Hiver Glacé

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Madonna - Like a Virgin

“Je ne suis pas disponible pendant un moment, gros dossier au boulot, te laisse t’occuper de tout, je préfère ne pas gâcher la première partie et serai présente pour le dessin.”

Voici le texto que j’ai reçu trois jours après le départ d’une Solena très énervée de chez moi. C’était il y a maintenant trois semaines. Je me suis demandé si j’avais été si dure que ça pour qu’elle ne souhaite plus me revoir pendant un moment. Peut-être est-ce vrai et que je me donne un peu trop d’importance par rapport à son boulot. Je suis donc repartie à la recherche d’une nouvelle victime afin de préparer un séjour “familiale” à Brisson pour tous les trois. Fallait en trouver une qui puisse nous satisfaire et avancer.

J’avoue que de ne pas avoir Solena dans les pattes c’est plus qu’agréable ; de ne pas avoir à supporter ses questions idiotes même si parfois elles n'étaient pas dénuées de sens et qu’elle réussissait à m’arracher un petit sourire de temps en temps devant tant d’ignorance.

Je prends quand même la peine de lui envoyer un message par semaine pour vérifier qu’elle était bien vivante. Il ne faudrait pas qu’elle meure et qu’elle laisse un message compromettant derrière elle. Cela me faisait quand même bizarre d'être celui qui la relance à chaque fois et je n’aimais pas ça. Après tout, c’est elle qui me tenait, donc je devrai faire attention à ce que je dis à l’avenir.

Au bout de deux semaines, j’en ai enfin trouvé une.

Elle était brune et grande, assez fine de taille et une coupe au carré qui ne lui allait vraiment pas. Elle avait dû avoir l’idée en regardant une chanteuse à la mode ou une autre star dont les groupies veulent ressembler alors qu’elles n’ont ni le même talent et encore moins le physique et l’allure pour pouvoir le porter.

C’est ce genre de coupe qu’un coiffeur ne conseille pas, à moins d’aller dans ces franchises à bas prix où la coupe ne comprend ni shampoing, ni conseil et surtout une absence de bon goût actualisé.

Elle s'appelle Claire et est étudiante en Bts communication ou vente d'après ce que j’avais cru entendre et en me reportant sur les cours dispensés dans son école. Elle ne doit pas avoir plus de 23 ou 24 ans. Elle n’a pas l’air d’une écervelée mais je pense que son choix d'étude doit être dû à une ré-orientation au vu de son âge. Elle paraissait plus âgée que ses camarades de classe mais était, malheureusement pour elle, beaucoup plus timide. Surement une victime de notre système universitaire. Je ne serai pas étonné qu’elle ait fait du droit et qu’elle ait décidé au bout de 2 ou 3 ans d’abandonner devant la difficulté à s’en sortir.

Ses cours étaient dans le 17ème et elle vivait à Levallois-Perret. Je n’aimais pas trop la suivre car les abords de sa résidence était un peu trop calme, et pas de bar où se poser afin de noter ses allées et venues et pouvoir tranquillement observer ses habitudes.

J’ai remarqué qu’elle était en alternance. Elle suit un rythme Lundi-Mercredi en entreprise et Jeudi-Vendredi en cours. Les vendredis soir étaient l’occasion de prendre un verre entre étudiants. C’est dans un de ses bars que je l’avais remarqué, essayant de se fondre dans la masse mais je voyais bien que les 3 ou 4 ans d’écarts avec ses camarades de classe accentué par sa timidité la faisait se sentir à part. Elle se forçait par moment à sourire devant la stupidité de certaines blagues. De plus, son école était réputée pour accepter facilement les nouveaux élèves, sous couvert d’une prétendue sélection. La seule chose qui leur importait, c'était que l’étudiant trouve une entreprise qui prendrait à leur charge le coût de la formation.

Je pensai pouvoir l’observer à côté de chez elle, mais il n’y aucun bistrot proche de son domicile, et dès qu’elle rentrait dans son quartier, elle allait chez elle sans en ressortir. N’ayant aucun bar à proximité pour mieux observer ses allés et venus, je devais me rendre à l’évidence, Je ne pourrai guère en savoir plus en restant près de chez elle.

J’ai remarqué une laverie pas très loin qui faisait face à un bar pmu et disposait d’une petite terrasse qui était malheureusement non-chauffée. Je décide de traîner sur la terrasse de ce bar en espérant la voir et ainsi voir si elle vivait avec quelqu’un. Mais après 3 week-end d'observation, j’ai dû abandonner cette horrible terrasse, frigorifié par l’arrivée de l’hiver.

Je dû me rendre à l’évidence ; la demoiselle avait un lave-linge, ou était sale ou venait à 6h du matin. Bien que cela ne me servi à rien, j’optai pour la première option.

C’est alors que me vint une idée et pour cela j’avais besoin de solena.

“Bonjour Solena, serais-tu disponible ce week-end ?”

Je devais en avoir le cœur net, et pour cela, je pris la décision d’utiliser Solena en la faisant attendre dans la laverie de l’ouverture à la fermeture tout un week-end. C’était un peu vache mais nécessaire. Et elle serait surement contente que je demande son aide. Un geste gentil de ma part qu’elle apprécierait.

“Désolé, pas sur la région ce week-end. Bonne journée”

En plus de m'énerver et de m’obliger à modifier mon superbe plan, ce message avait une tournure un peu trop impersonnelle. Le genre de message que vous envoie une femme que vous avez repoussé et que vous tentez de reconquérir. Je n’allais pas m’abaisser à lui courir après. N’oublions pas que c’est elle qui est venu à moi et non l’inverse.

Je me rendis compte qu’avoir une femme comme Solena en partenaire, innocente et vierge de pulsions, ça a beaucoup avantages et faudrait peut-être que je m'excuse car c’est moi qui devenait impatient de ramener une jeune muse à Brisson.

Bref, je vais donc baser le reste de la filature sur la fin de semaine, après les cours. C’est là où ses habitudes se font plus régulières. J’estime que j’en apprendrai suffisamment pour pouvoir m’organiser et l’enlever d’ici 1 mois, juste après les vacances de noël. Cela ferait un beau cadeau pour Marjorie.

Je dois me rendre rapidement à l’évidence, les bars qu’elle fréquente avec ses camarades de classe après les cours sont de vrais bars étudiants, à l’alcool pas chère et imbuvable, et je jure avec la clientèle habituelle. Supporter le brouhaha ambiant et ce qu’il ose appeler du vin, relève du défi. Je n'arrive même pas à dessiner, énervé par les cris de jeunes écervelés qui oublie les bonnes manières dès leur 3ème pinte avalée.

Je me dis que j’en sais assez, je verrai à la rentrée. De toute façon, je doute que j’aurai plus d’infos et je pourrais profiter de son système alterné pour gagner 5 jours si je l’enlève un mercredi soir.

Son école ne devrait pas trop s'inquiéter, ses amis aux vues des échanges que j’avais observé ne le seront que légèrement et son entreprise ne devrait réagir que le mardi suivant. Soit 5 jours avant le début d’une inquiétude généralisée. Une durée plus que nécessaire pour fignoler mon futur tableau.

Je décide donc de rentrée à Brisson et de profiter du marché de Noël du village pour faire l’achat de nouveaux couteaux et déguster les diverses spécialités proposées, cela m’évite de préparer quand je passe mes soirées devant la télé, échangeant quelques textos avec Simon et essayant dans savoir un peu plus sur la situation avec Solena qui reste encore et toujours très évasive et distante dans ses messages. Je me dis qu’il n’est pas encore temps de m’inquiéter mais à cette allure, il faudrait que l’on ait une discussion.

Le 24 au soir, je suis dérangé par un coup de fil alors que je regarde les habituels bêtisiers de Noël à la télé.

C'est un numéro que je ne connais pas mais les 4 premiers chiffres me sont familiers. C’est un numéro de Lamilly. Ça doit être mon père qui m’appelait, il a sûrement trop bu et m’appelle de je ne sais où pour me souhaiter Joyeux Noël avec 24 heures d’avance.

Je décroche afin de me débarrasser de notre obligation annuelle.

Allo, bonjour monsieur, c’est la gendarmerie de Lamilly les Saint Prié. Êtes-vous le fils de Monsieur Yvan Luccin?

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