Partie 2 : La chasse

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De retour au village, je saluai nos confrères avec plus de conviction qu'auparavant. Titania nous laissa et chacun retrouva son foyer. Notre cahute n’avait pas bougé d’une planche. Du bois et de la paille agencés en une architecture légère, ce qui suffisait pour un confort optimal. Notre père n’était pas encore rentré. Il devait toujours être en train de faire son rapport au Cercle.

La nuit tombait tôt à cette période de l’année et aussi bien Lune que moi avions dépensé suffisamment d’énergie ces derniers jours pour ne pas avoir la force de veiller. Nous nous assîmes sur le rebord du plancher extérieur, l'occasion d’une belle projection sur le ciel nocturne. Sans un mot, nous admirions la voûte étoilée. En simple croissant, l’astre lunaire dominait comme toujours. Son homonyme qui se trouvait être ma jumelle posa la tête sur mon épaule. Elle soupira : « Titania n’est pas tendre lorsqu’il s’agit d'entraînement. Pire que lorsqu’elle nous réprimandait.

  • Je veux bien le croire. »

Le ronronnement nocturne de la forêt et des criquets était au rendez-vous. La balade du vent nous caressait.

  • Comment était-ce avec père ?

Je pris une inspiration aussi bien physique que réfléchie avant de répondre : « Nous avons beaucoup voyagé. J’ai rencontré nos frères des autres clans de la région. Et puis, au milieu de notre périple, père me laissa beaucoup d’autonomie. Il me poussa dans mes retranchements, et aiguisa mes instincts. Il m’a bien sûr guidé pour l’éveil de mon lumen, ce qui fut le plus long. Mais ensuite je restais le plus clair de mon temps seul face au monde et ses dangers. Il est même arrivé que je passe près de dix sôls avant de le retrouver. »

Un autre ronflement se fit entendre. Cette fois-ci il s’agissait de ma sœur. Je fis passer ses bras par-dessus mes épaules et je la portai sur le dos. Elle m’apparut étrangement légère, et son contact m’apaisa. Sa seule présence suffisait en général pour me réjouir, mais il y avait autre chose cette fois. Une vague m’avait traversé et avait dissipé nombre de mes doutes.

Je la déposai délicatement dans son berceau naturel. De la paille et du bois une nouvelle fois, mais accoutrés de feuille de danjou pour un confort suprême. Ces feuilles épaisses et suaves étaient de bonne envergure, ce qui leur permettait d’assurer cette fonction. Lune ne s’était pas réveillée. Elle n’avait pas menti.

Je retournai m'asseoir au clair de nuit. Perdu dans mes pensées, je sentais mon lumen qui ne cessait de grandir depuis que je l’avais éveillé ainsi qu’à chaque fois que je le mobilisais au travers de mon organisme. Cette force me rassurait et m'effrayait à la fois. Je ne la maîtrisait pas encore.

Lors de ma naissance, notre Élu aurait prédit à mon père qu’un avenir particulier m’attendrait. Il ne me le dit jamais, et ce fut les autres membres du Cercle qui me l'insinuèrent pour me le faire comprendre explicitement par la suite. Sur le moment, j’ avais ressenti une grande fierté et un certain devoir. Mais je ne comprenais pas pourquoi père ne me l'avait jamais dit. D’un autre côté, il ne me mettait aucune pression et il me laissait justement le plus souvent découvrir les choses par moi-même.

En réalité, je m'infligeais moi-même cette sanction mentale, désireux d’honorer les prédictions. Et le seul qui était coutumié de déception, c’était moi. Je ne pensais pas que Lune se posait le même genre de question. Bien au contraire. Elle était tout aussi talentueuse sinon plus que moi. Toujours joviale et optimiste, je me demandais parfois si notre Élu ne s’était pas trompé de nom à notre naissance tant elle rayonnait.

Je me remémorai les événements de la journée. Quand j’avais vu Lune dans un tel état d'épanouissement sous les trois cascades, j’avais été subjugué. Une force invisible et paisible s’était échappée d’elle, ce qui m’avait surpris et intéressé au point que j’étais resté béat devant son état de plénitude. J’avais eu la même sensation lorsque je l’avais portée sur mon dos tout à l’heure. La proximité avec son lumen avait apaisé le mien et avait balayé mes préoccupations. J’étais heureux. Heureux d’avoir une jumelle comme elle. Une jumelle radiante. Heureux d’avoir ce repère dans ma vie.

Nous n’avions pas connu notre mère. Père s’était occupé de nous de la meilleure des façons bien que ma sœur et moi-même fûmes toujours aventureux et parfois manquant d’obéissance. Si bien que Titania était souvent venue nous récupérer à l’autre bout de la forêt et n’avait jamais manqué de nous corriger. Ses soins à notre égard nous avaient évité nombre de déconvenues. Elle était plus âgée que nous de plusieurs solstices et elle veillait sur nous.

Mes dernières forces me quittèrent et je m’endormis la tête posée sur les avant-bras eux-mêmes croisés sur mes genoux. Un courant d’air tiède se leva et m’enveloppa soudainement tel un petit cyclone. De cette atmosphère céleste naquit une force chaleureuse et rassurante qui me délesta, et mon corps devint léger comme une plume. Je me réveillai dans les bras de notre père qui me déposa avec attention dans mon berceau végétal.

  • Dors bien mon fils, susurra- t-il.

Je le regardais. J’opinai de la tête puis mon regard se déroba.

  • Tu as bien mérité de te reposer Mars. Ton initiation a été fructueuse.

Je m’endormis le cœur léger et l’esprit rasséréné.

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La nuit fut fraîche, mais surtout longue et réparatrice. Ce n’était pas de trop, car notre père nous avait réservé une surprise.

Je me réveillai en douceur. Allongé sur le dos, les bras croisés derrière la tête, je me remémorais la veille.

Une fois levé, j’attrapai un fruit de saison parmi un choix varié qui avait été déposé dans notre réserve et qui semblait avoir été tout juste ramassé. J’entrai dans la chambre de Lune mais elle dormait encore. Père quant à lui avait dû se lever tôt, car il était déjà de sortie. Il rentra un instant plus tard, le temps que je finisse mon en-cas. Il me demanda si j’avais bien dormi et je répondis par l'affirmative.

  • Tant mieux, car j’ai une surprise pour toi et ta sœur.

Je le regardai impatient d’en savoir plus. Il poursuivit : « Vous allez nous accompagner pour la chasse ce matin. »

Déçu, je ne réagis pas. Ce n’était pas la première fois que nous étions conviés à la chasse en tant qu’observateur. Père ajouta : « Mais c’est Lune et toi qui allez mener la danse. »

Cette fois, j’écarquillai les yeux.

  • Est-ce sérieux père ?
  • Je ne peux l’être davantage.

J’émis une prémisse de réponse élaborée qui dut se confondre avec une régurgitation.

  • Quand le soleil sera d’un tiers, je viendrai vous chercher. Nous devons rentrer suffisamment tôt pour la soirée de ce soir.

La fête de ce soir m’était sortie de la comète. Nous étions revenus de notre périple tout juste avant la prochaine ère constellaire. Je regardai dehors. Nous n’avions pas beaucoup de temps pour nous préparer avant qu’il ne revienne nous chercher.

  • À tout à l'heure fils. Je vais voir les autres chasseurs du jour pour finaliser les préparatifs.

Une fois père parti, je n’attendis pas l'éclipse pour réveiller Lune et la tenir au courant. Sa réaction ne fut pas surprenante. Elle bailla, ronchonna et réalisa ce que je venais de dire avant de sauter de joie. Elle enchaîna les supputations hypothétiques et une multitude de stratégies adaptées aux cibles potentielles.

  • Il va cependant y avoir un problème, ajouta-t-elle
  • Que veux-tu dire ?
  • Eh bien, qui de nous deux sera le meneur ?

La seule question qui importait pour Lune était de savoir qui allait diriger la traque. Pour ma part, une certaine crainte dominait l’excitation, ce qui ne m’empécha pas de rester joueur.

  • La question ne se pose pas.
  • C’est ce qu’on va voir mon frère, répondit-elle d’un clin d’œil appuyé d’un mouvement de tête.

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Le soleil s’était dressé d’un tiers. Nous avions rejoint Pére et le reste du groupe de chasse à la périphérie sud du village. En dehors de notre famille, il y avait Aegir et Semestrios qui étaient des chasseurs réguliers et aguerris plus jeunes que notre père. Le dernier membre du groupe n’était autre qu’Intercrus, notre chef de clan.

Intercrus était autant respecté que redouté, surtout par les plus jeunes. D'après ce qu’on avait compris, il avait guidé la formation de notre père ainsi que toute sa génération dans la voie de notre spiritualité et Titania nous avait raconté quelques anecdotes à son sujet qui suffisaient pour lui accorder un profond respect. Il était peu loquace et ma sœur et moi-même avions toujours été craintifs à son égard, raison pour laquelle nous évitions autant que possible ses réprimandes. Chaque jour, sans un mot et la mine sévère, il veillait sur l’ensemble du village. J’avais toujours l’impression qu’il était soucieux et qu’il appréhendait tout danger éventuel.

  • L’équipe est au complet. Nous allons pouvoir partir en chasse.
  • Un instant Neptune, répondit Intercrus à notre père.

Il s’approcha d’un pas lent, mais décidé vers Lune et moi-même. Malgré son âge avancé, sa stature était considérable et sa proximité nous intimidait. Son torse découvert et bombé ainsi que son bassin rétroversé accentuaient sa posture de roc inébranlable quand ses larges épaules soulignaient l’autorité naturelle qu’il dégageait. Un cuir épais recouvrait son corps sculpté au teint hâlé et dans sa main gauche était serré un bâton de bonne envergure en bois de cyphe, un bois de nature compacte et léger. Vu sa vigueur apparente, ce bâton lui servait tout autant pour récurer les fonds de lac que pour se soutenir, nous étions souvent dits avec Lune.

Il se tenait tout près d’elle. Son thorax interceptait tout rayon lumineux qui aurait dû lui réchauffer la couenne, et dans l’ombre d’Intercrus, elle ne bougea pas d’un cil et soutint le regard de son aîné. Son assurance m’étonnait toujours.

Il l’examina avec attention puis posa sa main sur sa tête. Paume contre front, elle était si grande que ses phalanges atteignaient l’occiput de ma sœur. De cette main ferme aurait-il pu la soulever par le crâne que cela ne m’aurait surpris. La scène paraissait disproportionnée et les mouvements d’Intercrus étaient si fluides que cela se déroula en l’espace d’un instant. La même cérémonie me fut réservée sans que je comprenne ce qui m’arriva réellement. Il laissa quelques mots inaudibles à notre Père.

  • En route mes enfants, annonça-t-il d’une voix ferme.

Nous nous projetâmes avec élan vers le sud.

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En plein cœur de la forêt, nous fîmes une halte. Intercrus se chargea de nous expliquer la mission du jour.

  • Chers enfants, commença-t-il avant de s’interrompre pour croiser le regard de notre père. Il poursuivit :
  • Vous connaissez les règles de chasse. Ceci n’est pas un jeu ni pour vous ni pour votre proie. Aujourd’hui, allez-vous mettre en pratique tout ce que l’on a pu vous enseigner. Et vous en serez les principaux intervenants.

Nous étions côte à côte et nous répondîmes d’un bref mouvement de nuque.

  • La cible du jour est un ursat.

Il marqua un temps pour interpréter nos réactions, mais aucun de nous deux ne retranscrit de réaction extérieure. Intérieurement, c’était une autre histoire. Un Ora se devait d’être maître de ses émotions, et la peur en faisait partie.

J’aurai juré que Lune fut plus qu'enthousiasmée à cette annonce, et j’aurai aimé avoir la même crédulité. Ma sœur ne savait pas encore que j’avais déjà eu affaire avec une de ces créatures en contact rapproché.

  • Ils descendent des montagnes en cette saison. Lune guidera le groupe et Mars se chargera d’initier le combat.

Les étoiles continuaient de pétiller dans les yeux de ma jumelle qui ne manqua pas de me jeter un air tant malicieux que victorieux.

Elle instaura une formation classique qu’on avait déjà pu observer pour la traque des proies volumineuses. Volumineuse n’était pas une exagération en l’occurrence.

Aegir trouva le premier les traces d’une de nos cibles, et en toute sérénité, Lune adapta ses consignes en conséquence. Elle donnait le sentiment d’avoir fait ça toute sa vie. Je restai concentré, mais de mon côté j’appréhendais. Les images de ma confrontation avec l’animal restaient bien ancrées.

Une main se posa sur mon épaule.

  • Ça va aller mon fils.

Mon regard vers Père chercha des réponses et du réconfort. Ses doigts vinrent alors se poser sur la chemise qui me couvrait le thorax.

  • Laisse-toi guider par ton lumen comme la dernière fois et tout se passera bien, me dit-il.

Je déglutis et acquiesçai.

Nous reprîmes nos investigations en formation élargie, et nous eûmes l’occasion de croiser un baktu mâle, une espèce de cervidés dont les deux bois se fusionnaient au-dessus du crâne et qui lui valait une arme autant portée pour l’attaque que pour la défense. Il n'était pas notre cible du jour, nous ne voulions pas perturber sa journée et nous l’esquivâmes.

Les capacités de pistage et les facultés sensorielles de Lune étaient déjà bien aiguisées. Elle localisa une proie potentielle après une traque de courte durée.

Nous trouvâmes notre cible. Il était seul, et nous nous étions tous perchés sur des branches d’un arbre suffisamment hautes pour ne pas être repérés. Intercrus observait. Mon père regarda mon coutelas de chasse rangé dans mon étui, me fit un signe de la tête puis m’indiqua de sa main le chiffre trois. Accroupie, j'acquiesçai à nouveau, et j’observai.

L’animal paraissait se déplacer sans but. En tout cas, il ne donnait pas l’air d’être en train de chasser. Il n’avait pas l’air non plus de savoir qu’il était chassé. Rien d’étonnant, peu de créature avait l’audace de s’en prendre à son espèce. Sa routine se trouverait à son insu, déstabilisée par des éléments perturbateurs. Sa démarche restait pataude et aléatoire, il se frotta le flanc contre l’écorce d’un cyprus. Ces feuillus disposaient d’une enveloppe rappeuse qui pourrait écorcher en profondeur tout épiderme sans une dense pilosité.

Ce n’était pas le même ursat que la dernière fois. Il n’en était pas moins imposant. Mais c’était à moi d’initier le combat, de l’affaiblir pour qu’ensuite mes aînés l’achèvent comme le voulaient nos traditions.

Je n’avais pas lâché du regard mon adversaire ignorant. Mon lumen se diffusa dans ma chair et mes organes. Mes peurs se muèrent en un mélange hétérogène de craintes et d’excitation. Une force montait en moi. S' il fallait rendre fier Père, c’était maintenant.

Je descendis de mon piédestal. Chutant d’une belle hauteur, je dus m’aider des mes membres supérieurs, poser un genou à terre et me recroqueviller sur moi même pour amortir le choc. Je n’étais pas passé inaperçu à en croire la réaction de l’ursat.

Il y eut peu de préliminaire. Cet animal voulait en découdre sans attendre, probablement du fait de l’effet de surprise. Il se rua vers ma direction. J’attendis le dernier moment pour rouler sur le côté, mais il suivit prestement mon action. Je fus surpris par sa rapidité et je dus faire un saut vrillé par-dessus sa masse pour l’esquiver une nouvelle fois. Il grogna, je soufflai et serrai mon coutelas. Mon lumen continuait d'imprégner mon corps et mes mouvements devinrent de plus en plus fluides et plus puissants. Je me sentais enivré et bouillonnant d’une chaleur grisante. Ma tête devint aussi lourde que légère et mes muscles débordèrent d’une force surprenante. Rêveur j’inspectai cette main et ce bras qui m’appartenaient comme s' ils m’étaient étrangers. Je tournai le poignet dans un sens puis dans l’autre pour vérifier son appartenance.

Je vis la nouvelle charge de l’ursat mais je ne pris pas la peine de me dérober quand une voix familière émit un avertissement inquiet en raison de mon inactivité.

Le mouvement de mon adversaire s'arrêta net. Le coup de griffe qui allait s’abattre sur moi était paré, sa masse directrice pétrifiée. C'était mon bras droit qui l’avait immobilisé et qui soutenait la lourde patte. Je saisis le coutelas de mon autre main et donna un coup vif au niveau de la gorge de ma proie. Je n’attendis pas et me mis à bonne distance.

Il grognait. Il saignait. La carotide était tranchée. Il se dressa sur ses pattes arrière et respira bruyamment. Désormais ses grognements étaient entrecoupés de gémissements rauques et algiques. J’étais moi aussi dans un état second, mais si différent. Mon champ visuel se tunnellisait et ma plénitude se transforma en un mal de tête de sorte que certains de mes sens s’étaient atténués. Une fois de plus, je ne réagis pas au dernier assaut de mon adversaire que je ne perçus qu’à moitié. Aegir et Semestrios agirent sans délai pour achever la bête sans souffrance. Telle une sanction divine, deux lames d’acier s’étaient abattues et plantées au niveau du rachis cervical de l’ursat. Il s’écroula à quelques pas de ma position. La scène s'était déroulée sans qu’à nouveau je n’esquisse le moindre mouvement. Ma vision était floue et je tombai sur les genoux.

Une main se posa sur ma nuque.

  • Concentre-toi Mars. Tu libères trop d’énergie dans ton organisme.

La voix de mon père me semblait provenir d’une grotte lointaine. Ses recommandations étaient plus faciles à dire qu’à faire, songeais-je avec le reste de clarté qu’il me restait. Je me tins la tête entre les deux mains. Même si j’avais pu l'entrevoir auparavant, cette décharge d’énergie était nouvelle et envahissante. Je voyais bien que mon lumen m’échappait. Les sens hagards, je perçus mon père donner une impulsion du doigt au travers de mon chemisier, là où une pierre suspendue était plaquée contre mon torse - Il me l’avait légué lors de l’éclosion de mon lumen - Sitôt, mon énergie se stabilisa et je perdis connaissance.

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