Chapitre 25

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Eleonora

Nous repartons demain en Suède.

Le mariage a eu lieu, il y a deux jours déjà. C’était une cérémonie et soirée riche en émotions qui continue de résonner dans nos esprits.

Astrid nous a proposé à la dernière minute d’être ses demoiselles d’honneur. Comment aurions-nous pu refuser ? C’était un honneur pour Anna et moi de l’accompagner dans ce moment unique. Lorsque nous avons traversé la cathédrale l’une dernière l’autre, je crois que jamais je n’avais ressenti une telle fierté.

Malgré les rires, les danses et les sourires, mon coeur reste lourd. Car chaque seconde dans ce château, m’a rapproché de celui que je n’aurais jamais dû approcher.

Demain, je devrais lui dire adieu… et avec lui, c’est une partie de moi que je laisserais ici, entre ses murs.

Nous avons pris le temps avec Anna et Astrid de nous voir une dernière fois aujourd’hui, avant son voyage de noce. Nous avons déjà prévu de nous revoir dans quelques mois.

Nous avons dîné avec la famille royale une dernière fois. La reine nous a remerciés une nouvelle fois pour tous les moments que nous avons passés avec eux. Le roi, quant à lui, n’a pas prononcé un mot. Son silence a pesé sur la table comme une ombre.

J’en suis la cause, je le sais. Je n’aurais pas dû danser avec Nicolaï, j’aurais dû refuser sa proposition.

En parlant du prince… il a disparu depuis deux jours. Je ne l’ai pas revu depuis notre danse. Les femmes de chambres murmurent qu'un violent conflit l’a opposé a son père.

Un part de moi voudrait le revoir une dernière fois… mais l’autre se console de son absence : mon départ loin de lui me fera moins mal s’il n’est pas là pour y assister.

Des coups retentissent contre la porte alors que je ferme ma valise.

Je dépose le bagage au sol avant d’aller ouvrir.

Mon souffle se coupe.

Il est là.

Les cheveux trempés, signe que la neige s’abat sur la capitale.

Ses yeux bleus s’accrochent aux miens. Sa mâchoire est serrée, son corps tendu comme s’il avait lutté pour venir jusqu’ici. Pendant une seconde, aucun de nous ne parle. Le silence pèse, seulement rompu par les battements précipités de mon cœur.

— Je peux entrer ? demande-t-il d’une voix basse.

Je me décale pour lui laisser le passage. Il finit par entrer en enlevant son manteau, qu’il dépose sur un fauteuil dans le coin de la pièce.

L’air est lourd, chargé d’une tension insoutenable.

— Tu allais partir sans me dire au revoir ? poursuit-il sans quitter mon regard.

Je baisse les yeux, incapable de soutenir les siens.

— C’était mieux ainsi… pour toi… pour moi…

Il s'approche, réduisant la distance entre nous.

— Tu appelles ça mieux ? Te fuir, faire semblant, m’effacer ? C’est tout sauf mieux.

Mon corps tremble. Je voudrais le repousser, je voudrais reculer loin de lui mais mes pieds refusent de bouger. Ses mains sur mes joues me forcent à le regarder.

Son regard n’est pas tendre. Il évoque de la colère, de la tristesse et de l’envie. Nicolaï n’a rien du prince doux ce soir… il est brisé.

— Tu crois vraiment que c’est mieux ? souffle-t-il, ses pouces effleurant ma peau comme pour me forcer à sentir la vérité de ses mots. Deux jours loin de toi, Eleonora… et déjà, le monde me paraît vide.

Je ferme les yeux pour ne pas céder, mais ses mains brûlantes sur ma peau me trahissent.

— Tu ne devrais pas dire ça… tu sais que c’est interdit.

Il secoue la tête, son front frottant contre le mien.

— Ce qui est interdit, c’est de t’aimer en silence. Et ça, je n’y arrive plus.

Un sanglot silencieux me monte à la gorge. Je voudrais y répondre, le repousser, mettre un terme à cette folie… mais mes lèvres tremblent et aucun mot ne sort.

Son souffle heurte le mien, brûlant, désespéré. Ses yeux plongent dans les miens cherchant une réponse ou une raison d’y renoncer.

— Regarde moi dans les yeux et dis moi que tu ne ressens rien, Eleonora. Dis-le et je pars.

Mais je ne peux pas. Je voudrais lui dire non. Je voudrais me convaincre que je ne ressens rien. Mais je ne peux pas parce que je l’aime autant que lui.

Mes lèvres refusent de bouger et mon silence me trahit.

Ses doigts glissent de mes joues jusqu’à ma nuque, et je comprends qu’il ne partira pas.

Son front se colle au mien, nos souffles se mêlent effaçant mes dernières défenses. Mon corps l'appelle tandis que ma raison me hurle de le fuir. Mais je ne bouge pas.

Nicolaï finit par briser nos dernières barrières en déposant ses lèvres sur les miennes. Je sais que c’est une folie, que chaque seconde nous condamne mais je me perds volontairement dans ce chaos.

Le baiser n’est pas sain. Il est fort, puissant et colérique. Il évoque tout ce qu’il retient de dire dans ce baiser.

Nos bouches s’accordent dans une passion commune.

Ce baiser n’est pas seulement une étreinte charnelle : c’est un interdit. Nous le savons tous les deux. Mais dans l’instant, on se fiche du roi, de la couronne et de son devoir. Il n’y a que lui. Que moi. Que nous.

Alors, nous approfondissons ce baiser. Ces mains serrent ma nuque, m'empêchant de reculer tandis que les miens tiennent fermement son pull.

Nous savons que c’est sans aucun doute notre dernier moment ensemble. C’est pourquoi chacun de nos gestes est à la fois violent et fragile. Ce soir, nous avons besoin l’un de l’autre.

Nos lèvres se séparent pour laisser place à nos souffles hésitants. Ses yeux bleus parcourent la douleur de mes iris verts. Il m’approche plus près de lui, les mains tremblantes sur mes hanches.

Nicolaï dépose ses lèvres dans mon cou parcourant chaque centimètre. Ma tête se penche naturellement pour lui laisser la place. Mes mains parcourent son torse, froissant son pull en cachemire. J’en veux plus, je veux sentir sa peau chaude sous mes doigts fragiles.

Je relève le bas de son pull forçant la séparation de ma peau à ses lèvres. Il me laisse lui enlever son haut afin de retourner vers mon cou.

Mes mains déboutent sa chemise blanche et parcourent son torse lorsqu’il est enfin libéré.

Ses muscles se tendent sous mes paumes. Sa chaleur brûle le bout de mes doigts. Mon souffle se brise lorsqu’il remonte ses lèvres vers ma mâchoire et qu’il mordille ma peau.

— Eleonora, dit-il d’une voix rauque.

Ses lèvres se déposent à nouveau sur les miennes dans un baiser dévorant. Il enlève les boutons de mon chemisier me laissant mon soutien gorge en dentelle.

Nicolaï touche chaque recoin de mon corps de ses doigts délicats, mémorisant chaque partie.

Il finit par me porter et j’enroule mes jambes autour de ses hanches. Il nous emmène vers le lit. Je suis déposé dos au matelas moelleux.

Son regard brûlant se pose sur moi, ses mains glissent vers mes hanches m’arrachant des frissons.

Je retiens un gémissement lorsqu’il s’attaque à mes tétons durcis sous mon sous-vêtement. Mes doigts s’accrochent dans ses cheveux que je tire légèrement.

— T’es tellement belle, murmure-t-il.

Sa voix me fait chavirer. Mes jambes se serrent autour de ses jambes, signe de mon impatience à le sentir en moi.

Je laisse échapper un gémissement lorsqu’il mord l’un de mes tétons.

Un feu ardent se répandant dans tout mon corps. Je désire cet homme autant qu’il me désire. Je veux qu’il fasse de moi, une dernière fois, sienne.

Il se relève pour défaire mon pantalon. Il prend tellement son temps que j’en perd la tête. Je voudrais qu’il aille plus vite comme si le besoin de le sentir était le seul moyen de me garder en vie.

Je n’attends pas que mon string soit retiré, je me lève pour le faire basculer sur le lit. Je lui enlève les derniers vêtements qui me séparent de son sexe.

— Tu n’es pas obligés de faire ça, princesse.

Je ne prends pas le temps de répondre. Je le veux. Je veux le goûter comme il l’a fait la première fois.

Je me glisse entre ses jambes en faisant des vas et viens avec ma main sur son membre dur. Mon souffle repose contre sa peau brûlante. Sa tête part en arrière lorsque ma langue prend le relais sur ma main.

— Eleonora… gémit-il.

Je poursuis mes caresses sur son membre, le goûtant et savourant chaque centimètres. Je veux qu’il se rappelle de moi, qu’il se souvienne de ce moment interdit. Ses gémissements rauques remplissement la pièce lorsque j’avale son sexe plus profondément.

Il serre ma nuque, savourant chaque mouvement.

— Si tu continues, je vais…

Je n'attends pas la fin de sa phrase. J'accélère mes vas et viens. Il grogne, sa voix rauque se brisant à chaque pression de ma bouche sur son pénis. Ses doigts dans mes cheveux m’encouragent malgré lui à poursuivre.

Je veux ce moment. Je veux le voir perdre pied face à moi. Ses gémissements se font plus forts, plus désespérés, et lorsque son corps se tend brusquement, je sens la déferlante de son plaisir me submerger. Je l’avale sans hésiter, sans rompre une seule fois le contact visuel, savourant jusqu’à la dernière goutte de sa jouissance.

Sa poitrine se soulève à un rythme effréné tandis que le bleu de ses yeux me regarde avec fierté.

— Tu es… c’était… incroyable, dit-il essoufflé.

Je me relève pour passer mes jambes de chaque côté de son corps, m’asseyant sur ses jambes.

Je dépose mes lèvres sur les siennes dans un baiser plus doux. Son cœur bat sous mes mains. Je descends le long de son torse en savourant chaque relief.

Son regard brillant accroche le mien et malgré sa respiration haletante, je sens déjà son désir renaître. Ses mains se posent sur mes hanches, fortes, possessives.

— Princesse, tu vas me rendre fou…

Je me penche vers lui, mes cheveux caressant son torse lorsque je murmure au creux de son oreille :

— Alors, laisse-moi t’aimer jusqu’au bout…

Je sais que je ne devrais pas lui avouer mon amour pour lui mais ce soir, c’est sans doute le dernier moment pour le faire. Je ne veux pas regretter de lui avoir jamais dit que je l’aimais comme lui le fait.

Ses mains se crispent autour de mes hanches, comme si mes mots venaient de briser quelque chose en lui.

— Dis-le encore, Eleonora… me supplie-t-il.

Je tremble, mes yeux s'embrument, et dans un souffle presque inaudible, j’avoue ce que je refuse d'évoquer depuis trop longtemps.

— Je t’aime, Nicolaï.

Il fond sur mes lèvres dans un baiser brutal, presque désespéré. D’un mouvement brusque, il me retourne reposant mon dos sur le matelas. Il savoure la peau avant d’enlever les tissus qui le sépare de mon désir charnel.

Il enfonce un doigt en moi puis deux, préparant mon corps dans une lenteur brûlante. Je gémis son nom à chaque mouvement trahissant mon désir pour lui.

Nicolaï se retire trop vite, me laissant haletante. Il déplie un préservatif sur son pénis avant de me pénétrer d’un coup ferme. Un cri m’échappe. Son sexe me comble, me remplit, et je m’accroche à lui comme si je pouvais m’y ancrer pour toujours.

Ce n’est pas qu’une étreinte. C’est un adieu.

Ses coups de reins sont puissants, précipités, mais chaque mouvement traduisent l’amour qu’il s’interdit de prononcer.

Je savoure chaque mouvement autant que lui. Il me fait gémir comme si c’était la dernière fois que je le pouvais. Mon désir pour lui est puissant et mon orgasme ne met pas longtemps à arriver.

Essoufflés, brûlants, nous restons un instant l’un dans l’autre, savourant ce dernier moment. Il finit par se laisser retomber sur le lit à mes côtés, le souffle court. Nicolaï dépose un baiser tendre sur mon front et m’attire vers lui.

Sous les draps, dans la chaleur de ses bras, nous nous enlaçons. Aucun mot n’est assez fort pour décrire notre moment, alors nous gardons chacun nos sentiments. Nous profitons simplement de cette dernière nuit ensemble.

Nous fermons nos yeux, savourant la chaleur partager, comme un dernier souffle.

~

L’avion décolle dans quelques heures.

Je suis réveillé depuis quelques minutes déjà, regardant l’homme allongé dans ce lit que je dois laisser pour rentrer chez moi. Il paraît si paisible, si fragile et inconscient de la bataille qui m’habite.

Je retiens ma main, qui voudrait caresser sa joue, mais si je le faisais, il se réveillerait sans doute et je ne veux pas qu’il le soit lorsque je vais franchir la porte.

Je me lève lentement, faisant glisser mon corps nue en dehors des draps. Je récupère sa chemise pour me couvrir avant de ramasser mes vêtements au sol.

Je me dirige vers la salle de bain afin de me préparer pour ce départ. Face au miroir, je me permet de laisser échapper les larmes qui menacent de couler depuis son retour. Je dois laisser derrière moi l’homme que j’aime et le voir continuer sa vie avec une autre femme.

Je remballe les quelques affaires qu’il me restent dans la valise et glisse la chemise blanche avec mes habits.

Il doit avoir une dizaine de chemises comme celle-ci, il n’y verra pas d’objection à ce que je lui en vole une.

Je cherche mon carnet dans mon sac et en découpe un morceau de feuille. Je ne peux pas partir sans lui adresser un ultime mot.

“Merci d’avoir su guérir mon coeur avec l’amour. Nous ne t'oublierons jamais. Je t’aime, Prince Nicolaï du Danemark.”

Je ramasse ses affaires posées au sol, les plie pour les déposer sur le rebord du lit et place le petit mot dessus.

Je récupère ma valise et m'arrête sur le seuil de la porte.

Il dort toujours paisiblement, son torse se soulève dans un souffle calme. Mon cœur lui hurle de se réveiller, de me retenir, mais ça n’arrivera pas alors je garde ce dernier instant pour moi toute seule.

— Adieu, mon prince…

Je ferme les yeux une seconde avant de sortir définitivement de la chambre. Mon cœur en miette lutte pour laisser échapper toute ma tristesse. Mais ici, dans ce château, je n’ai pas le droit de montrer mon amour pour cet homme.

Je laisse une partie de moi entre les mains de cet homme et dans ce château qui a vu naître mon amour pour lui.

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