Chapitre 11

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Nicolaï

Il est tard, bien trop tard.

Je devrais me trouver dans ma chambre mais au lieu de ça, je suis dans notre lieu consacré à nos ancêtres avec une femme qui devrait être également dans sa chambre.

Lorsque nous avons fini le dîner, Eleonora s'est excusé auprès de nous avant de s'éloigner. Je suis resté avec ma famille à parler de mes voyages et lorsque la présence de la duchesse Kristen était devenue trop compliqué à supporter, je me suis dirigé vers mes appartements.

Mais lorsque je suis passé devant la bibliothèque, la lumière était allumée et je n'ai pas pu m'empêcher d'aller jeter un coup d'œil.

Elle était là, assise autour de la grande table ronde dispose au fond de la pièce. Elle travaillait et avait l'air très inspiré. Je me suis permis de la contempler, c'est une femme vraiment magnifique. Ces longs cheveux blonds habituellement lâchés étaient pour une fois attachés dans un chignon décoiffé, révélant son visage pâle.

Je me suis alors approché comme si mes jambes bougeaient seul pour être plus proche.

Nous avons évoqué les autres traditions car elle mérite de réussir ce projet. J'ai peut-être été trop dur avec elle et je pense que je dois lui laisser sa chance. Après tout, c'est ma sœur qui a demandé qu'elle s'occupe de son mariage alors je dois l'accepter.

C'est pourquoi nous sommes ici, dans le lieu de nos ancêtres.

Elle se tient au milieu de la pièce à chercher ce que je veux lui faire découvrir mais la pièce étant très sombre, Eleonora ne peut rien voir.

Je m'éloigne d'elle afin d'aller allumer les lumières.

Lorsque la pièce s'illumine, je suis heureux de l'effet que ça lui produit.

Elle se tient face à notre dernière tradition.

L'allumage des deux flammes.

- Comme tu le sais, ton pays comme la mien avons appartenus au Vikings. Nos ancêtres viennent de cette époque, nous avons évoluer dans cette culture et nous avons la chance d'avoir des valeurs ainsi que des objets leur appartenant.

Je marque une pause afin de la laisser regarder chaque objet qui se trouve dans cette pièce. Les générations d'avant ont pris soin de chacun des objets familiaux de nos ancêtres Vikings et je prends à mon tour le plus grand soin d'eux.

- Notre dernière tradition veut que les mariés, une fois les vœux prononcés, allume le chandelier représentant l'arbre du monde, Yggdrasil, forgé en fer par nos ancêtres vikings. Il représente nos croyances à la mythologie nordique mais également un symbole pour la fertilité.

- C'est magnifique !

- Nous avons de la chance d'avoir de nombreux objets appartenant à cette époque. Si je l'avais pu, j'aurais demandé à y vivre. Nous avons laissé place à une monarchie beaucoup plus moderne depuis le règne de mon arrière arrière grand-père mais avant cela, la mythologie nordique résidait dans les croyances de ma famille et je suis le seul membre de la famille royale actuelle à avoir étudié ce monde.

- Vous avez des objets absolument incroyables, je n’y connais pas forcément mais c'est spectaculaire.

Elle s'approche de chaque objet, touche du bout de son doigt montrant son intérêt dans ce que je lui montre.

Je la regarde faire. Je n'ai jamais emmené qui que ce soit d'extérieur a notre famille ou personnel dans cette espace mais pour cette femme, je me suis permis cet excès.

- Vous connaissez maintenant les 5 traditions principales de notre royaume.

- Dois-je mettre des détails de la mythologie nordique dans ma décoration ? Demande-t-elle.

- Non, ma sœur ne s'intéresse pas du tout à cette culture. Elle vous renverra sur le champ.

- Pour votre plus grand bonheur.

Je souris et lui propose de la raccompagne vers sa chambre.

Elle marche à mes côtés comme tout a l'heure mais cette fois ce n'est pas elle qui me regarde, c'est moi.

Eleonora a le regard fixé sur les jardins qui nous entourent. J'ai déjà flirté avec des femmes belles mais elle incarne tellement plus qu'une simple beauté. Cette femme aurait très bien pu être mienne si mon statut n'était pas celui d'un prince.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un osant me tenir tête comme elle a déjà pu le faire de nombreuses fois. Quand on est le Prince héritier, la plupart des gens se contentent d'acquiescer à chacun de mes mots ou d'être en accord parfait avec mes convictions. A la longue, cela devient ennuyant.

Cette femme à mes côtés m'a remis à ma place comme si je n'étais qu'un simple homme et je dois dire que c'est vraiment plaisant d'être vu comme un homme avant le prince.

- Nous sommes arrivés. Dit-elle. Merci beaucoup pour votre aide, je vais pouvoir trouver plus facile la décoration pour le mariage de votre sœur.

Elle est sur le point de rentrer dans sa chambre mais ma main l'en empêche. Je lui tiens le poignet la retourne vers moi et nos regards se fondent l'un dans l'autre. Il a beaucoup de tristesse et de barrière dans le sien mais je peux y déceler une émotion plus poétique. Le mien doit être désireux parce que je le veuille ou non, je désire cette femme.

- Accepteriez-vous un autre cours de danse demain matin ? Demande-je sans jamais quitter son regard.

- Ma meilleure amie arrive à 10h demain et nous nous entretenons avec la Princesse à 11h mais nous pouvons nous retrouver pour 9h s'il vous le souhaitait ?

- Parfait ! Je viendrais vous chercher.

- Ce n'est pas la peine, je connais le chemin maintenant.

- J'insiste.

Elle finit par acquiescer. Je relace sa main et lui souhaite une bonne nuit.

Ma chambre se trouve non loin de la sienne. Je me dirige donc vers celle-ci avant de faire quelque chose que je n’assumerai sans doute pas.

~

Ce matin, je suis allé chercher la jolie suédoise pour un nouveau cours de danse comme nous l'avons convenue la veille.

Elle m'a affirmé de pas savoir danser mais elle se débrouille très bien.

Nous avons passé un bon quart d'heure à danser avant qu'elle m'indique qu'il était temps pour elle d'aller à l'aéroport.

De ce que j'ai compris, la créatrice de robe de mariée pour ma sœur doit arriver aujourd'hui. Peu importe ce que portera ma sœur, elle sera toujours magnifique. Elle tient ça de notre mère.

Eleonora va être plus que ravi car je n'ai pas le droit de donner mon avis sur la robe de ma sœur. La princesse Astrid a interdit au membre de la famille de découvrir sa robe avant le jour J car je cite "Ce choix m'appartient".

Je suis plutôt d'accord avec son choix, elle a le droit de vouloir choisir sans avis extérieur le vêtement qui fera d'elle une mariée.

- Nicolaï !

Je relève ma tête pour croiser le regard de mon père.

- Oui, père.

- Avez-vous écouter ce que je viens de dire ?

- Pour être honnête, non père.

Cela ne sert à rien de mentir à mon père, il me connait et sait que je n'ai pas écouté. Si c'était le cas, j'aurais interagi dans la discussion qu'il entretient avec le premier ministre.

Mon père n’a aucun pouvoir politique sur notre pays. Nous sommes dans une monarchie constitutionnelle parlementaire. Nous avons donc voté pour élire les membres du gouvernement qui s’occupent de la politique du Danemark.

J'aime beaucoup les réunions avec le gouvernement, la plupart du temps nous apprenons beaucoup de chose sur les envies des habitants pour notre pays.

Je sais que mon père n'est pas un roi proche du peuple, il a du mal à quitter le royaume alors je suis celui qui fait ce devoir a sa place.

J'aime mon peuple, j'aime les habitants qui m'entourent, j'aime leur apporter mon aide.

D'une façon ou d'une autre, être proche des habitants de notre royaume me permet d'éviter d'être persécuter par certains sur mon absence d'engagement.

Les journaux parlent et le peuple réclament une future reine.

Je le vois, je ne suis pas aveugle au point de pas remarqué les attentes de tout mon royaume mais je ne peux leur donner une reine.

Je dois réussir à convaincre mon père abdiquer la loi qui m’interdit d’épouser qui je souhaite.

Cette partie est loin d’être simple.

Le roi n’apprécie guère d’être en désaccord avec ses ancêtres.

Je comprends mon père d’un côté mais de l’autre je voudrais qu’il m’écoute, qu’il comprenne ce dont mon cœur a besoin pour régner.

- Nous devons renforcer nos alliances avec la Suède.

- Bien ! Que proposes-tu ? demandai-je à mon père, déjà tendu par la tournure que prendrait sûrement cette conversation.

- Le roi et la reine organisent un bal dans deux semaines. Je veux que tu sois présent… accompagné, qui plus est.

- J’y serai, répondis-je après un instant, le regard fuyant. Mais je ne peux pas te promettre d’y emmener une femme.

- Tu dois t’engager, Nicolaï ! s’exclame-t-il, sa voix montant d’un cran, trahissant l’impatience et une certaine inquiétude. Tu vas avoir trente ans dans un mois et je voudrais que tu annonces tes fiançailles avec Kristen.

-Je ne me marierai pas avec Kristen, père. Mon ton est ferme, tranchant, sans détour.

- Nous avons convenu de cela depuis votre naissance, dit-il en me transperçant du regard. Il n’y a pas d’autre option.

Je me tais. Une chape de silence tombe sur nous, lourde, presque douloureuse.

Ma réponse ne nous avancerait à rien. Mon père a des idées fixes. Et moi aussi.

Nous sommes comme deux murs dressés l’un contre l’autre. Inébranlables. Inflexibles.

Il me demande d’être dévoué à la couronne — et je le suis, bon sang ! Mais pas au prix de mon cœur. Pas au prix de ma liberté.

Je ne veux pas d’un mariage arrangé.

Je ne veux pas d’une union vide, figée dans des conventions d’un autre âge.

Je veux aimer.

Aimer comme mon père aime ma mère — de ce regard complice qu’ils échangent encore après tant d’années.

Aimer comme Carl aime ma petite sœur — d’une passion vibrante, authentique.

Je veux bâtir ma vie sur l’amour. Sur la sincérité. Sur la passion.

Je veux voir mes enfants rire dans une maison pleine de lumière, d’affection, de tendresse partagée.

J’aime mon père, profondément. Mais je refuse de sacrifier mon avenir au nom d’un devoir qui piétine mes rêves.

Kristen…

Kristen est très jolie mais je suis incapable de la faire mienne.

Elle ferait une terrible reine pour notre royaume.

Et tandis que mon père m’impose une fiancée que je ne pourrai jamais aimer, je ne peux m’empêcher de penser à elle

Sa voix douce, ses gestes assurés, son sourire quand elle parle des mariages comme d’un rêve à sculpter…

Et si la seule femme qui pourrait faire battre mon cœur était aussi celle que je n’avais pas le droit d’aimer ?

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