévoilé à personne. Je me demande si c’est une simple coïncidence que je rêve d’un arbre moi aussi. Il pose son cahier et stylo sur la table.
– La transformation se compose de trois phases en total : en premier, les symptômes. En deuxième, la transformation et en dernier la conversion.
– Et on va attendre jusqu’à que ça arrive ? Manquer des cours pour attendre une souffrance dans un Locuscon, cela me paraît pas très joyeux.
– Oui on doit attendre. La bibliothèque sert à ça. Tu peux lire un peu si tu veux. Sur ce, il se lève et parcourt les rayons sans un mot. Je suis un peu abasourdie. On va rester comme ça toute la journée ? J’ai envie de reprendre la discussion mais mieux pas. Je prend moi aussi un livre. Il contient des explications sur chaque élément, des dessins aussi. Je lis attentivement le chapitre sur le feu, fébrile. […]
Une heure est passée et toujours pas de symptômes en vue. Jim est submergé dans sa lecture. J’observe ses grandes mains, sa mâchoire ciselée, ses cheveux, son cou. Il lève les yeux vers moi et je détourne vite le regard. Je commence à stresser. J’ai envie que la transformation arrive et soit rapide. Je me trouve à coté d’un garçon que j’ai eu envie d’embrasser et mes pensées tournent autour de ça. Nous nous trouvons dans un lieu clôt, les deux, dans un milieu boisé. Jim ferme son livre.
– Tu as faim ? C’est mieux de manger un peu avant. Je secoue la tête.
– Dès tes premiers symptômes, j’irai sur la colline pour te laisser seule.
– D’accord…. ça durera combien de temps ?
– Ça dépend de chacun de nous, en général ça dure trente minutes ou une heure.
– A partir des symptômes ? Il hoche la tête. L’angoisse m’envahit. Je me contente de marcher des étagères à la table et de la table aux étagères. Je suis sur le point de prendre un autre livre lorsque je sentis les symptômes. Mes lèvres, mes mains, joues et ma respiration. Cela commença par mes lèvres, puis mes mains, mes joues, ma respiration. Le livre tombe de mes mains. Jim se lève brusquement et je me tourne vers lui. Ma vue commençait à se troubler.
– Je vais devoir partir. Tout va bien se passer d’accord ? Ses mains étaient posés sur mon visage déjà brûlant. Je hoche la tête lentement et avant que je puisse dire quelque chose, il a déjà monté les marches. Désormais, je suis complètement seule, j’ignore quoi faire alors je m’assois. Seul mon souffle irrégulier fait écho aux parois. Mes poumons deviennent en feu, ma gorge se serre tel un étau. Je crois revivre ma dernière heure comme au cinéma. La différence c’est que la douleur et l’inconfort ne partent pas. J’ai mal au ventre, aux articulations, j’ai chaud. Je me laisse glisser et tombe, dos au sol, le regard au plafond. Tout mon corps brûle d’un feu qui ne demande qu’a sortir. Je compris que ce n’était que le début et que la transformation débuta vraiment lorsque je fus agitée de convulsions. Une épaisse fumée noire sort de ma bouche. Je lève ma main et elle est écarlate. Je crie. Mes spasmes sont de plus en plus nombreux. Je sens quelque chose dans mon ventre, puis je le sens. Mon pouvoir, telle une boule qui veut s’échapper de mon corps s’ouvre à moi. Je suis en sueur, je veux enlever mon pull mais je n’y arrive pas. J’ai l’impression que ma tête va exploser. Cette abominable souffrance dura longtemps, trop longtemps. Je me retourne sans cesse, cogne mes jambes contra la table. Mes propres cris résonnent à présent dans mon esprit. Mes cordes vocales me brûlent. Soudain, je sens des picotements parcourir mon bras gauche jusqu’au bout de mes doigts. La conversion. Un grand spasme me parcourut le corps et ma bouche s’ouvre en un gémissement et une flamme en jaillit. Je me lève. Mes bras sont crispés et j’enflamme tout autour de moi. Les murs se noircissent. Je ne sais pas comment m’arrêter. Je poussai un long cri de douleur et retombe lourdement au sol. […]
J’entrouvre lentement les yeux et tout est sans dessus dessous. La table est renversée ainsi que les livres et les étagères. A certains endroits des murs, le bois est brûlé. Une forte odeur de cramé domine les lieux. Je me demande ce que va penser Jim en revenant. La Locuscon est complètement détruite par ma faute. Je me lève, titubante. J’enlève mon pull et reste en débardeur. Je me sens différente: des picotements encore fourmillent mes bras. C’est le feu. Je serre les poings. Je découvre un petit miroir caché et aperçois un petit tatouage en forme de flamme sur ma poitrine, juste au dessus du cœur. Je me demande si Jim en a un aussi. Mise à part la puissance qui coule dans mes veines, je tremble comme une feuille. Les derniers évènements sont encore gravés dans mon esprit et dans mon corps. Toute cette douleur et ces spasmes qui n’en finissaient pas. J’entends la trappe s’ouvrir et Jim descendre. Ses yeux s’écarquillent. Il s’approche.
– Ça va ? Comment tu te sens ?
– Oui, ça va. Ma voix tremble légèrement. Je suis désolée pour les dégâts. Je ne pouvais pas m’arrêter. Je le vois déglutir tandis qu’il observe les murs noirs.
– Ce n’est rien, cette salle est faite pour ça. Tu veux boire de l’eau ? Il s’approche de la table et me tend la bouteille. Je la prend d’une main tremblante. Maintenant que tout est passé, j’ai des frissons. D’un geste vif, Jim soulève son pull.
– Qu’est-ce que tu fais ? J’ai mon pull, il faut juste que le je trouve.
– Peu importe, tiens. Il se tient près et mes yeux ne peuvent pas quitter son torse. C’est la première fois que le vois sans t-shirt. Il est large sans trop l’être : les abdominaux et pectoraux bien dessinés. J’aperçois son tatouage aussi : c’est un petit tourbillon, c’est joli. On dirait pas vraiment un tatouage. Il n’est pas fait d’encre, c’est autre chose. J’enfile son pull et m’assois. Je me fais une queue de cheval.
– Tu veux me dire ce qui s’est passé ?
– Et bien, au début j’ai eu les mêmes symptômes sauf qu’ils ont duré plus, chaleur, des plaques rouges sur mes mains, fatigue à respirer. Après j’ai senti mon pouvoir, là. Ma main touche mon estomac. – Et puis le feu a commencé à sortir de mes mains sans que je puisse le contrôler. Je crois que je me suis évanouie après. Il hoche la tête.
– C’est cohérent avec ce qu’ils m’ont expliqué. On va partir, il faut que tu te reposes.
– Et que fait-on des dégâts ? On peut pas laisser la salle dans cet état.
– Quelqu’un va venir la nettoyer et la mettre en ordre. Je hoche la tête. Je n’arrive pas encore à croire que je peux sentir mon pouvoir, que du feu est sorti de mes mains. Il range ses affaires et je lui redonne son pull.
– J’ai trouvé le mien. Je lui adresse un sourire mais il ne me le rend pas.
– Je pense qu’on devrait parler avant de partir. Tu es encore énervé. Il secoue la tête et renfile son pull. Je peux mieux me concentrer sur la conversation maintenant.
– Si, tu peux me dire pourquoi ?
– Je ne suis pas énervé Raquel. On peut partir.
– Non attend. Il y a quelque chose qui te dérange, dis le moi. Je ne partirai pas d’ici avant que tu me le dises. Il me dévisage avant de détourner le regard.
– Je m’en veux d’avoir fais ce que j’ai fais hier. Ça t’a visiblement mit mal à l’aise et je suis désolé.
– Non, ce n’est pas ta faute. C’est moi, c’est bête. Je ne m’y attendais pas c’est tout. Il fronce les sourcils et hoche la tête sans un mot.
– Je ne comprend pas pourquoi tu es toujours énervé ! Je viens d’avoir ma transformation, j’essaie d’avoir une conversation avec toi et tu n’aides pas.
– Ce sont mes affaires, t’inquiète pas. Je ne suis pas fâché avec toi. Je soupire.
– Tu veux savoir pourquoi je me suis sentie mal à l’aise ? Parce que j’ai eu envie de t’embrasser. Je pensais que tu allais m’embrasser mais en fait c’était pour m’aider, c’était ton pouvoir, ton vent, comme tu veux l’appeler. Voilà, tu es content ? Je me rend compte de ce que je viens de dire un instant après et je ferme les yeux une seconde. Jim me dévisage surpris, bouche bée.
– Mon dieu, je n’aurais pas dû dire ça. On devrait partir. Oublie. Je m’apprête à partir mais il me prend le bras, me pivote et m’embrasse. Cette fois, ce ne sont pas juste des lèvres posées contre des lèvres. Non, cette fois il m’embrasse vraiment. Ses lèvres s’entrouvrent et je sens sa langue jouer avec la mienne et soupire. Il m’embrasse avec fougue, ses deux mains autour de mon visage. J’ai envie de plus. Je le pousse contre le rebord de la table. Mes mains glissent sous son pull et j’explore ses abdos. Il gémit contre ma bouche tandis que ses mains agrippent mes hanches. Je me sens fébrile, je sens des papillons dans le ventre. Je veux plus de lui. A contrecœur, il m’écarte doucement. Je sens encore ses lèvres sur les miennes.
– On devrait s’arrêter. Nous souffles sont saccadés.
– Oui, tu as raison. On doit partir. Il hoche la tête. Je reprend mon sac et commencer à monter les marches. Je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. Jim referme la trappe et nous rejoignons sa voiture sans un mot. Nous partageons des regards futiles entre nous. Je le sens sourire. Je n’avais pas imaginé la transformation comme ça. A présent, j’ai accès à mon pouvoir et j’ai embrassé Jim. Je me sens heureuse, mais aussi stressée. Le jour de la partance va approcher dangereusement. […] Nous arrivons devant chez moi. Jim éteint le moteur et se tourne vers moi.
– Repose toi bien. Mange correctement et bois surtout. Tu es sûrement déshydratée. Je te conseille de ne pas...chercher ton pouvoir pour l’instant parce que tu ne sais pas du tout le maîtriser. Je ne veux pas que tu mettes le feu à ta maison. Je ricane et j’acquiesce.
– T’inquiète pas. J’ai un peu peur de mon pouvoir. Je pense je dois m’habituer au fait qu’il sera toujours là. Je hausse les épaules.
– Prend ton temps. Nous partons samedi. Préviens bien tes parents et tes amis. Tu dois être prête. Tu n’as pas besoin d’amener beaucoup d’affaires. Ils nous donnent assez de vêtements. Je hoche la tête, la gorge serrée. J’ai envie de discuter sur ce qui s’est passé entre nous mais je ne sais pas si c’est le bon moment.
– Et Raquel ?
– Oui ? Jim se tourne complètement vers moi.
– Tu m’as plu dès le début. Dès les premiers jours que je t’ai vu et que tu m’as adressé la parole. Je pensais que tu t’es incommodée hier parce que je ne te plaisais pas. C’est pour ça que j’étais énervé, je ne voulais pas te déranger. Je le dévisage, le cœur battant.
– C’est réciproque. Il est tellement beau avec ses yeux sur moi, les cheveux un peu décoiffés. Il se penche, me caresse la joue et m’embrasse. Je répond et passe mes bras autour de son cou. Je sais que je suis juste devant chez moi et que mes parents ou Ben pourraient m’apercevoir à travers le salon mais je les oublie. Je suis trop obnubilée par son odeur, son toucher, ses lèvres. Je suis à deux doigts de monter à califourchon sur lui.
– Raquel. Il chuchote et je m’écarte. On va trop vite. Tes parents pourraient nous voir. Je hoche la tête, le souffle court. Il glisse une mèche derrière mon oreille et je manque de fondre.
– On se voit à demain alors ?
– Oui. Je surprend son sourire en fermant la porte.
Une fois dans ma chambre, douchée et couchée, j’observe le plafond. Je ferme les yeux et je peux sentir mon pouvoir. Le feu. Une petite boule de chaleur dans le creux de mon estomac.
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