Chapitre 1.1: Verité

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Jeremy Chapi :

Le départ de Séraphina surprit tout le monde dans la salle. Daniel partit à son tour pour voir si elle allait bien, tandis que nous descendions de la salle de contrôle. Je me retrouvai face à cet anneau imposant, avec le président Atlas qui se tenait à mes côtés.

"Dites-moi, il n’y a aucun risque pour la santé à se trouver près de lui ?" me demanda-t-il d’un ton interrogateur que je pouvais comprendre, surtout après le départ soudain de Séraphina.

"Non, je peux vous assurer que les risques sont minimes. Certes, l’allumage produit un léger rayonnement radioactif, mais pas plus qu’un voyage en avion," répondis-je calmement.

Un pincement dans mon dos me surprit.

"Vous jouez avec des forces que vous ne contrôlez pas encore totalement," lança Natali, son ton acéré perçant le calme ambiant. "Vous pourriez au moins nous prévenir avant d’activer une machine capable de..." Elle s’interrompit, croisant les bras, visiblement frustrée.

"Je peux vous le confirmer, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Des appareils ont été prévus à cet effet pour mesurer les radiations, et même la salle de contrôle est conçue pour résister à ces émissions," répondit ma fille, venant à ma rescousse avec son assurance habituelle.

"Enfin, ce qui est fait est fait. Je vous abandonne ici, je voudrais me reposer maintenant que nous sommes bien rentrés et qu’une grande partie de cette affaire est réglée. Je vous remercie pour cette démonstration, Prince Chapi. Je vous souhaite une bonne soirée," dit le président Atlas avant de repartir, accompagné de Natali.

"Reposez-vous bien, monsieur le président," dis-je en l’accompagnant du regard, un peu interloqué par ce nouveau titre.

"C’est vrai, père, il faudrait t’appeler prince maintenant," dit-elle pour me taquiner. "Ce qui ferait de moi une princesse," ajouta-t-elle, toute rougissante.

"Ah non, c’est hors de question, cela est vraiment trop gênant, je trouve. De plus, nous n’avons pas encore de territoire officiellement. Peut-on vraiment me surnommer de la sorte ?" répondis-je en secouant la tête. "Et puis, tu es déjà ma petite princesse, ma fille, bien avant que tout cela n’arrive."

Ma déclaration la fit devenir rouge pivoine, et elle me tourna le dos pour cacher son embarras. Je me rapprochai de l’imposante structure de l’anneau pour y poser ma main.

"Merci pour tout ce que tu as fait dans le passé et pour ce que tu vas faire dans le futur," dis-je en m’inclinant devant l’anneau par respect, avant de reprendre la route de la sortie, accompagné de ma fille, encore gênée par mes paroles.

"Ne gâche pas l’espoir que je place en toi," murmura une voix distincte et familière.

Je me retournai brusquement à ces mots, ce qui surprit ma fille, qui ne comprenait visiblement pas ce qui m'arrivait. Je m’inclinai une dernière fois devant l’anneau avant de quitter définitivement la pièce. Mes pensées revinrent à Séraphina, à son visage blême et à ses mains tremblantes. Je tentai de la contacter, mais elle ne répondit pas. Heureusement, Daniel nous rassura par message, indiquant qu’il l’avait retrouvée et qu’elle ne se sentait pas bien. Il s’occupait d’elle et l’amenait à l’infirmerie.

De retour dans l’atelier, ce que j’appelais "chez moi" pour l’instant, l’air était saturé d’odeurs de métal chaud et d’huile mécanique. Les câbles suspendus formaient un enchevêtrement complexe, et la lumière tamisée donnait à l’endroit une allure à la fois chaotique et familière. Je retrouvai la machinerie centrale, qui nous permettait de créer les anneaux de taille Cassidy. Ils semblaient bien modestes maintenant, comparés à celui que j'avais vu dans le hangar. J'avais tellement de projets en attente. BULTIA, par exemple, se trouvait à côté des restes de Liberty que je souhaitais restaurer. Mais ces projets traînaient dans un coin, faute de temps ou de matériel, tout comme les nombreux outils et pièces éparpillés un peu partout.

Je m’assis quelques instants sur une chaise rudimentaire, bricolée à partir de caisses en aluminium, près des deux anneaux célestes, Adamai et Evangelyne. Ma fille, restée à mes côtés, me regardait, légèrement perplexe.

"Est-ce que vous m’entendez, ou êtes-vous encore en sommeil ?" demandai-je, comme si je m'adressais à des personnes bien réelles.

"Non, grand frère, je suis réveillée. J’attendais ton retour," répondit Evangelyne de sa douce voix, un écho imperceptible que seul moi pouvais entendre. Ces mots me procurèrent une chaleur profonde dans le cœur.

"Ne nous fais pas languir, mon frère. Raconte-nous tout," ajouta Adamai à son tour. Sa voix résonnait avec une certaine impatience, tandis que ma fille haussait un sourcil avant de retourner à ses occupations. Je lui adressai un sourire pour la rassurer, même si elle semblait intriguée par mon comportement.

Je repris ma conversation avec Adamai et Evangelyne. Je leur expliquai en détail tout ce qui s'était passé devant les autres dirigeants, sans omettre aucun détail. Tandis que je discutais avec eux, la fatigue commençait à me gagner. Je leur décrivis également les prochaines étapes pour la création de l’anneau céleste de taille TITAN et leur révélai que Jeanne d’Arc était venue à moi. J'étais encore bouleversé d'avoir entendu sa voix et d'avoir ressenti la confiance qu'une telle figure avait placée en moi.

"Penses-tu qu’elle sera capable de conserver sa conscience ?" me demanda Adamai, un brin sceptique dans le ton de sa voix.

"Je ne saurais le dire," répondis-je. "Victor Hugo, Jules Verne, Guy de Maupassant… eux non plus n’ont pas recommuniqué avec nous après leur retour dans ce monde." Les trois anneaux de taille Cassidy m’avaient parlé lors de leur naissance, comme à leur habitude. Mais depuis, leurs voix s’étaient éteintes, malgré mes nombreux essais pour rétablir une communication. J’aurais tant aimé en apprendre davantage, ne serait-ce qu’un fragment de leur immense savoir. Cela posait certaines questions sur les anneaux célestes que j'ignorais moi-même et auxquelles, malheureusement, seul le temps pourrait répondre.

"Grand frère, j’ai quelque chose d’important à te dire," me dit Evangelyne, légèrement joyeuse, sa voix teintée d’un ton enfantin.

"Qu’y a-t-il, petite sœur ?" répondis-je en me penchant vers elle pour l’écouter.

"Je pense que Séraphina peut nous entendre. Enfin, je crois," dit-elle après une courte pause. Je haussai un sourcil à son annonce mais restai attentif à ce qu’elle allait me dire. "Durant ton absence, elle est venue ici. J'étais en train de chanter une comptine et elle semblait surprise, comme si elle cherchait d’où venait la source. Alors, je me suis tue pour observer sa réaction, et elle a eu l’air déconcertée dans un premier temps."

Son récit éveillait ma curiosité. Si cela se confirmait, cela voudrait dire que je ne serais plus le seul à pouvoir faire venir des âmes. Evangelyne poursuivit : "J’ai cherché à lui parler directement, mais elle est restée figée sur place, tétanisée, avant de fuir d’ici à toute vitesse. Je suis désolée, grand frère, je crois que je lui ai fait peur."

Sa réaction me semblait normale. Elle avait dû penser qu’un fantôme hantait les lieux. Mais une pensée soudaine traversa mon esprit. Serait-il possible qu’elle ait aussi entendu Jeanne d’Arc ? Cela expliquerait son départ précipité. Tout commençait à faire sens. Il fallait absolument que je lui parle demain pour éclaircir cette affaire. Mais pourquoi Séraphina et pas Daniel Ces pensées tourbillonnaient dans mon esprit, m’empêchant de trouver une réponse claire. ?

"Tu n’as rien fait de mal, ne t’inquiète pas, ma petite," la rassurai-je en douceur.

Tandis que je continuais à parler avec eux de l’avenir et de la suite des événements à venir, la fatigue finit par m’emporter. Je m’endormis au bord de l’atelier, bercé par une douce chaleur qui semblait envelopper mon dos.

Un appui sur mon dos se fit sentir, tandis que j’émergeais doucement.

"Père, tu devrais te reposer dans ton lit maintenant," dit ma fille, me caressant doucement avec son bras robotique pour me sortir de ma petite sieste. J’ouvris délicatement les yeux, alors que seules les lumières des issues de secours et son écran éclairaient l’atelier.

"Oui, désolé, je ne m’attendais pas à m’endormir ici," répondis-je en baissant la tête, un peu honteux. Une couverture glissa de mon dos, qui n’était pas là avant que je m’installe ici. Certainement une attention de ma tendre fille.

Je me levai difficilement de ma chaise de fortune. Ma fille m’escorta dans la demi-pénombre jusqu’à ma chambre. J’étais légèrement engourdi, mais mon bras, qui me faisait terriblement mal, me ramenait au monde réel.

"Allez, père, encore un petit effort," dit-elle doucement. Je m’installai tant bien que mal dans mon lit, me sentant sale de ne pas m’être lavé avant d’y être rentré. Mais la fatigue l’emporta rapidement sur mon hygiène. Ma fille, avec tout l’amour qu’elle avait pour moi, tira la couverture sur moi, alors que mes paupières devenaient de plus en plus lourdes.

"Ma chérie, j’ai une chance incroyable d’avoir une fille si adorable que toi. Ma chérie, je ferai tout mon possible pour que nous partagions tout ensemble," dis-je, ma voix presque éteinte.

Elle attrapa ma main avec son bras robotique. Je ne pus distinguer son visage avec mes yeux mi-clos, mais j’aurais tant aimé voir son sourire avant de sombrer dans le sommeil.

"Je le sais, père. Je t’aime. Repose-toi maintenant," dit-elle alors que son écran s’éteignait, me privant de la dernière source de lumière qui aurait pu me gêner sous mes paupières.Dans le silence complet, je laissai la fatigue m’engloutir, un sentiment de paix m’accompagnant malgré les doutes qui rôdaient toujours dans mon esprit.

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