Lettre de Nicolaï
Eleonora,
D'aussi loin que je me souvienne, la couronne du Danemark a toujours fait allégeance à nos traditions, à nos valeurs et à nos lois.
Je suis né avec ses devoirs envers ma famille, envers mon pays, envers la couronne. Naître héritier d’une famille royale n’est pas simple tous les jours.
Il nous faut demeurer des heures immobiles à l’étude, sans jamais nous plaindre, et porter chaque jour le masque d’une perfection imposée. Il nous faut accepter les arrangements en notre nom avec des contrées voisines. Nous n'avons pas le choix sur nos activités extrascolaires. Nous sommes contraints de suivre à la lettre les lois de nos ancêtres.
Nous n’avons pas le droit à l’erreur.
Toutefois, nous avons toujours eu la chance de ne manquer de rien, d’avoir ce que nous voulions pour Noël ou nos anniversaires. Astrid et moi même avons eu de la chance d’être nés dans une famille royale aimante et protectrice malgré les exigences attendues par la couronne.
Vous m’avez indiqué lors de notre sortie au musée que vous n’étiez pas faite pour l’amour et que vous n’y croyiez pas. J’ai eu du mal à comprendre votre façon de penser. Vous vous demandez peut-être pourquoi, c’est plutôt simple à vrai dire.
Vous êtes l’image même d’une femme libre et assurée, dévouée corps et âme à votre œuvre comme à ceux que vous aimez, à l’exemple d’Anna.
J’espère qu’elle va mieux, par ailleurs.
Vous êtes le type de femme que n’importe qui voudrait à ces côtés et je fais partie de ces hommes. Vous représentez ce que je cherche chez ma future femme et surtout chez ma future reine. Votre éclat ne réside pas seulement dans votre beauté, mais dans la force de votre caractère, qui vous rend plus radieuse encore.
Pour être franc avec vous, à part ma petite sœur, vous avez été la seule à me remettre à ma place et à me tenir tête. Pour la première fois, vous m’avez permis de me sentir comme un simple homme et non comme le Prince héritier du Danemark.
Cependant, aujourd’hui, je n’ai pas le droit de me permettre de choisir ma future épouse. Mon père a arrangé mon mariage avec Kristen et à cause d’une loi stipulant que “tout futur souverain, héritier de la couronne Danoise, doit se marier avec un membre de la haute société. Les titres de duc, duchesse, marquis, marquise, comte et comtesse sont requis pour qu’un mariage royal soit accepté.”, je n’ai pas le droit à un mariage d’amour.
Contrairement à vous, je crois en l’amour avec un grand A. Je voudrais me réveiller chaque matin auprès de celle qui fait battre mon cœur, celle qui me fait sourire, celle qui me fait rire, celle qui fait de moi un homme meilleur. Je ne désire point une épouse imposée par la couronne ; mon cœur aspire à une femme du peuple, proche de lui comme je voudrais qu’elle le soit de moi. Je veux offrir à mon peuple le bonheur d’une souveraine proche d’eux, attentive à leurs besoins et à leurs peines.
Je rêverais que cette loi soit enlevée ou qu’elle n'ait jamais existé.
Dans une autre vie, j’aurais préféré vivre dans une famille plus simple, moins royale.
Croyez en l’amour, Eleonora, vous aurez la chance un jour de connaître la bonne personne, celle qui vous montrera que vous êtes la perfection pour elle et qui vous fera ressentir tout ce que j’ai cité plus haut. Vous êtes jeune et si vous êtes capable d’aimer Anna d’un amour inconditionnel, c’est qu’une part de vous n’est pas fermé à l’amour comme vous essayez de vous le convaincre.
Je ne pensais pas trouver autant d’inspiration pour vous écrire que j’en ai oublié le plus important.
Je tiens à vous présenter mes plus sincères excuses pour mon comportement envers vous et votre travail pour le mariage de ma sœur. Je n’aurais jamais dû remettre en cause votre professionnalisme et je suis certain que vous allez faire l’un des plus beaux mariages de notre famille. Je vous ai jugée, vous et vos travaux, sans même connaître vos véritables capacités. Vous êtes vraiment douée.
J’espère que cette lettre vous permettra de me connaitre un peu mieux et que vous accepterez mes excuses.
Avec toute ma sincérité,
Prince Nicolaï.

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