Chapitre 13

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Le dimanche ne fut une journée de rien faire. Je passai le temps dans ma chambre, au téléphone avec mes parents puis avec Maddie et Sue. Je relis les cours et m’entrainai aux premiers sortilèges mentalement. Je pensai aussi à Jim et chaque fois mon pouls s’accélère. Je ne m’attendais pas à le voir hier mais après tout, ce bar est très populaire parmi les étudiants selon Ralph. Je réussi à l’ignorer et je me suis vraiment amusée. J’ai fait de nouvelles connaissances et le bar est très chouette. J’ai adoré les sortilèges gravés sur le comptoir. Mais je savais que sa présence se trouvait à quelques pas et ce fait me dérangeait. Il était vraiment beau avec sa chemise noire, ses cheveux blonds ressortant par contraste. Je l’ai scruté en cachette quelques fois dans la soirée. Il a eu l’air de s’amuser lui aussi. Il écoutait, parlait, s’esclaffait parfois. Comme un être humain, Raquel, me dis-je. Je me suis rendu compte que j’ai partagé plus de moments avec lui à Chino Hills qu’ici à Ocmundi et ça me fait mal. Au début je ne comprenais pas, mais maintenant oui. Je l’ai vu du coin de l’œil lorsqu’il est parti, comment Ruby lui a fait la bise. Je ne suis pas jalouse. J’ai des sentiments pour lui mais nous ne sommes pas ensemble. Je ne peux pas ressentir de la jalousie. Je me répète la phrase en boucle. […]

Je me réveille le lundi et la première chose que je ressens pleinement à nouveau est mon pouvoir. Je chuchote ignis. La chaleur dans mon ventre remonte, des fourmillements parcourent mes doigts et une flamme surgit. Je souris comme bêtement et lève ma main. La flamme danse. Un léger voile rouge recouvre mon bras gauche. La journée commence bien. Aujourd’hui, l’emploi du temps est chargé. Je vais avoir cours de magie avec Cholea puis mon premier cours de voyage par téléportation. Je suis particulièrement curieuse et nerveuse à propos de ce cours. Je ne sais pas à quoi m’attendre ni quoi m’imaginer. Le prof de la rentrée nous l’a mentionné mais que très brièvement. J’enfile l’uniforme et me fait une queue de cheval tressée. Les filles me lancent un regard interrogateur à la cantine et je leur montre ma flamme en guise de réponse. Georgia sourit et me fit un high five. Nous sommes toutes soulagées. La sonnerie perce le chahut de la cantine. Nous montons le grand escalier et je m’assois en salle de théorie.

– Bonjour à tous. J’espère que vous avez passé un très bon week-end car nous allons entrer en matière à partir d’aujourd’hui. La dernière fois, certains d’entre vous ont mélangé leurs éléments. Aujourd’hui vous transformerez vos éléments. Je vous ai demandé de lire quelques pages du manuel. On va réviser certains concepts. Alors, en quoi peut se transformer l’eau… Jessica ? Elle lève les yeux de sa liste.

– En terre ou en air, elle répond avec un peu d’hésitation. Je l’ai entendue ce week-end lire et répéter le contenu du manuel. Je baisse les yeux et confirme que c’est la bonne réponse.

– Exactement. Pour transformer vos éléments, vous allez apprendre la première Loi des Éléments. C’est la Loi des Puissances. Elle détermine quels éléments sont plus forts par rapport aux autres. L’eau est forte contre le feu. Le feu est fort contre le vent. Le vent est fort contre la terre. Et la terre est forte contre le feu. Quel sont les faiblesses de l’eau ? Walter.

– Elle ne possède aucune faiblesse madame.

Je me tourne et retrouve ces yeux verts perçants. Je l’avais presque oublié. Il croise mon regard brièvement puis se concentre à nouveau sur la prof. Je me retourne, une sensation étrange dans mon estomac.

– Exact, l’eau est le seul élément qui ne possède pas de faiblesses.

– Pourquoi elle n’a pas de faiblesses ? demande une fille.

– Très bonne question. L’eau est un élément qui n’a pas de faiblesse parce la matière qui compose l’eau ne disparait jamais, à savoir hydrogène et oxygène. Et l’eau peut changer de matière : elle peut s’évaporer, se condenser etc, mais ne se détruit jamais.

– Est-ce que ça veut dire que les Acquas sont les gauchers élémentaires les plus puissants ? demande Walter.

Cholea avance entre les rangées et adresse un regard sévère.

– Non. Tous les gauchers élémentaires sont égaux. Il n’y a pas de plus puissant ou plus faible. Il est vrai que les plus doués ont souvent été les Acquas ou Fuocans mais nous avons aussi des Terrans ou des Arias qui sont très puissants.

Je repense aux paroles de ce monsieur Rolz. Lui est persuadé qu’il y a une hiérarchie entre gauchers élémentaires. J’aimerais en savoir plus sur lui. La politique est tellement différente ici. Elle est plus accessible vu la taille d’Ocmundi. J’ai vu une carte mais la superficie est beaucoup moins grande que celle des Etats-Unis.

– Quel sont les faiblesses du feu ? Raquel ? Je sors de mes pensées avec sursaut et manque de rougir.

– Euh... l’eau et la terre, je réponds incertaine. Elle hoche la tête.

– Très bien. On va apprendre maintenant les qualités des éléments en latin pour vos incantations. Vous pourrez transformer votre élément. Siccis pour sec, liquor pour liquide, umida pour humide, frigus pour froid et calidum pour chaud.

Nous allons dans la salle adjacente de pratique juste après ça. Les élèves se regroupent selon leur élément, alors je vais en direction des Fuocans. Je reconnais la majorité d’entre eux. Cholea nous fait une démonstration de comment changer notre élément. La formule est tollere suivit de la qualité qu’on veut éliminer. Elle change son élément en eau et c’est impressionnant. Elle sourit devant l’air hébété de certains, de l’eau coulant de sa main ouverte.

– Les Fuocans et les Acquas transformez votre élément en air. Et les Terrans et les Arias en eau. Vous pouvez commencer. Je suis pour vous aider si besoin.

Je sens les battements de mon cœur à mes tempes. Je ferme les yeux, prend une grande inspiration et évoque ignis. Ma flamme surgit suivi d’un picotement aux doigts. J’entrouvre les yeux pour vérifier que mon aura rouge est là puis les referme. Je reste concentrée et j’incante doucement tollere siccis. La flamme ne change pas. Je réessaie et bloque toute pensée. Je ne pense qu’à la sensation du feu dans ma paume. Un brusque changement de température traverse mon corps. Je me sens légère comme une plume et traversée par des vents. J’ouvre les yeux et constate que de l’air est à la place de la flamme. Un ouragan miniature flotte dans ma paume. J’ouvre la bouche mais aucun son n’y sort. C’est magnifique. On dirait que mon élément est l’air alors que c’est le feu.

– Regardez vos camarades, dit Cholea.

Elle hausse le ton face au brouhaha et me pointe du doigt, ainsi qu’un blond aux yeux bleus. Will, il s’appelle je crois.

– Ils ont réussi à transformer leur élément. Ne vous frustrez pas si vous n’y arrivez pas. Restez concentrés et pensez au moment présent. Pour réussir au cours de magie, il faut être ancré dans le présent et faire abstraction de votre vie. Vos problèmes, drames ou situations amoureuses n’ont pas de place ici.

Des élèves ricanent et reprennent l’incantation. Je pratique plusieurs fois la transformation de mon élément, puis aide une Fuocan. Je remarque que Walter a réussi. Il s’approche de moi, les mains dans les poches.

– Je crois que la prochaine étape de l’exercice sera de mélanger l’élément transformé avec quelqu’un.

– Quoi ?

Il laisse échapper un petit rire.

– Je m’y connais un peu en magie parce que je viens d’une famille de gauchers, il explique.

– Oh, ça veut dire que tu es né ici à Occidens ? Tu n’as jamais vécu à la surface ?

Il secoue la tête. Waouh. C’est la première fois que je rencontre un gaucher provenant d’une famille d’Ocmundi.

– Tu es la première personne née ici que je connaisse, j’avoue.

– Je suis chanceux alors.

Je l’observe et remarque qu’il dégage une assurance que les autres ne possèdent pas. Il se tient plus droit, plus fière. Il vient peut-être d’une famille influente d’Occidens ?

– Tu es la fille qui s’est transformé en retard ?

Sa question me prend au dépourvu.

– Oui. J’ignore si cela pose un vrai problème. Des gens parlent de moi ?

– Non, pas exactement. Mon père travaille au Conseil et disons qu’il a entendu des bribes de conversations.

Okay, son père travaille au Conseil, donc sa famille est influente.

– C’est si anormal que ça ?

Il prend une inspiration.

– Ouais, c’est anormal. Je crois que quelques gauchers ont aussi eu un retard dans leur transformation comme toi, mais dans le siècle passé.

– Est-ce qu’ils ont présenté des différences par rapport aux autres gauchers ?

Walter fuit mon regard et je commence à stresser.

– Certains ont perdu la tête.

Je ne dis rien. Je reste figée par ses mots. J’ai envie de répondre quelque chose mais Cholea nous interromps pour nous informer que nous pouvons mélanger notre élément comme Walter le prédit. Elle explique brièvement mais je suis momentanément distraite par un Acqua qui a créé une flaque d’eau beaucoup trop grande. Jessica recule, alarmée. Cholea accourt et certains ricanent devant le visage peiné du gars. Walter lui adresse à peine un regard.

– On le fait ensemble ? il me demande. Je fronce les sourcils.

– Tu ne peux pas me lâcher une chose pareille et prétendre que je continue avec l’exercice. Qu’est-ce que tu entends par ils ont perdu la tête ?

– Oublie ce que je t’ai dit, d’accord ? Ce n’est pas à moi de t’en parler.

Pourquoi il m’a raconté ça alors ? Je sens de la chaleur monter jusqu’à mon cou et inspire. Je serre les poings.

– Raquel, s’il te plait, ne cause pas une scène, il chuchote.

J’ai envie de le frapper devant son air insolent mais je me fais violence et procède à l’exercice. J’ouvre ma main gauche et fais sortir une flamme puis la transforme en air. Il fait de même, se penche et me serre la main, comme Cholea expliqua. Un énorme courant d’air me traverse et un vent me fouette le visage et ma queue de cheval. Une aura blanche éclaire nos mains. Je ressens la magie naviguer entre nous deux. C’est une sensation étrange. Je lui adresse un regard noir et il retire sa main. Je feins de me sentir mal et sors de la classe. Je prends mes affaires et me dirige au terrain. La sonnerie sonne cinq minutes après.

[…]

Je suis assise sur un banc lorsque les filles me rejoignent.

– Tu te sens mieux ? me demande Jess.

– Ouais merci, j’avais une petite migraine, je mens.

Georgia me scrute puis observe le terrain se remplir progressivement de monde.

– Walter n’avait pas l’air dans son assiette, elle commente.

– C’est quoi son délire ? Je le vois souvent aller dans la bibliothèque. Il a toujours l’air dans sa bulle, dit Jenny.

– Je ne sais pas. Je n’arrive pas à le cerner. Il est né ici. Il vient d’une famille de gauchers élémentaires, j’annonce.

Jenny et Jess hoquètent de surprise tandis que Georgia hausse ses sourcils.

– Je me disais. Je l’ai remarqué à la rentrée, et il contemplait l’école comme si c’était la chose la plus normale au monde, dit Georgia.

– Il la connaissait surement, je dis. J’hésite avant de poursuivre – Walter m’a raconté un truc. A propos de mon retard.

– Tu peux me réexpliquer ton retard une seconde ? demande Jenny.

– J’ai 17 ans. Je me suis transformée un an après l’âge normal. Elle hoche la tête.

– Qu’est-ce qu’il t’a dit ? presse Georgia.

– Son père travaille au Conseil et apparemment des personnes ont parlé de moi. Il a dit que certains gauchers ont eu un retard mais il y a très longtemps et qu’ils ont perdu la tête, je lâche.

– Perdu la tête ? Qu’est-ce que ça veut dire ? demande Jess.

– Je ne sais pas. Il ne m’a pas expliqué plus. Je me suis énervée et je suis partie.

Je me passe une main sur le front.

– Je n’écouterais pas tout ce qu’il dit. C’est ridicule, tu ne vas pas perdre la tête, dit Georgia.

– Tu devrais peut-être te renseigner auprès des profs, dit Jenny.

– Oui, je dois absolument savoir ce qui est arrivé à ces personnes.

Je ne continue pas et les filles parlent du cours de magie. Jess est satisfaite de son progrès. Je l’admire lorsqu’elle fait apparaitre une goutte d’eau dans sa paume puis la transforme en ruisselet.

– Jim était au bar l’autre soir, lâche Georgia.

Je mordille ma lèvre inférieure.

– J’étais surprise de le voir honnêtement, je dis.

– A qui tu le dis.

– Si on avait su, on ne serait pas allées, dit Jess.

Elle pose une main sur mon genou. Je secoue la tête.

– Non. J’apprécie mais ce n’est pas votre problème. Vous avez le droit de découvrir et de profiter d’Occidens. Je dois m’habituer à le voir de toute façon.

Je hausse les épaules. Je feins une légèreté que je ne ressens pas. C’est peut-être un pas vers l’indifférence envers Jim. Le gong retentit. Il est temps d’aller en cours. Je n’ai pas trop envie d’aller en sciences honnêtement. Je me sépare des filles et me dirige vers les labos. Le temps passe vite et en un rien de temps, je me retrouve de nouveau au terrain pour le cours de voyage par téléportation. Une dame aux cheveux bruns à la coupe garçonne se tient au centre. Sa silhouette athlétique se dresse fièrement, elle a les bras croisés. Elle nous adresse un sourire encourageant.

– Je suis Madame Owen, votre professeure de voyages par téléportation. Je crois que Monsieur Gorge vous a annoncé rapidement que nous sommes métamorphes et que vous allez subir une autre transformation. La deuxième pour être pleinement gaucher élémentaire. Votre classe est assez pacifique à ce que je vois. Dans la plupart des cas, la transformation se déclenche avec de fortes émotions comme la colère. En général, tous les ans, il y a un élève ou deux qui perdent les pédales et la déclenche.

Le silence accueille les mots de Madame Owen. Et quelques murmures. Je m’agite, nerveuse. Je n’ai aucune envie de me transformer une autre fois et encore moi en un animal.

– Je peux comprendre vos peurs et doutes mais n’ayez craintes, cela fait partie de nous tout comme votre pouvoir. Les voyages sont essentiellement pour découvrir la géographie de notre monde mais aussi pour apprendre à vous battre, pratiquer du sport et vous sentir confortable lorsque vous vous transformez. Aujourd’hui on va aller à North, une autre région d’Ocmundi.

Elle chuchote une phrase et je crois qu’un portail de la taille d’une porte surgit. Cela ressemble à une grande masse fluide blanche. Je grimace. Elle nous fait signe de passer. Le plus courageux entre en premier et les autres le suivent avec hésitation. Je resserre les bretelles de mon sac et m’engouffre, Jess derrière moi. Je ferme instinctivement les yeux et me sens flotter à travers une masse. Je crois entendre des rires et des cris. Je rouvre les yeux lorsque je tombe lourdement sur un sol froid et dur. Rien de cassé heureusement mis à part des bleus. Walter arbore une mine égarée pour la première fois et j’aimerais prendre une photo. Je me redresse tant que mal. Nous nous trouvons dans une forêt, je crois que c’est la Grande Forêt qui parcourt tout Ocmundi. Il fait plus froid. Beaucoup plus froid. Mon souffle se condense dans l’air glacé. Je resserre les pans de mon manteau. Owen arrive la dernière et ferme le portail d’un geste rapide. Elle s’avance le long d’un sentier sans un mot et nous la suivons. Nous arrivons face à un bungalow. Un bungalow de luxe. C’est une structure rectangulaire couleur anthracite. Une grande baie vitrée permet d’apercevoir des tables et un tableau. Je m’approche et suis surprise de voir un garde habillé de noir posté devant l’entrée. Owen baisse légèrement le visage en guise de salut et nous nous installons à l’intérieur. La modernité est un fort contraste avec l’architecture plus authentique et médiévale d’Occidens. Je prends place à coté de Georgia. Le tableau est une interface tactile qui s’allume au toucher de la prof.

– Comme je vous ai expliqué, nous sommes métamorphes. Nous appelons notre animal ou créature Aneique. Est-ce que quelqu’un connait nos Aneique ?

Je contemple la classe et mes yeux se posent sur Walter. Il doit surement savoir. Il semble hésiter puis finit par lever la main.

– Je crois que les Fuocans se transforment en phénix, les Acqua en dragon aquatique, les Terrans en manticore et les Aria en griffon.

Un brouhaha éclate juste après sa réponse. Des élèves commentent, chuchotent entre eux, d’autres poussent des cris de stupéfaction. Will adresse un regard à Walter du type « t’es sérieux ? ». J’ai les yeux écarquillés face à ce qu’il a dit. Premièrement, je ne connais que le dragon et le phénix, les deux autres créatures me sont inconnues. Deuxièmement, je ne peux m’imaginer me transformer en phénix.

– Silence s’il vous plait ! Du calme. Je comprends vos réactions mais vous devez rester silencieux pour que je vous explique ce que votre camarade a dit. Comment tu t’appelles ?

– Walter madame, il répond.

– Walter a raison. Nous nous transformons en ces créatures. Chacune a un lien avec notre élément. Les Fuocans sont les gauchers élémentaires qui ont lien plus fort avec leur Aneique parce que le phénix est étroitement lié au feu. Mais les autres le sont aussi.

Elle nous montre des images des créatures. Le griffon possède un corps de lion, une tête et des ailes d’aigle. Le dragon aquatique est un dragon normal mais plus fin et agile avec des écailles bleues. Et le manticore a un corps de lion et une queue de scorpion.

– Les premiers gauchers élémentaires comme Paul Pyrovel se sont transformés suite à une forte émotion. Certains avec de la colère, du désespoir, de la panique etc. Aujourd’hui, nous n’utilisons pas beaucoup notre Aneique mais vous devez quand même réaliser la transformation et apprendre à vous battre.

– Pourquoi vous utilisiez plus souvent votre Aneique avant ? demande Jenny.

– Nous étions une société un peu plus primitive et nous en avions besoin lors de combats ou conflits. Cela fait un peu plus d’un siècle que nous sommes en paix mais nous avons eu des désaccords, des guerrillas auparavant et les Aneique sont très utiles dans ce cas. Avec l’adrénaline, la peur ou la force, c’est très facile de se transformer.

Il y a eu donc des conflits. La société pacifique que Ralph nous a décrit n’est pas exactement vrai. Je repense à Gregorio Rolz et je me crispe.

– Pour garder l’esprit de nos Aneique, le Conseil organise un tournoi tous les ans pour les élèves. Il s’appelle le TGE : Tournoi des Gauchers Elémentaires. C’est obligatoire de participer au tirage au sort. 20 candidats sont sélectionnés. L’âge et le niveau ne comptent pas. Vous vous battez en duel sous votre Aneique jusqu’à ce que le dernier ou la dernière gagne.

– Comment se termine le duel ? C’est un simple combat entre les créatures ? demande Georgia.

– Une de deux créatures doit se rendre. Parfois le combat mène à la mort d’une des créatures. Le jury n’a pas le droit d’intervenir, ce sont les règles.

J’ai des nausées. Ma vue se floute et je n’entends pas mes camarades qui essaient de parler tous en même temps. Comment peuvent-ils laisser mourir quelqu’un pour un tournoi ? Madame Owen finit par siffler et la classe retrouve le silence.

– Je vous assure que cela finit rarement avec des morts. Si les candidats sont assez intelligents, ils se rendent. D’autres laissent des circonstances personnelles affecter le combat et en subissent les conséquences. La semaine prochaine vous aurez votre transformation. Nous la déclenchons avec cet objet.

Elle sort de son sac une boule de la taille de son poing. Elle l’ouvre à la moitié. Deux aiguilles affilées brillent. Georgia me lance un regard en biais.

– Ces aiguilles vont percer les veines au niveau de votre poignet et toucher un nerf, ce qui va déclencher une réaction et la transformation.

La prof n’a pas l’air méchante mais son visage est tellement sérieux en ce moment que je doute. Elle se tient comme un piquet. Nous ne posons pas d’autres questions. De peur de de recevoir une énième surprise à propos d’Ocmundi, pensai-je avec ironie. Nous procédons à une série d’exercices pour nous remettre en forme puis revenons à Elementa. Je reste stupéfaite toute la journée. Je me dirige vers les dortoirs à 18 heures du soir, crevée. Le soleil artificiel commence sa « descente » mais pas de belles couleurs du coucher. Juste la lumière qui s’éteint peu à peu. Mes yeux trouvent Jim avant que mon cerveau registre l’information. Je me cache derrière un arbre, le cœur battant. Il faut que je reprenne mon footing à tout prix. Je ne survirai pas à Ocmundi autrement.

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