Vérité et Chatiment

10 minutes de lecture

Bon Jovi - You give love a bad name

“Quand t’es malheureuse, tu peux faire du mal à tes amis, ta famille, ton fils et tous ceux qui ne peuvent rien faire parce qu’ils n’ont pas conscience que tu ne te bats pas pour améliorer les choses.”

Voilà les mots qui ont déclenchés la mission que s'était mis en tête Soléna. Elle avait voulu en savoir plus sur moi et sur cette souffrance en tant que “fils”. Et pour cela, elle avait ressorti son rôle d'enquêtrice afin de se renseigner sur mes parents mais surtout sur ma maman. Elle avait juste trouvé un acte de décès, pas de plainte et encore moins de main courante. Elle devait se procurer le rapport de gendarmerie pour en savoir plus, mais pour cela, elle devait être discrète et ne pas éveiller trop de questions.

Cela tombait bien, elle avait des stagiaires qui devaient commencer d’ici début Janvier. Elle imagina un exercice sur des cas en province. Elle expliqua à son supérieur que cela pouvait être très formateur, les collègues en province ayant moins l’habitude de morts suspectes, ils laissaient passer beaucoup d’indices.

Elle a eu l’accord de son chef et demanda à plusieurs communes du centre la copie de rapport de cas suspect et de mort accidentelle afin de présenter plusieurs cas aux stagiaires. Dans la liste des communes, figurait bien entendu Lamilly les Saints Prié.

Elle reçut une centaine de dossiers dont elle écarta rapidement les décès naturels de retraités de plus de 70 ans.

Son travail de couverture l'obligeait à effectuer un vrai travail de recherche, de tri et de demande de complément d’information.

Elle contacta Lamilly pour trois dossiers afin d’avoir des infos complémentaires ainsi que toutes les autres communes sélectionnées. Une fois son regroupement d’informations fini, elle put s'atteler au seul dossier qui l'intéressait, celui du décès de Catherine Luccin.

Les gendarmes ne purent lui en apprendre plus que ce qui se trouvait dans le dossier. Le gendarme responsable de l'enquête n’avait guère cherché plus loin estimant que qu’Yvan Luccin était un gentil monsieur sans histoire et que sa version correspondait à la scène du crime. Et ayant l’habitude de boire un coup avec lui au bistro, il n'était pas du genre colérique donc il n’avait aucune raison de remettre en cause sa version.

Exactement le type d'enquête bâclée par connivence. Etant amie, le gendarme s'était empressé de clore l'enquête afin d’aider son ami à faire son deuil.

Elle n’aurait de toute façon aucune autre info et devait se contenter de la version papier et des photos. Version qui ne lui semblait pas en raccord, la tache de sang externe sur la baignoire indiquait selon elle une chute extérieure et non intérieur comme indiqué sur le rapport et dans les déclarations de Yvan Luccin.

A ce stade, elle ne pouvait en savoir plus, et il le lui restait plus qu'à poser les questions à la seule personne qui pouvait faire avancer son enquête : Yvan Luccin, mon père.

Elle le contacta par téléphone afin de prendre rendez-vous avec lui. Pas en tant d'enquêteur, il ne fallait pas l’effrayer, mais en tant que journaliste. Elle lui parla de moi et de mon métier d’artiste reconnue mais anonyme.

Si au début, il parut dubitatif de savoir que son fils est si bien réussi, il accepta de la rencontrer lorsqu’elle évoqua l'exclusivité mais surtout l’enveloppe financière qui allait avec.

Elle lui fit bien comprendre que l'exclusivité ne concernait pas que d’autres journalistes mais aussi son entourage. Elle ne pouvait prendre le risque pour elle et pour lui que d’autres journalistes apprennent et relate l'histoire avant elle. Dans ce cas-là, elle ne lui verserait rien.

Y pas à dire, elle sait très bien se préparer. Cette histoire lui permit de s’assurer qu’il ne parlerait à personne et qu'elle soit sûre que personne ne sache qu’elle serait présente le jour de l’entretien.

Le jour de l’entretien, elle fut accueilli en fin de matinée par Yvan Luccin, qui avait sorti son plus beau costume pour l’occasion. Surement le seul et au vu de la description qu’elle m’en fit, c'était le seul que je l'avais vu acheter après avoir usé celui de son mariage.

Il fut surpris de la voir arriver seule, lui demandant ou était l'équipe technique pour filmer et prendre les photos.

“Vous savez Monsieur Luccin, de nos jours, un simple téléphone permet de faire de très belles photos et vidéos. On n’est plus dans les années 80”

Bien qu’il fût étonné par son explication, Yvan en avait accepté l’idée, se disant qu’il était de toute façon largué depuis longtemps avec toute ces nouvelles technologies. Que du moment que son téléphone marche et que la télé capte FR3 , lui était content.

Je reconnu bien là mon père.

Ils parlèrent beaucoup de mon enfance, me rappelant des détails que j’avais oublié, mais mettant l’accent sur l’importance de sa présence dans mon éducation et omettant beaucoup de choses sur ma maman.

A l’écouter, s’il n’avait pas été là, je ne serai pas devenu l’artiste que je suis. C’est comme si ma maman n’avait jamais réellement existé. Elle s’occupait bien de la maison mais l’éducation c’était lui, en plus de travailler durement tous les jours.

Il se donnait le beau rôle.

Elle réussit au bout d’un moment à aborder sa mort, de ce soir tragique ou elle glissa dans la salle de bain, se cogna la tête et se noya.

Et c’est à ce moment que Marjorie su qu’il l'avait tué.

Ses mots et son explication étaient quasiment les mêmes que dans les rapports.

Les mots étaient les mêmes et dans le même ordre, signe d’une version apprise par cœur afin de ne jamais se faire prendre.

Lorsque tu racontes une histoire qui a vraiment existé, elle continue à vivre dans notre imaginaire, des détails perdus font place à des approximations ou tout simplement s’effacent. Bien que l’histoire reste la même, les mots changent.

Dans un mensonge, les mots restent figés à l’histoire.

Marjorie était maintenant sûr que la mort de ma mère n’avait rien avoir avec ce qu’il avait raconté à la gendarmerie.

Elle souhaitait visiter toute la maison dont ma chambre pour prendre des photos du lieu de mon enfance ainsi que la salle de bain afin de donner de la force à mon histoire et à ma souffrance. Il hésitait pour la salle de bain, cela lui rappelait de mauvais souvenir et c'était un peu trop vulgaire d’en faire des photos d’après lui. Elle accepta de ne prendre aucune photo de la salle de bain mais souhaitait quand même la voir pour son histoire.

Il accepta mais m’emmena d’abord dans la chambre de mon enfance. Elle était quasiment vide et ne gardait aucun souvenir de la vie d’un adolescent ou du jeune homme que j’étais avant de partir. Elle le lui fit remarquer.

“Il est venu récupérer des affaires il y a quelques semaines et est partie sans même me dire au revoir. Ça doit être sa nouvelle célébrité parisienne qui lui monte à la tête. Je ne l’ai pas élevé comme ça”

Il continuait de se donner le bon rôle.

Pour lui, je devais fumer de la marijuana pour avoir oublié toutes les bonnes manières qu’il m’a enseigné.

Me voilà petit délinquant drogué.

En sortant de ma chambre, Marjorie se rendit seule dans la salle de bain. Bien que je pense qu’il continuait de prendre des douches, il ne souhaitait regarder cette salle de bain comme la scène de crime. Il préférait attendre en haut de l’escalier qu’elle finisse.

Marjorie se rendit compte qu’elle avait raison. En prenant en compte la taille de ma maman, les éclaboussures de sang et l’histoire raconté par Yvan, rien ne collait. Elle en était sûre à cent pour cent ; il avait tué sa femme.

Maintenant il devait payer.

Yvan lui pressa de finit et de redescendre, qu’il n’avait pas trop envie de parler du décès de sa bien-aimée épouse. Marjorie la rejoignit en haut des escaliers, la remerciant et l’invita à descendre d’abord. Alors qu’il posa son pied sur la première marche, il ne put rien lorsqu’il sentit Soléna le pousser et qu’il alla s'écraser de tout son pauvre vieux corps contre le sol. Ses cris de stupeur avaient laissé place au silence. Elle descendit à son tour afin de vérifier s’il respirait encore. Au bruit des os qui avait craqué, elle était sûr qu’il ne pourrait se relever.

Il respirait encore.

Sous la violence du choc, il s’était évanoui, elle attendrait qu’il se réveille pour lui poser des questions.

Elle mit la télé sur FR3 et attendit patiemment pour voir s’il allait se réveiller ou s'éteindre tranquillement dans son sommeil.

Après deux heures à patienter et à vérifier toutes les 20 minutes s’il respirait encore, Yvan revint enfin à lui. Il commença à crier de douleur. Soléna apparut et il crut au début qu’elle allait l’aider mais ses yeux se changèrent en terreur quand elle lui demanda la vérité sur la nuit de la mort de sa femme et que seulement après elle appellerait le samu.

C'était un vieil homme fier mais pas idiot, il sentait bien que quelque chose n’allait pas vu qu’il n’arrivait pas à bouger, et la douleur était insupportable. Elle le torturait sans avoir besoin de le toucher et il devait faire un choix rapide. Il tenta dans un premier temps de donner d’autres versions de l’accident mais voyant que Soléna n'était pas dupe il dû rapidement se rendre à l’évidence s’il voulait vivre. Yvan accepta enfin de donner une version qui correspondait à la vérité.

Cette nuit, il avait voulu forcer sa femme à ses obligation maritale, mais celle-ci était fatiguée du comportement de son mari et de ses gestes violents envers elle et avait décidé d’aller s’installer quelques temps chez une cousine avec son fils. Il avait bu comme d’habitude quelques verres de vin et lui dit que si elle partait, elle reviendrait de toute façon dans quelques jours vus que personne ne voudrait d’une femme de son age avec un mioche.

Alors qu’elle alla dans la salle de bain se rincer le visage après avoir encore pleurer, il arriva par derrière afin de lui faire comprendre qu’avant de partir, il méritait un petit cadeau de départ. Il essaya de profiter d'elle dans la salle de bain mais elle se débattu.

Elle se retourna en lui disant d'arrêter et que je dormais à côté et qu’il n'était qu’un connard et que jamais elle ne reviendrait.

En réponse, il lui donna une claque si fort qu’elle alla se cogner la tête contre le bord de la baignoire, le sol glissant l’ayant fait perdre l'équilibre.

Il prit conscience de son acte et voyant qu’elle ne répondait plus et ne respirait plus, il paniqua et décida de faire croire à un accident sous la douche.

Il remplit la baignoire, la déshabilla puis la plongea dans l’eau, il la ressortit afin de faire croire qu’il l’avait trouvé à l'intérieur de la baignoire et l'avait sorti pour la réanimer et appela enfin les gendarmes.

Ma maman allait le quitter et il ne l’avait pas supporté, et s'était emporté et même si ce n’était pas volontaire, il avait tué ma mère.

Je me demande ce qu’aurait pu être ma vie si c'était elle qui avait survécu.

Aurais-je été la même personne ?

Aurais-je été meilleur ?

Je n’ai même pas remarqué les larmes qui coulent d’avoir appris cette nouvelle.

Marjorie souhaite me prendre dans ses bras mais je la repousse. Je lui demande la fin de l’histoire.

Elle a juste attendu qu’il s'évanouisse et est partie dans la nuit une fois qu’elle fut sûre qu’il ne respirait plus.

Il a souffert, pas longtemps mais suffisament pour me procurer un meger sentiment de vengeance.

Je savais enfin la vérité, une partie de moi s’en doutait mais je n’ai jamais eu le courage de lui tenir tête et d’aller chercher cette vérité.

Soléna se rapproche encore de moi et essaie de trouver les mots pour me réconforter, mais je n’ai que faire de sa tendresse, j’ai tellement de haine envers cet homme que j'assimilai à un père et qui m’a volé la seule personne qui comptait pour moi.

Je ne sais plus qui détester.

Lui qui a tué ma maman

Elle qui a tué mon père

Moi qui n’ait pas chercher la vérité et aurait dû tuer un père de m’avoir volé ma maman.

Soléna essaie de me dire qu’elle me comprend et qu'elle est triste pour moi, j’arrive enfin à lui sussurer un merci.

Merci de m’avoir permis de savoir la vérité même si j’aurai dû être celui qui mette fin à ces jours.

Alors que je suis encore pensif à repenser à ce que ma vie aurait pu être, Soléna se fait plus câline, ses baisers plus répétitifs et tendre. Je ne la repousse pas, car je ne la calcule pas, et je réponds à peine lorsqu’elle embrasse enfin mes lèvres.

Je finis par me laisser aller, à recevoir sa tendresse, mais là sur le moment, elle se trompe.

Je ne suis pas triste, je suis en colère

En colère contre moi de m'être fait voler ma vengeance.

Alors qu’elle pense recevoir de l’amour de ma part, je ne peux lui de donner que de la rage.

Je la repousse contre le lit et lui arrache ses vêtements.

Elle s’extasie de bonheur et cris de joie alors que mes doigts pénètrent en elle. Elle apprécie même la claque que je lui mets afin quelle se taise. Elle me fixe droit dans les yeux, me sourit et me dit à son tour merci lorsque je la pénètre enfin.

Elle se trompe si elle croit qu'elle peut nommer ça de la tendresse, du désir ou de l'amour.

Elle n’est pour le moment qu’un exutoire, un corps qui n’est là que pour assouvir un besoin, et alors que ses cris se font plus fort et son plaisir plus aigu, ma main se pose sur son cou, me rappelant mon désir de lui ôter prochainement la vie.

Alors que je me répands en elle et que je m'allonge peu après afin de reprendre ses esprits, elle se colle contre moi, écoutant les battements de mon cœur et me remerciant de la garder auprès de moi.

Je ne veux pas lui redire merci mais je me sens apaisé de savoir la vérité et de savoir qu’il a été puni.

Je me détends et je m’endors en sachant que ma maman a été vengé.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire LeBouKin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0