Quand maman veille

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Oui, c'est vrai, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit. Non pas que je sois devenue une mère exemplaire, loin de là, mais avec les fêtes de fin d'années puis la rentrée sous la bannière du COVID, j'ai été bien occupée.

Mes enfants aussi.

Et puis, s'il y a des jours calmes, des jours doux, des jours (presque) ennuyeux, il y a aussi des jours comme aujourd'hui. Ceux à foutre à la poubelle avant de la faire crâmer bien comme il faut.

7h : Pas envie de me lever. Il fait froid, je suis bien au chaud, et j'ai dû changer des draps cette nuit (x2 mioches). Où est le bouton "+ 8 nouvelles heures de sommeil", please ?

7h30 : Je sors de la douche. Je suis laaaaaaaaarge.

7h35 : Je prépare le petit déjeuner. Premier matin depuis novembre où j'arrive à faire ça en avance. Je suis fière de moi.

7h40 : Je viens de faire tomber la tasse de lait partout dans la cuisine. Je suis plus du tout large. J'en ai déjà marre.

7h55 : "Debout ma chérie d'amour, c'est l'heure de se réveiller"

"Je veux pas maman, je veux mamie".

Ah, y'a pas à dire, ça fait plaisir;

7h56 : "Nan je veux la robe"

"Elle est au sale. ça sera un pantalon"

"Non, j'y vais cul nu !"

Fait -1 ce matin. J'hésite à dire "oui". ça serait une bonne leçon, non ?

7h58 : Elle est habillée. A peu près. Elle a fini par trouver une saloperie de jupe dans le sac de l'école, qu'elle a passée par dessus le tout. C'est moche, mais c'est moche. Tant pis. Plus le temps de la changer.

8h : "Debout mon petit coeur que j'aime, c'est l'heure de ..."

Hurlements. Littéralement.

C'est quand que je retourne au lit ?

8h25 : Hurlements toujours en cours. Habillage musclé entre deux tentatives d'explications pleines de douceur. J'ai enlevé le gant de velour à 8h15.

8h26 : "On va être en retard, maintenant, tout le monde dans la voiture ! Toi, tes chaussures !"

Oui, j'ai atteint le stade de non retour, avouons-le. Le premier qui moufte, je l'étripe.

8h27 : "Moi, maman, j'ai tout mangé toute seule ce matin mon petit déjeuner"

C'est vrai. Pendant que son frère courait à poil dans sa chambre, elle a géré. Je le reconnais. Je suis fière d'elle.

8h30 : Une dans la voiture. Le deuxième suit. Pieds nus. Je mettrai les chaussures en arrivant à l'école. Le manteau aussi.

Je suis au plus bas.

8h40 : Chaussures mises, manteau enfilé, sacs sur les épaules. "J'ai pas mangé, moi !"

"Ben fallait pas hurler pendant une demi heure, tu aurais eu le temps !"

Quoi ? Je vous ai dit que j'étais à bout !

8h45 : "Maman, j'ai oublié doudou !"

Bordel de merde. Maintenant que j'ai calmé le fils, la fille est à deux doigts de fondre en larmes.

AU SECOURS !

"Alors, ma chérie, je suis désolée, mais on aura pas le temps d'aller chercher doudou. Je sais que ce n'est pas de ta faute, et que tu as été très courageuse ce matin, mais ..."

La pommade ne sert à rien. Elle hurle. Du coup, son frère se souvient qu'il était énervé. "Moi, je voulais me réveiller tout seuuuuuuuul !"

Ouais. Ben moi, je voulais continuer à dormir, ne pas aller bosser, et si possible me téléporter sur une plage avec un mojito. Peut pas tout avoir dans la vie.

8h50 : Largués au maître.

"C'est l'enfer. Il hurle depuis bientôt 1h, on a oublié son doudou". Je pointe les deux stars de mon début de matinée.

"C'est pas le COVID au moins ?" m'a-t-il répondu.

J'ai eu envie de rire, puis j'ai imaginé une semaine de confinement. Croyez-le ou non, je suis bonne athée, mais j'ai prié quand même. Trois fois pour être sûre.

"Seigneur, épargnez-nous cette épreuve, pensez aux conséquences d'un tel acte."

J'ose espérer que s'il jetait un coup d'oeil par chez nous ce matin, ce foutu virus ne mettra pas un pied dans le coin.

17h30 : Paraît que quand on commence mal une journée, ça donne le ton pour le reste. Eh bien je peux vous confirmer qu'il y a un peu de ça dans l'air.

17h58 : Je suis pile à l'heure pour les récupérer. J'appréhende le retour à la maison. Mais non, les gremlins ont l'air contents de me voir.

"Tiens un dessin pour toi, maman"

"Oh merci, mon ange".

"Comme ça tu arrêtes d'être en colère, d'accord ?"

Du chocolat aurait mieux fonctionné, mais je ne dis rien et me contente d'un sourire doux face à l'animatrice du centre de loisirs qui semble, pour le coup, compatissante. Cool, je n'aurai pas la DASS à la baraque demain.

18h10 : on est à la maison. Ils ont vidé trois caisses de jouets, se sont tirés les cheveux deux fois et je me rends compte que j'ai oublié de demander s'il y avait grève demain. Je verrai bien en me pointant, je suppose.

18h45 : "Pourquoi tu fais de la soupe ?"

"Parce que c'est bon pour la santé"

"On dirait une bouse de vache".

Ne pas les tuer.

19h20 : Ils se sont brossés les dents. Ma salle de bain s'en souviendra pour le reste de ses jours.

19h30 : Début du rituel du coucher. "Tout le monde est allé aux toilettes ?"

"Non, mon caca, il dort".

19h45 : "Mon caca, il arrive ! Il a bien travaillé, alors maintenant, il sort".

Cette explication, je suppose, en vaut une autre.

20h : Fin des deux histoires règlementaires.

"On saute sur le lit maintenant !"

Je songe à appeler la pédopsy. Je pense que y'a erreur de diagnostic.

20h02 : J'ai une sérieuse envie de leur faire avaler un flcon de Toxplexil. Mais alors vraiment.

20h20: Ils sont dans le lit l'un de l'autre. Je songe à prendre des actions chez Toplexil.

"Mais maman, on joue juste à s'embêter".

Je crois que ça se passe de commentaires.

20h30 : "Pourquoi tu fais un câlin, maman ?"

Ma réponse "parce que je t'aime"

Ma pensée "parce que c'est soit ça, soit je t'étouffe"

20h40 : Je manque de me casser la figure dans les escaliers. Les deux marmots accourent.

Ils m'embrassent, me câlinent, me soignent (hum) puis retournent dans leur lit.

" Va te coucher, maman, aussi, il ne faut pas que tu te fasses mal".

Je souris. "Je vais faire bien attention".

20h45 : ils dorment. Moi, je veille. Je suis une mère-veilleuse.

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