Chapitre 8: Ocmundi

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La grotte surplombe une ville. Une ville très grande, contraire à mon imagination. Un énorme arbre se situe un peu à l’écart de la ville. Il semble atteindre les vingt mètres de hauteur. Je ferme les yeux un instant et vois l’arbre présent dans mes rêves. Ce n’est pas le même mais il est très similaire. Une dizaine de marches permettent d’accéder à l’arbre, puis tout en haut, je distingue un puits de lumière au centre des branches. Je relève la tête, et n’aperçois pas le ciel mais de la terre. De la terre tassée, un peu comme un plafond mais il s’élève tellement haut qu’il semble comme un ciel. C’est immense. Des milliers de maisons, certaines en bois, d’autres en pierre s’étalent à perte de vue. Un grand bâtiment en bois avec de nombreuses plantes grimpantes le long de ses murs se trouve à l’issue d’une place. L’espace est constitué de collines et de beaucoup de verdures. Et surtout, pleins d’arbres. J’ignore comment ils ont fait pour planter tous ses arbres mais c’est très beau. L’air vibre d’une énergie ancienne et l’odeur d’humidité et de nature envahit mes narines. Je sens la main de Jim et sursaute légèrement. Il prend ma main et caresse doucement ma paume. Je frissonne.

– Alors ? Il demande.

– C’est...extraordinaire, je murmure. Tu ne m’as pas dit qu’il y a un arbre gigantesque pratiquement à coté de la ville.

– C’est un arbre magique. Il est la source de notre pouvoir. La lumière qui se trouve en son centre, c’est la source on l’appelle. Je ne veux pas te dire trop parce que c’est beaucoup d’information. Tu vas vite tout comprendre à l’École. Je mords ma lèvre et hoche la tête. Il a raison. Je ne pense pas qu’il soit capable de m’expliquer comment Ocmundi fonctionne. C’est… un monde avec ses propres règles. Je réprime un frisson. Scott commence à descendre de la grotte par des escaliers en pierre. Il se tourne à demi vers moi.

– Je vais t’expliquer quand même quelques notions basiques d’Ocmundi. On a un peu de marche encore alors, je ne pense pas que ça te fera du mal.

– Scott… commence Jim.

– Non, c’est bon, j’ai envie de savoir. Où va-t-on ? Directement à l’École ?

– Non, on va au Conseil, c’est notre gouvernement mais ça fonctionne aussi comme mairie. Tous les gauchers élémentaires ont automatiquement une place mais tu dois t’inscrire formellement à l’École et à Ocmundi, affirme Scott. – Ce que tu vois ici c’est Occidens, c’est le centre ou la capitale d’Ocmundi si tu veux. Nous avons North, Meridien, Occidens et Quod. Ça veut dire nord, sud, ouest et est en latin. Ce sont les quatre grandes régions. Après il y a des autres petites villes ou villages. Occidens. Il y a quelques heures, je me trouvais encore à Chino Hills et à présent, je suis sous terre, dans un monde où la magie existe, à Occidens. Je me concentre et sens mon pouvoir en moi comme une vague chaude qui traverse mes entrailles. Un sourire étire mes lèvres, malgré moi. À présent, nous traversons la petite plaine où se trouve l’arbre mais nous l’esquivons et pénétrons la ville. Les rues sont pavées, mais certaines où les maisons sont un peu éloignées, sont en terre battue. Les maisons éloignées du centre sont plus rustiques, presque médiévales je dirais. Je reste interdite devant une maison. C’est un arbre habitable. C’est incroyable. Certaines sont construites autour de l’arbre, mais d’autres sont vraiment à l’intérieur de l’arbre. Scott et Jim s’esclaffent devant ma stupeur et je donne un coup de coude à Jim. A mesure que l’on entre dans la ville, toutes les rues sont pavées, les maisons sont aussi de style antique mais en pierre. Des lampadaires anciens en fer forgé, ornés de volutes se dressent à chaque coin de rue. Je remarque que les habitants sont tous des adultes ou des adolescents un peu plus jeunes que moi. Peu de bébés ou enfants en vue.

– Pourquoi il n’y a pas d’enfants ?

– Nous n’avons pas beaucoup de natalités à Ocmundi, explique Scott. Parfois, deux gauchers élémentaires ont des enfants droitiers ou gauchers mais simplement ils n’ont pas de pouvoirs. En général, c’est génétique, mais une partie importante de la population d’Ocmundi provient de gauchers élémentaires qui sont nés dehors, comme toi et moi, ou Jim. Je fronce les sourcils.

– Et s’ils naissent droitiers ou simplement gauchers, enfin sans pouvoirs, ils peuvent rester ici avec leurs parents ?

– Oui, bien sûr, ils peuvent contribuer à la vie et au développement de notre monde tout autant qu’un gaucher élémentaire. Ils ont le droit de partir aussi. C’est leur choix. Il hausse les épaules. Je me sens quelque peu rassurée : j’imaginais déjà les pauvres enfants devant partir parce qu’ils ne sont pas nés avec des pouvoirs ou simplement parce qu’ils sont droitiers. J’observe avec curiosité les magasins, les fenêtres, les rues, les petites ruelles. J’aperçois même une écurie.

– Donc en gros, l’État d’Ocmundi, le Conseil comme vous l’appelez, il nous oblige à rien ? Seulement il faut passer par l’École pour savoir maîtriser notre pouvoir ? Jim ricane et passe une main sur sa nuque.

– Exact. Tu es libre sauf une seule chose. Notre monde est occulte et personne ne doit changer ça. Je crois que la grande majorité des gauchers élémentaires vivent à Ocmundi. C’est le seul endroit où nous pouvons utiliser nos pouvoirs librement. Et puis la culture, le mode de vie, tout s’accorde plus à nos pouvoirs. Je hoche la tête, pensive. Il est vrai que si j’y réfléchis bien, ce serait étrange de retourner à Chino Hills et cacher pour le reste de ma vie que j’ai des pouvoirs. Mais penser que je vais devoir voir moins mes parents, Ben ou Sue et Maddie me pince le cœur. Je manque de trébucher lorsque un homme passe à coté de nous à cheval.

– Comme tu as pu constaté, nous nous déplaçons à pied ou à cheval la plupart du temps. Les voitures sont utilisées uniquement pour des grands trajets, déclare Scott. Je suis abasourdie. Ils vivent plus en cohésion avec la nature, en effet.

– J’imagine que le temps ici est artificiel ? Comme la lumière présente non ? On dirait qu’il y a du soleil alors qu’il n’y a pas de soleil.

– Oui c’est ça. Soit il y a du soleil ou de la pluie. La pluie est crée par les Acqua. J’arrête de poser des questions et me contente de les suivre. Au bout de quinze minutes de marche environ, nous arrivons devant le grand bâtiment que j’avais aperçu. C’est le Conseil. Il est recouvert de plantes grimpantes et possède de grandes fenêtres. De grandes marches en bois s’élèvent pour y accéder. Jim et Scott s’avancent à grands pas. On arrive dans une grande salle circulaire où de petits bureaux sont disposés. Jim s’avance vers un, tandis que Scott vers un autre. Je décide de suivre Jim.

– Je viens inscrire Raquel Davis à Elementa et Ocmundi. Je suis son messager, Jim Clark. La dame semble chercher mon nom dans la base de donnée puis opine du chef. Mon cœur bat à mes temples.

– Très bien, veuillez compléter ce formulaire s’il vous plaît. Je rempli les documents nécessaires et elle s’occupe de scanner ma carte d’identité. Je sens Jim derrière moi, son parfum. Je me tourne et il m’adresse un sourire rassurant. Sa main se pose au creux de mes reins et j’essaie d’ignorer la chaleur qui traverse mon corps. Une fois finis, nous nous apprêtons à sortir mais quelqu’un interpelle Jim. Il fait volte-face.

– Oh, bonjour Emurio. Ils partagent une poignée de main. C’est homme, fin trentaine, début quarantaine, il a les cheveux noirs, une peau légèrement halée, une barbe naissante et des yeux bleu foncé. Je vois son regard m’examiner attentivement.

– Je te présente Raquel Davis, ma mission. Raquel, Emurio, le président du Conseil. Oh, le président.

– Enchantée, dis-je en lui serrant la main.

– Tout le plaisir est pour moi Raquel. Vous êtes la fille retardée, n’est-ce pas ? Je fronce les sourcils. – Désolé, vous avez eu une transformation tardive voila.

– Oui c’est moi. Ne vous inquiétez pas, la fille retardée me va aussi. Il s’esclaffe.

– J’aime bien les personnes qui ont de l’humour, vous faites un bon début. Je lui offre un sourire pincé.

– Nous allons à Elementa, affirme Jim.

– Alors je ne vous dérange pas plus. Je vous souhaite une très bonne rentrée Raquel. Bienvenue à Ocmundi. Nous nous verrons une autre fois sûrement, je passe souvent à Elementa. Je le remercie et nous sortons du Conseil. Je lâche le souffle que je contenais une fois au pied des marches.

– Où est Scott ? Je l’ai complètement oublié.

– Il n’aime pas trop Emurio, il est sans doute parti à Elementa.

– Et toi ?

– Je n’ai rien en contre de sa personne. Il est assez présent. Il aime bien encadrer les jeunes étudiants, les nouveaux gauchers. Il peut paraître insistant parfois. Je suis sûr qu’il est venu parce que tu as un retard.

– Qu’est-ce que tu veux dire ? Il est déjà parti en direction d’Elementa et je m’empresse de lui emboîter le pas.

– Je veux dire que tu as retenu son attention. En général, il rencontre les nouveaux à l’École, pas lors de l’inscription au Conseil. Il est donc venu parce que c’est très rare qu’une personne passe sa transformation en retard.

– Okay, je ferai attention alors.

– Oui je te le conseille. Là, je commence vraiment à stresser. Je le suis le cœur battant. Nous nous éloignons à nouveau de la ville vers un sentier en terre battue rempli d’arbres et d’arbustes. Le chemin mène vers deux grands arbres, leurs branches presque se touchent. Elementa est inscrit sur une plaque en grandes lettres.

– On est arrivé. Ces deux arbres sont comme un portail pour entrer. Ils laissent passer uniquement les étudiants ou les haut postes comme Emurio, explique Jim, ses yeux souciant sur mon visage. Je hoche la tête. Il pose sa main gauche sur un tronc et aussitôt les arbres s’écartent pour nous laisser passer. Je retiens une exclamation. Elementa est comme une énorme maison, avec plusieurs petites tours, les toits sont similaires à ceux du Conseil, orangés. Des plantes grimpantes parsèment les murs et les vitres brillent. L’école me fait penser un peu à une maison italienne mais en plus majestueux. Devant ce que je crois est l’entrée, siège une fontaine. C’est beau. Sur les deux grandes portes d’entrées, les mots Gauchers élémentaires sont inscrits. Je déambule et aperçois derrière le bâtiment, deux grands chênes, ils sont gigantesques. Enfin, ce sont des arbres habitables à voir les fenêtres qui les ornent. Je me tourne vers Jim et il m’observe, les mains dans les poches de son jean.

– Est-ce normal d’avoir peur ? Je dis d’un air contrit.

– C’est normal. Tout ceci est nouveau pour toi et je sais qu’on ne parle pas de nouveau comme si tu allais à un autre lycée. Je sais que c’est un monde sous terre, tu ne connais personne et tu as des pouvoirs. La boule au ventre, je me laisse aller contre son torse. Son cœur bat vite. Une seconde après, sa main vient cueillir ma nuque et l’autre m’enserre la taille. Je repense à notre baiser juste après ma transformation. A son toucher, à nos souffles saccadés. Je recule.

– On a pas encore parlé sur ce qu’il s’est passé… entre nous. Je tripote la manche de ma valise. Je vois sa pomme d’Adam bouger.

– Non. Je voudrais te dire que... Nous sommes interrompus par les grandes portes qui s’ouvrent et une dame qui s’avance. Grande, bronzée aux cheveux noirs, je devine qu’elle doit être une femme importante.

– Bonjour Jim. Je suis ravie de te revoir.

– Bonjour Madame Cholea, je suis heureux d’être revenu moi aussi. Je me permet de vous présenter Raquel Davis, une nouvelle élève, elle a été ma mission. Les yeux de Cholea brillent d’intérêt.

– Bonjour, enchantée de faire votre connaissance. Elle m’offre sa main alors je la serre et m’incline légèrement.

– C’est un plaisir de vous rencontrer. Je vais vous introduire à votre classe. Vous me la laisser Clark ? Nos yeux se croisent un instant, et mon ventre se serre. Je savais que ce moment allait arriver. Il est en deuxième année et moi en première.

– Oui, bien sûr, je peux lui dire au revoir un instant ?

– Vous disposez d’une minute. Il me prend le bras et m’entraîne un peu plus loin. La salle d’entrée est grande est lumineuse.

– Je te verrai ce soir à la cantine, d’accord ? Profite du moment et ne t’inquiète pas. Ils vont tout t’expliquer. Je hoche la tête, soucieuse. Sa main caresse brièvement ma joue.

– A ce soir, alors, je réussis à articuler malgré ma gorge sèche. Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant, il me fixe de ses yeux puis part. Je me tourne vers Cholea, cachant un début de crise de panique.

– Je vais t’accompagner à ta classe. Tu vas intégrer les nouveaux gauchers de janvier. Les professeurs vont vous expliquer tout sur Ocmundi, il n’y a rien à craindre.

– D’accord, merci. Nous montons les marches d’un grand escalier tournant en bois que je n’avais pas remarqué avec ce stress. Il est majestueux. Je caresse la rampe du bout de mes doigts. Cholea me mène dans un couloir et s’arrête face à une porte. Elle l’ouvre sans toquer. Un monsieur, le professeur me sourit.

– Une nouvelle ?

– Oui, je te la laisse. Raquel Davis. Bonne chance Raquel.

– Merci madame. J’entre dans la classe, elle ressemble à une simple classe de lycée. Environ une vingtaine d’élèves sont assis à des tables individuelles. Tous ont l’air d’avoir mon âge ce qui est tout à fait cohérent avec ce que Jim m’a dit. Je dois être l’unique personne de 17 ans, ils doivent avoir 16 ans, l’âge habituelle de la transformation.

– Bonjour Raquel, je suis le professeur Gorge chargé des nouveaux arrivants. Tu peux poser tes bagages au fond de la classe et prendre place. Je m’exécute et m’assis près d’une fille aux cheveux courts blond qui me sourit. Le professeur Gorge semble cocher une casse et écrire quelque chose sur sa liste d’élèves avant de diriger toute son attention à son auditoire. Je suis désormais officiellement une élève d’Elementa à Ocmundi. Je me penche sur ma chaise, le cœur battant.

– Aujourd’hui, c’est la rentrée officielle pour tous les nouveaux arrivants de janvier. Vous êtes une classe de 23 élèves, ce qui est habituel car on n’a jamais beaucoup de nouveaux en janvier. A Elementa, vous allez être formés pour savoir maîtriser votre élément mais aussi formés intellectuellement comme dans un lycée normal et avec des activités sportives. Vous pouvez voir toutes vos matières sur le tableau. Il tapote sur le clavier de son Apple Mac, assez branché ici apparemment et les sujets apparaissent. Des murmures traversent la classe. Latin, concentration, magie, science, chimie, Histoire de la Terre, jardinage, maths, méditation, histoire des gauchers et voyages par téléportation.

– Je pense que vous ne savez pas ce que sont les voyages par téléportation. La classe reste muette. – Ce sont des voyages par portail qui nous permettent de visiter d’autres régions d’Ocmundi et de vous entraîner. Je vais vous faire un petit spoiler : vous allez subir une autre transformation mais de type animal. Nous sommes métamorphes également. Deux ou trois gars poussent des exclamations et s’esclaffent. D’autres sont ébahis. Quoi ? Je ne savais pas qu’on était métamorphes, j’entends une fille dire. Jim ne m’en a rien dit, alors je suis tout étonnée qu’elle. Je n’ai pas envie de passer par une autre transformation. La douleur que j’ai éprouvée à la première est suffisante merci.

– Gardez le silence s’il vous plaît, gronde le prof face au léger boucan qu’il a provoqué. Je comprend que c’est une nouvelle inédite mais mes collègues vous l’expliqueront le temps venu. Ici, les élèves portent des uniformes, il poursuit. Je vous pris de prendre chacun un uniforme des piles, à gauche les féminins et droite les masculins. Vous pouvez vous changer dans les deux salles qui sont en face de la classe. Il ouvre la porte et fait signe aux deux salles qui se trouvent effectivement à coté. Les chaises raclent et les plus courageux se lèvent, prennent leur uniforme et vont se changer. Je me lève à mon tour dans un élan et suis les filles. L’uniforme était composé d’un jean marron foncé légèrement évasé sur le bas, d’un pull noir avec les initiales « SAME » brodées en rouge, et d’une veste fourrée. Je remarque que la fille blonde avec le carré est à coté de moi. Elle se redresse après avoir enfilé son pantalon.

– Je m’appelle Jenny Baranov. Elle me tend sa main. Je la serre avec joie.

– Enchantée, moi c’est Raquel Davis. Je sors avec elle et nous regagnons nos places. Les garçons ont un uniforme similaire mais le jean est droit et noir et le pull marron foncé.

– Bien, tout le monde est sorti ? On va faire la visite d’Elementa à présent. Suivez moi et ne faites pas trop de bruit. Je laisse mes affaires derrière moi et ai un peu peur de les laisser comme ça mais ce sont les procédures.

– L’École possède une vingtaine de classes. Nous disposons d’une bibliothèque, d’une infirmerie, d’une salle commune pour discuter, d’une cantine et d’un terrain, autrement dit, une cour de récréation sauf que nous l’appelons terrain parce que c’est une grande pelouse si vous voulez. Il nous mène jusqu’à la salle d’entrée au bout des escaliers avec les grandes portes. Mes yeux les suivent jusqu’au plafond. Je crois qu’elles sont en bois d’acajou. Un motif raffiné est gravé dans chacune d’elles. Le prof se place au centre de la salle.

– Ici vous avez deux escaliers: celui de gauche vous amènera aux salles de chimie, sciences, maths, méditation et a la salle commune. Quant à celui de droite, il vous amènera aux salles de concentration, latin, magie, Histoire de la Terre et à la bibliothèque. Des cartes sont disponibles donc vous ne pouvez pas vous perdre, il ajoute avec un sourire. Je remarque avec choc le deuxième escalier aussi majestueux que le premier. J’essaie de mémoriser toute l’information.

– Le jardinage et les voyages par téléportation se passent où ? Demande une fille.

– Pour ces matières, vous devez vous rendre au terrain. Je vous en parlerai plus tard. L’infirmerie se trouve derrière les escaliers, ainsi que les toilettes. Pour aller à la bibliothèque, si vous avez écouté, on prend l’escalier de...?

– Droite, répond un garçon brun.

– Très bien, on y va. Nous gravons l’escalier de droite et passons plusieurs couloirs avant d’arriver à la bibliothèque. Elle est totalement immense, en bois laqué, vieille. Des escaliers permettent d’accéder aux étagères les plus hautes. Le prof nous laisse nous déambuler quelques instants. Je prend le rayon de gauche et m’émerveille des centaines de livres. Certains sont neufs mais d’autres ont l’air d’avoir plusieurs années. J’aperçois déjà quelques uns qui bavardent entre eux. Mon ventre se noue à la perspective de faire de nouvelles amitiés. Je ne me considère pas difficile mais je ne peux éviter de penser à Maddie et Sue, mes meilleures amies et ma vie au lycée, à Chino Hills. J’efface ces pensées de mon esprit et rejoins la classe. Nous descendons à nouveau au rez-de-chaussé.

– Je vais vous montrer la cantine et après vos dortoirs. Nous traversons la salle d’entrée et des bureaux administratifs pour arriver dans une majestueuse véranda. La cantine est entièrement faite de verre, laissant admirer la nature ambiante. Si bien nous sommes à Occidens, l’école se situe un peu à l’écart de la ville et un semblant de forêt nous entoure. Des rangées de tables et de chaises s’alignent avec régularité et un comptoir longe le fond.

– Voilà, vous avez vu le plus important d’Elementa. A présent, je vous mène à vos dortoirs. Nous sortons par la grande porte d’entrée et allons à droite. J’aperçois un peu plus loin ce qui semble être le fameux terrain. Des groupes d’élèves se tiennent, certains rigolent, d’autres simplement discutent, quelques uns sont seulement allongés, un livre à la main. On pourrait penser qu’ils sont de simples élèves mais rien n’est plus loin de la réalité. Ils portent tous l’uniforme. Je vois deux mecs se charrier et un lève sa main gauche et lui éclabousse le visage. Un Acqua. Je retiens une exclamation. Mon ventre se noue d’anticipation. A gauche du terrain, deux grands chênes se dressent fièrement. Ils sont anormalement grands. Je pense que les Terrans ont utilisé la magie pour les rendre plus longs. Monsieur Gorge nous explique que celui de gauche est le dortoir des filles et le droit, celui des garçons. L’arbre est constitué de beaucoup de branches, son tronc est épais, et plusieurs petits établissements, petites maisons en bois massif sont construits en travers. Tout est en bois ici décidément.

– Vous irez ce soir, vos bagages y sont déjà, d’ailleurs. Vous serez dans des chambres de quatre personnes avec une salle de bain. La sélection est aléatoire.

– Pourquoi on peut pas les visiter maintenant ? Demande la fille au carré blond, Jenny. Le prof croise les bras sur son torse puissant.

– Votre rentrée n’est pas terminée mademoiselle. Vous avez encore beaucoup de choses à découvrir et comprendre avant de vous reposer. Rappelez vous, il s’adresse désormais à nous tous, – que dès aujourd’hui vous êtes des gauchers élémentaires, des personnes puissantes prêtes à s’intégrer, à travailler, et se battre pour Ocmundi, et honorer Gaïa. Un murmure parcourt notre classe. Quant à Jenny, elle se contente de le dévisager le visage fermé. […] Une fois retournés en classe, Gorge nous donne nos emplois du temps. Il n’est pas trop chargé, je fini tous les jours vers trois heures de l’après-midi.

– Vous commencez les cours dés aujourd’hui et après, vous êtes en droit de sortir, il conclut. Vous pouvez aller manger avant de commencer. Des coups, ressemblant à un gong retentissent. Je frissonne. Je sors le cœur battant et m’approche de Jenny. Elle accepte de manger avec moi et me présente deux autres filles. Jessica, une fille aux cheveux longs noir et aux yeux bleus et Georgia, au teint halé avec des cheveux bruns et des yeux noisette.

– Vous avez quel pouvoir ? Je demande, curieuse.

– Je suis une Fuocan, toi aussi, non ? dit Jenny. Elle me montre ses lèvres rouges puis pointe du doigt les miennes.

– Oui, je suis aussi une Fuocan, je souris.

– Je suis une Terran, déclare Georgia.

– Et moi une Acqua, affirme Jessica, je note dans sa voix, un accent britannique. Et bien, nous réunissons presque tous les éléments, pensai-je. Des tables de maximum six personnes sont disposées à la cantine. Nous nous alignons face au comptoir. Ça ressemble presque à un buffet. Il y en a pour tous les goûts : des plats tropicaux, méditerranéens aux plats nordiques. Je me sers une purée de pomme de terre avec du poulet et des légumes. Je cherche Jim du regard avant de me rappeler qu’il a dit qu’il viendrait ce soir. Je me demande ce qu’il fait en ce moment.

– C’était qui votre messager ? Demande Jessica. Moi c’était une Terran, elle s’appelle Wendy. Je remarque que son accent donne une tournure à ses phrases bien plus élégante et belle que moi ou les autres.

– Moi, c’était un Fuocan, Ralph, répond Georgia. Il est vraiment sympa, il est là-bas je crois. Elle nous montre discrètement un garçon aux cheveux noirs assis quelques tables plus loin.

– Le mien est un Aria, il s’appelle Jim. Je m’abstins de raconter qu’on s’est embrassés et que je ne sais pas encore ce que nous sommes. Et toi, Jenny?

– C’est une fille, comme...je peux t’appeler Jess ? Elle dit en s’adressant à Jessica.

– Ouais bien sûr. Beaucoup m’appellent Jess.

– Donc c’est une fille comme pour Jess, une Acqua, elle s’appelle Lee. Ils sont tous en deuxième année non ? Georgia hoche la tête.

– Vous croyez que vous allez garder contact avec eux ? Personnellement, je n’ai pas trop noué avec elle, explique Jenny.

– Pour ma part oui. Je m’entends très bien avec Ralph, dit Georgia, mais je pense que ça dépend de la relation que chacun d’entre nous possède avec son messager. Nous parlons de tout et n’importe quoi. J’apprends que Jenny vient du New Jersey mais qu’elle a des origines russes. Georgia vient d’Argentine et Jess d’Écosse, d’où son accent tellement mystérieux. Je dois me concentrer pour la comprendre et elle éclate plus d’une fois en voyant nos têtes face à notre incompréhension. Je me rend compte que les gauchers élémentaires viennent vraiment d’un peu partout, nous ne provenons pas uniquement des États-Unis même si je pense qu’une grande partie oui. Les filles sont vraiment sympas, je me sens un peu rassurée d’être en leur compagnie. Au moment où l’on s’apprête à partir, Ralph, le messager de Georgia vient à notre encontre.

Hola Georgia ! Comment vas-tu ? Ils entament une conversation en espagnol. Je capte quelques paroles au vent, merci aux cours à Chino Hills. Il a des taches de rousseurs sur les joues.

– Je vois que tu n’es pas seule, aussi sociale Georgia ?

– Oui je te présente Jenny et Raquel, des Fuocan et Jess, une Acqua. Nous sommes dans la même classe. Il nous sourit à toutes. Je remarque son regard s’attarder su Jenny et manque de sourire. J’avoue qu’il est pas mal : deux mèches noires tombent sur ses yeux verts, à part son long nez.

– Je suis ravi de l’entendre. Amusez-vous bien, la rentrée ça sert à découvrir votre élément. Georgia, tu peux m’appeler si tu as un problème. Elle hoche la tête. Il fixe Jenny quelques instants avant de partir. Elle rougit un peu. […] Nous trouvons un tas de sacs à dos posés dans le hall d’entrée. Une grande étiquette, intitule: « Sacs pour les nouveaux de janvier ». Je prend un et constate qu’il est plein de fournitures : trousse, cahiers, manuels. Le gong retentit. Nous nous dirigeons vers notre unique cours de l’après-midi: latin. Les couloirs sont bondés d’élèves. Mon cœur ratte un battement chaque fois que j’aperçois une tête blonde mais ce n’est pas Jim. Jess qui capta rapidement comment se distribue l’école, nous dirige vers la classe et nous asseyons. Je suis derrière Jenny. Je sors une trousse et un cahier et tapote nerveusement le bouchon d’un stylo.

– Bonjour, je m’appelle Mr Alvisi et dorénavant, je serai votre professeur de latin. Nous avons introduit le cours de latin dans toutes nos écoles à Ocmundi car notre monde a été construit sur la base du latin. Vos messagers vous ont sûrement expliqué qu’Ocmundi est Occultus Mundi en latin qui signifie monde caché, monde occulte. Beaucoup d’inscriptions sur les murs, sur les statues, sur les monuments sont en latin, ainsi que les livres de nos bibliothèque. Il est donc essentiel que vous appreniez le latin. Contrairement aux cours classiques de latin aux lycées, nous n’allons pas étudier la civilisation romaine, mais plutôt, la grammaire et la conjugaison de la langue à travers des textes classiques de l’Histoire d’Ocmundi, et certains de base de l’époque romaine. Le cours se passe comme prévu : nous commençons avec des bases et des textes de Tite-Live. Je découvre que c’est une langue complexe, surtout pour des anglophones comme moi. Georgia s’en sort plutôt bien, l’espagnol a beaucoup de ressemblance avec le latin que l’anglais. Je sors de la classe, un peu fatiguée. Jess propose de voir nos dortoirs. J’accepte avec un grand oui. J’ai envie de me poser. Nous nous tenons devant le chêne de gauche, une longue échelle permet d’accéder à une plateforme. Nous montons une par une, et Georgia s’enthousiasme de la grimpe. Un grand tableau trone sur la plateforme indiquant des noms et les cabanes assignées. Je plisse les yeux.

– Nous sommes dans la même cabane, la numéro 10, j’exclame en me tournant vers elles.

– Quelle coïncidence, dit Jess avec un sourire.

– Je pense que c’est l’univers qui nous concède une faveur pour mieux nous intégrer à Ocmundi, ironise Jenny. Une carte à coté du tableau nous aide à localiser la cabane 10. Il y en a tellement, on dirait un labyrinthe de branches reliées par des ponts et de petites maisons. La cabane est jolie, la clé est suspendu à la poignée. Je sors mon téléphone et prend plein de photos. Je me surprend à penser que c’est beau. Nous sommes en pleine nature, nous vivons littéralement sur une branche. Une grande fenêtre dans le salon donne sur Elementa. Tout est en bois et en parquet. La cabane est composée de deux chambres avec deux lits individuels chacune, une salle de bain et le petit salon. Je m’installe avec Jenny et commence à ranger mes affaires. Je la vois assise sur son lit, elle envoie des messages sur son portable.

– Comment tu te sens ? Je demande. J’ai vu ta tête quand Gorge a commencé son discours que nous devons travailler pour Ocmundi et tu avais l’air énervée. Elle pose son téléphone avec un soupir.

– Je suis contente d’être ici, je suis contente d’avoir découvert que j’ai des pouvoirs, que je peux maîtriser le feu, enfin que je pourrai. Mais en même temps, cette situation me dépasse. Ma famille me manque, New Jersey aussi. Il prétend que nous nous dédions à Ocmundi alors que nous sommes à peine arrivés. C’est pour ça que je me suis énervée. Je fini de ranger un pull puis me tourne vers elle.

– C’est normal, moi aussi ma famille me manque. Je trouve aussi qu’il a été un peu excessif. Il nous faut juste du temps. Elle hoche la tête. Je termine de ranger mes affaires et tombe raide sur le lit. J’appréhende le dîner à mon réveil. Je vais enfin voir Jim suite à une longue journée. Après nous être douchées, nous descendons pour aller manger. L’uniforme doit être porté pour les cours et il est recommandé de le porter en dehors des cours mais ce n’est pas obligatoire. Alors j’ai opté pour un jean bleu foncé et un haut à manches longues moulant bleu marine. La nuit est tombée et un vent froid s’est levé. Nous franchissons les portes en hâte. A présent, de long rideaux bleu nuit recouvrent les baies vitrées et des lampes illuminent la vaste véranda-cantine. C’est très joli. Je me sers et on s’assoit à une table. Un petit brouhaha rempli la cantine, mais c’est agréable.

– Je crois que seulement toi et Georgia avez eu des messagers garçon non ? Me demande Jenny.

– Oui c’est ça. Je ne l’ai pas encore vu. Il m’a dit que nous nous verrions sûrement ce soir, alors. J’avale nerveusement ma bouchée.

– Il sera le premier Aria que je rencontre, déclare Jess. Je me concentre sur mon repas et n’ose pas le chercher. Je cède à mon envie cinq minutes plus tard et le trouve. Nos yeux se croisent. Mes battements augmentent de vitesse. Il est assit à quelques tables de nous avec des mecs et quelques filles. Ils rigolent et parlent avec animosité. Je distingue Scott à ses cotés. Jim a toujours eu l’air confiant, maître de lui même à Chino Hills. Mais ici, il a l’air d’avoir retrouvé sa place, ses amis, son monde. En fin de compte, il habite ici depuis un an. Il a une petite vie ici. Je suis à peine arrivée. Je me sens soudain un peu vide. Je lui fais un signe. Il s’excuse, se lève d’un mouvement gracieux et se dirige vers nous.

– Jim arrive, mon messager, j’avertis. Je vois Jenny boire de l’eau pour se donner contenance et Georgia sourit. J’ignore pourquoi nous sommes nerveuses à l’idée de rencontrer nos messagers. Ils ont certes plus d’expérience que nous ici, dans tout, mais ils ont dix-huit ans, rien de plus. Il s’approche.

– Salut Jim. Je me lève à moitié et il me fait la bise. Je sens ses lèvres s’attarder un millième de seconde de plus sur ma joue.

– Salut, comment s’est passée ta première journée ? Il s’adresse aux filles. Je m’appelle Jim, j’ai été le messager de Raquel. Il sourit.

– Oui elle nous en a informé, dit Jess. On s’est rencontré en cours et nous avons eu la chance d’être dans la même cabane. Je suis Jessica, et voici Georgia et Jenny. Il hoche la tête.

– J’aimerais rester mais je dois retourner à ma table. Je suis ravi de faire votre connaissance. Nous allons sûrement nous recroiser, Elementa n’est pas si grande.

– Ouais j’ai hâte, dit Georgia et je retiens un rire nerveux. Il se baisse pour me piquer une frite et je fais semblant de m’offusquer. Je sens un petit papier sur mes genoux et referme mes doigts rapidement. Il me salut puis retourne à sa table. Scott me fait signe aussi.

– J’ai rencontré son meilleur ami en venant jusqu’ici, j’explique.

– Il est sympa, déclare Jenny. On voit que vous avez fait amitié.

– Vous savez qu’il vient aussi de Chino Hills ? Mais il n’allait pas au même lycée que moi.

– Comment ça ? Dit Jess.

– Pour la mission il s’est infiltré dans mon lycée. Mais avant sa transformation, avant qu’il sache de ses pouvoirs, il allait à un autre lycée.

– Je ne savais pas que les messagers pouvaient venir du même lieu que leur mission, observe Georgia. Ça rend les choses sans doute plus facile. Je hoche la tête. Nous discutons après de notre aperçu sur Ocmundi et sur notre transformation. Georgia nous dévoile qu’elle est claustrophobe et que Ralph a dû la calmer et lui faire surmonter sa phobie avant d’arriver jusqu’ici. Je peine à l’imaginer apeurée. Elle affiche de la confiance. […] J’ouvre le petit papier à la fin du dîner discrètement. Rendez-vous après manger, devant l’échelle des dortoirs des garçons. Je souris et lève la tête en sa direction. Il est encore assis avec ses amis. Je me lève et suis les filles. Elles sont crevées tout comme moi. Je leur dis que je vais rester un instant pour discuter avec Jim. L’air est frais. Je m’adosse contre le grand tronc et regarde aux alentours. L’École est illuminée d’une douce lumière mais à part ça, le reste du campus si je peux l’appeler comme ça, est plongé dans l’obscurité. Quelques garçons me jettent des regards avant de monter l’échelle. Je me sens de plus en plus nerveuse. La figure de Jim m’apparaît soudain. L’uniforme lui va à ravir. Il se penche et m’embrasse sur la joue.

– Salut, je dis d’une petite voix.

– Salut. On marche un peu ? Je hoche la tête. Un silence nous envahit. Son bras frôle le mien.

– Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

– J’ai repris les cours. J’avoue je suis un peu dépaysé.

– Tu as tout raté ? Depuis octobre jusqu’à maintenant ? Il ricane.

– Je suis messager, c’est une bonne excuse pour rater les cours.

– Moi j’ai eu mon premier cours de latin. C’est plus difficile que ce que je pensais.

– Le latin c’est une torture mais une douce torture. C’est très intéressant. Tu aimeras avec le temps. Je m’adosse contre un tronc et il m’imite. Ses yeux dessinent ma silhouette.

– Tu n’as pas gardé ton uniforme, il remarque. Je hausse les épaules.

– J’avais envie de mettre mes vêtements. J’aime bien ici, c’est joli. Je suis même impatiente de voir ce qui m’attend.

– Je suis content que ça te plaise. Nous ne sommes pas si près l’un de l’autre mais le tronc n’est pas si grand et j’ai l’impression de pouvoir presque le toucher. Ses yeux bleus brillent dans la nuit.

– J’ai une question.

– Dis-moi.

– J’aimerais voir mon pouvoir, appeler le feu, je ne sais pas quel mot archaïque vous utilisez mais tu vois ce que je veux dire. Cette envie me prit le moment où je vis les mecs se chamailler et un éclabousser de l’eau de sa main. La curiosité me mange. J’imagine ce que je peux faire avec le feu.

– Nous disons plutôt invoquer, il dit avec un air sérieux. Ses lèvres sont scellées mais il a envie de rire. Je l’ignore.

– Okay, invoquer mon feu alors. Juste voir une petite flamme. Il hésite et grimace.

– Juste un peu. Ce n’est pas très prudent avec des nouveaux.

– Je ne vais pas mettre le feu à tout ce bois.

– On ne sait jamais. Je vais te dire ce que je faisais au début pour invoquer le vent. J’opine du chef. – Ferme les yeux et cherche dans ton estomac ton pouvoir. Tu dois le sentir gronder. Puis ouvre ta main et pense au feu, à une flamme. Tu dois sentir l’énergie. Je ferme les yeux et inspire. Je peux ressentir cette chaleur au creux de mon estomac. Une douce chaleur en moi. J’ouvre une main.

– La gauche. Je change de main et pense à une flamme. À sa chaleur étouffante. Des picotements parcourent mes doigts et j’ouvre les yeux avec stupeur. Il y a une petite flamme. Je retiens une exclamation. Je remue mes doigts et la flamme danse avec moi. C’est incroyable. Jim m’observe. Il lève sa main et l’éteint d’un coup de vent. J’ai envie de l’embrasser. Il se tient là, les mains dans les poches, son regard intense sur moi. Nous n’avons toujours pas parlé de nous, de ce que nous sommes. Ses yeux se posent sur mes lèvres. Je soulève la tête et me penche vers lui. Il recule. Je suis tellement prise de court que j’ignore quoi faire. J’essaie de masquer mon rejet mais je n’y arrive pas. Je suis blessée. J’ai pensé que nous pouvions peut-être passer du temps ensemble, voir où mes sentiments me mèneraient. Il ne la pense pas comme moi, visiblement.

– Raquel je…

– Ne dis rien, je le coupe. Je suis fatiguée, je devrais rentrer et il se fait tard. Je lui adresse un sourire crispé. Il passe une main dans ses cheveux et soupire. Je n’ai plus envie de le voir. Je m’en vais d’un pas rapide. Je l’entend m’appeler mais je l’ignore. J’ai les larmes aux yeux. Les filles sont couchées sauf Georgia. Elle parle au téléphone en espagnol, avec sa famille j’imagine. Je m’enferme dans la salle de bains et appelle mes parents. Je parle avec chacun, Ben aussi et manque de fondre en larmes. Je me couche. J’observe les lieux. Cette cabane est ma maison à présent. Je ne peux pas retourner à Chino Hills. Je repense à Jim et mon pouls s’accélère. Je soupire. Demain sera un autre jour. Je suis curieuse d’en savoir plus sur mes pouvoirs. C’est ce qui compte.

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