Rentrée
Cindy Lauper - Girls just want to have fun
Après avoir envisagé toutes les solutions, je me suis rendu à l’évidence. Je n’ai d’autre choix que d’inviter Solena dans mon monde.
J’ai envisagé de la tuer mais elle m’a montré qu’elle savait prendre ses précautions pour éviter que je m’en prenne à elle.
Cela fait 2 semaines depuis la dernière fois qu’elle est venue me voir pour me faire sa proposition, j’ai repoussé au maximum l’échéance mais aujourd’hui c’est son premier jour.
Je ne pouvais repousser plus longtemps, je voyais bien dans ses messages qu’elle commençait à s’énerver, et la mettre en colère serait trop dangereux.
Surtout que je n’arrive pas à la cerner totalement pour l’instant.
Elle ne devrait pas tarder, j’ai plus réfléchi à comment me débarrasser d’elle qu'à préparer le mode d’emploi de la parfaite partenaire.
Je reçois un message ou elle m’informe qu’elle sera là dans 5 min. je lui dit de me rejoindre dans un bar afin d’éviter d'être enfermé toute la journée. Et puis l’air me fera du bien.
Je lui donne rendez-vous au bar ou j’ai vue Vanessa pour la première fois. Un peu de nostalgie me ferait du bien avant de repartir à la chasse.
Les dernières ventes exceptionnelles me laissent au moins deux bonnes années avant d’avoir besoin d’argent. Donc, inutile d'être pressé. Ça me laisse également le temps de voir comment expliquer à Simon la nouvelle répartition des ventes.
Je serai peut-être amené à baisser sa commission afin de garder un haut niveau de revenus.
Même si je l'apprécie, je commence à me poser la question d'arrêter. Solena est la première à m’attraper et surement pas la dernière si je continue.
A mon arrivée au bistro, je m'installe sur une table reculée afin d’avoir une vue générale du lieu.
Je remarque qu’il y a toujours des affiches sur la disparition de Vanessa. L’ambiance du lieu n’a pas changé malgré ce drame. Elle ne devait pas être si proche que ça des personnes travaillant ici.
Je me sentais étonnamment plus proche d'elle que tous ces personnes ici présentes.
Alors que je me refais l’image de notre première rencontre et de sa démarche, un “Hello” m’extirpe de mes pensées.
C’est Solena qui vient de rentrer dans le bar et qui me fait un grand coucou en levant les bras.
Je ne sais si c’est parce que je sais que je n’ai plus à craindre la police pour l’instant et que je connais son plan, mais je commence à m’habituer à ce sourire.
- Comment vas-tu ? accompagné d’une bise
- Bien.
J’ai encore du mal à lui parler. Je ne la connais pas encore. Tout ce que je sais d’elle, c’est qu'elle m'a piégé.
Je dois en apprendre plus sur elle si je veux reprendre l’ascendant.
Nous prenons un café pendant qu’elle me raconte sa semaine et son impatience de commencer sa formation.
Elle est vraiment en décalage avec la réalité.
Je commence à lui poser des questions sur son boulot et comment elle en est arrivée là.
- Mais dis-moi, ce ne serait pas ce genre de question que tu poses à tes victimes avant de les tuer, me dit-elle en prenant un air sérieux
Elle m’a eu. Va falloir que je la joue plus fine si je veux avoir des renseignements .
- Mais non, je rigole. On est amis maintenant, c’est normal de se connaître un peu.
Heureusement que je ne suis pas cardiaque, elle me donnerait une attaque toutes les heures.
Je décide de changer de lieu. J’ai déjà opéré dans le quartier, la prochaine cible doit se trouver beaucoup loin.
Je décide d’aller dans le 18eme. Quartier populaire où on pourra se poser comme un couple se baladant sans attirer l’attention.
Sur le chemin, nous discutons. Surtout elle, car elle est vraiment très bavarde. Elle alterne des anecdotes sur sa vie et des questions plus ou moins pertinentes sur ma manière de procéder
- Tu ne t’attaques qu’aux femmes ? Pourquoi pas les hommes ?
- Parce que je ne trouve du charme que dans le regard et la posture des femmes. Et les hommes sont un peu trop barbu à mon goût
- On pourrait prendre un gay alors
- Ils sont aussi barbus tu sais
- Ha oui c’est vrai
Je me dis à ce moment-là que la formation va être longue si je dois répondre à ce genre de question.
Elle est un tel mélange de fraîcheur et de stupidité que ça me fait sourire.
Je devrai lui demander si elle n’est pas blonde à la base mais la question en plus d'être misogyne et totalement nul pourrait la froisser. Et je n’ai vraiment pas envie pour le moment de la contrarier.
Nous sortant du métro à Pigalle.
Elle me demande si on va chercher une cible dans un sex-shop.
- Mauvaise idée lui dis-je. Les femmes dans les sex-shop sont soit en couple ou ont une sexualité trop active donc toujours en contact avec des personnes. Bien trop risqué.
On se dirige donc logiquement vers un bar.
- J’ai remarqué que tu ne tombes que sur des célibataires. Tu fais comment pour les repérer ?
Enfin une question intelligente.
- Je ne suis pas devin. Si je me rends compte lors de ma filature qu’elles sont en couple, je laisse tomber c’est trop risqué
- Pourquoi ?
- Même si la police attend 48h, une personne en couple est recherchée le soir même par la famille et les amis avec l’aide des réseaux sociaux. Et le risque d'être aperçu par quelqu’un dont la mémoire est encore fraîche augmente le risque d'être attrapé. L’alerte pour une personne met 4 à 8 jours en moyenne. Ce qui me laisse le temps de me débarrasser du corps
- T’es super intelligent. Je savais que tu serai un bon professeur.
“Un bon professeur” ? Je n’ai jamais envisagé de donner des cours sur comment enlever et tuer des femmes célibataires mais ce compliment me fait plaisir.
- Par contre faut que tu arrêtes de garder les corps aussi longtemps. Je te montrerai comment être sûr de ne laisser aucune trace, du moins le moins possible. Et faudrait si possible récupérer les anciens corps que tu as enterré, un chien pourrait les déterrer et avec l’adn tu pourrais être mal.
Je prends tellement de précaution que j’en ai oublié que je pouvais laisser un cheveu avec mon adn dans un trou.
Elle aussi a des choses à m’apprendre. Peut-être que cette collaboration va se révéler plus bénéfique que je le pensai. Pour la première fois, je me dis que je vais attendre pour la tuer. Ce n’est pas comme avec Vanessa, cette fois il s’agit purement d’utilité.
On se dirige vers le bas de Pigalle. Le haut étant réservé aux touristes avides de randonnée à Montmartre, de restaurant proposant aussi bien de la “bonne” cuisine française ou des crêpes loin d'être bretonne, et la collection printemps-tout le temps des t-shirts “I Love Paris“
Le bas est composé de nombreux bar à la mode ou se renouvelle toute la diaspora des créateurs du mojito à l’essence de menthe infusé 4 heures dans un tonneau de cidre.
Ils me font rire tous à inventer des cocktails dignes de top Barman alors qu’ils travaillent dans des anciens bars à putes. Certains de ces cocktails ont même gardé l’odeur d’une vulve après 6h de boulot sur une barre nettoyé à la javel.
Je lui laisse le choix du lieu. Elle hésite entre le “Coqs-t’elles” et le “BlowMeMarry”. Pour le choix des noms, les bars à cocktail sont devenus les coiffeurs de notre époque. Tous plus ridicule les uns que les autres.
Sans grande surprise, elle choisit le BlowMeMarry.
Le bar est n’est pas très grand mais on trouve une place à l'écart ou nous pouvons parler sans attirer l'étonnement de nos voisins si l’on doit parler d'enlèvement et démembrement. Le bar vient d’ouvrir, il n’y a pas trop de monde pour l’instant. Ce qui nous laisse l’occasion d’observer chaque nouvel entrant.
- On cherche quoi ?
- La femme seule bien entendu ? Tu ne suis pas ce que j’ai dit
- Si, mais comment tu la reconnais ?
- C’est simple ! elle est seule
- Tu crois vraiment qu’une femme seule sort dans un bar pareil.
- Je n’ai pas dit qu’elle n’est pas accompagnée. Mais dans son comportement tu la sentiras seule. Tu le remarqueras, tout n’est qu’une question de gestuelle
Au bout de 3h, de nouveaux clients, de nombreux cocktails au nom aussi imprononçable que ridicule, et d’une addition montant dangereusement, je me dis que ce n’est pas dans ce bar que nous trouverons une cible correcte.
Marjorie commence à être légèrement pompette, je lui dis que nous partirons à la fin de son verre.
Et ses phrases ridicules commencent à m'ennuyer et l’effet de l’alcool ne permet pas d'élever la conversation.
Solena me fait signe de regarder en direction du bar
- Et elle, elle a l’air seule, non ?
Effectivement, Solena a repéré une jeune fille que je peux qualifier de légèrement perdu.
Elle est très grande, un visage fin, et le sourire figée de la jeune fille qui ne sait pas trop ce qu’elle fait là.
Une véritable beauté cachée.
Vous savez, ces femmes choisissant toujours des vêtements trop amples, un maquillage peu adapté, une coupe de cheveux ne mettant pas en valeur leur visage et trop timide pour exister dans une conversation de groupe.
C’est le genre de femme dont la beauté explose sous le regard d’un homme aimant, et dont le corps retrouve toute sa grâce le matin quand elle se lève souriante et toute nue.
Malgré son alcoolémie avancée, Solena faisait preuve d’un certain talent. Elle me surprend positivement
- Et maintenant on fait quoi ? On va lui parler ?
- Surtout pas. On regarde comment elle se comporte avec ses amis pour être sur de ton ressenti et qu’elle n’ait pas de copain.
Et nous voilà reparti pour deux heures d'observation afin d'être sûr que cette jeune fille était une muse potentielle.
Plus le temps passe, plus Solena se révélait insupportable sous l’alcool. Elle disparut même à un moment.
Je la retrouve aux toilettes en train de discuter avec les copines de la jeune femme que l’on a repérée
Je lui fais signe discrètement de me rejoindre au plus vite.
- Tu fais quoi là ? On doit être discret et ne pas se mélanger
- Je voulais juste savoir un peu plus sur le groupe. Un peu d’infos c’est pas mal, non ?
- T’es trop bourrée. On ne peut pas se permettre de dire n’importe.
- Putain t’es nul. C’est juste des filles qui veulent s’amuser. Je voulais juste m’amuser aussi un peu avec elle.
Je dois l'empêcher de prendre des initiatives, elle pourrait tout foutre en l’air. Et avec l’alcool, je ne suis pas sûr qu’elle comprenne si je lui explique.
J’ai deux solutions, soit on rentre et on laisse tomber, soit on reste mais la filature avec Soléna bourrée serait trop compliqué.
Trouver une cible aussi vite est inespéré surtout qu'après Vanessa, j'étais pressée de recommencer de nouveau.
Dois-je céder à mes envies alors que je dois me traîner ce boulet de Soléna, ou je dois la jouer avec sécurité et revenir un autre jour en espérant retrouver cette jeune fille.
Je propose à Soléna de sortir prendre l’air. Ça l’aidera à faire passer l’alcool, et on avisera suivant son état.
Nous nous postons à 20 mètres du bar pour que l’air frais la ramène à une discussion plus constructive
- Je sens que tu es fâché contre moi
- Non pas du tout
- Si si dis le que tu es fâché
- Non, on apprend à se connaitre et c'est sympa
- Tu mens. Tu es fâché parce que j’ai trop bu
- Ce n‘est pas grave. C’est la première sortie.
- Ha, donc tu es fâché : j’ai raison
- Ok je suis un peu fâché, mais on trouvera une autre. On reviendra dans le quartier mais dans un autre bar
- C’est dommage, elle était jolie en plus
Sur ses mots elle s’affale sur moi. C’est définitivement foutu pour ce soir. Il faut rentrer. J'essaie de la reveiller un peu mais elle est complètement morte. J’aimerai bien la laisser sur place, mais s’il lui arrive quelque chose, j’ai peur qu’un message pré-enregistré ne soit envoyé à ses collègues. Je décide de la ramener chez moi.
Au bout de 4 taxis, un chauffeur accepte enfin de nous prendre. Ils avaient peur qu’elle ne vomisse dans leur véhicule.
Après l’avoir quasiment porté jusqu'à mon loft, je la dépose à même le sol à l’entrée. Je me dis qu’elle va pouvoir rejoindre le lit toute seule.
Je la laisse se débrouiller si elle se réveille et je vais prendre une bonne douche chaude afin de réfléchir.
Quand je sors de la douche, Solena a quitté l’entrée. Ses vêtements sont à terre et elle a pris place sous la couette.
Je n'hésite pas longtemps entre dormir dans le canapé ou dans mon lit. Je suis chez moi quand même. Je m’installe dans le lit et je remarque qu’elle est toute nue.
J’avais déjà vu son corps la première fois qu’elle était venu, mais cette fois-ci je peux l’observer différemment mais surtout prendre mon temps de laisser mon regard glisser sur chaque parcel de ce coprs que Je trouve très attrayant, j’en admire la beauté de ses plis et je me glisse enfin sous ma couette pour dormir.
J'espère au moins qu'elle ne ronfle pas
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